La Hongrie, son histoire, sa langue et sa littérature
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Charles-Eugène Ujfalvy de MezökövesdLa HongrieSon histoire, sa langue et sa littérature1872AVANT-PROPOSM. de Montesquieu partit de Vienne pourvoir la Hongrie, contrée opulente et fertile, habitée par une nation fière etgénéreuse, le fléau de ses tyrans et l'appui de ses souverains.D'ALEMBERT (Eloge de Montesquieu.)Le travail que nous donnons au public traite d'une langue et d'une littérature encore fort peu connues en France, et qui offrent toutefoisquelque intérêt. Plusieurs savants français éminents se sont occupés à différentes reprises du peuple magyare, de son pays, de salangue et de sa littérature ; mais nous croyons être le premier hongrois qui parle de son pays au public français. Qu'il nous soitpermis, tout d'abord, de rendre hommage aux bienveillants efforts qui ont été faits pour porter la vie du peuple magyare à laconnaissance de la France.M. Saint-René Taillandier, lié intimement avec notre infortuné et illustre compatriote, le comte Teleki, a publié plusieurs travauxapprofondis sur la Hongrie. Il dirigea l'attention des littérateurs français sur notre regretté poète Alexandre Petœfi, et fit une étuderemarquable sur notre plus grand patriote et bienfaiteur national, le comte Etienne Széchényi. Les œuvres incomparables de Petoefiavaient déjà frappé Béranger, et le célèbre chantre français encouragea MM. Thalès-Bemard et H. Desbordes-Valmore à traduiremeces chefs-d'œuvre. M Valmore, la femme poète par excellence, avait deviné le puissant génie ...

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AVANT-PROPOSCharles-Eugène Ujfalvy de MezökövesdLa HongrieSon histoire, sa langue et sa littérature2781M. de Montesquieu partit de Vienne pourvoir la Hongrie, contrée opulente et fertile, habitée par une nation fière etgénéreuse, le fléau de ses tyrans et l'appui de ses souverains.D'ALEMBERT (Eloge de Montesquieu.)Le travail que nous donnons au public traite d'une langue et d'une littérature encore fort peu connues en France, et qui offrent toutefoisquelque intérêt. Plusieurs savants français éminents se sont occupés à différentes reprises du peuple magyare, de son pays, de salangue et de sa littérature ; mais nous croyons être le premier hongrois qui parle de son pays au public français. Qu'il nous soitpermis, tout d'abord, de rendre hommage aux bienveillants efforts qui ont été faits pour porter la vie du peuple magyare à laconnaissance de la France.M. Saint-René Taillandier, lié intimement avec notre infortuné et illustre compatriote, le comte Teleki, a publié plusieurs travauxapprofondis sur la Hongrie. Il dirigea l'attention des littérateurs français sur notre regretté poète Alexandre Petœfi, et fit une étuderemarquable sur notre plus grand patriote et bienfaiteur national, le comte Etienne Széchényi. Les œuvres incomparables de Petoefiavaient déjà frappé Béranger, et le célèbre chantre français encouragea MM. Thalès-Bemard et H. Desbordes-Valmore à traduireces chefs-d'œuvre. Mme Valmore, la femme poète par excellence, avait deviné le puissant génie du jeune barde magyare; c'est ellequi, avec le tact exquis qui caractérise toutes les œuvres de cette noble femme, attira l'attention de son fils sur ces beautés voilées etsur cette sublime mélancolie. M. Desbordes-Valmore fils prépare une publication de deux cents poésies de Petœfi, à laquelle nousavons apporté notre modeste obole[1]. Mme A.-D. Hommaire de Hell adresse aussi quelques paroles éloquentes à la Hongrie et àson cher poète dans son intéressant livre intitulé : À travers le monde. À notre esquisse historique, philologique et littéraire, nousavons ajouté des morceaux choisis, tirés des meilleurs poètes hongrois, dans l'espoir que ces compositions, souvent si naïvementémues, toujours inspirées par un ardent patriotisme, pourraient intéresser le peuple français, si bien pénétré lui-même de l'amour dela patrie. On ne peut être plus éloquent que Vorosmarty dans sa poésie touchante : Sans patrie; on ne peut être plus passionné quePetœfi dans son Idole.Enfin, nous implorons l'indulgence du public pour l'étranger qui n'a voulu que faire connaître son pays, sa langue et la littérature de sanation, à ce noble peuple français, qu'une si ancienne sympathie unit aux Magyares.Notre peuple, d'ailleurs, n'a jamais marchandé l'admiration et la reconnaissance aux vaillants alliés de Szapolya et de Bathory.Versailles, le 19 juillet 1871.L'AUTEUR.LA HONGRIESON HISTOIRESA LANGUE ET SA LITTÉRATURE_____________________
APERÇU HISTORIQUEAu commencement de ce siècle, un des plus grands écrivains d'outre-Rhin a dit, en parlant de ma langue natale : « Dans cinquanteans, la langue magyare ne sera plus qu'un souvenir, qu'une légende. » II est arrivé exactement le contraire de ce qu'il avait prédit.L'idiome de la langue magyare est définitivement devenu la langue officielle de six millions d'hommes, et les œuvres d'un grandnombre de poètes et de prosateurs témoignent de sa vitalité. Herder s'est donc trompé aussi bien que l'empereur Napoléon Ierlorsqu'il prétendait que dans cinquante ans l'Europe serait cosaque ou républicaine.Il n'est ni indifférent ni inutile pour la France de connaître l'esprit de cette langue mâle et sonore, et de lire, ne fût-ce que dans unetraduction, quelques pages de cette poésie, tantôt si mélancolique, tantôt si franchement gaie, et de cette prose à la fois précise etrêveuse.Je me propose donc de signaler les particularités de la langue magyare en faisant ressortir les caractères originaux qui la séparentdes langues indo-européennes et ceux qui la rattachent aux idiomes tchoudes ou finnois. Qu'il me soit permis de donner ici, commedans une esquisse rapide, un aperçu historique de ce peuple qui, jaloux de ses traditions, a su garder intactes sa nationalité, saconstitution et sa langue.11 y a neuf siècles qu'un peuple nomade et guerrier qui passait ses journées à cheval à poursuivre les hordes voisines dans la plaineet dormait la nuit sous des tentes, descendait des monts Ourals, entraîné par cet instinct voyageur qui est propre à tous les peuplesde la haute Asie. L'histoire nous dit qu'ils étaient un million d'hommes, Magyares, Koumans, Bachekires et autres peuplades tartareset slaves. Arrivés aux monts Karpathes, les Slaves restèrent en deçà de ces montagnes, et les Magyares, suivis de quelquesKoumans, entrèrent dans les plaines fertiles qui s'étendent entre la Theiss et le Danube, pourchassant devant eux les populations deces riches contrées. Ils se composaient de sept tribus confédérées dont la principale était celle des Magyares ; elles avaient un chefcommun : c'était le lien qui les unissait. Le chef se nommait Arpád, fils d'Almus, chef d'une illustre famille royale qui pendant quatresiècles régna sur le peuple magyare et lui donna de grands capitaines et de sages législateurs.Rien ne put arrêter l'ardeur guerrière des premiers Magyares. Ces barbares envahissent les pays limitrophes, dévastant toutel'Allemagne, tandis que leurs éclaireurs poussent jusqu'aux environs de Lyon. L'arrière-petit-fils d'Arpâd fut le duc Geyza, époux deSarolta, princesse chrétienne. C'est lui qui jeta les premiers germes de civilisation chez ce peuple indomptable, mais ce fut son filsEtienne qui, en adoptant la foi du Christ, assura les bases de la grandeur et de la puissance de la Hongrie. Comme saint Louis enFrance, saint Etienne, premier roi de Hongrie, fut un prince juste et magnanime, un vrai père pour son peuple. Son regard seul,d'après la chronique, suffisait pour arrêter une main prête à le frapper. Par lui la liberté fut rendue à tous les esclaves chrétiens, et lesMagyares qui refusaient le baptême étaient l'objet constant de ses persécutions, parfois cruelles. Pour soumettre les grands quis'opposaient à l'établissement du christianisme, il eut recours à la force. Des écoles furent fondées par lui dans sa propre résidence ;il emprunta aux peuples étrangers des instituteurs et des moines savants ; d'ailleurs, il prêchait d'exemple et payait de sa personne.On vit une multitude d'églises et de chapelles s'élever sous ses auspices, et de nombreux évêchés furent érigés et richement dotéspar lui. Le roi introduisit en plus la dime, et fit du clergé le premier ordre de l'Etat. Le pape Sylvestre II, reconnaissant de cesimportants services rendus à l'Église romaine, envoya au roi une couronne qui constitue depuis cette époque la partie supérieure dela sainte couronne du royaume de Hongrie, tandis que la partie inférieure est formée par celle dont l'empereur Manuel Ducas fitprésent au roi Geysa Ier ; en même temps le pape lui conféra le titre de roi apostolique et de légat ([2]). La Hongrie fut donc élevéepar Etienne au rang de royaume avec le clergé et la noblesse comme principaux soutiens. Le pays même fut subdivisé en 72comitats gouvernés par des fonctionnaires qui ne relevaient que du roi et concentraient dans leurs mains la puissance civile etmilitaire. Ces gouverneurs, les hauts dignitaires de la cour et les pré-lats secondèrent le prince dans la réorganisation de ses états et constituèrent le sénat. Ses premiers successeurs ne luiressemblèrent pas : c'étaient d'odieux tyrans et des hommes d'une médiocre intelligence. Ladislas Ier, que l'Église a mis égalementau nombre des saints (1074-1077) brilla d'un vif éclat dans les ténèbres de ce siècle. Il fut ainsi que Koloman un vaillant capitaine etun grand législateur. Ces deux rois réunirent la Croatie, l'Esclavonie et la Dalmatie à la Hongrie.C'est surtout sous Bella III (1173-1204), qui avait été élevé à Byzance, que la civilisation en Hongrie prit de grands développements.Ce prince avait épousé Marguerite, sœur du roi Philippe de France. La cour adopta les usages français; de jeunes magyares furentenvoyés dans les universités de Paris et de Padoue. On forma même une académie à Veszprim sur le modèle de l'université deParis. Ce changement de mœurs avait déjà attiré sous son prédescesseur Geysa II de nombreux colons qui accoururent de Flandre,d'Alsace et de plusieurs contrées d'Allemagne. Ils s'établirent en Transylvanie et au nord de la Hongrie (La Zips) et favorisèrent ledéveloppement de l'agriculture et du commerce.Le successeur de Belas III, André II (1220-1245) fut un prince faible qui se laissa arracher par la noblesse la fameuse bulle d'or(1222) et par le clergé un concordat très avantageux (1233). Bela IV (1233-1270) montra les meilleures dispositions et était en traind'opérer des réformes salutaires, lorsque les Mongols envahirent la Hongrie. Le roi fut battu à la bataille de Sajo, et les hordesbarbares pillèrent et ravagèrent le malheureux pays. Après leur retraite, la population se trouva décimée et le pays fut dans la plusmisérable situation. Le roi fit tout ce qu'il put pour rétablir l'ordre et la sécurité publique ; il favorisa la bourgeoisie, augmenta lenombre des villes libres, appela des Allemands et des Italiens pour repeupler son royaume et introduisit la culture de la vigne à Tokay,en un mot il eut recours à tous les moyens pour cicatriser les plaies faites à la Hongrie par les Mongols. André III, mort le 13 janvier(1301), fut le dernier des Arpádes. La mort de ce roi jeta le trouble en Hongrie ; il y eut un inter- règne, et les deux rois qui furent élussuccessivement durant cet interrègne (1304-1308) parurent à peine dans le pays.C'est sous des rois de sang français que commença le grand rôle que la Hongrie devait jouer à l'est de l'Europe. Charles Robert, roide Naples, prince d'Anjou, fut élu roi de Hongrie et régna trente-sept ans. Son fils Louis le Grand, en même temps roi de Pologne, futun des plus illustres princes de son siècle. Le pape le nomma capitaine général de la chrétienté ; et sa sagesse et son courage furentégalement admirés par ses amis et ses adversaires. Ce prince fonda en 1367 une école supérieure à Fünfkirchen, délivra de sesentraves le commerce avec l'Orient, déjà très actif, favorisa l'industrie des villes ; mais il expulsa les juifs et chargea les paysans de
nouveaux impôts. Son règne de quarante ans constitue une des plus belles pages de notre histoire.Bientôt la Hongrie devint par héritage la propriété de l'empereur Sigismond de Luxembourg, et ensuite du prince autrichien Albert(1438). Mais après la mort de Ladislas Posthume, roi sans génie et sans énergie, la couronne échut de nouveau à un Magyare, àMathias Corvin, fils du célèbre capitaine Jean de Hunyady (la terreur des Turcs sous le roi précédent). Mathias Corvin fut le plusgrand roi que la Hongrie ait possédé. Il commença par relever le prestige de sa patrie qui avait baissé sous ses prédécesseurs ; il futaussi grand capitaine qu'habile diplomate. Ses ennemis tant intérieurs qu'extérieurs furent humiliés ou domptés ; il rétablit latranquillité publique en réorganisant les comitats. Ce roi, bien que très sévère, sut conquérir l'amour et la confiance de la nationentière, d'où ce proverbe qui est encore dans toutes les bouches: « Le roi Mathias est mort; dame Justice est morte avec lui. » Ceprince aimait les lettres et les sciences, il créa l'université de Pressbourg (en 1467), fit venir principalement d'Italie des professeurs etdes savants. Il fonda dans le château d'Ofen une précieuse bibliothèque qui fut dispersée après sa mort. La fin de son règne estmarquée par la prise de Vienne qu'il enleva à l'empereur Frédéric III. C'est là qu'il succomba à une mort prématurée après un glorieuxrègne de trente-deux ans. Certains histo- riens attribuent cette mort à un empoisonnement. Un de ses successeurs, Louis II, perditdans la bataille de Mohács (de funeste mémoire) contre les Turcs le trône avec la vie (1526). Ce fut vingt-sis ans après la mort dugrand roi Mathias que la Hongrie devint définitivement la possession de la maison de Habsbourg, et on serait porté à croire quel'histoire de la Hongrie, reléguée au second plan, présente moins d'intérêt. C'est une grande erreur, car c'est à cette époque quecommencent les luttes constitutionnelles entre ce peuple et ses rois qui donnèrent naissance à un parlementarisme très libéral. Là,dans ce coin reculé de l'est de l'Europe, on vit l'étrange spectacle d'un peuple libre se développant et prospérant sous la sauvegardede son antique constitution. Cette constitution différait radicalement de celle de la Pologne, en ce qu'elle faisait du paysan l'ami dunoble. Aussi de tout temps la noblesse hongroise a-t-elle eu à cœur de marcher à la tête du peuple; non-seulement comme étant lapartie aristocratique, mais aussi comme étant la partie intelligente, instruite et libérale. C'est grâce à cet esprit conciliant et éclairé,que la no- blesse joue encore aujourd'hui un rôle si important en Hongrie. On connaît l'influence que la Hongrie a exercé pendant lerègne de Marie-Thérèse sur les destinées de l'Autriche entière. Elle n'a reculé devant aucun sacrifice pour exécuter sa noblepromesse: moriamur por rege nostro; Marie-Thérèse conserva dans tout son règne un sincère attachement pour le peuple hongroiset le lui témoigna en toute occasion. Elle régularisa en 1765 par l'urbarium les rapports des vassaux, supprima l'ordre des jésuites en1773, et réforma l'instruction publique dans le pays. Cette noble femme brilla non-seulement par ses grandes qualités de reine, maisaussi par ses vertus domestiques et par sa foi ardente et éclairée. Son fils Joseph II, prince animé des meilleures intentions, précipitales réformes qu'il croyait nécessaires et finit par succomber malgré ses efforts. En ne se faisant pas couronner en Hongrie selonl'antique usage, et en ne convoquant pas la diète pour conserver une plus grande liberté d'action, il s'aliéna une partie considérabledu peuple hongrois.Le paysan et le bourgeois ne comprenaient pas encore ce qu'il y avait de salutaire dans ses réformes, et la noblesse et le clergé nevoulaient pas le comprendre au détriment de leurs intérêts. L'abolition du servage et la modification dans un sens plus libéral desstatuts des corps de métiers; la suppression des droits féodaux, la soumission des nobles aux charges publiques, l'abolition desétats, l'introduction d'un code national, la réduction du nombre des couvents, l'édit de tolérance et un autre sur la liberté de la pressesoulevèrent le paysan, le bourgeois, le noble et le prêtre contre lui. Mais en rendant la langue allemande obligatoire pour toutenseignement, il porta l'irritation à son comble; le peuple, excité par le clergé et la noblesse, se révolta, et l'empereur fut forcé, le 28janvier 1790, de revenir sur plusieurs de ses innovations. Phénomène remarquable, un prince voulant donner des libertés à un peuplequi n'en voulait pas. Son frère, Léopold II, sut rendre le calme à la Hongrie, et sous ses successeurs, le grand Palatin (l'archiducJoseph), administra la Hongrie avec un esprit de conciliation et d'impartialité auquel tous les partis durent rendre hommage. Cesluttes perpétuelles, pour la conservation d'une constitution que beaucoup de Hongrois ne crurent pas même perfectible, donnèrentnaissance à la Révolution de 1848, dans laquelle un petit peuple vaillant et généreux, fort de son bon droit, lutta contre les hordesmoscovites d'une manière héroïque et succomba avec gloire. Le roi actuel, prince intelligent et éclairé, a seul entre tant de roiscompris le parti qu'il pouvait tirer d'une satisfaction donnée à la Hongrie, et, en restituant au pays son ancienne constitution dans touteson intégrité, il inaugura la base fondamentale d'une nouvelle ère qui s'annonce comme devant être heureuse et féconde. LALANGUE MAGYAREIOrigines de la langue magyare.Nous savons aujourd'hui que les peuplades des quatre migrations successives, les Thraco-Pélasges, les Celtes, les Germains et lesSlaves, parlaient toutes des langues issues de la même souche. L'antique Aryah est la mère de tous ces idiomes, et nouscomprenons ces différents peuples sous le nom collectif d'Indo-Germains. La langue sanscrite proprement dite n'est que la sœuraînée, qui se rapproche le plus de la langue mère. Quant aux langues autochtones de l'Europe, nous ne savons pas encore au juste sile basque et le finnois en font partie. Un grand savant a trouvé des points de contact entre le basque et le finnois, conséquemmententre le basque et le magyare. L'hypothèse que ces trois peuples auraient une origine commune s'affermit de jour en jour davantage.Les Basques et les Finnois peuvent être considérés comme les autochthones de l'Europe ou du moins comme descendants d'unemigration de beaucoup antérieure à celle des Thraco-Pélasges.Il est avéré aujourd'hui que les peuples finnois qui occupent maintenant le nord de l'Europe habitaient autrefois comme populationpuissante et laborieuse le centre de notre continent, et ce sont probablement les peuples venant de l'Asie qui les ont refoulés vers leNord, où le climat a exercé une si grande influence sur leur constitution physique. Quelle difference n'y a-t-il pas encore aujourd'huientre les Lapons et les Esthoniens? Ce qui n'empêche pas que leurs langues ne soient des idiomes nés de la même souche. LesBasques ont, d'après toute probabilité, encore précédé les Finnois ou du moins se sont séparés d'eux de très bonne heure. Leurlangue ressemble probablement encore plus à la langue mère, car le parler basque est un type tout à fait isolé, et les languesfinnoises ou tchoudes ne s'en rapprochent que médiocrement. Il n'est pas dans notre intention de discuter les ressemblances quipeuvent exister entre le magyare et le basque : un écrivain d'une grande érudition et d'une compétence incontestable en pareillematière, le prince Lucien Bonaparte, a traité victorieusement ce sujet et a fait valoir des raisons qui ont dû attirer la juste attention detous les linguistes. Mais quant aux analogies qui existent entre le magyare et le finnois, elles sont si évidentes que nous nousproposons d'en faire ressortir plus tard les points capitaux.
Un savant philologue a jadis émis l'opinion suivante sur le magyare : « La langue magyare est une agglomération d'un grand nombrede débris d'autres langues, et il faudrait la dépouiller entièrement de ses éléments étrangers pour prouver le contraire. L'homme quise vouerait à cet immense travail ne s'est pas encore trouvé, il se trouvera peut-être ! etc. » Toujours est-il que nous ne pouvonsadmettre cette singulière supposition. Il est facile de reconnaître de prime abord les mots d'origine étrangère, et encore plus aisé deconstater les tournures de phrases venues par le contact avec les peuples limitrophes (comme les Turcs, les Allemands, etc.). Maisquant à la grammaire, elle est typique et ne se rapproche d'aucune autre langue, le finnois excepté. Etant prouvé que les Magyaresn'ont pas eu de rapports avec les peuples tchoudes depuis plus de mille ans, cette ressemblance, si elle n'est pas accidentelle, doittrouver son explication dans une origine commune des deux langues. Toutes les recherches faites jusqu'à présent par de célèbreslinguistes ont prouvé que cette ressemblance n'était pas et ne pouvait pas être l'effet d'un simple hasard. C'est pourquoi noussoutenons que le magyare, langue natale des descendants des Magyares qui habitent depuis le XIe siècle la Hongrie et laTransylvanie, est un rameau complètement isolé de la grande race des langues tchoudes, finnoises, tartares, touraniennes,ouraliennes ou altaïques.Les Hongrois s'appellent eux-mêmes Magyar, dénomination qui a été confondue à tort dans leurs anciennes œuvres avec Mager,Moger, Meger, tandis que les plus antiques sources orientales, celles de l'empire byzantin ([3]), les appellent Turcs (Türken), et lessources occidentales Hungari. A plusieurs reprises déjà on a essayé de trouver la signification de cette dénomination sans arriver àun résultat certain.Ne pouvant pas admettre la supposition sans fondement du point de vue historique et étymologique d'Ostrokocsi ([4]), Horváth ([5]) etDankovszky ([6]), nous constaterons seulement que tous les anciens historiographes identifient les Hongrois avec les Huns etreportent l'origine du mot Hun- garus au nom Hun. Ainsi, dit l'historien hongrois Géza : Menroth gigans duos filios generavit, exquibus Hunni sive Hungari exorti sunt. Même les noms des deux fils de Menroth lui sont connus : Cum autem Hunoret MagorMenroth essent primogeniti . . . Un autre historien, Ipolyi ([7]), va plus loin encore : il soutient avec le plus grand sérieux que les nomsdes deux fils de Nemrod s'identifient avec les deux noms des races : Huns et Magyares, qu'ils sont les aïeux des deux peuplesdifférents, et qu'il faut lire Hunni et Hungari à la place de Hunni sive Hungari. Qui est-ce qui ne trouvera pas une analogiesurprenante entre cette tradition fantaisiste et la légende slave d'après laquelle les frères Tchèque, Lèque et Russe sont les aïeuxdes trois grandes races slaves : tchèque, polonaise et russe ([8]). Le célèbre connaisseur des langues finnoises, M. A. Castren, parledans ses cours du premier domicile du peuple finnois ([9]) de la manière suivante : « Laissant de côté plusieurs autres preuvesévidentes qui pourraient puissamment corroborer ce que je viens de dire sur l'origine des Finnois des contrées environnant l'Altaï, jeveux seulement faire remarquer qu'on trouve encore aujourd'hui des branches de la race finnoise dans ce lieu antique. Ce sont lesOstiaks et les Vogoules, plus souvent connus sous le nom commun des Ouïgoures ou Yougoures. Ils habitent tout le long des bordsde l'Obi et de l'Irtich, et on en rencontre aussi des traces certaines près de la source de ce dernier fleuve. Cette même contrée futhabitée jadis par une race turque, les Ogoures ou Yogoures qui, à cause de la proximité des Finnois, fut souvent confondue avec eux,d'où le nom d'Ouïgoures ou Yougoures. Le nom des Magyares est de la même origine, aussi le peuple hongrois compte-t-il lesVogoules et les Ostiaks parmi ses parents. » Hunfalvi ([10]) est du même avis, en prouvant, à l'aide des langues congénères, l'identitédes racines : uj, jog, mog, mag, il constate que le mot ouïgour (ujgur)-moger signifie : l'allié ([11]).Mais c'est sans contredit Schott ([12]) qui, le premier, emploie pour l'ensemble de ces langues la dénomination de fuinoises-tartaresou ouralienne- altaïques. Castrén ([13]) les appelle langues altaïques tout court, dénomination qui nous paraît assez heureuse, vuqu'elle n'appartient à aucun de ces peuples en particulier et qu'elle nous indique la première demeure de cette race puissante dontl'habitation primitive se trouvait près de l'Altaï, d'après les traditions finnoises, turques, mongoles et même magyares. MillIer ([14])enfin appelle ces langues des langues touraniennes, en opposition aux langues aryennes, sémitiques, etc., et nous sommesparfaitement de son avis ; le Touran ayant été de tout temps le centre de leur habitation première, d'où elles sont parties semblablesà des rayons parcourant une grande partie du monde moderne.De l'immense étendue qu'occupe cette race, Schleicher ([15]) nous trace un tableau vraiment grandiose :« Cette race, dit-il, s'étend jusqu'aux confins les plus reculés de l'Asie du Nord-Est. Elle embrasse les Toungouses (Mandchous) et lesMongols. Ces deux peuples, à une petite exception près, qui se trouvent au nord des monts Caucases, n'habitent que l'Asie etdonnent la main à la nombreuse famille des langues turques, célèbres par leur antiquité et leur pureté. Les Turcs commencent aubord du Lena avec les Jacoutes, se resserrent dans les parties orientales de la Haute-Tartarie sous le nom de Ogoures ou Yogoures,comprennent les Kirghizes, les Turcs de la Sibérie et les Turcomans, et s'étendent jusqu'au sein de la Russie européenne. Là, divisésen plusieurs peuplades et parlant différents dialectes, ils prennent le nom de race tartare. Des rameaux détachés de la masse entières'étendent davantage vers l'Occident dans le Caucase, dans la Crimée et dans l'Asie-Mineure. De là, les Turcs ont pénétré enconquérants jusque dans l'Europe méridionale, dans le territoire des langues grecques, albanaises et slaves du midi, et ont fondéautant de petites colonies enclavées dans ce territoire.« Le nord de la Russie européenne et asiatique est occupé par les Samoïèdes sur les bords de la mer Glaciale (de la mer Blanchejusqu'à l'embouchure du Lena) ; Schott ([16]) compte leur langue au nombre des langues tartares, plus particulièrement finnoises. Auxlimites de l'Europe, des deux côtés des monts Ourals, se trouvent réunis dans un seul tronçon les différents dialectes congénèresappelés: finnois de l'est. Le finnois de l'ouest (le lapon, le finnois proprement dit, l'esthonien et le livonien), séparé du samoïède par lamer Blanche, forme de nouveau une branche détachée de la langue mère. En fin, au milieu de langues d'origine indo-germaine, loinde toutes ses sœurs, nous voyons le magyare faisant partie du parler finnois de l'ouest ([17]).« Cette langue s'étend donc de l'est à l'ouest, des bords de la mer du Japon jusque dans les environs de Vienne et Christiania, et dunord au midi, des bords de la mer Arctique jusqu'au sein du Thibet, jusqu'aux bords du lac Tenghrie (près de Lassa) en Afghanistanet jusqu'aux côtes méridionales de l'Asie-Mineure. »Ce tableau nous indique les trois subdivisions de cette race de langues :
1° Les langues tartares; 2° les langues turcomanes ; 3° les langues finnoises ou tchoudes. Cette dernière encore subdivisée enlangues finnoises de l'est et langues finnoises de l'ouest. IIParenté indiscutable avec les langues finnoises on tchondes.Déjà dans le dernier siècle des savants suédois et autres, comme Olaus Rudbequius ([18]), Strahlenberg ([19]), Jean Everard Fischer([20]), Hell ([21]), Jean Sainovits ([22]), Ihre-Oehrling ([23]), Hager ([24]), ont constaté la parenté qui existe entre la langue magyare et lesidiomes tchoudes. Ihre prétend même dans l'avant-propos de son glossaire que le célèbre philosophe allemand Leibnitz avaitsoutenu la même thèse. Même en Hongrie, nous rencontrons, vers la fin du dernier siècle, deux linguistes distingués combattantbravement l'opinion de plusieurs savants compatriotes qui prétendaient avoir trouvé une affinité entre le magyare et les languesorientales plus particulièrement sémitiques. Les œuvres estimables de Sainovits et de Gyarmathy ([25]) auraient pu rendred'excellents services aux philologues qui venaient après eux, et sont encore aujourd'hui d'une utilité incontestable pour celui quitravaille dans le même sens. En Hongrie c'était malheureusement peine perdue. Le peuple se souciait peu d'une parenté possibleavec les Lapons aux cheveux roux ou les Finnois qu'on ne connaissait que de ouï-dire, et il savait gré à ceux qui s'efforçaient decombattre ces idées en cherchant une plus noble souche, une origine antique perdue dans la nuit des siècles. D'autres peuples onteu la même faiblesse. Nous remarquons déjà chez les Grecs et les Romains une tendance prononcée à reculer leur origine plus loinque tous les documents, que toutes les traditions, et à chercher des contes fantaisistes pour satisfaire leur vanité nationale. Entre lespeuples modernes nous voyons le même spectacle ; le peuple magyare n'est donc pas le seul qui soit tombé dans une si grosseerreur. Il est à regretter que ce préjugé national ait même aveuglé le plus grand philologue hongrois Révay qui ne voulait pas mêmeadmettre la possibilité d'une parenté entre les langues finnoises et son idiome natal. Mais bientôt on découvrit l'antique sanscrit etson affinité indiscutable avec presque toutes les langues modernes; la question sur l'origine du magyare intrigua de plus en plus tousles savants de l'Europe, et il fallait bien que la lumière se fit aussi dans ce petit coin obscur de la science philologique. Schott prouvale premier l'affinité entre les langues altaïques ; Boller ([26]), plus explicite encore, fit des cours remarquables sur le même sujet, etHunfalvi ([27]) futle premier en Hongrie qui montra le chemin à tous les linguistes à venir. Infatigable de sa nature, ce dernier rédigea pendant plusieursannées des publications mensuelles ([28]) qui, attirant petit à petit des collaborateurs zélés et inspirés, inaugurèrent une ère nouvellepour l'histoire philologique de cette langue. C'est à lui et au savant grammairien Anselm Mansvet Rield ([29]) que sont dus pour la plusgrande partie les beaux résultats acquis jusqu'à ce jour. IIILa langue magyare comparée aux langues de même origine.Nous avons dit, dans notre premier chapitre, que les langues touraniennes se subdivisaient en trois classes: tartares, turcomanes(turques) et finnoises, et nous avons ajouté que l'idiome magyare appartenait à cette dernière classe, finnoise ou tchoudc, autrementdit ouralienne. Schott ([30]) est du même avis, ainsi que Boller dans ses recherches approfondies, tandis que Hunfalvi donne aumagyare une position intermédiaire entre les langues finnoises et les langues turcomanes (turques). Castrén, traitant desterminaisons qui tiennent lieu du pronom dans les langues toungouses, bourïœtes, mogoles, turques, samoïèdes et finnoises, joint lemagyare à la dernière langue. Toutes ces suppositions ne sont pas encore arrivées à la certitude, mais nous ne croyons pas noustromper en soutenant que le magyare, comme langue touranienne, compte parmi la subdivision des langues tchoudes ou finnoises. Al'appui de cela nous allons citer les observations faites par A.-M. Riedl, qui sont aussi approfondies qu'irréfutables. « La place de laracine dans les mots dérivés, son inflexibilité, l'harmonie des voyelles, les règles sur les terminaisons, etc., sont communes à toutesles langues altaïques; au contraire, l'accentuation des langues tartares, turques, tcheremisses, etc., diffère essentiellement de celledes langues finnoises et de l'idiome magyare en particulier. Le changement du son résultant de l'influence de l'accent toniquerapproche sensiblement le magyare du lapon, tandis que d'autres apparitions phonétiques, par exemple l'accentuation de la lettre ldans des cas précis, l'altération des racines dans plusieurs formes, et leur retour à la forme primitive devant d'autres suffixes setrouve identiquement dans le zirényen. La terminaison des racines par une voyelle se trouve encore dans le finnois, tandis qu'elle s'estperdue dans le magyare et dans les autres langues parentes. Les consonnes magyares se rapprochent de celles des Ostiaks ; sesconsonnes adoucies se retrouvent dans les langues finnoises de l'est, et elles sont étrangères au finnois de l'ouest. La langue finnoiseaime l'hiatus, le magyare unit aussi régulièrement les diphtongues en les réduisant à un seul son; la langue finnoise a un cachetcaractéristique qui vient des voyelles ; le magyare, un cachet caractéristique provenant des consonnes; les préfixes enfin, étrangers àtoutes ces langues, sont une propriété toute particulière du magyare ([31]). Quant aux suffixes, le magyare a autant de rapport avec leturc qu'avec le tchoude ou finnois et incline presque plus vers le turc, même vers le mongol. La division de la conjugaison en deuxformes est aussi particulière au magyare, quoiqu'on trouve quelque chose d'analogue dans la langue des Morduins (Morduines,Morduans). De même qu'entre les langues indo-germaines le sanscrit ([32]) sert d'aimant, le finnois peut être considéré commecentre, comme point de départ pour les langues touraniennes. »Le finnois et le magyare sont les seules langues de cette souche qui possèdent une riche littérature, empreinte de la civilisation ; nousfaisons abstraction du turc trop anéanti par les influences limitrophes. Le finnois jouissait encore d'un grand avantage sur le magyare,grâce à sa position géographique vraiment exceptionnelle. Comme dit Kellgrén, cette langue, protégée par la position de son pays,au sein de ses forêts vierges et au bord de ses lacs solitaires, entretenue par les chants sacrés de ses pères, pouvait facilementgarder son originalité et développer à son gré sa riche organisation. Ce qui prouve jusqu'à l'évidence quelle est l'importance dufinnois comparativement aux langues touraniennes et par cela même vis-à-vis du magyare. Il y a là encore une particularité que nousvoulons mentionner. Les racines dans la langue finnoise sont toutes à deux syllabes, tandis qu'elles sont monosyllabiques dans lemagyare ([33]). Ne voyons-nous pas là une analogie rappelant celle qui existe entre le latin et le français. Une tendance prononcée,pour ainsi dire, que possède chaque langue moderne vers l'abréviation. Aussi, dans les dialectes magyares ([34]), on voit les vieillesformes et on peut observer, ainsi que dans les incunables ([35]) (une Oraison funèbre datant du XIIe siècle ; une traduction de la Bibledu XVe siècle et la légende de sainte Marguerite du commencement du XVIe siècle), que les préfixes ne sont qu'une innovationmoderne et que les racines sont bien plus longues, les conjugaisons des verbes bien plus ressemblantes aux langues finnoises que
maintenant ([36]).Qu'il nous soit permis d'énumérer quelques ressemblances saillantes entre le magyare et les langues finnoises de l'ouest.La terminaison es des adjectifs déterminatifs en lapon se trouve également en magyare, ainsi que la terminaison des substantifswouot ressemble à la terminaison magyare at. Il est incontestable que ces deux terminaisons es et at appartiennent à plusieurslangues : leur ressemblance pourrait donc être fortuite. Mais la terminaison em est commune au lapon et au magyare ; le meng ouming hongrois, chez les Esthoniens minne pour des substantifs dérivés ; enfin le diminutif ke, le même chez les Hongrois et chez lesEsthoniens, paraissent témoigner en faveur d'une communauté d'origine. Le k de la formation du pluriel est le même pour le fin- noiset le magyare; chez les Basques, c, qui a toujours le son du k; dans l'une et l'autre langue on ajoute aux noms les adverbesinterrogatifs et les pronoms possessifs. Cependant le son de ces suffixes n'est pas toujours le même, excepté celui des pronomspossessifs. Pour la première personne, on ajoute dans les deux langues am ou n; pour la seconde ad ou a (la troisième diffère). Laseconde du pluriel ajoute tok et les autres un k. Le k, qui se trouve être en magyare la désinence de toutes les personnes du pluriel,se rencontre également dans le lapon-norwégien à la troisième personne du pluriel du présent de l'indicatif, et à la première etdeuxième personne du pluriel de l'imparfait de l'indicatif.Le verbe déterminatif magyare prend à sa première personne du singulier du présent de l'indicatif m, à sa 2e d comme en esthonien.Entre le verbe lapon devenir et le même verbe magyare qui s'emploie souvent aussi comme verbe défectif, on trouve cetteressemblance que la racine de tous les deux étant le, ils forment leur impératif en legy (d'après d'autres en lapon lage). Le verbemagyare forme de lui-même, outre le présent, encore deux prétérits et le plus-que-parfait avec l'auxiliaire être; il ne possède pointd'habitude de futur et emploie pour ce temps, comme dans le finnois et dans l'esthonien, le présent de l'indicatif.La construction de la phrase a beaucoup de rapports dans ces deux langues. Ainsi, par exemple, l'infinitif composé du verbe et dupronom suffixe : je dois, se dit : il faut à moi. La circonlocution pour rendre le verbe avoir, pour lequel il n'existe pas de mot propre, serend par mihi est (nekem van : à moi est). Aussi, beaucoup de proverbes esthoniens et magyares sont les mêmes. Encore plusgrande est la ressemblance entre les pronoms interrogatifs :Magyare.Lapon.Finnois.Esthouien.Qui :ki,ki,kuka,ke ou kes.Quoi :mi,mi,mika,mis ou mes.La formation du comparatif est identiquement la même dans les deux langues magyare et laponne. Oh ajoute deux b au positif. Lenombre lapon deux, kuahte, se dit en magyare, kettő. Le d lapon, à la fin des nombres ordinaux et fractionnaires, se trouve aussi enmagyare, seulement dans cette dernière langue on forme les ordinaux des fractionnaires, tandis qu'en lapon c'est l'inverse qui a lieu.Il est encore à remarquer que les radicaux des deux langues ne commencent jamais par deux consonnes.Quant à l'objection que les radicaux magyares sont presque tous monosyllabiques, tandis que ceux des Finnois tendent tous à avoirdeux ou plusieurs syllabes, nous l'avons prévu et déjà combattu au commencement de ce chapitre. Mais en consultant les premiersdocuments de la langue magyare, entre autres l'oraison funèbre, nous y trouvons une quantité de mots ayant des terminaisons en a, eet i qui ont disparu dans la langue d'aujourd'hui et qui faisaient à ce moment partie inhérente de la racine. Quelques exemples tirés del'Oraison funèbre suffiront pour démontrer l'exactitude de ce que nous venons d'avancer.Mige, aujourd'hui (ah.) meg; ise, père, ah., ős; aïeul ([37]), Zulta, ah., Zsolt; Obada, ah., Abád; Été, ah.,Ét; Zerenche, ah., Szerencs;Sápi, ah., Sáp; Sári, ah.,sár; Rabuca, ah.,Rabca; Zobolsu, ah., Szabolcs; Zerenchu, ah., Szerencs; Zuardu, ah., Szoárd; Pakoztu,ah., Pakozd; Surcusár, ah., Soroksár; Lelu, ah., Lél; Sátorhalmu, ah., Sátorhalom; Turu, ah., Tur; Saru, ah., Sár; Tasu, ah., Tas;Borsu, ah., Bors; aloma, le songe, ah., alm, álom; zerelmu, l'amour, ah., szerelem.Nous rencontrons encore de pareilles terminaisons dans beaucoup de compositions de mots. Kellgrén, s'appuyant sur desdémonstrations analogues faites par les célèbres grammairiens allemands Grimm et Heyse, a démontré jusqu'à l'évidence que lavoyelle unissante dans beaucoup de mots composés n'est nullement une invention de l'euphonie, comme on l'a cru longtemps, maistout simplement une terminaison de racine rejetée avec le temps dans le mot simple. Nous trouvons des phénomènes analoguesdans les langues congénères, p. e. le sel, en finnois suola, en zirényen soo, en magyare so ([38]). Dans les différents cas, en finnois,tantôt solán, tantôt solá. Castrén est du même avis, et A.-M. Riedl va plus loin encore, et, érigeant ses précieuses expériences enrègle, il dit : « Le nominatif ne se rapproche pas toujours le plus du radical, au contraire, souvent il faut chercher sous une autreforme, surtout sous les formes suivies des suffixes possessifs, cette plus grande ressemblance avec la racine. »Ce qui rend la comparaison entre le magyare et les langues parentes encore plus difficiles, c'est que le finnois ainsi que le mongoln'ont pas les articulations b, g, d, et le finnois est même forcé de remplacer l'f que le mongol possède par v. Mais en suivant lesystème de la mutation successive des consonnes que A.-M. Riedl nous explique si parfaitement dans sa grammaire philologique encomparant le finnois et les langues congénères aux inculables magyares, et puis au magyare d'aujourd'hui, nous serons bien plus àmême de trouver beaucoup de mots magyares d'origine finnoise. Ces mutations sont souvent les plus étranges, et elles sont tropnombreuses pour les énumérer toutes.Les plus saillantes sont, par exemple : K = ch = h, finnois, kolme. Oraison funèbre (o.f.), charm, ah., három, trois; finn., kuolo, o. f.,cholta, ah., holt, mort; finn., kurku, o. f., turch., ah., torok, la gorge., en slave, chyba; magyare, hiba, la faute ; slave, rucho, magyare,ruha, habit ; slave, cech, magyare, ceh, corporation; allemand, Blech, magyare,pléh, fer-blanc; allemand, Michael, magyare, Mihály,.cte
Le signe de l'impératif était, dans l'Oraison funèbre, ch., zoboducha., qu'il affranchit; dans la traduction de la Bible, ce ch devient htout court, par exemple, sege-h. Tandis qu'aujourd'hui c'est un j. Ce qui prouve que h = j.D'ailleurs, nous voyons dans beaucoup de mots des analogies : fehér ou fejér, blanc ; tehén ou tején, vache, etc.L' ng, un son guttural-nasal, se rencontre aussi dans la langue laponne et dans l'ostiak, donc : n = ng = k, par exemple : en lapon,pane, en zirényen, pinj, en ostiak, penk, magyare, fog, la dent; lapon, manga, magyare, mögé, derrière; ostiak, sunk, magyare, zug,coin; ostiak, jeng, magyare, jég, glace; allemand, Quentchen, magyare, konting (un poids), Buchsbaum, magyare, puszpáng, etc., j.yg =Finnois jalka, pied; magyare, gyalog, à pied; dans la langue meme, jön ou gyön; jer ou gyer, il vient, viens, etc.Il sera facile de voir dans les mots suivants la mutation successive des consonnes qui devient souvent un véritable déplacement desconsonnes, et en nous rappelant que le finnois ne possède ni b, ni g, ni d, ni f proprement dits, nous découvrirons sans doute l'identitéde ces mots.Ainsi le p, k et t magyares répondent souvent aux b, g et d finnois; par exemple, finnois (f.), porras, magyare (m.), bürü; f., papu, m.,bab, haricot; f., pukki, m., bak, bouc; f., poki, m., bük, hêtre; f., hapain, m., savanyu, aigre; f., kupo, m., kéve, gerbe; f., tupa, m.,szoba, chambre; f., pöksä,m., visko, chaumière; f., varpulainen, m., veréb, moineau; f., tynys, m., diszno, porc; f., täty, m., tüdo,poumon; f., autu, m., üdv, salut ; f., etelä, m., dél, midi; f., silta, m., hid, pont; f., taito, m., tudás, savoir; f., ikeen, m., iga,joug; f., jalka,m., gyalog, à pied; f., kaatio, m., gatya, caleçon; f., koju, m., gunyho, chaume ; f., myrkky, m., méreg, poison; f., mäki, colline, m.,megye (subdivision administrative), etc. ([39]).Souvent le k, g, d, t, b, p finnois répondent aux h, j, s, zs, sz, z, f, v magyares. Par exemple, f., paju, m., füz, saul; f., pakkainen, m.,fagy, consolation; f., pala, m., falat, bouchée; f., peitet, m., födél, toit; f., pelko, m., félelem, peur; f., pesä, m., fészek, nid; f., pilvi, m.,felhö, nuage ; f., poika, m., fin, fils ; f., pmi, m., fa, bois ; f.,pää, m., fö, tète; f., pääsky, m., fecske, hirondelle; f., veto, m., vezetés,mené; f., tipu, m., csöpp, goutte; f., kala, m., hal, poisson ; f., kallis, m., halom, colline; f., kosio, m., hös, héros; f., kota, m., ház,maison; f., kuu, m., ho, mois; f., kuullo, m., hallâs, l'ouïe, etc. ([40]). IVLe magyare comparé aux langues Indo-germaines.Toutes les langues de souche arienne sont des langues flexibles, tandis qu'il y a des savants qui discutent cette même particularitéquand on parle des idiomes d'origine touranienne-altaïque.Avant tout, nous allons citer l'opinion des plus célèbres linguistes sur ce sujet; nous nous réservons toutefois le droit dejuger endernière instance cette question épineuse.Le savant Kellgrén dit à ce sujet : « Un linguiste compétent, Schott ([41]), prétend que les langues de la Haute-Asie, entre lesquelles ilcompte à juste titre le finnois, le magyare, ne sont susceptibles d'aucune flexion (déclinaison), vu que la racine des mots dans ceslangues ne supporte pas de particule formative servant d'augment, ni de terminaison grammaticale modifiant le radical même, qu'on yobserve plutôt une adhésion au lieu d'une véritable cohésion. Il est sans doute avéré qu'un grand nombre de langues ouraliennes-altaïques ne sont pas arrivées à ce que nous appelons déclinaison, flexion ou cohésion. Car, où l'esprit n'a pas la force, l'essornécessaire pour former et unir les pensées librement, avec audace, il manque aussi à la langue l'aptitude de fondre les racines desmots avec les suffixes relatifs. Mais pourrait-on en dire autant de toutes ces langues? Nous y répondrons par un démenti formel. Leslangues magyares, finnoises, osmanli-turques, et même en partie la langue mongole, nous présentent un organisme pénétré deflexibilité, de manière qu'on ne peut pas leur contester la dénomination de langue flexible; la langue finnoise n'est surpassée sous cerapport par aucune langue du mond«, et si on pouvait lui reprocher un défaut, ce ne serait que d'avoir trop prodigué le principe de laflexion. En supposant que le finnois et le magyare soient les plus parfaites entre ces langues, ce n'est nulle- ment une preuve qu'ils sesoient le plus assimilés avec les langues européennes, ce n'est qu'une preuve évidente que le principe sus-mentionné, appartenant àtoute la famille, a pu le plus se développer chez eux. L'aisance, dans ce cas, est donc le fruit du développement avancé, et non pas lerésultat d'une inconséquence. »Nous ajouterons à ces paroles éloquentes et persuasives que l'objection que Kellgrén prévoit et réduit à sa juste valeur pourraitatteindre la langue magyare, entourée de tant d'autres langues plus ou moins parfaites, mais jamais le finnois qui, grâce à sa positiongéographique exceptionnelle, a pu se développer et se perfectionner sans l'influence d'aucune langue sur son organisation.Un autre savant, Scleicher ([42]), suit au contraire l'exemple de W. Humboldt, et subdivise les langues en monosyllabique,agglutinantes et flexibles, et compte les langues altaïques dans la seconde catégorie. « Si Kellgrén prétend, vis-à-vis de Schott, quele finnois, le magyare, l'osmanli-turc, et même en partie le mongol sont des langues flexibles, il s'induit pour ainsi dire volontairementen erreur, car il s'imagine ou fait semblant de s'imaginer qu'une réunion intime du radical avec le suffixe suffirait pour donner à unidiome le caractère d'une langue flexible. On ne peut pas méconnaître qu'il ne se trouve dans cette union intime une tendance deflexion, mais tant que l'intérieur de la racine reste inaltérable, il ne peut être question d'une flexion proprement dite. Cette union intimen'est donc qu'une suite des lois phonétiques de l'assimilation, mais non pas un effet d'une tendance spontanée vers la flexion. Il estloin de nous de vouloir faire un reproche à ces idiomes en les appelant agglutinants, car une pareille langue agglutinante,développée, vitale et pénétrée d'une sève abondante, est certainement au-dessus de nos langues flexibles, si souvent stériles et peuportées à la perfection. D'ailleurs, la loi des harmonies phonétiques exige un organisme de langue non flexible se basant surl'inaltération de la voyelle du radical, qui protège la racine de suffixes innombrables et lourds voulant l'écraser sous leur poids. Dansles langues agglutinantes, le radical exerce une influence sur la voyelle des suffixes, tandis que dans les langues flexibles, cesont les suffixes qui influent sur la voyelle du radical. »Ce n'est point l'opinion de Boller, qui prétend que les langues finnoises sont des langues déclinables; il s'exprime là-dessus de la
manière suivante: « On ne veut pas admettre que les langues non flexibles possèdent une déclinaison et une conjugaison, et on veutremplacer la première par la dénomination générale, Théorie des signes casuels. D'après mon opinion, on a tort. Il faudrait doncexclure avant tout la langue copte, qui ne possède pas même l'apparence d'une flexion casuelle et qu'on a introduite quand même,toutefois par une arrière-porte, dans la noble société des langues flexibles. Si, au contraire, la déclinaison n'est pas le signe essentielde la flexion, on peut bien parler de la première où tout porte à croire qu'on ne pourra pas trouver la seconde.« Pour restreindre les déclinaisons sur les langues flexibles, il faudrait trouver un criterium qui traçât consciencieusement la ligne dedémarcation entre ce que nous appelons les déclinaisons des langues flexibles et les signes casuels des langues soi-disantagglutinantes, ce qui n'a pas réussi jusqu'à ce jour. On essaie de se reporter à une antithèse fondamentale qui existe entre undéveloppement intérieur et une accolation fortuite produite par des moyens mécaniques et extérieurs. Mais on ne parvient pas àaltérer la théorie érigée en fait par Bopp, et plus récemment par Pott, que les signes des cas obliques ne sont pas autre chose quedes prépositions ou plus correctement des postpositions qui se sont conservées dans le matériel organique des langues, tantôtindépendantes, tantôt unies à d'autres mots, ce qu'on peut prouver à chaque instant. Dès qu'il faut accorder aux éléments formatifs dela déclinaison une importance absolue, on ne peut plus se contenter comme pis-aller d'une union organique. Car si on entend parcette union organique une unité circonscrite et régie par l'accent, alors aucune personne compétente ne pourra contester cetteparticularité aux langues finnoises de l'ouest, qui s'exprime si visiblement chez elles dans l'harmonie des voyelles et le rhythme dessyllabes ; Kellgrén a donc parfaitement raison de compter le finnois entre les langues flexibles. Si on voulait faire ressortir que leslangues flexibles désignent, outre les cas objectifs et attributifs, les moteurs de mouvements (datif, ablatif, locatif et instrumental)s'exprimant par l'altération du nomen lui-même, tandis que les relations d'espace s'interprètent par des prépositions isolées (devant,derrière, dessus, dessous, dedans, dehors, près, à), alors non-seulement le grand nombre de cas dans différentes langues, maisaussi la circonstance que plusieurs prépositions s'unissent aux mots munis déjà de l'affixe casuel par l'acclise, donnent un démentiformel à cette étrange théorie.« Même la position isolée que l'affixe occupe vis- à-vis des marques du pluriel et des distinctions personnelles trouve son pendantdans les formes indo-germaines: sanscrit bhi-am, bhi-âm, bhi-as; latin b-us, b-is. Les voix de tous ceux qui trouvent dans ladéclinaison un signe caractéristique des langues flexibles se réunissent pour soutenir que les éléments des affixes casuels et desprépositions sont d'une nature abstraite et surtout pronominale.« Une pareille supposition soutenue d'une manière absolue n'est guère plus justifiable que toutes les hypothèses antérieures, car Pottne nous a pas seulement prouvé la capacité substantielle des pronoms vis-à-vis des parties constitutives dès prépositions, maisaussi peut-on établir un parallèle entre ces éléments formatifs des langues flexibles et les langues agglutinantes (finnoises). Lacirconstance que des formes concrètes tel que: pää, chef, tête, s'emploie pour indiquer les proportions d'espace est si peu restreintedans les limites des langues agglutinantes (finnoises), qu'on trouvera à peine une seule langue qui n'eût des vestiges de cettecompréhension subjective.«En enlevant la ligne de démarcation, l'unité des principes sur laquelle repose l'expression grammaticale des proportions sedécouvre de suite, et le total des exposants employés ou signes casuels représente une chaîne qui, commençant par unrapprochement mécanique, se termine par l'absorption entière et l'assimilation dans le mot substantiel. Si toutefois cette dernièreobservation ne se rapporte qu'aux langues les mieux organisées, il est pourtant difficile de trouver une limite qui séparerait lesanneaux de cette chaîne. On rencontre dans ces langues dont l'organisme est plus avancé, à côté de procédés de formations plusélevés, aussi des répétitions sortant de catégories inférieures, de même qu'on rencontre dans les langues indo-germaines desprépositions isolées, des postpositions enclitiques et des affixes casuels dans le sens plus restreint. »A.-M. Riedl se berce de l'espoir que l'étude des langues agglutinantes fera disparaître à fur et à mesure de ses progrès la ligne dedémarcation qui les sépare des langues flexibles. Nous sommes même convaincu que cette barrière sera inévitablement enlevée parle rapprochement sensible des deux écoles qui, poursuivant le même but, ne se laisseront pas arrêter par des difficultés aussi peusérieuses. VDialectes du magyare, influence des langues limitrophes sur le magyare.Il y a des linguistes qui ont prétendu que la langue magyare n'avait pas de dialectes. C'est une grave erreur. Non-seulement il existede différents dialectes en hongrois, mais aussi ces dialectes sont appelés à jouer un rôle important dans toutes les appréciations surla langue même par leur rapprochement plus ou moins prononcé avec la langue antique. Dans la Haute-Hongrie, le parler diffère biensensiblement de celui de la Basse-Hongrie. Personne ne contestera les nuances qui existent entre le normand et le marseillais, entrele castillan et l'andalous, et l'érudit hongrois Toldy a même décomposé la langue de sa patrie en treize dialectes bien distincts. Entreces subdivisions, nous n'en mentionnerons que deux. La langue des Székelys en Transylvanie, peu euphonique parce que cesMagyares de l'extrême Est ont une manière détestable de traîner les syllabes ([43]). Bien plus important pour l'histoire philologique dela langue même est le parler des Palocs ([44]) qui, par ses longueurs, se rapproche insensiblement de la langue primitive, preuve : lesincunables. Dans cette langue, l'á (long) est souvent précédé d'un u (ou) ; par exemple vár, vuár, le château ; bátya, buátya, le frèreaîné. La même habitude règne quant à l'ó (long) ; par exemple, só, suó, le sel ; tót, tuót, le slave ; szó, szuó, le mot.Et ainsi de suite.Grande a été l'influence exercée par les langues limitrophes sur le magyare. Abstraction faite de la tournure de phrases qui s'en estsouvent ressentie, beaucoup de mots magyares sont d'une origine étrangère. Il serait bien difficile de préciser le moment où cetteinfluence a commencé, mais Toldy a sans doute raison quand il soutient que les langues de l'Asie limitrophes de l'Europe, ainsi quecelles des peuples qui habitaient le midi et le centre de la Russie vers la fin du dernier millésime, ont eu une influence notoire sur lalangue magyare avant l'influence exercée par les idiomes latins, germains, turcs et slaves. Nous citerons ici un certain nombre demots dérivés du germain et du slave, du latin et même du français.Quelques mots magyares dérivés du germain : Ajto, Thüre, porte (en parler souab, etter); arat, Aernte, récolte; abrak, Hafer (enslave, obrok), avoine ; borbély, Barbier, barbier ; butsu, Busse, pénitence ; borosta, Bürste, brosse ; drot, Draht, fil de fer ; font,
Pfund, livre ; friss, frisch, frais ; föld, Feld, champ ; gyémant, Diamant, diamant ; goromba, grob, grossier ; gyilk, gyilok, Dolch (dansl'ancien magyare, gyolk], poignard; gesztenye, Kastanie, châtaigne; istráng, Strang, traits; istállo, Stall, écurie ; istáp, Stab,baguette ; kurta, kurz, court; lusta, faul, lass, paresseux; lassan, langsam, lentement; komor, Kummer, chagrin; krumpli, Kartoffel,Grundbirn, pomme de terre ; lyuk, lik, Loch, trou; mozsâr, Morser, pilon; major, Maier, métayer; ökör, Ochs, bœuf; pldjbász,Bleiweiss, crayon ; piascz, Platz, place ; pellengér, Pranger, carcan : puszpâng, Buchsbaum, buis; rozsda, Rost, rouille; saláta,Salad, salade; rettek, Rcttich, radis ; sinor, Schnur, ganse ; srof, Schraube, vice ; tánc, Tánz, danse ; torony, Thurm, tour; tenglitz,Stieglitz, chardonneret; cél, Ziel, but; vandorlani, wandern, voyager; ház, Haus, maison; vér, blut sang (chez les chasseurs, Verch,couleur) ; viz, Wasser, eau; et ainsi de suite.Quelques mots magyares dérivés du slave :Borotva, britva, rasoir ; vacsora, vecera, souper : ebéd, obed, dîner; ecet, ocet, vinaigre; asztal, stul, table; udvar, dvur, cour; barât,brat, ami; veréb, vrabec, moineau; király, kral, roi; kalâsz, klas, gerbe ; kulcs, kluc, clef ; szalma, slama, paille : szolga, sluha,domestique ; szilva, siva, prune ; szabad, svoboda, libre ; unoka, vunk, nièce ; olasz, vlach, italien ; orvos, vrac (ancien slave),médecin; orszâg, rusag (ancien slave), pays ; szerda, sreda, mercredi ; szombat, sobota, samedi ; ainsi de suite.Quelques mots dérivés du latin.Szarvas, cervus, cerf ; lentse, lens, lentille ; len, linum, lin ; szent, sanctus, saint ; falu, villa, village ; csillag, stella, étoile; ora, hora,heure ; kert, hortus, jardin ; férj, vir, homme ; tégla, tegula, brique ; sogor, socer, beau-frère ; angolna, anguilla, anguille ; almârium,armarium, armoire ; cseresznye, cerasum, cerise ; császár, Caesar, empereur ; etcet, acetum, vinaigre ; fige, ficus, figue ; kurta,curtus, court ; márvány, marmor, marbre; ainsi de suite.Quelques mots dérivés du français :Acél, acier ; arestálni, arrêter ; bárka, barque ; bokréta, bouquet ; bastya, bastion ; érsek, archevêque ; iskatulya, chatouille ; forint,florin ; ainsi de suite.Ajoutons encore que c'est à la langue latine que le magyare a emprunté son alphabet. Les anciens écrivains comme Turoczy,Zamoscius[45] et Oláh[46], parlent de caractères magyares, et le mot betü, lettre, dérivant du mot bot, la baguette, bed chez lesOstiaks, en dit plus que les plus éloquents commentaires. Le magyare, possédant plus de quarante sons différents, a dû surmonterbien des difficultés avant de pouvoir adapter les caractères latins à ces nombreux sons. Les Magyares, ainsi que les anciens Slaves,ont choisi la réunion de plusieurs consonnes pour exprimer un seul son. Les Slaves modernes ont suppléé à ce défaut par des signescaractéristiques placés au-dessus des consonnes, et des célèbres écrivains, tels que Révay et Vörösmarty[47], ont tenté la mêmeréforme dans leur idiome, malheureusement sans succès. Leurs efforts pour simplifier l'écriture devaient échouer en face de ce vieuxpédant qui s'appelle l'usage.IVQuelques particularités du magyare et conclusion.Finalement, quelques particularités de la langue magyare.Les accents et les voyelles jouent un grand rôle dans la langue magyare. Les dernières se subdivisent en dures et douces, et cettesubdivision est d'une influence capitale sur la grammaire entière, car les différents suffixes (et presque tous les pronoms etprépositions, etc., sont exprimés par des suffixes) s'emploient selon que le radical contient une voyelle douce ou dure.La langue hongroise, ainsi que le finnois, ne distingue pas de genre, et l'article ne joue qu'un rôle fort secondaire[48], comme parexemple en anglais. Les déclinaisons sont également inconnues aux Magyares ; les flexions de ce cas consistent en particules qui sejoignent au radical et se confondent plus ou moins avec lui sans toutefois jamais l'altérer.Une autre particularité du hongrois est encore le manque absolu du verbe être (copula) dans les phrases où ce verbe sert à la liaisondu sujet et de son attribut, absolument comme dans les langues sémitiques. Les pronoms possessifs s'expriment ainsi qu'en turc eten persan par des suffixes qui sont soumis aux mêmes règles que celles qui régissent les particules accollées aux substantifs.Les verbes changent leur terminaison en passant de l'intransitif au transitif.La langue magyare diffère aussi des autres idiomes européens par le manque presque absolu des prépositions. Ces prépositionssont ou des postpositions ou des suffixes, comme dans plusieurs langues de l'Asie.Le grand nombre de ses mots et postpositions indique suffisamment combien la langue magyare doit être concise et explicite.« Parmi les langues vivantes de l'Europe qui viennent de l'Asie, dit un écrivain français, la langue magyare est une des plusjeunes ; la séve de la vie physique y abonde, et aucune peut-être ne renferme dans son organisme moins d'éléments étrangers. »Le génie de la langue hongroise est fidèlement caractérisé par ces paroles.La richesse de ses mots et de ses expressions tient du prodige ; sa merveilleuse accentuation et la combinaison harmonieuse deses voyelles lui prêtent un certain charme doux et mélancolique qui s'observe surtout dans les chants du peuple. Un fameuxorientaliste a dit jadis qu'il n'y avait pas de langue pouvant lutter avec le magyare comme perfection de construction et commesonorité.
Basé sur ce que nous avons dit dans les chapitres précédents, nous pouvons compter l'idiome magyare au nombre des languesfinnoises ou tchoudes. Il n'est pas encore suffisamment démontré si cette langue dérive du finnois de l'ouest ou du finnois de l'est;mais tout porte à croire que c'est de cette dernière branche de la race touranienne-altaïque que le magyare fait partie.Les deux familles finnoises ou tchoudes se sont probablement séparées de très bonne heure ; une d'elles a quitté son domicileantique, les versants boisés du mont Oural et les riantes vallées de l'Obi pour émigrer vers l'ouest où elle a habité peut-être dessiècles entiers, au centre de l'Europe, comme peuplade puissante, industrielle et civilisée. Les migrations suivantes ont forcé cepeuple de reculer vers le nord où, entouré de lacs limpides et de forêts vierges, il a trouvé un asile qui lui permettait de vivre à songoût et de développer sa riche langue.Les dominations suédoises, ainsi que le pouvoir des Russes, n'a jamais été exercé que superficiellement en Finlande et n'a pualtérer ni les anciennes traditions ni la langue des aïeux. Même les Lapons et les Esthoniens ([49]), plus exposés que leurs frères, ontsu conserver le cachet caractéristique de leur idiome, qui n'a subi que de légères modifications.Les Finnois de l'est habitent encore aujourd'hui la demeure de leurs ancêtres. Les Magyares ont quitté vers la fin du VIIIe siècle,subitement, cette belle contrée où ils avaient mené une vie de chasseurs et de pâtres. Une vie guerrière s'est éveillée dans ce petitpeuple et l'a pénétré d'une sauvage énergie. Il s'est répandu dans les plaines fertiles du Danube et du Theisz, pourchassant lespaisibles habitants de ces contrées et pénétrant jusqu'au cœur de l'Allemagne, même jusqu'à Lyon, semblable à un fleuve impétueuxqui a brisé ses digues et se répand en mugissant sur toute la civilisation environnante, la broyant impitoyablement. La langue parléepar ces barbares valeureux ne nous a pas été conservée dans toute son identité, mais les monuments de la première littérature, quenous avons appelés incunables, ainsi que les dialectes qui existent encore aujourd'hui, montrent jusqu'à l'évidence sa granderessemblance avec le finnois. Les savants magyares parcourant les vallées du mont Oural, y ont trouvé des débris de peuples parlantun idiome semblable au magyare. Ce qui nous paraît bien plus vraisemblable que le conte du linguiste hongrois qui avait voyagé enSuède et qui prétendait avoir causé avec les paysans lapons sans les embarrasser ni pour les réponses, ni pour les explications. Ilest certain que la langue magyare a subi d'importantes modifications dans le courant des siè- cles. Le séjour des Magyares au borddu Volga a dû introduire beaucoup de mots tartares dans leur langue, et plus tard la civilisation germaine ainsi que la dominationturque ont eu une influence capitale, non-seulement sur la formation de beaucoup de nouveaux mots, mais aussi sur la grammaire, surla construction organique de la langue. Toutefois la langue, dépouillée de ses éléments étrangers, qui sont d'ailleurs faciles àdistinguer, a conservé toute son originalité et ses nombreuses analogies avec les langues finnoises ou tchoudes.Et ce serait une bien mesquine vanité nationale que de vouloir nier quand même cette parenté qui saute aux yeux et qui n'a riend'humiliant pour nous. Les anciens Finnois de l'Oural sont assurément d'aussi nobles aïeux que les Huns d'Attila et les Mongolsde Gingis-Khan et de Tamerlan ([50]). LA LITTÉRATURE MAGYAREJe puis dire qu'il y a désormais une littérature hongroise, c'est-à-dire un titre sérieux a l'appui des réclamations d'une noble.ecar(Saint-René Taillandier.)La littérature magyare reflète fidèlement le caractère de ce peuple, et à elle seule elle aurait mérité d'attirer l'attention des nations del'Occident, car elle est d'une grande richesse, d'une grande variété avec un caractère d'originalité très marquée.C'est avec saint Étienne (an 1000) que cette litté- rature prend naissance. La langue latine occupe d'abord la première place, leclergé et la noblesse ne s'expriment que dans cette langue, et le magyare paraît être relégué dans l'oubli. Mais le peuple, qui chérit lalangue de ses pères, venue des steppes de l'Asie, la conserve et s'y attache avec cette tenacité propre aux Magyares. Les chantspopulaires, qui exhalent un charme mélancolique tout particulier, se transmettent de génération en génération, et le XVIe siècleapporte avec la réforme un élan dans la poésie nationale, qui s'épanouit dans toute sa superbe beauté. Une littérature magyare estcréée, littérature pleine de séve et d'un développement abondant et riche. Mais la langue nationale étant considérée comme lasource de l'hérésie et de la sédition, cette littérature est étouffée dans son germe, et de 1702 à 1780, nous assistons aux siècles d'ordes écrivains latins. Avec le règne de Joseph II et la révolution française commence une nouvelle période pour la littérature hongroise.Plus puissante que la première, de grands poètes surgissent et se rendent dignes de gloire et d'immortalité. Les revers de 1848parviennent à ralen- tir sa marche sans pouvoir l'étouffer de nouveau. La lutte avec l'élément allemand la ranime et la vivifie, et dansce moment elle marche à pas de géants, occupant une place glorieuse auprès des littératures des autres nations.Nous distinguerons donc quatre périodes dans l'histoire de la littérature magyare.La première comprend le commencement de la littérature ; les écrivains latins et le germe d'une littérature nationale, de 1000 à 1500.Deuxième période : La littérature nationale se fortifie et prend une nouvelle extension de 1500 à 1700.Troisième période : Siècle d'or des écrivains latins, de 1700 à 1780.Quatrième période : La littérature nationale devient la plus importante de 1780 jusqu'à nos jours. PREMIÈRE PÉRIODELa langue magyare et la langue latine, auxquelles on pourrait ajouter pour une modeste mais importante fraction l'idiome allemand,dominent tout le développement intellectuel du pays.Par sa conversion au christianisme, le premier roi de Hongrie, saint Etienne, introduisit l'élément latin. Le clergé devint le premier étatdu royaume, et si l'on considère que la noblesse de ce temps ne s'occupait que de la guerre, on voit qu'il devient nécessairement laseule force intellectuelle du pays. Toutes les lois et tous les actes légaux furent rédigés en latin, et sous les successeurs d'Etiennecette langue devint définitivement la langue officielle. L'élément allemand ne tarda pas non plus à paraître. Le mariage du roi avec uneprincesse allemande et surtout les nombreux colons qui furent appelés dans le pays, contribuèrent pour une large part à sapropagation. La plus grande partie de la nation, imbue d'un esprit païen et foncièrement oligarchique, s'opposait toujours avec plus
ou moins de force sous les règnes des Arpádes aux efforts que faisaient les rois pour rendre la langue latine la seule dominante. Cene furent que les monarques issus du sang français, les princes de la maison d'Anjou, qui parvinrent à calmer cette effervescence,grâce à leur sage politique. Mais ce ne fut guère que sous Mathias Corvin que la littérature nationale commença à se relever. Parmalheur, les siècles suivants apportèrent à son essor de si puissantes entraves que cette jeune poésie dut succomber dans une lutteinégale. Nous avons exposé dans nos notes historiques la création successive d'écoles et d'universités en Hongrie. C'est en 1473qu'un homme d'une haute intelligence, André Hesse, fonda à Bude la première imprimerie de laquelle sortit le Chronicon Budense.La poésie et la prose furent également cultivées, et les sciences et les arts commencèrent à fleurir. Nous citerons entre les plusanciens écrivains du pays magyare, Simon Kéza, Jean de Kikellö et Laurent de Monacsics. Mais c'est surtout vers la fin du XVesiècle que surgissent un grand nombre d'historiens et de chroniqueurs remarquables. J. Thurotzius, Zermegh, Forgács, Nádasi,Rátkai, Mart. Jzentivdnyi et les comtes Jean et Farkas Bethlen sont des noms dont la Hongrie s'honore à juste titre. Pour ce quiregarde la médecine, les sciences naturelles, la philosophie et les mathématiques, on compte beaucoup d'hommes illustres entrelesquels l'éminent savant Boskovich occupe incontestablement la première place.Parmi les poètes et les orateurs, nous signalerons seulement Jean Vitéz, François Hunyadi, Szentgyörgyi, Szerdahelyi, Somsich, NicRêvai et Deseffy, noms qui tous existent encore de nos jours en Hongrie.Malheureusement ces célèbres écrivains n'exercèrent une influence directe et salutaire que sur les classes instruites et sur le clergé.Leur mépris de la langue nationale fut cause que la culture intellectuelle de la grande majorité de la nation resta si fort en arrière.Sous Ladislas II (1491), la plupart des grands dignitaires du royaume ne savaient ni lire ni écrire, et c'est assurément à l'exclusion del'élément magyare qu'on peut attribuer ce fait étrange. L'avènement des rois de la maison d'Anjou porta remède à cet état de choseset amena le développement de la seconde période. DEUXIÈME PÉRIODE.L'idiome national ne se développa donc que très lentement. Il n'était guère plus en usage que dans les relations commerciales, aucamp, au sein des familles, dans les fêtes publiques, et jusqu'à un certain point dans les réunions des comitats et à la diète. Pourtant,dans les annales du Cantus Joculatorum et Truffatorum, on mentionne d'anciens chants populaires et des sermons magyares ; aussiprétend-on que la bulle d'or existe dans son original magyare.Ce n'est que sous le roi Charles Robert que la langue nationale prit plus d'extension, mais le latin resta toujours la langue officielle. LeHongrois fut cependant parlé à la Cour. Charles Robert fit élever en Hongrie la fiancée de son fils ; Louis le Grand ses deux futursgendres, pour les rendre familiers avec les mœurs et la langue du pays.Vers la même époque, on commença à écrire en hongrois des actes publics et des lettres; plus tard, l'Écriture sainte et la Bible furenttraduits, et Jean Pannonius, un célèbre érudit, composa même une grammaire qui s'est malheureusement perdue. Mais ce futseulement la réforme qui donna le plus puissant essor à la littérature nationale et, sous ce rapport, il se produisit en Hongrie unphénomène en quelque sorte analogue à celui qui avait eu lieu en Allemagne. Nous savons quelle source de richesse et quel puissantlevier devint pour la littérature allemande cette fameuse traduction de la Bible que le mâle génie de Luther avait conçu. De même, enHongrie, la traduction des livres saints et les discussions religieuses introduisit la langue nationale dans l'Église et dans les écoles.Elle se polit et se perfectionna de plus en plus. Les écrivains qui se distinguèrent dans cette glorieuse époque sont trop nombreuxpour les énumérer tous, et nous nous bornerons à citer les plus remarquables chroniqueurs connus :Székely (1559), Pethö (1660, dont le nom véritable est comte Zrinyi), Bartha (1667);De savants traducteurs de la Bible, comme : Erdesi (1571), le même Székely, Károly (1590), et Albert Molnár (1608), qui fut forcé depublier ses excellents ouvrages dans l'exil ;De spirituels orateurs comme : l'éloquent Gáál (1558) ; Iuhâsz (1563), et Kultsâr (1577) ;Dans la poésie sacrée : Székely, Bornemisza, Ujfalvi, et Alb. Molnár, etc.« Jamais il n'y eut plus de chants populaires destinés à rappeler les exploits des héros indigènes, à raconter les vieilles histoires oude vieux contes. »Tinodi (1580), Tsanâdi (1577) et Szöllösi (1580) ont brillé dans cette partie comme dans la poésie épique. Le comte Nicolas Zrinyi(1652), le comte Etienne Kohâry (1699), et surtout le très fertile Etienne de Gyöngyösi (1667-1737), sans contredit le plus grandpoète de son époque. Il sut manier sa langue nationale avec une rare habileté ; ses expressions sont riches et variées, et ses versexhalent un parfum triste et mélancolique qu'on rencontre si souvent dans les poésies magyares.Rimai, Balassa, Benitzki et d'autres, s'essayèrent dans la poésie lyrique sans dépasser de beaucoup, excepté Balassa, lamédiocrité. Ce ne fut que deux cents ans après qu'un tout jeune poète réussit à faire de la poésie lyrique hongroise la digne sœur desautres poésies de l'Europe.Beaucoup d'écrivains s'illustrèrent en écrivant des grammaires, des dictionnaires et d'autres ouvrages philologiques, et contribuèrentainsi, en grande partie, au perfectionnement de la langue. Les sciences aussi marchaient de pair avec les belles-lettres. TROISIÈMEPÉRIODE.Mais les vives persécutions qu'éprouva la religion protestante en Hongrie eurent les plus funestes suites pour cette jeune littératurepleine de sève et de vie et qui promettait tant. Elle fut pour ainsi dire étouffée dans son germe, et la littérature latine, usurpant denouveau la première place, entra dans son siècle d'or.En i820 parut en latin la première gazette du pays, ainsi que plusieurs autres publications statistiques.Grand nombre d'écrivains de talent rivalisèrent d'élégance romaine, et nous nous bornerons à citer ceux qui ont eu le courage delutter contre le courrant général et de rester fidèles à la muse nationale. François Faludy, Albert Bartsai, le baron Lörincz Orczy, le
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