Profession, débutant...

Georges Mouly

Description

Avril 1968. Alors que certains s’apprêtent à refaire le monde, François, lui, fait ses premiers pas. La salle l’attend, les élèves un peu moins. Il est à peine plus âgé qu’eux. Une classe de terminale face à un professeur de vingt et un ans. Une arène pleine de lions. De pièges à éviter. Engager l’épreuve de force, résister, vaincre. François ne sait pas. Pas encore. Il débute, il apprendra. Ici, à Paris. Chez les bourgeois, chez les classes populaires. Là-bas, en Algérie. Autrement… Autour du "plus beau métier du monde", Georges Mouly tire de ses souvenirs un roman initiatique touchant, plein d’humour et d’humanité, avec ses rêves et ses faiblesses. Des expériences qui forgent, des rencontres qui marquent, une vocation qui s’affirme. Profession, débutant…, à lire comme l’on dévore le récit d’un voyage incertain où l’on se doit de garder le cap. Comme un guide de survie. Ou comment s’épanouir avec les autres, pour les autres.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 17
• EAN13: 9782748360042
• Langue: Français

Extrait

Profession, débutant…

Georges Mouly Profession, débutant…

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Chapitre 1 François appuya sur le bouton de la sonnette, à droite de l’imposante porte d’entrée de l’école primaire de la rue Baudricourt, dans le treizième arrondissement de Paris. Il était aux environs de neuf heures en cette belle matinée du mois d’avril mil neuf cent soixante-huit. Un grésillement retentit, signe que sa requête avait été prise en compte. Il poussa le lourd battant droit qu’une main anonyme avait commandé et se retrouva, après avoir franchi le seuil, dans une demi-pénombre, face à une femme qu’il identifia immédiatement comme étant la con- cierge. Déjà le lourd vantail de bois se refermait derrière lui avec un bruit sourd, semblant signifier par là que, désor- mais, il se trouvait dans un espace clos, un peu tributaire dès lors, des règles qui régissaient le nouvel établissement où il devait assurer un remplacement. La gardienne des lieux, visiblement dérangée dans sa toilette – elle portait des bigoudis – l’apostropha un peu brutalement : — Qui êtes-vous ? — Je suis monsieur Ladet, je viens remplacer madame Beuvron. — Ah ! C’est vous, je suis au courant, ajouta-t-elle. Veuillez suivre l’allée ; arrivé au bout, vous tournerez sur votre droite ; le bureau du directeur se trouve tout de suite après, il vous attend. Le cœur battant, François se dirigea quelque peu inti- midé vers l’endroit indiqué. Le brouhaha de la rue s’était estompé, atténué par les hauts murs qui ceinturaient l’école. Un calme tout relatif régnait que venait troubler la

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lecture à haute voix que faisait un maître à ses élèves. L’heure était au labeur. Dans la cour qu’il longeait à présent, il remarqua trois arbres dont les feuillages aux couleurs printanières annon- çaient le renouveau de la végétation. Ils lui rappelèrent les tilleuls de la communale. Comme cela était loin désor- mais ! Il devina sur sa droite une porte ouverte vers laquelle il se dirigea en ralentissant le pas, persuadé de toucher au but. Il ne fallait surtout pas troubler la quiétude des lieux dont était redevable le directeur, sans nul doute fort affairé en ce début de matinée. Avec précaution, il osa avancer la tête dans l’encoignure de la porte. Un homme qui semblait effectivement très absorbé par son travail, était penché sur des dossiers. Intimidé mais respectueux des convenances, François frappa légèrement sur la vitre pour signaler sa présence. Le directeur, ce ne pouvait être que lui, releva la tête d’un air interrogatif, les sourcils froncés. Puis, son visage s’éclaira d’un large sou- rire qui paraissait traduire une franchise naturelle et non pas une mimique de circonstance. — Je suis le remplaçant de madame Beuvron, lança François, quelque peu impressionné par naïveté, de se trouver en présence d’un supérieur hiérarchique qu’il ima- ginait doué de qualités hors normes pour occuper un tel poste. Le chef opina et ajouta : — Je vous attendais, vous avez trouvé facilement ? Cet homme de stature moyenne avait atteint la cinquan- taine. Son visage poupin respirait l’amabilité. Sa chevelure blanche accentuait l’impression de bonhomie qui se déga- geait du personnage. Elle lui donnait un air de député à la Constituante parce qu’elle faisait songer à la perruque dont s’affublaient alors les représentants de la nation. Cela avait quelque chose de rassurant somme toute. Qui plus est, ils se découvrirent très vite des racines provinciales communes. Tous deux étaient de l’Aveyron

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