Les écritures migrantes
258 pages
Français

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Les écritures migrantes , livre ebook

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Description

Probablement dernier avatar du questionnement de la migration en littérature, les écritures migrantes se présentent comme une figuration de l'entre-deux. Analysées à partir du trauma du départ, de la mobilité et de l'intégration dans le pays d'accueil, elles engendrent des configurations thématiques, narratives et discursives fécondes et problématiques. Les analyses de ce collectif migrent de la question de l'exil vers une mise en texte et en discours des conditions et circonstances de l'émigration/immigration dans la production littéraire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2015
Nombre de lectures 72
EAN13 9782336371153
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Espaces Littéraires
Espaces Littéraires
Collection fondée par Maguy Albet

Dernières parutions

Elena BALZAMO, « Je suis un vrai diable ». Dix essais sur Strindberg , 2014.
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Céline BRICAIRE, Une histoire thématique de la littérature russe du XX e siècle. Cent ans de décomposition , 2014.
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Przemyslaw SZCZUR, Produire une identité , le personnage homosexuel dans le roman français de la seconde moitié du XIX e siècle (1859-1899), 2014.
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Textes réunis et présentés par Michèle AQUIEN, L’érotisme solaire de René Depestre, Éloge du réel merveilleux féminin , 2014.
Laëtitia PERRAY, La femme dans le théâtre de Robert Poudérou , 2014.
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Fabrice BONARDI (dir.), Parfums de l’âme et autres feux follets , 2013.
Titre
Sous la direction de Adama Coulibaly et Yao Louis Konan






L ES ÉCRITURES MIGRANTES

De l’exil à la migrance littéraire dans le roman francophone
Copyright





























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72126-2
Introduction
Aujourd’hui, la substitution progressive à la notion d’État-Nation d’autres syntagmes comme « village planétaire », « village global » (Marshall Mc Luhan), transnation, accompagne une réalité sociale : celles des flux migratoires ou de la mobilité, des hommes, des objets, des idées de façon générale.
La littérature fait ses délices de cette mobilité et de ses aménagements figuratifs mais aussi de ses extensions métaphoriques où mouvement, transition, transit, déplacement, transfert, éphémère et autres « identités fictives » (Roland Barthes) ou rhizomatiques (Glissant) de la transition prolifèrent. Cette tentative de représentation de la mobilité sociale rencontre des essais de systématisation comme l’écriture migrante ou, pour reprendre les termes de Chevrier, « la littérature de la migritude » (2006 : 159).
Probablement le dernier avatar du questionnement de la migration en littérature, l’écriture migrante, entre autres paradigmes possibles, se présente comme une figuration de l’entre-deux. Sa lecture est liée à un tryptique : le trauma du départ, la mobilité et l’intégration dans le pays d’accueil. Toutefois, une telle configuration est bien sommaire, voire lacunaire, au regard de la palette de paradigmes périphériques définis par Daniel Chartier 1 . Sans remettre en question la centralité de l’émigration, la richesse des spécifications typologiques n’en est pas moins un indicateur de la flexibilité, de la porosité et des difficultés qui entourent le champ et la notion même d’écriture migrante. Si une grande partie de la critique érige l’exil en point de flexion de l’écriture migrante, elle n’exclut pas les incidences des conditions et des circonstances variées de l’émigration sur la production littéraire si bien que la lecture devient instable d’une génération et même d’un auteur à l’autre.
Dans le cas spécifique du roman francophone (excepté le Québec qui occupe une position transitoire), l’ambigüité et la complexité découlant de la définition de l’écriture migrante tiennent, pour une grande part, aux orientations liées à la thématique de l’immigration, postulant une cartographie éclatée et mouvante de l’espace littéraire. Mambenga va justement critiquer cette « géographicité » 2 érigée en paradigme critique. De plus, doutant de cette thématique de l’immigration comme point de flexion de l’écriture migrante, bien des spécialistes de l’écriture recommandent une approche qui fasse une démarcation entre les écrivains de la première génération et ceux qui ont émergé à partir des années 80.
En effet, pour Alain Mabanckou, par exemple, l’expérience de l’immigration commune à ces deux catégories d’écrivains définit une critériologie contrastée entre les premiers romans d’Afrique noire francophone et ceux de leurs successeurs. Ainsi, les textes des premiers sont-ils happés par « l’immigration contemplative et moralisatrice » et résolument tournés vers l’essentialisation du pays natal et l’authenticité africaine alors que les seconds « écrivent, publient et vivent hors de leur continent d’origine, et leurs œuvres évoquent, à la fois, la France, l’Afrique et la condition de l’étranger en Europe » 3 . Sur cette base, il s’aligne sur les conclusions d’Abdourahman Waberi qui fait valoir que « ce n’est pas l’évocation de la France qui est absente des romans africains, c’est plutôt le roman de l’émigration africaine en terre de France qui a tardé » 4 .
La conséquence systémique immédiate est que les romans de la première génération sont rattachés à la littérature de l’immigration, répudiant ainsi la validité de la notion d’écriture migrante pour cette époque des Mirages de Paris (1937) d’Ousmane Socé, de Bernard Dadié avec Un Nègre à Paris (1959) et d’autres thuriféraires de l’identité noire.
En revanche, ces « nouveaux » écrivains qui migrent, produisent en s’inscrivant dans le schéma ainsi défini (Afrique-voyage-intégration) auquel s’ajoutent le trauma de départ, le caractère déstabilisant du pays d’arrivée et la question de la métamorphose identitaire, sont rangés du coté de l’écriture migrante. On pourra citer, entre cent, Louis Philippe Dalembert ( Les Dieux voyagent la nuit , 2006), Patrice Nganang ( Le Principe dissident , 2005), Fabienne Kanor ( D’eaux douces, 2003), Sami Tchak (Place des fêtes , 2001), Paula Jacques ( Lumière de l’œil , 1980), Marie Cardinal ( Au pays de mes racines , 1980). De leur terre d’accueil, ils réalisent, chacun selon ses expériences de l’émigration, des œuvres littéraires particulièrement caractérisées par la thématique de l’obsession du pays d’origine, mais aussi du transnational, de l’errance ou de la mobilité, de la mouvance identitaire et culturelle, de l’hybridité ou du métissage identitaire…
Toutefois, parmi ces écrivains, certains produisent des textes qui se nouent autour des questions plus générales, décentrant à l’excès l’intérêt pour l’Afrique. La démarche complexifie ainsi une lecture de la « migrance » à partir de l’émigration. Ce faisant, ils ouvrent une problématique contextualisée de leur création en fonction de facteurs culturels et littéraires mais aussi socioéconomiques.
On peut alors se demander ce qu’il y a de commun entre, par exemple, l’immigration autoflagellation du Togolais Sami Tchak dans Place des Fêtes (2001) et le texte enclin à une sorte de remémoration à la fois trouée et piégée par une histoire falsifiée par la colonisation d’Abdourahman Wabéri dans Cahier nomade (1994) ou encore Moisson de crânes (2000) écrit en mémoire du génocide au Rwanda, African psycho (2002) – l’histoire d’un sérial killer –, Verre Cassé (2005) d’Alain Mabanckou où la problématique de la migration est absente au profit d’une Afrique en plein déclin ? Ces textes d’auteurs « africains″ ne sont-ils pas à tout point de vue différents de Place des fêtes (2001) ou Fête des masques (2004) de Sami Tchak – deux ro

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