OEUVRES
224 pages
Français

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OEUVRES , livre ebook

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Description

Les vers du Bourbonnais Antoine de Bertin (1752-1790) seraient directement issus de l'âme et iraient droit au coeur : ainsi sont célébrés ses Amours, trois livres d'élégies dont la critique et le public saluent alors le "naturel", la "sincérité" et la "vérité". En faisant de ses vers des doubles de lui-même, en renouvelant l'élégie antique, Bertin a influencé Lamartine et inspiré Vigny. A l'instar des autres poètes créoles contemporains, Parny et Léonard, il a illustré une poésie lyrique et descriptive que le siècle suivant prolongera et amplifiera.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296247857
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ŒUVRES DE BERTIN
Les Introuvables
Collection dirigée par Thierry Paquot et Sylvie Camet

La collection Les Introuvables désigne son projet à travers son titre même. Les grands absents du Catalogue Général de la Librairie retrouvent ici vitalité et existence. Disparus des éventaires depuis des années, bien des ouvrages font défaut au lecteur sans qu’on puisse expliquer toujours rationnellement leur éclipse. Œuvres littéraires, historiques, culturelles, qui se désignent par leur solidité théorique, leur qualité stylistique, ou se présentent parfois comme des objets de curiosité pour l’amateur, toutes peuvent susciter une intéressante réédition. L’Harmattan propose au public un fac-similé de textes anciens réduisant de ce fait l’écart entre le lecteur contemporain et le lecteur d’autrefois comme réunis par une mise en page, une typographie, une approche au caractère désuet et quelque peu nostalgique.

Dernières parutions

Anthony MOCKLER, François d’Assise. Les années d’errance , 2009.
Gwenaëlle BOUCHER, Poètes créoles au XVII e siècle : Parny, Bertin, Léonard , 2009.
VOLTAIRE, Les Amours de Pimpette ou Une Saison en Hollande , 2008.
Vincent CAMPENON, Œuvres , 2008.
Jean LORRAIN, Histoires de batraciens , 2008.
Sylvie CAMET, Les métamorphoses du moi , 2007.
Léonard de VINCI, Traité de la perspective linéaire , 2007.
Nicolas-Germain LÉONARD, Œuvre poétique , 2007.
Pierre CÉROU, L’amant, auteur et valet , 2007.
Paul MARGUERITTE, Adam , Eve et Brid’oison , 2007.
Céleste de CHABRILLAN, La Sapho , 2007.
H.-M. STANLEY, La délivrance d’Émin Pacha , 2006.
Zénaïde FLEURIOT, Plus tard , 2006.
Frantz JOURDAIN, A la côte , 2006.
Alois JIRÁSEK, Philosophes , 2006.
Edmond et Jules de GONCOURT, Fragonard , 2006.
Albert GUÉRARD, L’avenir de Paris , 2006.
Grazia DELEDDA, Dans le désert , 2006.
Antoine de BERTIN

ŒUVRES


Textes présentés et annotés
par Gwenaëlle Boucher
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11085-4
EAN : 9782296110854

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
PRÉFACE BERTIN LIBERTIN ? par Gwenaëlle Boucher
Né dans ces beaux climats et sous les cieux amis
Qu’au sein des mers de l’Inde embrase le tropique,
Élevé dans l’orgueil du luxe asiatique,
La pourpre, le satin, ces cotons précieux
Que lave aux bords du Gange un peuple industrieux,
Cet émail si brillant que la Chine colore,
Ces tapis dont la Perse est plus jalouse encore,
Sous mes pieds étendus, insultés dans mes jeux,
De leur richesse à peine avaient frappé mes yeux.
Je croissais jeune roi de ces rives fécondes :
Le roseau savoureux, fragile amant des ondes,
Le manguier parfumé, le dattier nourrissant,
L’arbre heureux où mûrit le café rougissant,
Des cocotiers enfin la race antique et fière,
Montrant au-dessus d’eux sa tête tout entière,
Comme autant de sujets attentifs à mes goûts,
Me portaient à l’envi les tributs les plus doux.
Pour moi d’épais troupeaux blanchissaient les campagnes ;
Mille chevreaux erraient suspendus aux montagnes ;
Et l’Océan, au loin se perdant sous les cieux,
Semblait offrir encor, pour amuser mes yeux,
Dans leur cours différent cent barques passagères
Qu’emportaient ou la rame ou les voiles légères.
Que fallait-il de plus ? Dociles à ma voix,
Cent esclaves choisis entouraient ma jeunesse ;
Et mon père, éprouvé par trente ans de sagesse,
Au créole orgueilleux dictant de justes lois,
Chargé de maintenir l’autorité des rois,
Semblait dans ces beaux lieux égaler leur richesse. ("Adieux à une terre…", livre 3)

C’est Antoine de Bertin qui s’autoproclame ainsi en 1784 roi de l’île Bourbon et de ses trésors, exaltant en vers son enfance créole, à la fois idyllique et despotique. Cependant en cette fin de dix-huitième siècle, ce règne sans partage sur la nature et les hommes est de courte durée : l’enfant roi est détrôné par son compatriote Évariste de Parny (1753-1814), un ami et rival dont les succès éditoriaux le consacrent sans conteste comme le prince de cette île des poètes. Certes, cette destitution est toute littéraire mais, de fait, il n’est pas une notice biographique, un portrait de Bertin ou une analyse de son œuvre qui n’évoquent Parny, décrétant, au terme d’inévitables comparaisons, la supériorité de l’auteur des Élégies par rapport au créateur des Amours.

Ainsi, dans son Histoire de l’île Bourbon (depuis 1643 jusqu’au 20 décembre 1848) publiée en 1862, Georges Azéma écrit à propos de Bertin : "Moins tendre et moins classique que Parny, il est plus passionné, plus brillant. Il a dans sa poésie plus d’éclat, plus d’audace, plus d’enthousiasme. Mais son style n’est pas pur et châtié comme celui de son rival : il est chaleureux, mais inégal, plus spirituel que sensible. Élégant imitateur des élégiaques anciens, dont il s’approprie les idées et la tournure, il n’a pas, comme l’autre, un cachet qui lui soit particulier." {1} De la même façon, dans ses Mélanges philosophiques et littéraires , Louis-Simon Auger débute le chapitre consacré à Bertin par un parallèle entre les deux compagnons d’études et de plaisirs et distribue ainsi les récompenses dans une sorte de tableau d’honneurs poétiques : "Enfin, si, d’une commune voix, la première place parmi nos poètes érotiques est décernée à Parny, il me semble que la seconde appartient incontestablement au chevalier de Bertin ; et ce partage est encore assez précieux pour sa mémoire." {2}

Si, pour la postérité, l’éclat de Parny altère sa propre renommée en focalisant les regards et les mémoires, Bertin n’en voue pas moins à son confrère une admiration sincère : "Maudit enchanteur que vous êtes", écrit Bertin qui, dans une lettre "À Monsieur le chevalier de Parny" du 4 juin 1776, désespère de peindre deux divines beautés aussi gracieusement que son ami et maître :

Pourquoi des beaux jours que je perds
Occupez-vous ma rêverie ?
Vos plaisirs et vos jolis vers
Me font mourir de jalousie.

Louant ainsi un concurrent du même âge que lui, qui s’illustre dans des formes poétiques semblables et versifie les sentiments élégiaques comparables, Bertin ne semble pourtant cesser de déclarer en vers à Parny une passion dont la constance le console peut-être des infidélités et des ingratitudes féminines :

Cher Parny ! Tu le sais : rivaux et frères d’armes,
Et dans tous les sentiers nous rencontrant toujours,
Compagnons échappés aux fureurs de Neptune,
Témoins de nos succès sans en être jaloux,
Espoir, craintes, ennuis, plaisirs, gloire, fortune,
Tout devint commun entre nous.
Conformité d’âge et de goûts,
Et d’esprit et de caractère,
Resserra chaque jour une amitié si chère. ("Épilogue")

Rivalisant de compliments avec celui qu’il nomme "le chantre brillant de Catilie" ("Coup d’œil sur Cythère" {3} ), Parny n’est pas dupe des hommages répétés de ce "flatteur habile" ("A M. le chevalier de Bertin") {4} dont l’œuvre tout entière peut apparaître comme un monument élevé à leur amitié :

Crois-moi, la brillante couronne
Dont tu flattes ma vanité,
C’est l’amitié qui me la donne
Sans l’aveu de la vérité. ("À Bertin") {5}

* *
*

C’est donc de bonne grâce que l’ancien monarque, autoproclamé puis volontiers déchu, a ainsi abdiqué toutes ses prétentions sur ce royaume des lettres où il est né le 10 octobre 1752 à Sainte-Suzanne de Bourbon et qui deviendra l’île de la Réunion en 1794. Son père, François-Jacques Bertin, est alors "commandant du quartier Sainte-Suzanne" et deviendra gouverneur de l’île de novembre 1753 à mars 1767. C’est toujours avec émotion que Bertin se remémore ses premières années, passées notamment dans la propriété somptueuse du château de Gol appartenant à son parrain Antoine Des Forges-Boucher ancien gouverneur général des îles de France et de Bourbon d’août 1723 à décembre 1725 ; il se plaît également à rappeler la magnificence des paysages tropic

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