Ma vie en province
188 pages
Français

Ma vie en province , livre ebook

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188 pages
Français

Description

Tchekhov décrit ici un nihiliste, Misaïl Polozniev. Aristocrate, il nie de bout en bout les privilèges que sa naissance lui octroie, idéalise le travail physique et veut se débarrasser des simulacres de la convention… Sur fond de campagne russe, où cosmos et chaos s'affrontent, Misaïl entraîne dans sa rébellion sa sœur Kleopatra sans jamais se résigner un seul instant.
La jeunesse tsariste n'eut pas alors à crier à l'imposture. C'est pourquoi ce roman nous interpelle encore aujourd'hui…

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2016
Nombre de lectures 18
EAN13 9782336399430
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

t e x t e s e t c o m m e n t a i r e s
Anton PAVLOVITCH TCHEKHOV
L i t t é r a t u r e c l a s s i q u e
MA VIE En province
Traduction et annotations Françoise Darnal-Lesné
MA VIE En province
Collection Littérature classique Textes et commentaires Cette collection est consacrée à la réédition, l’analyse et la présentation de textes classiques de la littérature mondiale des origines à la fin du e XIX siècle. Titres parus Alexandre DUMAS,Impressions de voyage : en Suisse. Tome 2 : du lac des Quatre-Cantons au Tessin,2015. Alexandre DUMAS,Impressions de voyage : en Suisse. Tome 1 : en Suisse romande et dans les cantons alpins,2015. ANONYMES,Maugis d’Aigremont, chanson de gestesuivie deLa morte de Maugis, 2014. Alexandre Ivanovitch KOUPRINE,Monstres insatiables,Traduit du russe, introduit et annoté par Françoise Wintersdorff-Faivre,2013.Alain CHARDONNENS,Terreur prussienne,2012 Jacques LARDOUX,Lessonnetsde William Shakespeare,2012.
Anton PAVLOVITCHTCHEKHOVMA VIE En province Traduction et annotations Françoise Darnal-LesnéL’Harmattan
Autres parutions du même auteur Oncle Vania, Éditions Bréal, Collection « Connaissance d’une œuvre », Paris, 2005.Anton Pavlovitch Tchekhov,Portraits de femmes, un itinéraire d’ombre et de lumière, Éditions L’Harmattan, Collection littéraire, Paris, 2007. Anton Pavlovitch Tchekhov,Les Paysans et autres récits, Éditions L’Harmattan, Collections Introuvables/Inédit, Paris, 2008, traduction et postface de Françoise Darnal-Lesné. Anton Pavlovitch Tchekhov,Lettres de voyagesMoscou, Sakhaline, Moscou, traduction et préface de Françoise Darnal-Lesné, L’Harmattan, Paris, 2009. Dictionnaire Tchekhov, Éditions L’Harmattan, Paris, 2010. Anton Pavlovitch Tchekhov,Sorcière, suivie de la nouvelleJourde fête, Carnets de l’Herne, traduction et annotations de Françoise Darnal-Lesné, Paris, 2010. Anton Pavlovitch Tchekhov,Correspondant de guerre, traduction et préface de Françoise Darnal-Lesné,L’Harmattan, 2012. Anton Pavlovitch Tchekhov,ENFANCES, traduction et préface de Françoise Darnal-Lesné, L’Harmattan, 2014. www.comprendre-tchekhov.fr, site créé et géré par Françoise Darnal-Lesné. © L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-07855-7 EAN : 9782343078557
PRÉFACE
Pères et Filsparaît dansLe Messager Russeen 1862. Par ce roman, Tourgueniev déclenche une polémique durable et fait référence dans l’histoire de la littérature mondialeen traitant de l’émergence d’une mentalité révolutionnaire.Dès le titre, l’écrivain place le lecteur face aux nouveaux rapports familiaux quis’instaurent au sein de la société à la veille de l’abolition du servage. Les pères d’un côté, bienveillants, un peu fatigués, sceptiques mais convaincus qu’une bonne dose de libéralisme à l’anglaise résoudra les problèmes d’un pays encore médiéval. Les fils, de l’autre, sombres, amers, désespérés avant l’âge, hostiles à toute idée de réforme, ne croyant qu’à la négation, au déblaiement, à la destruction de l’ordre. Tourgueniev leur donne le nom de nihilistes.  Mais parce que Bazarov tombe dans le piège de l’amour avant l’épilogueet meurt après s’être contaminé en disséquant le cadavre d’un typhique, sa disparition digne d’une fin romantique qu’il voulait fuir de toutes ses forces, fait crier la jeunesse russe à l’imposture… Ma Vieparaît en 1896.  Tchekhov est un écrivain reconnu ; il a reçu le Prix Pouchkine et publie dans de nombreux journaux, il est un maître dorénavant dans le registre des formes brèves. Ma Vieil faut le noter, un des rares textes longs de la est, poétiqueoù l’écrivaindélaisse le format de la nouvelle ou du récit pour le roman, fût-il moins prestigieux en taille que ceux de Tourgueniev, Tolstoï et Dostoïevski.  Grâce à son génie très particulier de la synthèse,l’auteurassocie dansMa Viel’héritage d’une tradition classique qui remonte à Pouchkine, des apports étrangers russisés et assimilés, à une orientation résolument moderne, progressiste
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et à un lyrisme contenu, où perce une nostalgie récurrente d’idéalisme romantique.Il y met tout autant en avant les forces de progrès présentes dansPères et Fils: le réalisme dans la peinture des mœurs etla satire impitoyable d’une aristocratie terrienne déboussolée par les réformes. Et renonce à y esquisser des « héros » ens’efforçant de mettre en scène des « types » contemporains représentatifs de la puissance de la contestation qui les habitent.  Tchekhov dans ce romanrépond à son besoin d’élargir et de renouveler son écriture à mesure que s’élaborent et se modifient ses convictions sur les rapports de l’homme à la nature et à l’histoire. Il place comme le fit Tourgueniev le lecteur face à un moment de la vie d’un homme,dans son évolution fiévreuse et comme précipitée, celui de la génération des années quatre-vingt-dix et lafabula, telle celle dePères et Fils, voit l’opposition de deux générations avec son pendant de personnages secondaires qui permettent là encore, la mise en abyme des oppositions à une époque troublée de l’histoire de la Russie.  Le texte, tout autant au passé mais à la première personne du singulier quant à lui, pourrait laisser penser à une biographie déguisée de la vie de son auteur, d’autant plus que le titre contient le possessif « Ma » ? Serait-il le récit des quatre années que Tchekhov vient de passer dans le domaine de Melikhogo acheté peu après son retour de Sakhaline ? On peut aisément rester pensif en effet et trouver ici ou là des réminiscences familiales introduites par cette première personne, fait rare dans la poétique. Cette lecture n’ensemble pas moins réductrice le roman ne devait-il pas s’appeler « Mon mariage» alors que Tchekhov n’est pas encore marié ? Le roman paraît sous forme de feuilleton dans le complément littéraire mensuel de la revueNiva, journal
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littéraire et politique édité par Marks à Pétersbourg, dans les numéros 10, 11 et 12 octobre 1896.  Dès sa sortie, l’opinion est choquée au même titre que les lecteurs de Tourgueniev des décennies plus tôt, par les thèmes abordés. D’aucuns y lisentle rejet total de Tchekhov envers le système capitaliste érigé dans les villes, dénoncent le regard sombre que l’écrivain-médecinporte sur l’état de la 1 campagne russe et des mœurs qui y subsistent, décrivent son 2 3 aversion définitive envers le tolstoïsme , le populisme… et la génération de ses pères…
1 La censure menaced’emprisonner Tchekhov pour son texteLes Paysanss’il ne supprime pas les lignes concernant la religion et la manière dont les paysans se comportent vis-à-vis d’elle.2  Tolstoïsme : « La morale tolstoïenne a cessé de me toucher ; dans le fond de mon cœurj’y suis hostile et c’est certainement injuste. Il coule dans mes veines du sang de moujik. Dès mon enfance, j’ai cru au progrès et je ne pouvais faire autrement car effrayante a été la différence entre le temps où l’on me fouettait et celui où on a cesséle faire ». « La de philosophie tolstoïenne me touchait fortement et j’ai subi son emprise durant six ou sept années. Mais maintenant quelque chose en moi proteste: la réflexion et l’équité me disent que dans l’électricité et la vapeur, il y a plus d’amour de l’homme que dans la chasteté et le régime végétarien. La guerre est un mal, tout tribunal est un mal, mais il n’en résulte pas que je doive porter des chaussures de tille et dormir sur le poêle avec mon ouvrier et sa femme, etc…», inDictionnaire Tchekhov, Françoise Darnal-Lesné, Paris, L’Harmattan, 2010. 3 Populisme : après la répression contre les jeunes intellectuels partis dans « leur marche vers le peuple » alphabétiser les paysans, les idées populistes ne disparaissent pas pour autant. Le culte du peuple, notamment du paysan, ébauché par les Slavophiles des générations précédentes envahit le domaine de l’art. On le retrouve chez Tolstoï et Dostoïevski. Tchekhov s’inscrit en totale opposition à cette idéologie partagée par l’intelligentsia qui veut désormais manger le pain pétri de ses mains et croit que le paysan est un être pur perverti par la seule société. Dans les récits, La maison avec un attique, Les paysans, Les paysannes, La nouvelle datcha, Dans la combe, l’écrivain cherche au milieu deshorreurs commises l’humanité de ces êtres qui affleure cependant dans leurs
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