Lamiel fille du feu
160 pages
Français

Lamiel fille du feu , livre ebook

160 pages
Français

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1997
Nombre de lectures 224
EAN13 9782296334809
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dans la collection Critiques Littéraires
dirigée par Maguy Albet et Gérard da Silva
Dernières parutions:
JOUANNY Robert, Espaces littéraires d'Afrique et d'Anlérique (t. J),
1996.
JOUANNY Robert, Espaces littéraires de France et d'Europe (t. 2),
1996.
LARONDE Michel, L'Écriture décentrée. La langue de l'Autre dans le
roman contemporain, 1996
Collectif, L 'œuvre de Maryse Condé, A propos d'une écrivaine
politiquement incorrecte, 1996
BARTHÈLEMY Guy, Fromentin et l'écriture du désert, 1997.
COLLECTIF, L'œuvre de Maryse Condé. A propos d'une écrivaine
politiquement incorrecte, 1997.
PLOUVIER Paule, VENTRESQUE Renée, BLACHÈRE Jean-Claude,
Trois poètes face à la crise de l'histoire, 1997.
JOUANNY Robert, Regards russes sur les littératures francophones,
1997.
EZQUERRO Milagros, Aspects du récit fantastique rioplatense, 1997.
De BURTON Richard, Le roman marron: études sur la littérature
martinicaise contemporaine, 1997.
SEGARRA Marta, "Leurpesant depoudre" : romancières francophones
du Maghreb, 1997.
SCHNYDER Peter, André Frenaud, vers une plénitude non révélée,
1997.
Sous la direction de Mukala Kadima-Nzuji, Abel Kouvouama et Paul
Kibangou, Sony Labou Tansi ou la quête permanente du sens, 1997.
LEBOUTEILLER Anne, Michaux, les voix de l'être exilé, 1997.
AVNI Ora, D'un passé l'autre. Aux portes de l'histoire avec Patrick
Modiano, 1997.
FIGUEROA Anton, GONZALEZ-MILLAN Xan, Communication
littéraire en culture en Galice, 1997.
COHEN Olivia, La représentation de l'espace dans l'œuvre poétique de
O. v: de L. Milosz. Lointainsfanés et silencieux, 1997.
(Ç)
L'HARMATTAN, 1997
ISBN: 2-7384-5104-7C W THOMPSON
LAM/EL
FILLE DU FEU
ESSAI SUR STENDHAL ET L'ÉNERGIE
ÉDITIONS L'HARMATTAN
5-7 rue de l'École-Polytechnique
75005 Paris
FRANCE
L'HARMATTAN INC.
55, rue Saint-Jacques
Montréal (Qc)
CANADA H2Y lKUSur la couverture: JACQUES HÉROLD, Lamiel
Carte du « Jeu de Marseille », 1941 - 1942.
ADAGP, Paris.ÉDITIONS ET ABRÉVIATIONS UTILISÉES
BIBLIOTHÈQUE DE LA PLÉIADE
C Correspondance (I, II, III)
01 Oeuvres intimes, (I, II)
(J : Journal; SE : Souvenirs d'Egotisme; VHB: Vie de Henry
Brulard)
R Romans et nouvelles (I, II)
(A : Armance ; LL : Lucien Leuwen ; RN : Le Rouge et le noir;
CP : La Chartreuse de Parme).
Voyages en ItalieVI
(RNF 17: Rome, Naples et Florence en 1817; Italie:
L'Italie en 1818 ; PDR: Promenades dans Rome; RNF :
Rome, Naples et Florence [1826J)
VF Voyages en France
(MDT: Mémoires d'un Touriste; VMF: Voyage dans le Midi
de la France)
CERCLE DU BIBLIOPHILE
Chroniques Italiennes (I, II)CI
DA De l'Amour (I, II)
Histoire de la Peinture en Italie (I, II)HPI
JL Journal littéraire (I, II, III)
L Lamiel (I , II, III)
Mélanges (I, II, III, IV, V)M
RS Racine et Shakespeare
T Théâtre (I, II)
Vies de Haydn, de Mozart et de MétastaseVHMM
VR Vie de Rossini (I, II)CHAPITRE I
INTRODUCTION
DANS LESCHAPITRES sur Michel-Ange qui couronnent l'Histoire
de la peinture en Italie, Stendhal nous livre une des clefs de son
oeuvre à propos de la notion d'un Dieu tout puissant et de la force
absolue qui serait la sienne: « on peut faire sa cour à un être
toutpuissant, mais on ne peut pas l'aimer» (HPI, II, 184). Les feux de
l'enfer sont le symbole suprême de cette force absolue, force
terrifiante sur laquelle insiste sans cesse l'Eglise dans sa volonté
de subjuguer par les « épouvantements » (HPI, II, 191, 233 - 234,
282, JL, III, 149 [1819])1. Or, si Michel-Ange est le peintre par
excellence de la force absolue et le Jugement dernier la
représentation la plus puissante de l'anéantissement dont elle nous
menace, les pages sur les souffrances infligées à la Mère du Christ
suggérées par d'autres oeuvres du même artiste montrent que pour
Stendhal, le drame de la force dans la Sainte Famille n'était que
l'illustration la plus éclatante du drame de la force dans chaque
foyer, où toujours le Père hésite à partager son pouvoir avec la
Mère et le Fils (HPI, II, 181 - 184 ; PDR 697 - 699).
Plus de vingt ans plus tard, dans son dernier roman inachevé,
ce sera encore la peur de l'enfer habilement attisée par un
prédicateur de mission qui fera naître chez les Hautemare l'idée
d'adopter un enfant:
A une reprise d'éloquence qui roulait sur le démon toujours
présent partout (...) cherchant à entraîner les fidèles avec lui dans
1 Voir aussi peu avant Lamiel dans les Mémoires d'un Touriste (VF, 176):
« cette grande idée de l'enfer, base du christianisme ».8
son feu dévorant, M. Le Clou s'interrompit tout à coup en
s'écriant avec effroi et d'une voix de détresse:
L'enfer, mes frères! (...)
Vingt pétards partirent de derrière l'autel; une lumière rouge et
infernale illumina tous les visages pâles de terreur et certes en ce
2moment personne ne s'ennuyait. (L I , 19-20)
Scène inaugurale de l'histoire de Lamiel, la comédie richement
détaillée de ce sermon «à pétards» fait une satire justifiée des
supercheries dont tiraient parti bien des missions à l'époque, en
n'oubliant pas les ridicules de la vie provinciale qui rendaient
possibles de telles impostures. Mais elle comporte aussi d'autres
significations, lesquelles concernent surtout l'énergie. Stendhal
dénonce, bien sûr, la prétention de ceux qui se veulent les
représentants habilités du Père céleste et de ses forces ardentes, de
même que la connivence entre les pouvoirs séculiers et l'Eglise.
Mais il oppose aussi au feu divin évoqué par l'Eglise, d'abord
l'énergie de la jeunesse (représentée par Fédor3 enfant), ensuite de la raison dans la personne de Sansfin (L II, 182 - 183),
deux sources potentielles d'opposition au Père sur lesquelles le
texte ne cessera de revenir jusqu'à la mise en feu ultime par
Lamiel du Palais de Justice (L I, 163). Bien plus, si l'on envisage
cette scène sous l'angle mythique, les résultats du «sermon à
pétards» seront paradoxaux, voire blasphématoires. Une enfant
trouvée, donnée par les Hautemare pour la fille d'un charpentier,
est promise à Dieu (L I , 22, 23 : «ce sera une âme que nous lui
2
Pour plus de clarté dans les renvois à l'édition procurée par V. DeI Litto pour le
Cercle du Bibliophile (1971), la seule qui pennet de suivre l'évolution du texte,
nous adoptons la suggestion faite par F.W,j. Hemmings d'appeler Lalnie/ I (L, I)
la version du roman écrite entre le 1er octobre et le 3 décembre 1839 (avec les
notes préparatoires), et Lamie/II (L, II) la version produite entre le 3 janvier et le
23 novembre 1840 (<< A propos de la nouvelle édition de Lamie/. Les deux
Lamiel. Nouveaux aperçus sur les procédés de composition de Stendhal
romancier », Stendhal Club, 60 [1973], 287 - 316). Pour plus de clarté encore,
nous utiliserons Lamie/III (L, III) pour les tout derniers ajouts de 1841 et 1842.
3
Pour unifonniser, nous utiliserons le dernier prénom donné au jeune duc de
Myossens (auparavant parfois Phébus, Hector et César).9
donnerons ») mais sera surnommée « la fille du diable» (à cause,
justement, du rapport perçu entre son adoption et le fameux
sermon) (L I, 23 - 24). Or, l'énergie physique qui est le don le plus
évident de cette enfant, lui est-elle donc accordée par Dieu, ou la
vision frauduleuse de l'enfer a-t-elle provoqué le Diable à doter
Lamiel d'une vitalité infernale? Toujours est-il que l'énergie de la
jeune fille se pliera mal aux restrictions imposées à son sexe, et
que la « fille du charpentier» saura contester, jusque dans l'amour
et le libertinage, l'empire masculin défendu par l'église.
Tout se passe donc comme si la scène du sermon « à pétards»
répondait avec humour aux «épouvantements» de la chapelle
Sixtine et promettait une vision comique des avatars actuels de
l'énergie. Elle suggère même que dans ce roman, il y aura une part
d'autopastiche. Nous y reviendrons. Le décor fourni par l'église
illuminée et son cimetière en ce «j our triste de la fin d'octobre»
nous fait toutefois aussi pressentir que cette comédie sera de celles
qui côtoient le sinistre. Et lorsque la &#

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