Le roman transgressif contemporain :
289 pages
Français

Le roman transgressif contemporain : , livre ebook

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289 pages
Français

Description

Ce livre étudie le fructueux échange qui se produit actuellement entre le monde anglo-américain et la France. Il est évident que des liens de parenté unissent des oeuvres aussi différentes que Les particules élémentaires (Houellebecq), American Psycho (Easton Ellis), Generation X (Coupland), Trainspotting (Welsh) et 99 francs (Beigbeder). En mettant en parallèle la courbe du roman anglo-américain et celle du roman français contemporain, on voit apparaître de nettes analogies.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 204
EAN13 9782296448919
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait









Le roman transgressif contemporain :
de Bret Easton Ellis à Michel Houellebecq

Sabine van WESEMAEL






Le roman transgressif contemporain :
de Bret Easton Ellis à Michel Houellebecq



























Nous sommes conscients que quelques scories peuvent subsister dans cet
ouvrage. Étant donnée l’utilité du contenu, nous prenons le risque de l’éditer
ainsi et comptons sur votre compréhension.



























© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13364-8
EAN : 9782296133648

Introduction

Selon Didier Sénécal dans la revue Lire, l’ombre gigantesque de
Michel Houellebecq plane sur la rentrée littéraire de 2004. Le regard de
Houellebecq sur le monde et sur l’art du roman ne serait nullement
isolé. Parmi les écrivains qui s’inscrivent volontairement ou à leur
corps défendant dans la lignée houellebecquienne, il cite Fabrice
Pliskin, Florian Zeller, Yann Moix, Simon Liberati et Eric Reinhardt.
On pourrait y ajouter Philippe Djian, Frédéric Beigbeder, Pascal
Bruckner, Vincent Ravalec et quelques autres auteurs contemporains.
Michel Houellebecq a d’ores et déjà laissé son empreinte dans la
littérature française : de nombreux écrivains l’ont lu et leurs œuvres
portent ensuite la trace de cette lecture. Bien sûr, on n’enferme pas ces
auteurs entre les murs abstraits d’une école. Nous préférons substituer
à ce mot statique d’école la notion vivante de mouvement, évocatrice
d’un dynamisme intérieur. Ce sont les œuvres qui ont guidé cette
recherche. S’immerger dans notre époque par la pratique d’une lecture
assidue, sans classement préalable, telle a été la méthode adoptée.
Nous avons retenu les textes marqués par une ambition transgressive
et présentant simultanément une parenté dans leurs accents, une
convergence dans leurs orientations, une ressemblance formelle
suffisamment apparente pour que l’on puisse les rattacher à une même
sensibilité littéraire et esthétique ; il s’agit donc, d’après nous, d’une
famille de textes. Bien entendu, une telle étude ne peut prétendre à
l’exhaustivité et nous ne voulons que contribuer à une réflexion
d’ensemble. Nous nous concentrerons sur les textes qui nous semblent
être les exemples les plus purs de la poétique transgressive telle
qu’elle est promue par des auteurs comme Michel Houellebecq et Bret
Easton Ellis.
Nous nous intéresserons donc tout d’abord à des auteurs
français qui s’inspirent manifestement du roman anglo-américain et qui
opèrent plus ou moins dans le sillage de Houellebecq. On rencontre
effectivement de multiples références aux romans de celui-ci dans la
littérature contemporaine. L’auteur et ses personnages y figurent
souvent. Ainsi, Bruno des Particules élémentaires réapparaît-il dans le
roman Mammifères de Pierre Mérot. Le narrateur l’y identifie avec
son auteur Michel Houellebecq, puisque les deux ont été abandonnés
par leur mère. Abandon qui, toujours selon Mérot, a guidé
Houellebecq, et son alter ego Bruno Michel, dans une carrière chaque jour
7 plus brûlante, puisque sa haine et sa soif de reconnaissance ne
connaîtront jamais d’assouvissement. Voici comment Mérot résume les traits
dominants de Houellebecq et de son écriture :

Bruno Michel venait de publier deux titres, Trahir et La Poursuite de la
gloire. Comme il avait bu, il était un peu ulcéré par l’humanité ivre et
dérisoire qui l’entourait. D’ailleurs, quelques années plus tard dans un réveillon,
il adressera à ses congénères l’une de ses pensées sublimes : “Je vous
hais !” [...] Sa mère l’avait abandonné à sa naissance. “Je veux la gloire et
la reconnaissance !” disait-il sans honte, sans faux-fuyants. Il aurait voulu
être un chanteur de rock comblé de femmes, mais il était devenu écrivain,
1
en partie à cause de son physique désastreux et de son intelligence.

Ce qu’il faut donc constater, c’est que les auteurs se moquent souvent
des stratégies houellebecquiennes tout en s’en inspirant. Dans
L’irréaliste de Pierre Mérot, un éditeur ordonne à un auteur d’écrire un
roman réaliste pour la rentrée littéraire. Il lui conseille d’imiter l’art de
Houellebecq et de s’inspirer plus particulièrement de ses scènes
sexuelles libertines afin de satisfaire la curiosité du grand public. Le
passage suivant constitue une satire amusante de la tactique
houellebecquienne :

Il [l’éditeur] se versa une grande rasade glougloutante : “Frère de sang, je
vais te dire comment on vend cent mille exemplaires !” Et il se lança dans
une espèce de résumé : “Oblomova, une juive tranquille, se transforme peu
à peu en gorille albinos échangiste. Tu fais d’abord un chapitre sur ses
origines russes. [...] Elle était championne universitaire du lancer de poids.
[...] Au passage, tu décris les vestiaires féminins de l’université de Kiev.
Deux ou trois scènes d’attouchements habiles. [...] Voilà ! Vingt mille
exemplaires de plus, les attouchements ! Si tu veux, je te les écris les scènes
2dans les vestiaires ! Ou tu relis Houellebecq...”.

Héléna Marienské, quant à elle, publie en 2008 le roman en pastiches
Le Degré suprême de la tendresse. Imitant le style de La Fontaine,
Céline, Pérec, Angot et de Houellebecq, elle nous offre huit pastiches
explorant les délices de la subversion : une femme prive un homme de
son sexe et le précipite dans le caniveau. Dans le chapitre consacré à
Houellebecq intitulé ‘Restriction du domaine’, elle reprend grosso
modo les thèses houellebecquiennes concernant l’effondrement
irréversible des valeurs familiales et religieuses dans la société décompo-

1
Pierre Mérot, Mammifères, Paris, J’ai lu, 2003, pp. 86-87.
2
Pierre Mérot, L’Irréaliste, Paris, Flammarion, 2005, pp. 112-113.
8 sée de cette fin de siècle et elle y trace avec beaucoup d’humour
l’existence de Pierre Hitkartoff, qui ressemble comme deux gouttes
d’eau à Michel Houellebecq. Hitkartoff est un auteur diagnostiqué
maniaco-dépressif fréquentant les bars à putes avec sa maîtresse
Maryse, et se liant grâce à Internet à des couples libertins. Maryse
(voire Marie-Pierre) se charge des démarches auprès des éditeurs. À
travers le destin pénible de Pierre Hitkartoff, Marienské se moque de
l’auteur Houellebecq et de ses personnages. Ainsi, Pierre fait-il, tout
comme le narrateur d’Extension du domaine de la lutte et Bruno et
Michel des Particules élémentaires, des rêves de castration, et se
livre-t-il à des descriptions pornographiques pour cacher son
impuissance sexuelle due à un abus de lithium. Le passage suivant
constitue une parodie merveilleuse de l’érotisme houellebecquien :

Elle [Maryse] était totalement silencieuse, mais il la sentait très réceptive. Il
lui écarta les jambes en donnant des petits coups de langue en haut de ses
cuisses puis lui lécha longuement la hampe du clitoris, les lèvres, l’orifice
du vagin. Elle gémit de plaisir, s’ouvrit largement. Pierre était transporté de
joie, il embrassait follement sa chatte abondamment mouillée. Il ne bandait
pas, mais il était heureux. Il la fit venir plusieurs fois, en la suçant et en la
3caressant. C’était merveilleux, comme une renaissance.

Ce fragment rappelle par exemple les ébats sexuels de Daniel1 et
d’Esther dans La Possibilité d’une île, pour qui la jouissance est
également source d’immense joie, et dont le comportement déborde
d’am

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