Littératures et arts postcoloniaux dans l'émergence civilisationnelle caribéenne

Alexandre Alaric, Rodolphe Solbiac

Description

Cet ouvrage examine le dynamisme des sociétés caribéennes postcoloniales par le biais de leurs différentes productions artistiques. Ces contributions révèlent un ensemble de productions littéraires, musicales, plastiques et performatives, de la région et de ses diasporas au XXème siècle. Les travaux passent en revue les démarches créatives et les conceptualisations qui contribuent à la construction du sujet caribéen et accompagnent son émancipation dans les champs littéraires anglophones, francophones et hispanophones. Ils examinent aussi les formes musicales populaires du reggae, du compass et du zouk.

Sujets

• Colonisation
• Littérature
• ARts
• Esthétique
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2016
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782140024818
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Sous la direction de Rodolphe SOLBIAC et Alexandre ALARIC
Littératures et arts postcoloniaux dans l’émergence civilisationnelle caribéenne
Copyright
© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
[e-mail]
EAN Epub : 978-2-336-77717-7
Dedicace


En hommage à Austin Clarke, écrivain caribéen-canadien
Remerciements
Nous adressons nos chaleureux remerciements Franciane Bellay, Patricia Donatien (MCF HDR Université des Antilles, et Artiste) Mariam Pirbhai (Wilfried Laurier University), Ifeona Fulani (New York University), et Annie Paul (University of the West Indies, Mona, Jamaïque).
Avant-propos
Cet ouvrage se situe dans le prolongement de la réflexion menée lors du séminaire international intitulé Les enjeux civilisationnels des arts et littératures postcoloniaux des Caraïbes organisé les 23 et 24 juin 2016 à l’Université des Antilles par Rodolphe Solbiac et Alexandre Alaric .
Il poursuit le développement de l’orientation donnée à la recherche sur la culture, le social et le politique, par le colloque international pluridisciplinaire Qu’est-ce que la pensée postcoloniale ? organisé par Alexandre Alaric, les 23, 24 et 25 novembre 2015 à l’Université des Antilles, campus de Martinique .
Sommaire
Sommaire

Couverture

4e de couverture

Titre

Copyright

Dedicace

Remerciements

Avant-propos

Sommaire
Introduction : Littératures et arts caribéens, matrices civilisationnelles postcoloniales Rodolphe Solbiac
Passeurs identitaires, « mutants culturels », produits exportables. Quelques notes autour des représentations caribéennes postcoloniales María Fátima Rodriguez
Dans la matrice de l’espace : l’œil narrateur sur les horizons guyaniens dans Palace of the Peacock de Wilson Harris Patricia Donatien
L’art de la plume kincaidienne : fertilisation croisée et enrichissement mutuel au service de la construction du moi caribéen Nadia Yassine-Diab
Le corps colonial en performance Perspective afro-française : quelle variabilité sémiotique ? Stéphanie Melyon-Reinette
Le Sexe des Opprimés : Le Concept de la Liberté sexuelle chez les Bobo Shanti Nathalie Montlouis-Despois
L’apport de la culture reggae jamaïcaine dans l’élaboration d’une civilisation caribéenne Jérémie Kroubo Dagnini
Le kompa direk ou le marronnage culturel des artistes haïtiens Alexandra Roch
La créolisation du zouk, un vecteur indéniable dans la construction identitaire des Antillais Gérald Désert
Le temps des émergences dans l’art caribéen : Haïti, Jamaïque, Guadeloupe José Lewest

Bibliographie
Introduction : Littératures et arts caribéens, matrices civilisationnelles postcoloniales
Rodolphe Solbiac
Maître de conférences
Université des Antilles
La pensée postcoloniale constitue non pas une théorie aux contours bien définis mais une modalité de pensée émergeant de la théorisation des procédés d’appréhension des incidences de l’histoire de la modernité coloniale sur le devenir des espaces colonisés par les Européens. C’est pourquoi cette publication se donne comme objet l’exploration des processus par lesquels les pratiques scripturaires et artistiques créent les conditions épistémologiques conduisant à l’articulation de paradigmes théoriques et méthodologiques qui s’émancipent du cadre idéologique colonial pour contribuer à une modalité de pensée de nature postcoloniale.
Cette publication se conçoit comme une entrée dans la dimension civilisationnelle naissante des sociétés caribéennes autour des paradigmes permettant d’éclairer cette émergence. Certains penseurs rejettent l’idée que l’on puisse définir une civilisation caribéenne à proprement parler, même s’ils reconnaissent des caractéristiques socioculturelles intrinsèquement caribéennes et une aire culturelle caribéenne spécifique. D’autres comme Nigel Bolland considèrent qu’une civilisation caribéenne s’est élaborée notamment dans une production artistique remplissant une fonction de matrice. C’est en effet à l’ensemble des caractères propres à la vie intellectuelle, artistique, morale, sociale et matérielle des sociétés caribéennes qu’il consacre son ouvrage intitulé The Birth of Caribbean Civilization : A Century of Ideas about Culture and Identity. Nation and Society.
Cette étude se donne pour objectif de répondre à la question de savoir en quoi les arts et les littératures postcoloniaux sont une entrée dans l’intelligence des mutations de ces sociétés vers de nouvelles formes civilisationnelles. À cette fin, cet ouvrage se propose d’étudier la production culturelle, artistique, discursive et épistémologique de cette région en rapport avec la question qui se pose aux Caribéens et aux Américains des deux hémisphères après celle de la décolonisation : Comment penser l’avenir des sociétés après la décolonisation des consciences ? Il s’agit de faire émerger l’originalité de cette véritable civilisation littéraire et artistique dans laquelle les arts constituent les matrices de la construction des peuples.
Si le débat sur la question de savoir si les sociétés de la Caraïbe forment une civilisation reste ouvert, l’émergence d’une pensée caribéenne endocentrée dans la production livresque s’articule autour de publications marquantes qui constituent autant d’étapes dans l’articulation d’une vision de la Caraïbe en tant que région dont les peuples sont « civilisés » mais également en tant qu’espace civilisationnel singulier.
En premier lieu, des ouvrages tels que De l’égalité des races humaines (anthropologie positive) d’Antênor Firmin (1885), Froudacity de John Jacob Thomas (1889) et The philosophy and opinions of Marcus Garvey, or, Africa for the Africans de Marcus Garvey (1923) avaient en commun la visée de réfuter les théories racistes pour proclamer l’humanité du Caribéen d’ascendance africaine et donc son statut d’être civilisé, tout en affirmant sa singularité.
Si la pensée de Marcus Garvey articulait déjà une direction civilisationnelle de rupture avec le système plantationnaire, pour l’Afro-Saxon C.L.R James dans les années 1930 ( The Case for West Indian Self-Government, The Black Jacobins ) et le nègre gréco-latin Aimé Césaire, il s’agissait encore de prouver que les Afro-descendants possédaient les capacités intellectuelles permettant de mener une vie civilisée. Dans les décennies suivantes, Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire (1950), Peau noire masque blan c (1952) et Les Damnés de la terre (1961) de Frantz Fanon poursuivent l’entreprise de définition du Caribéen colonisé.
Les premières conceptualisations originales des modalités de l’élaboration d’une culture proprement caribéenne viennent avec la publication de deux ouvrages marquants. En 1947 Cuban Conterpoint de Fernando Ortiz articule le concept de transculturation. En 1971, The Development of the Creole Society of Jamaïca 1770-1820 d’Edward Brathwaite s’appuie sur les travaux d’Ortiz pour théoriser cette élaboration sous le nom de créolisation.
Ces apports majeurs s’articulent avec des publications structurant une histoire caribéenne endogène qui se construit, entre autres, autour d’ouvrages tels que The Making of the West Indies de Roy Augier (1961), The Growth of the Modem West Indies de Gordon K. Lewis (1968) et From Columbus to Castro ; the History of the Caribbean 1492-1969 d’Éric Williams (1970).
Ces apports sont également enrichis par les élaborations que proposent des penseurs caribéens dans un projet d’écriture théorique et littéraire qui vise à la fois la révélation et la construction d’une culture caribéenne originale. C’est ce qui caractérise Tradition, the Writer and Society (1967) de Wilson Harris et The Love Axe (1) : Developing a Caribbean Aesthetic, 1962-1974 , publié en 1976 par Edward Brathwaite. Cette définition de la Caraïbe bénéficie, de même, de l’enrichissement notionnel qu’apporte l’approche de la région caraïbe en tant que zone caractérisée par un continuum linguistique (le continuum créole). Dans ce contexte, la publication en 1981 de Le Discours Antillais par Édouard Glissant entre en résonance avec la reconnaissance des langues vernaculaires qu’appell