Les Contemporains, 2ème Série par Jules Lemaître
96 pages
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Les Contemporains, 2ème Série par Jules Lemaître

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Publié le 08 décembre 2010
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Langue Français

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The Project Gutenberg EBook of Les Contemporains, by Jules Lemaître This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: Les contemporains, deuxième série Études et portraits littéraires Author: Jules Lemaître Release Date: April 25, 2007 [EBook #21215] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES CONTEMPORAINS *** Produced by Mireille Harmelin, Chuck Greif and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) NOUVELLE BIBLIOTHÈQUE LITTÉRAIRE JULES LEMAÎTRE LES CONTEMPORAINS ÉTUDES ET PORTRAITS LITTÉRAIRES DEUXIÈME SÉRIE Leconte de Lisle—José-Maria de Heredia Armand Silvestre—Anatole France—Le Père Monsabré M. Deschanel et le romantisme de Racine La comtesse Diane Francisque Sarcet—J.-J. Weiss—Alphonse Daudet Ferdinand Fabre DEUXIÈME ÉDITION PARIS H. LECÈNE et H. OUDIN, ÉDITEURS 17, Rue BONAPARTE, 17 1886 TABLE DES MATIÈRES Leconte de Lisle José-Maria de Heredia Armand Silvestre Anatole France Le Père Monsabré M. Deschanel et le romantisme de Racine La Comtesse Diane Sarah Bernhardt Francisque Sarcey J.-J. Weiss Alphonse Daudet Ferdinand Fabre LECONTE DE LISLE[1] I Des vers d'une splendeur précise, une sérénité imperturbable, voilà ce qui frappe tout d'abord chez M. Leconte de Lisle. Au fond, il y a autre chose que nous verrons; mais cela est caché et ne se révèle qu'à ceux qui n'ont pas le cœur simple. C'est pourquoi il n'est peut-être pas de poète qui soit moins connu du public, ni plus sacré pour ses fidèles; qui ait moins de lecteurs, ni des lecteurs plus fanatiques. Ses vers intransigeants ne condescendent point aux faiblesses ni aux habitudes du troupeau, n'entrent point dans ses émotions, ne le bercent ni le secouent. «Leconte de Lisle? vous diront les plus renseignés; un grand poète sans doute! mais que nous veut-il avec ses poèmes indous, hébraïques, grecs et Scandinaves? Excusez-moi, monsieur, je ne sais pas le grec. Ni le sanscrit, ni le saxon.» «Leconte de Lisle, prononcera M. Homais, est complètement dépourvu de sensibilité. Je n'approuve pas, monsieur, que le poète s'isole et se désintéresse de son siècle. En a-t-il même le droit? Je me le demande. Au reste, j'ai peu lu cet auteur.—J'ai vu ses Erynnies à l'Odéon, continue M. Homais avec un fin sourire; Clytemnestre s'appelait Klutaïmnêstra, et c'était fort ennuyeux.» D'autre part, interrogez les poètes, pas tous, mais les meilleurs d'entre les jeunes, et quelques curieux çà et là. Assurément ils ne vous diront point de mal de Victor Hugo, pour la raison qu'Allah est Allah; mais on sait que dans tous les temples il y a des saints plus amoureusement chômés que le titulaire du maître-autel; et je crois bien que parmi ces saints de chapelle M. Leconte de Lisle est le premier. C'est qu'il offre à ses dévots des œuvres parfaites, où les gens du métier trouvent un plaisir sans mélange: presque jamais un sentiment personnel au poète n'y éclate dont la sincérité, l'originalité ou l'expression puisse être contestée, qui semble, suivant les jours, insuffisant ou démesuré, ni qui détourne l'attention des mystères savants de la forme. II Lorsque André Chénier composait ses divins pastiches d'Homère et de Théocrite, il faisait sans y songer ce que personne n'avait fait avant lui, non pas même les poètes de la Pléiade, qui ne comprenaient qu'à demi la pure antiquité et ne la saisissaient point d'une vue directe. Il se détachait de lui-même et de son temps, s'éprenait tout naïvement des grâces de la vie primitive chez une belle race, se faisait une âme grecque ou plutôt, mystérieux atavisme, retrouvait cette âme en lui. Or, cette neuve poésie où se reflètent exactement des poésies antérieures et où Chénier se complaisait ingénument, d'autres l'ont recommencée avec plus de parti pris et un art plus consommé. Notre siècle est curieux avec délices. Sa gloire et sa joie, c'est de comprendre et de ressusciter l'âme des générations éteintes, et sa plus grande originalité consiste à pénétrer dans l'âme des autres siècles. De croyance propre, il n'en a guère. Aussi, le seul sentiment nouveau qu'il ait apporté dans la littérature, c'est, avec la curiosité, le doute de l'esprit se tournant en souffrance pour le cœur. Y a-t-il autre chose dans le romantisme que la mélancolie de René et l'amour de ce qu'on appellait en 1830 la couleur locale, c'est-à-dire le sens de l'histoire avivé par la passion des belles lignes et des belles couleurs? Ces deux sentiments, d'ailleurs, ou vont ensemble ou s'engendrent tour à tour. Quand on sait ou qu'on devine beaucoup, qu'on est d'une vieille race fatiguée et sans naïveté, il peut arriver qu'on en souffre, et ce malaise redouble l'ardeur de connaître et de sentir; il nous fait chercher l'oubli dans la curiosité croissante ou dans une sorte de sensualisme esthétique. Toute la poésie contemporaine est faite, semble-t-il, d'inquiétude morale et d'esprit critique mêlé de sensualité. L'inquiétude, vague avec les romantiques, s'est peu à peu précisée: une poésie philosophique en est sortie, et à la mélancolie d'Olympio ou de Jocelyn a succédé la mélancolie darwiniste. Le poète de la Justice[2] sait les raisons de sa tristesse. D'un autre côté, l'intelligence du passé et le goût de l'exotique ont engendré une longue et magnifique lignée de poèmes où revivent l'art, la pensée et la figure des temps disparus. La poésie de notre âge et de notre pays contient toutes les autres dans son vaste sein. Hugo, Vigny, Gautier, Banville, Leconte de Lisle, l'ont faite souverainement intelligente et sympathique, soit qu'elle déroule la légende des siècles, soit qu'elle s'éprenne de beauté grecque et païenne, soit qu'elle traduise et condense les splendides ou féroces imaginations religieuses qui ont ravi ou torturé l'humanité, soit enfin qu'elle exprime des sentiments modernes par des symboles antiques. À travers les différences de caractère ou de génie, un trait commun rapproche les ouvriers de cette poésie immense et variée comme le monde et l'histoire: le culte du beau plastique. Mais il n'en est point chez qui ce culte apparaisse plus exclusif que chez M. Leconte de Lisle. Il est remarquable que celui-là soit le moins ému, qui s'est fait le poète des religions et qui s'est attaché aux manifestations du sentiment le plus intime, le plus enfoncé au cœur des races. III Mais quoi! est-il donc si impassible que cela? M. Homais aurait tort de le croire. Un petit poème indien ou gothique se peut ciseler sans émotion. Des élèves du maître, de jeunes et habiles ouvriers se sont donné ce plaisir, et l'on aura beau chercher, on ne trouvera guère sous leurs vers éclatants d'autre
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