Les débuts d une colonisation laborieuse
192 pages
Français

Les débuts d'une colonisation laborieuse , livre ebook

-

192 pages
Français

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Publié par
Date de parution 01 juin 1995
Nombre de lectures 270
EAN13 9782296293908
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait


.LES DEBUTS D'UNE COLONISATION
LABORIEUSE
Le Sud Calédonien
. (1853-1860)Du même auteur
Chronologie foncière et agricole de la Nouvelle-Calédonie, L'Harmattan,
] 987.
1853-1913,Les spoliations foncières en Nouvelle-Calédonie,
L'Harmattan, 1989.
Ponébo. Histoire d'une tribu canaque sous le Second Empire,
L'Harmattan, ]992.Joël DAUPHINÉ
LES DÉBUTS D'UNE COLONISATION
LABORIEUSE
Le Sud Calédonien
(1853-1860)
Agence de Développement
de la Culture KanakÉditions L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique 100, avo James Cook, BP 378
75005 Paris NOUMEA, Nouvelle CalédonieLa couverture du livre est la reproduction d'un dessin el la plume
réalisé par un jeune kanak, Émilien Thomo.
@ L'Harmattan, 1995
ISBN: 2-7384-2767-7A Jacques, un ami trop tôt disparuDo
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LA NOUVELLE-CALÉDONIE ET SES DÉPENDANCES
SOUS LE SECOND EMPIRECARTE DES ENVIRONS DE PORT.DE.FRANCE
(CAOM, CARTON 1)CARTE DU PÉRIMÈTRE DE PORT-DE-FRANCE, 1856
(CAO M, CARTON 69)~z
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~INTRODUCTION
« En vertu des ordres de l'Empereur, le ministre de la Marine et des
Colonies a prescrit, le 1ermai dernier, à M. le contre-amiral
FebvrierDespointes, commandant en chef des forces navales françaises dans
l'océan Pacifique, de se diriger vers la Nouvelle-Calédonie.
Conformément aux instructions qui lui avaient été transmises, le
contre-amiral Febvrier-Despointes, après s'être assuré que le pavillon
d'aucune nation maritime ne flottait sur la Nouvelle-Calédonie, a pris
solennellement possession de cette île et de ses dépendances, y compris
l'île des Pins, au nom et par ordre de sa Majesté Napoléon ill, empereur
des Français» I.
Le nouveau maître de la France inaugurait sa politique coloniale par
un acte qui, sans être véritablement provoquant ni même spectaculaire,
n'en comportait pas moins quelque incertitude. Effectuée les 24 et 29
septembre 1853, respectivement à Balade et à l'île des Pins, l'opération
s'était déroulée dans le plus grand secret, car les nouveaux dirigeants du
pays avaient encore en mémoire l'expérience douloureuse de leurs
prédécesseurs qui, pour quelques semaines, avaient vu la
NouvelleZélande leur échapper 2.
Quelques maigres entrefilets de presse, parus en février 1854,
signalèrent brièvement l'événement à des lecteurs passablement
indifférents, davantage préoccupés par les développements de la question
d'Orient que par l'acquisition d'une terre lointaine quasiment inconnue.
Hors de nos frontières, le silence de l'Angleterre rendit vaines les
aigreurs bien lointaines de ses colons d'Australie. Seul Victor
Schoelcher, réfugié à Londres depuis le coup d'état du 2 décembre, fit
1. Extrait du «Moniteur officiel» du 14 février 1854.
2. L'État avait consenti, après tergiversations, à équiper deux bâtiments pour favoriser la
compagnie nanto-bordelaise qui s'était formée pour exploiter un territoire acquis par
Langlois. Mais lorsque la corvette 1'« Aube» arriva en Nouvelle-Zélande, en 1840, ce
fut pour recevoir notification de l'annexion par la Grande-Bretagne: «Les Anglais
avaient agi pendant que nous délibérions ».
11connaître son hostilité irréductible à une opération qu'il n'hésita pas à
qualifier de » vol à main armée « 3.
Située aux antipodes de la métropole, la Nouvelle-Calédonie était un
véritable bout du monde: l'énormité des distances et les aléas de la
navigation rendaient en effet les communications fort lentes. La durée
des voyages, toujours supérieure à cent jours, atteignait fréquemment
quatre ou cinq mois. Un simple échange de correspondance dépassait
aisément le délai d'un semestre. Tahiti était encore distante de près de
neuf cents lieues, soit plusieurs dizaines de jours de mer. Seule
l'Australie était relativement plus proche, à quelques jours seulement des
côtes calédoniennes. Dans ces conditions, déplacer des contingents de
troupes de métropole jusque dans ces parages, constituait une entreprise
délicate. Ainsi, la corvette-transport la « Caravane» 4, qui acheminait trois
compagnies en Océanie, appareilla de Rochefort le 17 février 1856. Elle
doubla successivement Santa Cruz de Teneriffe puis Rio de Janeiro,
franchit le cap Horn à sa troisième tentative pour rallier Valparaiso le 19
juin, au soulagement général des troupes embarquées. Relâche de quinze
jours pour un nouveau départ en direction de Papeete (Tahiti), atteinte à
la mi-août. Le 3 septembre, la «Caravane» reprit la mer et gagna sa
destination finale, la Nouvelle-Calédonie, après un mois de traversée
supplémentaire. Soit un périple de plus de sept mois, entrecoupé il est
vrai de quelques semaines de relâche. Ce voyage interminable fut très
éprouvant, même pour des soldats de l'infanterie de marine.
Considérablement éloignée de France, la nouvelle colonie était en
outre fort mal connue en 1853. Plusieurs officiers de marine avaient bien
fréquenté les eaux calédoniennes avant cette date et parfois débarqué en
quelques points du littoral de la Grande-Terre, mais leurs rapports,
souvent superficiels et parfois contradictoires, avaient de quoi rendre
perplexes les membres de la Direction des Colonies.
Un des premiers visiteurs, Laferrière, commandant du «Bucéphale »,
qui déposa un groupe de prêtres maristes à Balade en décembre 1843 s,
3. Dans « L'homme» du 23 mars 1854, sous le titre « Nouveau pas des bonapartistes et
des amis de l'ordre vers la barbarie », Schoelcher commentait la prise de possession en
des termes sévères: «Jamais la raison du plus fort n'a employé moins de rhétorique à
s'expliquer (...) Nous n'hésitons pas à dire que l'acte de M. Febvrier-Despointes est
purement et simplement un vol à main armée qui le conduirait au bagne dans tout pays
civilisé ». Référence aimablement communiquée par Nelly Schmidt et extraite de sa
thèse, «Victor Schoelcher et le processus de destruction du système esclavagiste aux
Caraibes au XIXe siècle », Paris IV, 1991.
4. Sur laquelle se trouve le jeune sous-lieutenant d'infanterie de marine, Victor de
Malherbe, dont nous aurons l'occasion de reparler.
5. Conformément aux instructions reçues, Laferrière prit possession de la
NouvelleCalédonie, mais le gouvernement français, soucieux de ne pas envenimer ses relations
12rédigea un rapport assez optimiste quant aux chances de succès d'une
colonisation éventuelle de la Nouvelle-Calédonie. D'autres, après lui, se
montrèrent en revanche plus réservés. Tel fut le cas de Leconte: venu
discrètement reprendre le drapeau tricolore, confié trois ans plus tôt au
chef de la mission mariste, monseigneur Douarre, il fit naufrage en
6abordant les côtes calédoniennes et mit à profit une résidence forcée de
quelques semaines dans l'île pour entreprendre l'exploration des
environs. Ses conclusions, peu encourageantes, furent corroborées
l'année suivante par le capitaine de vaisseau du Bouzet dont la corvette
surgit à point nommé pour évacuer les hommes d'Église, alors
gravement menacés par les indigènes.
Définitivement fixés à l'Île des Pins à partir de 1848 et de retour à
Balade en 1851, les missionnaires, seuls résidents français de l'archipel,
commençaient bien à connaître le pays, ses habitants et ses ressources,
mais leurs rapports, destinés à leurs supérieurs, ne furent pas connus des
fonctionnaires des Colonies. Plusieurs navigateurs anglo-saxons
fréquentèrent également les parages de la Nouvelle-Calédonie: leurs

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