Répression des manifestants algériens
264 pages
Français

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Répression des manifestants algériens , livre ebook

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Description

On propose ici une lecture pluridisciplinaire de l'émergence de la mémoire du 17 octobre 1961, afin de comprendre le processus qui a permis à ce massacre de ne pas tomber dans l'oubli. Pour cela, en corrélation, le témoignage des survivants dans les sciences sociales et humaines, et particulièrement dans la littérature, s'impose.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2015
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336394695
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright





























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-74480-3
Titre
Chadia Chambers-Samadi






Répression
des manifestants algériens

La nuit meurtrière du 17 Octobre 1961
Histoire et Perspectives méditerranéennes

Histoire et Perspectives méditerranéennes
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud

Dans le cadre de cette collection, créée en 1985, les Éditions L’Harmattan se proposent de publier un ensemble de travaux concernant le monde méditerranéen des origines à nos jours.

Déjà parus

Mohammed Anouar MOGHIRA, L’Égypte en marche ?. Les atouts, les espoirs et les défis (1952-2015) , 2015
Mohamed HARAKAT , Les paradoxes de la gouvernance de l’État dans les pays arabes, 2015 .
Mohammed GERMOUNI , Le protectorat français au Maroc. Un nouveau regard, 2015 .
Guillaume DENGLOS, La revue Maghreb (1932-1936). Une publication franco-marocaine engagée, 2015.
Michel CORNATON, Nelly FORGET et François MARQUIS, Guerre d’Algérie, ethnologues de l’ombre et de la lumière, 2015.
Saïd MOURABIT, L’économie politique de la production législative au Maroc , 2015.
Raymond NART, Histoire intérieure de la rébellion dans les Aurès, Adjoul-Adjoul , 2015.
Fawzi ROUZEIK, Le Groupe d’Oujda revisité par Chérif Belkacem , 2015.
Geneviève GOUSSAUD-FALGAS, Le Consulat de France à Tunis aux XVII e et XVIII e siècles , 2014.
Frédéric HARYMBAT, Les Européens d’Afrique du Nord dans les armées de la libération française (1942-1945), 2014.
Maurizio VALENZI, J’avoue que je me suis amusé, Itinéraires de Tunis à Naples , 2014.
Mustapha BESBES, Jamel CHAHED, Abdelkader HAMDANE (dir.), Sécurité hydrique de la Tunisie. Gérer l’eau en conditions de pénurie , 2014.
Abdelmajid BEDOUI, Grandeurs et misères de la Révolution tunisienne , 2014.
Kamal CHAOUACHI, La culture orale commune à Malte et à la Tunisie, 2014
Abdelaziz RIZIKI MOHAMED, Sociologie de la diplomatie marocaine, 2014.
Ahmed BENNOUNA, Le crédit-bail au Maroc. Un mode de financement original, 2014.
Introduction :
Le 8 mai 1945, jour de la Libération en France, les revendications d’indépendance s’affirment sur un groupe de départements français, un territoire occupé par la France qui deviendra l’Algérie. Le pouvoir colonial a toujours vu son autorité questionnée par les « indigènes », mais ce jour-là, des cortèges de manifestations arpentent les villes de Sétif et de Guelma pour réclamer l’indépendance. Les Français musulmans, les autochtones indigènes, sont des citoyens de seconde zone qui n’ont aucun des droits que les colons français se sont octroyés sur place. La colonisation de l’Algérie s’essouffle et les revendications deviennent pressantes. La réponse des autorités se fait par la violence et la police coloniale tire sur la foule. En France, on appelle ces évènements « les Pacifications ». La revendication n’est pas propre à l’Algérie, car le Maroc et la Tunisie expriment aussi leur désir d’indépendance, de même que Madagascar en 1947. La réponse française est toujours la même : la répression des civils. Le cas de l’Algérie est plus violent que celui des autres colonies, car c’est un département et donc sous un système administratif différent des autres pays colonisés qui fonctionnent sur le mode du protectorat. Le Maroc et la Tunisie obtiennent en effet leur indépendance en 1956, mais pour ce qui est de l’Algérie, la France refuse de lâcher son emprise. Pourtant, les discussions sont en cours dès la fin des années 50. Dès 1958, on voit apparaître sur le territoire français la lutte armée pour l’indépendance. Les Algériens sont en effet présents en France en bon nombre depuis les années 30, moment où ils sont recrutés pour les besoins économiques hexagonaux. Dans les années 30, un mouvement, l’E.N.A. (l’Étoile nord-africaine), exprime en France des revendications indépendantistes. Ces revendications s’affirment et se multiplient quand l’E.N.A devient M.N.A (Mouvement National Algérien), organisation indépendantiste à caractère laïque sous la direction de Messali Hadj. À partir de la fin des années 50, le FLN (Front de Libération Nationale) commence à gagner du terrain sur le M.N.A. en France et il fédère la population maghrébine en ajoutant une dimension religieuse ascétique pour les membres de l’organisation qu’il considère nécessaire pour parvenir à l’indépendance. Le F.L.N prône une lutte armée en France et commence dès 1958 à attaquer des commissariats et des installations pétrolières. La police est dépassée par le caractère insaisissable de l’organisation en Algérie et en Tunisie (car c’est là que la direction du parti est installée avant l’indépendance) et elle commence à utiliser tous les moyens possibles pour contrer le FLN À la tête de la police à Paris se trouve Maurice Papon qui instaure un couvre-feu contre les personnes de faciès nord-africain en 1958. En 1961, il décrète un nouveau couvre-feu. Les cafés arabes doivent fermer avant le crépuscule et les mouvements des Maghrébins sont interdits la nuit. On peut ajouter que, durant la journée, les contrôles d’identité sont tout aussi systématiques. En réponse à ce couvre-feu, le FLN organise une manifestation pacifique, invitant les membres de l’organisation à quitter les bidonvilles de banlieue et à se rendre dans Paris intramuros pour protester. Cette manifestation se veut néanmoins pacifique, car chaque Algérien est sommé d’amener femme et enfants. Les Algériens savent que cette manifestation peut être bloquée, mais ils choisissent de suivre les directives du FLN, et des dizaines de milliers de Maghrébins se donnent rendez-vous au centre de Paris pour remplir les grands boulevards aux environs de vingt heures trente, pour braver le couvre-feu et faire valoir leurs revendications d’indépendance pour l’Algérie. Les militants obéissent et trois cortèges de manifestants tentent d’entrer dans Paris. Les Algériens quittent donc les bidonvilles de Nanterre, de Colombes, de Courbevoie, de Puteaux et d’ailleurs pour pénétrer dans la cité. Mais la police, sous les ordres de Maurice Papon, a carte blanche pour bloquer les manifestations. Une partie du convoi parvient néanmoins à éviter les barrages que la police installe dans les métros et sur les routes pour contrôler l’accès au centre-ville. Elie Kagan, jeune photographe pour l ’Humanité, voit les Algériens surgir Boulevard Bonne-Nouvelle, au siège du journal, et il suit un des cortèges jusqu’à la place de la Concorde. Il y a des témoins qui se remémorent le silence et la pluie et des cortèges de manifestants qui parviennent à traverser le pont de Clichy, le Pont St Michel, le Pont de Neuilly, et qui envahissent la place de la Défense. À de multiples points stratégiques, la police est mobilisée et elle arrête en masse plus de 10 000 manifestants. Deux jours plus tard, des femmes algériennes tentent de regagner une visibilité en manifestant pour demander des comptes au gouvernement français et à la police sur le sort de centaines d’Algériens qui n’ont toujours pas reparu. La manifestation des femmes a lieu en vain.
Le 17 Octobre 1961 à Paris, il est prouvé que la police française a attaqué un cortège de manifestants algériens qui protestent contre le couvre-feu. La nuit est meurtrière et les corps des manifestants sont jetés dans la Seine. Plus de dix mille Algériens survivent à cette répression après avoir été parqués parfois plusieurs jours dans des stades, tels que le Palais des Sports et le Stade Coubertin. Ensuite, l’opération de nettoyage du massacre dans les archives et sur la place publique est efficace et de plus, la déclaration d’indépendance algérienne étant proclamée quelques mois plus tard, la perte du département français confirme en quelque sorte cet effacement. La nuit du 17 Octobre à Paris concerne une communauté immigrante qui a déjà scellé un lien de proximité avec la France. Il y a en France une migration de travailleurs algériens de masse, et comme l’indique Ahsène Zerhaoui, la famille alg

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