Le tag en Corse
319 pages
Français

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Le tag en Corse , livre ebook

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Description

Le tag est une catégorie de graffiti née à la fin des années 1960 dans la société new-yorkaise, un moyen d'expression privilégié d'acteurs de minorités ethniques. La Corse est une île méditerranéenne où la culture et la langue sont des étendards, dont usent les partisans d'une reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple corse. Des acteurs de cette minorité utilisent le bombage depuis le début des années 1970, pour exprimer chaque facette du conflit qui les oppose principalement à l'Etat. Afin d'identifier les enjeux identitaires liés à la sélection du type de graffiti choisi, une enquête ethnologique de plusieurs années, qui a couvert toute l'île, permet de comprendre pourquoi, aujourd'hui, le tag demeure une pratique clandestine en Corse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 196
EAN13 9782336264448
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Espaces Discursifs
Collection dirigée par Thierry Bulot
La collection Espaces discursifs rend compte de la participation des discours (identitaires, épilinguistiques, professionnels...) à l’élaboration/représentation d’espaces — qu’ils soient sociaux, géographiques, symboliques, territorialisés, communautaires,... — où les pratiques langagières peuvent être révélatrices de modifications sociales.
Espace de discussion, la collection est ouverte à la diversité des terrains, des approches et des méthodologies, et concerne — au-delà du seul espace francophone — autant les langues régionales que les vernaculaires urbains, les langues minorées que celles engagées dans un processus de reconnaissance ; elle vaut également pour les diverses variétés d’une même langue quand chacune d’elles donne lieu à un discours identitaire ; elle s’intéresse plus largement encore aux faits relevant de l’évaluation sociale de la diversité linguistique.
Derniers ouvrages parus
Rada TIRVASSEN, La langue maternelle et l’école dans l’Océan indien. Comores, Madagascar, Maurice, Réunion, Seychelles, 2009.
Dominique HUCK et René KAHN (travaux réunis par), Langues régionales, cultures et développement. Etudes de cas en Alsace, Bretagne et Provence, 2009.
Isabelle PIEROZAK et Jean-Michel ELOY (dir.), Intervenir: appliquer, s’impliquer  ?, 2009.
Thierry BULOT (dir.), Formes & normes sociolinguistiques. Ségrégations et discriminations urbaines, 2009.
Mari C. JONES et Thierry BULOT (dirs.), Sociolinguistique de la langue normande. Pluralité, normes, représentations, 2009.
Daniele MORANTE, Le champ gravitationnel linguistique . Avec un essai d’application au champ étatique — Mali, 2009.
Médéric GASQUET-CYRUS, Cécile PETITJEAN (Sous la dir.), Le Poids des langues, Dynamique, représentations, contacts, conflits, 2009.
Pierre LARRIVÉE, Les Français, les Québécois et la langue de l’autre, 2009.
Le tag en Corse

Pierre Bertoncini
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296108028
EAN : 9782296108028
Sommaire
Espaces Discursifs Page de titre Page de Copyright Dedicace Remerciements Introduction générale Chapitre 1 - Les bombages, signes d’affirmation de la corsité Chapitre 2 - Tags et pochoirs en Corse En guise de conclusion Bibliographie et filmographie
Per Chjara Vittoria
Je tiens à remercier vivement Monsieur Philippe Pesteil, Maître de conférences de l’université Pascal Paoli, d’avoir dirigé les recherches dont est tiré le présent ouvrage. Mes remerciements s’adressent également à mon épouse Florence, à ma famille, aux rares amis mais aussi aux très nombreuses personnes m’ayant apporté des éléments indispensables à la compréhension du phénomène graffitique. Chacun, à sa mesure, m’a donné la force d’ouvrir quelques voies dans les contrées arides et hostiles du désenchantement de l’eterna Corsica.
Une reconnaissance particulière va aux bombeurs qui m’ont généreusement offert leurs témoignages lors d’entretiens. Que cette gratitude excuse le souci systématique du respect de leur anonymat qui a empêché de les citer nominativement.
Introduction générale
Afin d’en faciliter la compréhension, on situera la présente étude dans le parcours universitaire dans lequel elle s’inscrit. En 1994, étudiant en maîtrise dans le département d’histoire de l’université de Provence, sans en avoir conscience, influencé par l’empreinte laissée par la pratique de Philippe Joutard, j’ai accompli, comme deux cents camarades de promotion, mes premiers pas hésitants dans la recherche. Le titre du mémoire réalisé grâce à la consultation des ouvrages réunis dans la première structure universitaire dédiée au domaine corse était La kyrnossité, identité corse et antiquité. Y était présenté comment du XVIII e siècle à nos jours les connaissances sur le monde antique étaient diversement mobilisées à des fins comparatistes par des auteurs de statuts différents afin de faire comprendre la société insulaire de leur temps à leurs contemporains. Ainsi, discours sur l’identité corse, usage souvent politique du passé, et donc représentations mentales du temps sur un territoire donné ont été mes premiers thèmes d’investigation. En 1996, je m’inscris en troisième cycle d’études supérieures à l’université de Corte. Je suis l’enseignement pluridisciplinaire du DEA d’études corses dispensé par l’équipe d’enseignants-chercheurs réunis alors au Palazzu naziunale sous la direction de Jacques Fusina. Suivant initialement un projet d’analyse des « représentations du temps en Corse » avec comme objet d’investigation la non-commémoration des vingt ans du « drame d’Aléria », je construis et présente finalement un mémoire qui s’intitule Contributions aux méthodes d’analyse du phénomène graffitaire corse (Bertoncini, 1997). Dans le cheminement scientifique emprunté, il m’était apparu que, pour apporter ma voix à la polyphonie des études corses, le graffiti était un objet pertinent. Il n’avait pas encore motivé une recherche systématique. De mêmes, en ethnologie, on se situait encore dans la période qui avait vu écrire par Daniel Fabre « les travaux sérieux manquent encore sur les actuels taggers » (Fabre, 1993 : 29) 1 . Cette recherche innovante par le choix de son objet a été dirigée par Philippe Pesteil qui, dans la continuité des pistes de recherches ouvertes en 1973 par Gérard Lenclud et Georges Ravis-Giordani (Lenclud, Ravis-Giordani, 1973), animait un séminaire de socio-anthropologie (Pesteil, 1997). Les graffitis réalisés avec une bombe de peinture ont en conséquence été interrogés en suivant une démarche socio-anthropologique. Celle-ci permet d’analyser :

« l’ordinaire, la banalité (qui) est à des exceptions près, habituellement peu considérée comme devant faire l’objet de recherche. On pourrait même arguer que le regard ne pouvait se poser sur des faits qui n’avaient pas encore ou du moins ne semblaient pas avoir de réalité spécifique. Ils étaient quasiment imperceptibles car pris et recouverts par les tautologies officielles et leurs effets ordinaires » (Bouvier, 1995 : 142).
Cette première étude a été publiée sous le titre L’art du graffiti en Corse (Bertoncini, 2001). Chacune des années suivantes, dans une université où n’existe paradoxalement pas de filière distincte d’ethnologie, je me suis inscrit en doctorat de langue et culture régionales. Cette discipline récente favorise l’approche interdisciplinaire de phénomènes divers. Aussi, sans pour autant faire de moi un sociolinguiste, une attention particulière à cette branche de la recherche 2 a-t-elle été accordée au cours de l’ensemble des investigations menées sur un corpus majoritairement pensé, écrit et lu en langue corse dans une société où la langue française a le statut de langue officielle. Toujours sous la direction de Philippe Pesteil, j’ai progressivement acquis et expérimenté une méthodologie me permettant de réunir et d’analyser un corpus important de signes bombés. C’est en ayant conscience que la Méditerranée peut être pensée comme une « scène où des anthropologues de diverses traditions culturelles et scientifiques ont la possibilité d’explorer une nouvelle forme d’identité collective » (Albera, Tozi, 2005 : 24) que, principalement dans la partie corse de celle-ci, le phénomène a été interrogé. En 2005, j’ai ainsi pu présenter académiquement, en l’occurrence lors d’une soutenance de thèse de doctorat d’anthropologie, l’ensemble des travaux effectués sur ce terrain sous le titre de Graffiti bombé et territoire corse (1973-2003). Pierre Bouvier, le Président du jury qui évalua cette étude remarqua (Bouvier, 2005) que tout au long de l’enquête avaient été interpellées « les notions d’authenticité et d’identité ». On verra en effet dans les pages qui vont suivre comment « les servitudes de l’authenticité » font qu’en Corse, «violence à l’histoire» (Fabiani, 2001), bien qu’observables sur le terrain, les tags, le rock 3 font partie d’un ensemble de pratiques sociales qui ne sont pas reconnues comme correspondant à la corsité telle qu’elle est définie par des prescripteurs de comportement. Les prises de position, que l’on peut qualifier d’essentialistes ou de « primordialistes », de certains de ces derniers font qu’ils adhèrent à « cette tendance à indexer les représentations identitaires sur ce qui constituerait un fondement primitif et intangible : les liens de sang, l’ancrage au territoire, la langu

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