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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 novembre 2016 |
Nombre de lectures | 19 |
EAN13 | 9782140021572 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
4e de couverture
Espaces Littéraires
Collection fondée par Maguy Albet
Dernières parutions
Michèle DUCLOS, Un regard anglais sur le symbolisme français, Arthur Symons , Le mouvement symboliste en littérature (1899), généalogie, traduction, influence , 2016.
Anne-Marie REBOUL et Esther SÁNCHEZ-PARDO (éd.), L’écriture désirante : Marguerite Duras , 2016.
Gladys M. FRANCIS, Amour, sexe, genre et trauma dans la caraïbe francophone , 2016.
Fabienne GASPARI, L’écriture du visage dans les littératures francophones et anglophones, De l’âge classique au XXI e siècle , 2016.
Yulia KOVATCHEVA, Modernité esthétique chez André Malraux , 2015.
Hanétha VETE-CONGOLO (dir.), Léon-Gontran Damas : Une Négritude entière , 2015.
Naïma RACHDI, L’art de la nouvelle entre Occident et Orient , Guy de Maupassant et L’Égyptien Mahmûd Taymûr, Influence de la littérature française sur la littérature arabe moderne , 2015.
Augustin COLY, Duplications et variations dans le roman francophone contemporain , 2015.
Marie-Denis SHELTON, Eloge du séisme , 2015.
Marie-Antoinette BISSAY et Anis NOUAIRI, Lorand Gaspar et la matière-monde , 2015.
Thierry Jacques LAURENT , Le roman français au croisement de l’engagement et du désengagement , 2015.
Moussa COULIBALY et Damien BEDE , L’écriture fragmentaire dans les productions africaines contemporaines , 2015.
Jean Xavier BRAGER , De l’autre côté de l’amer, Représentations littéraires, visuelles et cinématographiques de l’identité pied-noir , 2015.
Isabelle CONSTANT, Le Robinson antillais. De Daniel Defoe à Patrick Chamoiseau , 2015.
Titre
Marcel Bourdette-Donon
Raymond Queneau,
le Peintre de la vie moderne
Copyright
Du même auteur
Romans
Le Journal d’un sauvage , Paris, éditions L’Harmattan, 2013.
Amours nomades , Paris, éditions L’Harmattan, 2011.
Le Voyage de Salomé , Paris, éditions L’Harmattan, 2008.
Essais
Des Rives du Congo à La Meuse , ouvrage collectif, Paris, éditions L’Harmattan, 2013.
Queneau, cet obscur objet du désir , Paris, collection « Critiques », éditions L’Harmattan, 2006.
Queneau, le trouvère polygraphe , Paris, éditions L’Harmattan, 2003.
Anthologie de la littérature et des arts tchadiens , Paris, éditions L’Harmattan, 2003.
Le Rythme du corps (Céline, Fitzgerald, Borges, Calvino, Pleynet, Guyotat, Sollers) , Paris, collection « Critiques », éditions L’Harmattan, 2003.
La Tentation autobiographique , Paris, collection « Critiques », éditions L’Harmattan, 2002.
Raymond Queneau, l’œil, l’oreille et la raison , Paris, collection « Critiques », éditions L’Harmattan, 2001.
Les Enfants des brasiers , Paris, collection « Critiques », éditions L’Harmattan, 2000.
Tchad 98 , Paris, collection « Études africaines », éditions L’Harmattan, 1998.
La Peinture Centrafricaine, état des lieux , Paris, éditions L’Harmattan, 1997.
© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-77393-3
Le Peintre de la vie moderne
« Chaque individu est le fils de son temps »
(Hegel)
Plus les années passent, plus l’œuvre de Raymond Queneau paraît étrange, innocente, déconcertante, à ceux qui la découvrent pour la première fois. Peut-être parce que trop malicieuse, sans doute trop savante, pour les lecteurs pressés de notre temps. Entré dans La bibliothèque de la Pléiade, ainsi que dans les livres de classe garants du bon usage et des règles établies, Raymond Queneau compte parmi les auteurs à commenter à l’examen du baccalauréat. Traité comme un écrivain consacré, ce saltimbanque resté rebelle à l’égard des institutions de son temps, fait désormais partie du patrimoine culturel français : « La libre passion, arrangée, expurgée à l’usage des écoles ! » s’indignait déjà Romain Rolland, à propos de cette récupération des réfractaires, dans Jean-Christophe . Pourtant, cette œuvre, née en marge des grands courants et pensées à la mode, peine, par sa nature chiffonnière faite de bribes recueillies des cultures les plus diverses et de toutes les époques, à se laisser académiser.
Comment soumettre à des normes plus conventionnelles ce langage bizarre, qui vient tout à coup interrompre le balayage du regard ? Comment ériger en exemple ces phrases singulières, truffées d’incorrections syntaxiques et parsemées de mots rares, de termes démodés ou d’envolées lyriques ? Comment ne pas être surpris par l’étrangeté d’un humour, dont le caractère pataphysique garantit la « sobriété du rire » 1 , par cette étrange fantaisie d’ one man show , cette forme d’esprit railleuse avec laquelle le romancier s’attache à décrire certains aspects insolites de la réalité ? Par ce troublant mélange de jeux d’esprit et de calembours impudiques, d’ironie, de rire jaune, d’humour noir ou pince-sans-rire à la manière des auteurs du siècle des Lumières. Par cette forme déroutante de regard absurde, bienveillant ou détaché des événements, souvent proche du wit britannique. Par le caractère inouï de ce rire silencieux, de ce sourire grimaçant, de ce rictus que le texte arrache à son lecteur en découvrant la doctrine des plus grands philosophes, incarnée par des gens du peuple ; histoire de critiquer, après Bergson et Jankélévitch, l’esprit de sérieux qui entoure le monde de la pensée. Comment ne pas être désorienté par ces récits qui se nourrissent d’un je-ne-sais-quoi et s’achèvent sur un presque rien ?
Comment, dans ces conditions, l’écrivain, penseur, mathématicien, peut-il incarner un idéal, faire figure de modèle, de « classique », capable de nous surprendre et de nous toucher encore aujourd’hui ? Peut-être, parce que cet homme nous parle avec simplicité de la liberté, de la mort, de l’amour, de cette illusion, de ce « presque rien » qu’est la vie où le personnage n’est qu’un « je-ne-sais-quoi » qui déambule dans un univers en pleine mutation. Un monde où rien ne sera plus comme avant. Partant de ce constat, l’artiste se fait le chantre de la transcendance quotidienne en nous décrivant, pour en avoir expérimenté tous les aspects à travers son activité d’encyclopédiste, des êtres en équilibre ; entraînés vers l’avant et retenus vers l’arrière, en train de basculer vers la modernité, inexorablement.
Tout se passe comme si Raymond Queneau partait d’un postulat fondamental fondé sur cette notion d’équilibre. Un équilibre présent chez le jeune enfant comme chez le primitif, qui constituent deux figures récurrentes chez l’artiste, mais que les technologies et le milieu perturbent. À commencer par l’éducation qui, ainsi qu’a pu l’observer Marshall McLuhan 2 , s’est d’abord employée à développer un sens particulier. Priorité fut en effet donnée à la vue, par l’alphabet et l’imprimerie. Puis, à l’ouïe, avec le développement de la radio. Et enfin, au système nerveux central, depuis l’apparition de la télévision.
La révolution numérique a opéré une transformation profonde chez celui que McLuhan nommait déjà « Video-Boy », en touchant à tous les domaines de la vie ainsi qu’à celui de l’économie, aux activités laborieuses comme de loisir. Le développement de l’informatique, des jeux vidéo, d’Internet, du smartphone, déjà largement démocratisés, l’essor des nanotechnologies, ont bouleversé les civilisations et, au sein même de celles-ci, les différentes générations en suscitant des modifications du dispositif sensoriel et intellectuel. C’est à cette programmation différente de la perception, par d’autres média, que nous confronte l’œuvre de Queneau qui ne situe plus son message dans la seule signification mais dans la combinaison du message et du support. Ce dernier étant pris dans l’acception la plus large de tout ce qui, à l’intérieur du livre, permet la communication. Ainsi, l’information se trouve-t-elle le plus souvent subordonnée au médium, inversant de la sorte la traditionnelle opposition du fond et de