Ibaydi
232 pages
Français

Ibaydi , livre ebook

232 pages
Français

Description

Ibaydi le détachement bleu @ L'Harmattan, 1997 ISBN: 2-7384-5300-7 Abdessalam Idriss Ibaydi le détachement bleu L'Harmattan Inc.Éditions L'Harmattan 55, rue Saint-Jacques5-7, rue de l'École-Polytechnique Montréal (Qc) - CANADA H2Y IK975005 Paris Collection Ecritures Arabes Dirigée par Gérard da Silva Dernières parutions: N° 103 Mohd Karou, Le retour inachevé. N° 104 Hadjira Mouhoub, La guetteuse. N°I05 Sami AI-Sharif, L'Eternel perdant, de Bagdad à Jérusalenl. N°106 Anouar Benmalek, L'amour loup. N°l07 Mohed Altrad, Badawi. N°108 Aymen A. Jebali, Justice pour tous. N°109 Lena Barakat, Le chagrin de l'Arabie heureuse. N° 110 Albert Bensoussan, Le Félipou (contes de la sixiènle heure). N° 111 Henri-Michel Boccara, L'ombre... et autres balivernes. N°112 Jacqueline Sudaka-Bénazéraf, La secrète. N°113 Hassina, Les chants sacrés du vent et de l'olivier. N°114 Mustapha El Hachemi, Les minuits de la terre battue. N°115 Fatima Bakhaï, Un oued, pour la mémoire. N°116 Mohammed El Hassani, Lafraude. N° 117 Habib Mazini, La vie en laisse. N° 118 Jeanne Benguigui, Le déménagement. N° 119 Ghita El Khayat, Les sept jardins. N°120 Ahmed Triqui, Délos... ou la voix ambiguë. N°121 Nordine Zaimi, Le tombeau de lafolie. N°122 Contes des vies rusées. N°123 Sabrina Kherbiche, Les yeux ternes. N°124 Fatima Bakhaï, Dounia. N°125 Leïla Barakat, Pourquoi pleure l'Euphrate... ? N° 126 Selmi Lotfi, Une voix dans la nuit. N° 127 Yasmine Benmehdi, Les rênes du destin. N°128 Nadia Chafik, Filles dit vent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1997
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296338371
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ibaydi
le détachement bleu@ L'Harmattan, 1997
ISBN: 2-7384-5300-7Abdessalam Idriss
Ibaydi
le détachement bleu
L'Harmattan Inc.Éditions L'Harmattan
55, rue Saint-Jacques5-7, rue de l'École-Polytechnique
Montréal (Qc) - CANADA H2Y IK975005 ParisCollection Ecritures Arabes
Dirigée par Gérard da Silva
Dernières parutions:
N° 103 Mohd Karou, Le retour inachevé.
N° 104 Hadjira Mouhoub, La guetteuse.
N°I05 Sami AI-Sharif, L'Eternel perdant, de Bagdad à Jérusalenl.
N°106 Anouar Benmalek, L'amour loup.
N°l07 Mohed Altrad, Badawi.
N°108 Aymen A. Jebali, Justice pour tous.
N°109 Lena Barakat, Le chagrin de l'Arabie heureuse.
N° 110 Albert Bensoussan, Le Félipou (contes de la sixiènle heure).
N° 111 Henri-Michel Boccara, L'ombre... et autres balivernes.
N°112 Jacqueline Sudaka-Bénazéraf, La secrète.
N°113 Hassina, Les chants sacrés du vent et de l'olivier.
N°114 Mustapha El Hachemi, Les minuits de la terre battue.
N°115 Fatima Bakhaï, Un oued, pour la mémoire.
N°116 Mohammed El Hassani, Lafraude.
N° 117 Habib Mazini, La vie en laisse.
N° 118 Jeanne Benguigui, Le déménagement.
N° 119 Ghita El Khayat, Les sept jardins.
N°120 Ahmed Triqui, Délos... ou la voix ambiguë.
N°121 Nordine Zaimi, Le tombeau de lafolie.
N°122 Contes des vies rusées.
N°123 Sabrina Kherbiche, Les yeux ternes.
N°124 Fatima Bakhaï, Dounia.
N°125 Leïla Barakat, Pourquoi pleure l'Euphrate... ?
N° 126 Selmi Lotfi, Une voix dans la nuit.
N° 127 Yasmine Benmehdi, Les rênes du destin.
N°128 Nadia Chafik, Filles dit vent.
N°129 Ahmed Ismaili, Le train de l'apocalypse.
N° 130 Claire Gebeyli, Cantate pour l'oiseau nlort.
N° 131 Albert Bensoussan, L 'œil de la sultane.
N°132 Mohd Karou, Le retour inachevé.
N° 133 Lotfi Selmi, Le testament.
N° 134 Gebran Tarazi, Le pressoir à olives.
N° 135 Max Guedj, Le cerveau argentin.
N° 136 Rachid Chebli, Au-delà de Jabal Tarik.
N° 137 Mouloud Achour, A perte de nlots.à ma mère,
à ceux qui m'ont guidé,
aux détenteurs de tradition orale,
aux chameliers.De l'errance des chemins, la terre reçut
les paroles.
NORDINE TIDAFI.
Errez, à vos côtés viendront se fixer les
ailes de l'augure.
ANDRE BRETON.
Quoique je ne sois rien à l'égard des
oiseaux du chemin, j'en fais mention, et
voilà tout. A la fin la poussière de cette
caravane viendra jusqu'à moi, et, de ces
êtres qui sont partis, l'amour m'arrivera.
FARID-UD-DIN 'ATIAR.Au temps de Gama-Ibaydi -
Nuage de sable. Une land-rover bâchée cahote.
L'aiguille du compteur ne marche plus. Crachat des
cyJindres d'un moteur à explosion. Brinquebale. série 3.
Succès d'estime, Baji reçoit le surnom de 109. C'est la
longueur du châssis, inscrite sur une petite plaque
métallique jaune fixée prés du levier de vitesse. Le nom de
famille de Baji : Vent d'Est.
Le véhicule peut bien sombrer dans le néant, il possède
un' terrain d'essai illimité, taillé dans le roc. Fatigué, il bute
sur une protubérance. Heurté de plein fouet, le conducteur
gît inconscient dans les limbes de la douleur. Les membres
engourdis, il danse avec le rêve mutilé. Prodige
indomptable. Insoumis. Le choc amorti, la tôle se redresse.
Rivets et peinture s'estompent. Miroir intact, le rétroviseur
est déréglé. Des feuilles de thé et de la semoule se
répandent sur le sable. Malgré la violence soudaine de
l'accident, indemne, la vie est sauye:
Une foi aveugle entraîne Baji vers l'histoire qui se
répète, fertile, dépouillée, irrémédiable. Naguère un cri. Ne
t'arrête donc jamais de courir à toute vitesse en travers du
désert. Si ton imagination te joue des tours, ne t'en
inquiète pas. Elle mérite un détour à travers les âges. Avec
ou sans chronologie. Avec ou sans logique. C'est égal. Tu
peux toujours temporiser. Débrayer, fteiner ou accélérer.
Il-Ibaydi -
Ton épée tazghrayt posée sur le tableau de bord, tu ne
risques rien. Ou si peu. Car tout passe. Syntaxe d'hier et
d'aujourd'hui Fantasque présent ou génie loufoque de
l'absence, substantiels, les pleurs et le bonheur s'y
égrènent. En Ahaggar. Cheval ailé, chamelle éloignée.
Voyageur émérite, à ses dépens, Baji réapprend
l'incurable ivresse de l'élan. Barbe en broussaille, frondeur,
il reste digne. Ses épaules fragiles tremblent. Mouvements
furtifs. Regard perdu. TIsait pertinemment qu'au-delà des
mémoires, l'essentiel demeure au fond des coeurs. Brûlure
ou sève vivifiante. TIse déconnecte. D'instinct, persistance
partagée.
Avec les yeux de l'enfant d'un autre âge, Goma
monopolise son attention.
- Quelle naïveté!
Pommettes saillantes, amaigri, confiance accordée, front
haut, très vite, il se laisse deviner, sans aucun artifice, paré
d'une solide expérience. Selon la tradition historique,
dernier de la lignée des Imanen, le sultan Goma aurait
régné sur l'Ahaggar et les A]ers, il y a plus de trois siècles.
Baji imagine que Goma eut pour petit-fils EJhassan. La
nuit entière, il ne fait que se laisser emporter. La pénombre
chamelle des chacals rôdeurs souligne l'intensité de ses
exigences. D'un pas isolé, il préfigure ses marques. TIfoule
au pied l'ironie sarcastique de ses réflexions. Son coeur
bat. TI respire. En mal d'existence, il finit par ouvrir les
yeux. Aidé par une vue perçante, il dépasse le troublant
mirage de l'obstacle.
Baji a-t-il repris conscience?
Dans son coma, le flou laisse place au melVei11eux.Une
suite de faits héroïques et étonnants qui défilent. Pour Baji,
la vie de Goma n'est que suprême dédain noué aux
passions d'une existence passagère.
12-lbaydi -
Là, au sommet du pays des Imouhar1 et des Kel 0ulli2,
entouré des pays du Chamelier, un berger resserre ses
amples vêtements en peau de mouflon. Une ombre passe
entre les pierres. Le brillant d'un oeil grimpe sur les
éboulis.
Zeynabou ne dissimule pas son admiration pour Goma.
Zohra, aussi, plus affable, ne manquant aucune occasion de
parler de lui. Goma, vieillard ou adolescent, avec toujours
cette lueur de jeunesse qui ne s'éteint pas. Une étincelle qui
pourrait mettre le feu aux braises du présent. Un sourire
illuminé. Une énigme. Des yeux profondément bruns.
Sympathie ou charme, suivant l'interlocuteur, sa franchise
déstabilise. Folle. EffeIVescente. Ses paroles semblent
tomber du ciel, à pic, miel au fond des gorges. Le miel, ce
médicament miracle que l'on ramène du Soudan3 dans de
tous petits récipients et que l'on consomme avec
parcimonie, souvent troqué, dans les régions de Zinder4 et
de Kanos, contre de l'armoise, appréciée pour son pouvoir
d'éloignement quasi magique de tout mauvais génie ou
autre créature malveillante. Au sud du Damergou6, Kano,
ville millénaire bâtie sur les collines fertiles où un cavalier
arabe tua le monstrueux fauve qui y sévissait.
- Bismillahi7 !
- L'armoise, certains la portent sur eux afin d'éloigner
les vampires, disent-ils.
1
Imouhar : hommes libres, ainsi se désignent les touareg, au sing.
amahar.
2
Kel Oulli : « les gens des chèvres », bergers éleveurs de caprins des
montagnes du Sahara central.
3
Soudan: Afrique sub-saharienne et sahélienne. se prononce
soudane. De l'arabe assao~ noir.
4
Zinder : capitale régionale du sud-est du Niger.
S
Kano : du nord du Nigeria.
6
Damergou: région du sud-est du Niger.
7 Bismillahi : « au nom de Dieu », expression familière utilisée avant
de commencer toute chose et, notamment, pour se protéger.
13-lbaydi -
Toula louche un peu. Ce léger strabisme la rend
mystérieusement attirante, sous une mèche de cheveux
tressée. Elle confirme les dires de Dija, de Zohra et de sa
cadette, Takanit. Goma a bel et bien grandi au temps où les
adultes conservent longtemps leur innocence. Affectif et
sensations de la première enfance restent intacts.
- Chaque séparation ou départ le fait systématiquement
pleurer, remarque Zohra.
Mais bien vite, discrètement, il sèche ses larmes. Le jeu
l'amuse. TI rit autant qu'autrefois

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