Le Curieux XIXème Siècle
231 pages
Français

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Le Curieux XIXème Siècle , livre ebook

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Description

Mirbeau, Geffroy, Huysmans, Rachilde, Mallarmé, Allais ou Renard, animèrent cette queue de siècle que d'aucuns, comme Léon Daudet, qualifièrent de stupide, et qui traîna pêle-mêle, l'affaire Dreyfus, les premières oeuvres de Proust, les lois de séparation de l'Etat et de l'Eglise, l'érection de la tour Eiffel, les attentats anarchistes, ou les salons des Indépendants. Décadente, leur Belle Epoque le fut, certes, comme la nôtre mais leur Décadence à eux fut créatrice.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 26
EAN13 9782296465886
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Curieux XIXème Siècle
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55259-3
EAN : 9782296552593

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Samuel Lair


Le Curieux XIXème Siècle

Groupes et individualités
à la Belle Époque


L’Harmattan
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


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À Paul Lair
PRÉFACE Le XIXème siècle, un théâtre de figures seules
Une série d’études de plus sur le XIXème, dira-t-on. À quoi bon consacrer un volume supplémentaire à ces écrivains que deux siècles, dorénavant, séparent de nous ?
C’est que, ce début de XXIème siècle, les lecteurs du XIXème l’ont tout entier. Le parcours politique hésitant, capricieux, erratique, de Mirbeau ; le caractère féminin des suffrages littéraires et des votes politiques, versatiles et aériens comme l’inspiration ; les positionnements féministes campés par le critique Rachilde, auteur par ailleurs – et sans solution de continuité – vigoureusement antiféministe ; la promotion romanesque du rôle des femmes du peuple chez Marguerite Audoux ; la valse-hésitation entre athéisme et aspiration religieuse, le tout sur fond d’atmosphère mystique ; les évolutions individuelles du mouvement satanique à la pensée catholique la plus austère ; ces personnalités-là gravitent bien autour d’un centre qui ne nous est pas si étranger. Il s’agit, encore et toujours, de se comprendre soi-même davantage qu’autrui, de dévoiler ou tout à l’inverse de taire le plus intime de soi, de s’assurer de pouvoir laisser une trace qui s’inscrit elle-même dans la durée.
C’est délibérément que nous avons privilégié les rapprochements de figures littéraires qu’éloignèrent, en leur temps, leurs tendances esthétiques autant que leur sensibilité. Pourtant, c’est avec l’intuition que l’observateur du XXIème siècle pouvait envisager cette kyrielle d’artistes comme une famille, avec ses liens d’intimité, ses cousinages, son sentiment de la fratrie, ses passions et ses jalousies, que nous avons tâché de réunir ces visages. Situés chronologiquement avant Proust, ils composèrent ce que d’aucuns nommèrent avant-siècle, ou fin-de-siècle, en une manière d’interrègne interlope de la littérature post-naturaliste.
Entre la silencieuse Marguerite Audoux et la cinglante Marguerite Eymery, il existe un vertigineux fossé, en dépit de leur origine provinciale à toutes deux. Du doux Geffroy au volcanique Mirbeau, de l’hilarant Allais au discret Mallarmé, on entrevoit bien qu’une même préoccupation du beau poétique anime les artistes, mais sur des modes bien différents.
Mais certains thèmes et schèmes romanesques font fi des délimitations littéraires. La récurrence de certains motifs, chez Rachilde, permet de libérer la continuité profonde d’une œuvre décadente, dont certains s’étaient empressés de faire apparaître le caractère insulaire et fermé de chaque opus. Le motif de la porte et du seuil, ailleurs, se décline sur le mode de la clôture recherchée, dans l’œuvre catholique de Huysmans, comme il irrigue les nouvelles de Villiers de l’Isle-Adam pour qui il incarne sans conteste un avatar du passage vers l’au-delà. Chez Allais, les espèces du titre et du sous-titre figurent une sorte de déclinaison plus triviale de ce glissement entre le monde de l’intériorité et l’univers extérieur au corps du texte. Mais la réalité est plus profonde : la dialectique du clos et de l’ouvert sert de socle à la création. La clé de la poétique mallarméenne, par exemple, justifie que la critique se penche sur l’ouverture et la fermeture de tout son dispositif textuel.

L’idée fixe
Le thème du ressassement, quant à lui, dépasse la simple implication naturaliste d’une illustration de l’ennui, pour s’articuler au plus intime de la création. La formulation litanique de listes à n’en plus finir, noms de Saints ou de plantes, dans l’œuvre catholique de Huysmans, n’est pas sans rappeler une sorte de survivance de la fidélité réaliste au détail dûment vérifié, fourvoiement naturaliste qui mènera à la rupture de Huysmans et dont l’expression est cristallisée dans la préface de 1903 : « le naturalisme s’essoufflait à tourner la meule dans le même cercle ». À la même période, Zola engage sa seconde fresque romanesque, cyclique, par définition. Fécondité , en 1899, exploite et radicalise l’écriture de la répétition, sous la forme du retour à intervalles réguliers d’identiques schémas narratifs et descriptifs enchâssés dans de semblables formulations. Ailleurs, le ressassement est de toute évidence affaire d’idiosyncrasie, au plus vif d’une personnalité compulsive. L’antisémitisme, la grève, et… Zola montrent, à travers leur présence constante dans la chronique, que la femme de lettres Rachilde sait entretenir son troupeau de boucs émissaires et de bêtes noires : fait exceptionnel, la rubrique de novembre 1899, consacrée à Fécondité , précitée, monopolise quelque dix pages de déferlement haineux à l’endroit du chef de file du naturalisme soupçonné de collusion avec la finance juive, preuve que l’idée fixe ne hante pas seulement la fiction. Le caractère obsessionnel investit aussi la poésie, non au titre de thème, mais de pratique. Charles Mauron, Charles Chassé pointent dans la densité de l’obscurité mallarméenne une authentique obsession pathologique, réductible à quelques traits physiologiques. De même, sur un autre registre, les imaginaires respectifs de Huysmans et de Mirbeau investissent un objet singulier, la cloche, dont le mouvement répétitif et quasi perpétuel diffracte dans leurs œuvres les pulsations de la mémoire, les pulsions du désir, manière de donner corps à l’image du battement incessant de certaines thématiques.

Clubs, cercles, cénacles
Après un tel préambule, on serait tenté de voir dans cette littérature de la charnière un dispositif à produire du même, une sorte de moulin à broyer un blé qui donne une farine en définitive toujours semblable. Il n’en est rien, puisque ces auteurs et ces œuvres préparent le terreau littéraire d’où sortiront les grands courants et figures de la première moitié du XXème siècle. Pour appréhender la notion de modernité, la conception d’une convergence d’individualités nous intéresse, notamment car elle concerne des sensibilités assez disposées, spontanément ou par raison, à relayer l’atmosphère anarchiste qui fait le fond de l’air aspiré en ces années 1890. Pourtant, à force d’accréditer cette sensibilité libertaire bien partagée, on finirait

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