Rimbaud sous la poussière de Dume
235 pages
Français

Rimbaud sous la poussière de Dume , livre ebook

-

235 pages
Français

Description

Le "pouvoir magique" dont Rimbaud se targue dans Une saison en enfer se vérifie par ses effets dans l'oeuvre autobiographique d'un poète moderne, aussi éveillé que méconnu. Arion Dume, dans ses "carnets" de voyage, n'imite pas vraiment Rimbaud, dont l'empreinte est pourtant sensible dans ces Carnets. Mais les événements du hasard, notés par Arion au jour le jour, semblent transposer les moments clefs du destin d'Arthur. Arion incarne ainsi le "travailleur" qui pourrait succéder au Rimbaud "voyant" et poursuivre son oeuvre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 10
EAN13 9782336355146
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michel Arouimi

Rimbaud
sous la poussière de Dume

Essai

Rimbaud
sous la poussière de Dume

M I C H E LA R O U I M I

Rimbaud
sous la poussière de Dume

Essai

Du même auteur

CR I T I Q U E

L’Apocalypse sur scène, Paris, L’Harmattan,2002.
Magies de Levi: L’expérience picturale et littéraire de Carlo
Levi, Fasano, Schena,2006.

Les Apocalypses secrètes,Paris, L’Harmattan,2007.

Vivre Rimbaud, selon Ramuz et Bosco, Paris, Orizons,2009.

Jünger et ses dieux: Rimbaud, Conrad, Melville, Paris,
Orizons,2011.
Françoise Hardy, pour un public majeur, Paris, Orizons,
2012.
Rimbaud malgré l’autre, Lyon, JacquesAndré,2014.

Mylène Farmer: le monde comme il tangue, Paris, Hermann,
2014.

PO È M E S

Effets de serre, Paris, L’Harmattan,2010.

Paysages sous tension, Lyon, JacquesAndré,2012.

© L'HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-03744-8
EAN : 9782343037448

Sommaire

Avant-propos ............................................................11

I.
Je ne suis pas Rimbaud ?.............................................21
Frères de plume...........................................................25
Délirescontagieux......................................................33
Le spectre de Rimbaud................................................. 41
Imitatio ...................................................................... 59

II.
Peintures de l’« âmeunivers................................elle »77
Une technique non apprise........................................... 85

III.
Les mille échos d’unNocturne................................... 103
LaSaisonen soixante mots....................................... 131

IV.
«QUIa guidé ma main ? »........................................ 151
Un Harar philippin................................................... 161

V.
DéliresIII ................................................................ 173
Le Flux invisible dont la voix nous engendre............... 199
Êtrevoyant, se fairevoyant......................................207

8

« [Les] magies, lesalchimies, lesmysticismes[…] C’est
Satan quise charge de cela./Alorslespoètes sontdamnés.
Non, ce n’estpascela. »
RimbauFad («usse conversion », Brouillonsd’Une saison
en enfer)

Avant-propos

La grandeur d’un géniesevérifie dansl’influence,
immédiate oupas, qu’il exercesur
lesespritsdescréateurs. L’influence de Rimbaud, neserait-ce que dans
notre littérature, défietouslesmoyensde la mesurer. La
réputation dupoète estdue àun pouvoir de fascination
dontlesraisonsrestentmystérieuses. Claudel lui-même,
avantdesemer dans son œuvre dramatique descitations
de Rimbaud, a déclaré qu’une certaine phrase d’Une
saison en enferavaitété lasource deson propre génie.
Cetaveumasque le pouvoir de hantise, bien moins
conscient, exercé dans sonverbe poétique par
d’innombrablesformulesde Rimbaud. De même chezbien des
poètesouauteurscontemporains, à qui on ne peut
pourtantpasreprocher de manquer d’originalité.
Rimbaud aurait-il réussi à capter dans
sesœuvresl’innommable « inconnu», constituant unique de «
l’âmeuniverselle »(lettre du15 mai 1871), médiatisée parson
vNoerbe ?usne pourrionsplusne pasrecourir à ce
dernier pour exprimer notre être ?
Cette influence peutgénérerunsentimentde
concurrence, parfois toutaussi inconscient, mais si
embarrassantqu’ilsemble être, comme chezHenri
Bos

co, l’objet d’une interprétation quasi onirique dans ses
œuvres romanesques. Ce danger a été surmonté par
C.F. Ramuz, fasciné par l’aura de Rimbaud au point de
lui prêter, en 1915, les couleurs d’un mythe religieux. Il
faut,selon Ramuz, «Vivre etrevivre » Rimbaudsansle
copier. Ne levivre qu’en écrivant, aprèsavoir intériorisé
sesleçons? MaisRimbaud aspiraitàune confusion de
l’œuvre etde lavie. Commentle «revivre »alors,sans
« copier »leschoixdevie qui favorisèrentl’abandon de
son œuvre ?Embarrassante contradiction, inscrite
ellemême dansl’être de Rimbaud, comme entémoignesa
recherche d’ualchimie dne «u verbe ». —Si l’alchimie
se définitcomme la coïncidence desoppositions.

Lesréminiscencesdeson œuvre n’ontrien desi
remarquablesousla plume d’un auteur contemporain fort
méconnu: non pasdansles scénariosde filmsou
dramesinéditsque j’ai pulire de lui, maisdans
sesCar1
nets, journauxintimesrédigésaufil desannées, dans
lesquelsArion Dume (c’estle pseudonyme qu’ils’est
tardivementchoisi) évoque parfoisl’« œuv(impore
»s

1
Arion Dume,Carnets.Années 1970 à 2002, Paris: Talmart,2007.
CesCarnetsse composentde dix-neufsectionsou« carnets»titrés,
quisuiventla chronologie de lavie de Dume :« England/Le
songe-totalité/Balade auposte frontière/Fuméesdesgolfes /Le
signe du serpent /Moussonspour mémoire/La maison des
ombresqui bougent /Lesépulcre aérien/Asie/Laterretremble/
Un hiver d’Europe/People’spower/Oregon/L’ordure etla nuit /
Pinatubo/Ciné-nord/Kalinga nights /Platon, je crois, étaitmalade
/Poussière de Dume ».Dume prétend avoir fait un choixdans
l’ensemble desnotes, datéesla plupartdu temps, de ces« carnets»
intimes.

12

sible ?)à laquelle il souhaite consacrer sa vie. Cette
« œuvre » nomme avant tout ces journaux intimes,
justifiés comme un «exercice spirituel» qui, à l’heure où
j’écris, est toujours pratiqué parDume. La publication
(loin d’être exhaustive) de cesCarnets, parun éditeur
qui lesa préférésà d’autres« œuvres» de Dume,se
justifie parune étonnante maîtrise de la langue qui, aufil
desnotesqui formentcesCarnets,satisfaitl’idéal
ramuzien ducercle oudumouvementdesétoiles, modèle de
toute œuvre littéraire digne de ce nom.
Dès1970, danscescarnetsoùDume parlevolontiers
de lui-même à latroisième personne, le projetd’une
« ébauche de lui-même » estressenti comme instable, en
raison de l’absence de lien «entre cetteunité etcette
2
inquiète diversité »de l’être. Le jeune Ramuz, dans ses
journauxintimes,un peuavant1900, éprouveunsouci
analogue en observantlaville qui l’entoure. Etbientôt
Dume, comme Ramuz, envisageson œuvre à faire
3
comme «une recherche de Dieu» .

Les souvenirsde Platon etceuxde la philosophie
orientale n’ontfaitqu’aiguiser l’attention que Dume
porte auréel, avecunesubtilité qui estencore celle de
sonverbe, elliptique etprécis. En exemple de l’artde
Dume, j’évoqueraisesaveuxfugitifset si crusdes
tourmentsphysiques, parmi lesdangersqui le menacent
aucoursdesavie errante. Malgré l’absence de pathos
oude prétention littéraire, cesécueilsontl’air de grâces

2
Ibid., p.33.
3
Ibid., p. 51 (« Lesonge-totalité »).

13

et ne sont pas, sous la plume de Dume, différenciésdes
charmesde la réalité la plusquotidienne, investisd’un
pouvoir de fascination qui estcelui de l’ordre du
monde,tardivementressentisouslescontradictionsbi-
garréesduréel. Non moinsincertaine, d’aprèsle phrasé,
la différence de cesévocationsetdesbrèvespensées
philosophiques, pourtant sansrapportavec elles, dont
ces« carnets»sontconstellés. La poussière qui poudre
son corpsdans« Laterretoremble »,ucelle qui
déréalise le paysageurbain, devenurose, estl’image de cette
cohérence profonde dumonde extérieur.
Maisjetâcherai d’intéresser le lecteur à ce poète en indiquant ses
pointsde contactavec Rimbaud. Le mystère de cette
parenté accompagne celui de lavisiontranscendantale,
quis’affirme aufil deses« carnets».
Répondantà mesquestions sursontravail d’écrivain,
Dume justifiesescarnetscomme la possibilité d’un
« accèsà quelque chose de moi que j’ignore », autrement
dit soninconnu. Dume nesemble
pourtantpasconscientde l’empreinte laissée dans sa mémoire par l

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