Subjectivités et écritures de la diaspora francophone
196 pages
Français

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Subjectivités et écritures de la diaspora francophone , livre ebook

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Description

L'auteur objective quatre textes d'auteurs de la diaspora noire, à savoir : Moi, Tituba, sorcière... et En attendant la montée des eaux de Maryse Condé, Verre Cassé d'Alain Mabanckou et Le totem des Baranda de Melchior Mbonimpa. Elle tente de démontrer que les quatre romans représentent chacun l'évolution de la subjectivité noire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2015
Nombre de lectures 45
EAN13 9782336392448
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Bodia Bavuidi








Subjectivités et écritures
de la diaspora francophone

Maryse Condé, Alain Mabanckou et Melchior Mbonimpa
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-74255-7
Introduction générale
La question de la subjectivité se trouve à cheval sur deux disciplines connexes : l’essai philosophique, qui s’attache à signifier le sujet, et la littérature, d’où la fonction du romancier (qui) n’est pas […] de discourir sur la subjectivité mais de la rendre présente 1 .
En optant pour ce choix, l’étude de la subjectivité, nous estimons que si toute vérité s’enracine dans l’expérience vécue, la subjectivité est « le seul domaine dont il soit raisonnable et légitime de parler 2 ». Cependant, autant la pensée philosophique est élaborée à partir des valeurs des sociétés qui la créent, autant la littérature est le reflet de différents contextes sociaux. Dans cette optique, le choix d’une étude sur la question de la subjectivité dans l’écriture diasporique des Noirs tiendra compte de la diversité de cette diaspora. Le Noir ayant connu la particularité d’une histoire et d’une expérience existentiellement déshumanisante, la question corporelle est en jeu dans l’expression et la représentation de sa subjectivité. Lorsque les discours dominants choisirent de définir le corps du Noir en fonction de leur vision stéréotypée du monde, il s’ensuivit un processus de marginalisation raciale et d’exclusion de classe. Ce double processus s’accompagna de l’instauration d’une grille de lecture idéologique visant à évaluer négativement l’autre dans ses attributs identitaires. Nous montrerons dans le premier chapitre (en nous référant aux contextes de l’esclavage et de la colonisation), que cet état de fait donne lieu à une dialectique du dominant et du dominé.
Cette étude veut combler les lacunes des textes d’expression française aux motivations identitaires divergentes à propos de la subjectivité. Notre corpus est constitué de quatre textes d’auteurs de la diaspora Noire, à savoir : Moi, Tituba, sorcière… et En attendant la montée des eaux de Maryse Condé, Verre Cassé d’Alain Mabanckou et Le totem des Baranda de Melchior Mbonimpa. Par diaspora, nous entendons le résultat des migrations forcées et volontaires des ressortissants des peuples d’ascendance africaine. Ils ont en commun l’Afrique comme lieu d’origine, des expériences toujours complexes et non-unifiées de l’esclavage, de la colonisation, de l’adaptation, de l’inévitabilité du métissage, ainsi que l’idée toujours importante d’un possible retour aux sources. Nous tiendrons compte de la diversité inhérente à cette diaspora qu’on pourrait ramener aux trois catégories qui ont inspiré le choix des auteurs et des ouvrages : (1) les descendants des déportés lors de la traite atlantique des esclaves noirs, (2) les Africains qui ont récemment fui les diverses conditions de marginalisation dans leurs pays d’origine et (3) les immigrants volontaires. Les ouvrages et les auteurs choisis refléteront cette diversité et contribueront à cerner les modalités diverses du sujet de notre recherche.
Le choix de ces textes se justifie par le fait qu’ils soutiennent notre hypothèse. Ce qui revient à dire que le corpus représente les différentes étapes du développement de la subjectivité de la diaspora noire telles qu’elles se laissent saisir dans la littérature.
Nous adoptons une double définition de la subjectivité : elle se saisit d’abord comme conscience et expérience individuelles et collectives, mais aussi, selon Merleau-Ponty, comme « le particulier » par rapport à « l’universel ». Nous recourons à ces axes définitionnels de la subjectivité pour explorer les thèmes de la subjectivité et de la dispersion en rapport avec la diaspora noire francophone. Cette diaspora fait face à l’imposition de la langue et des valeurs culturelles françaises perçues comme supérieures aux valeurs et aux langues traditionnelles caribéennes et africaines. Le rapport problématique des auteurs à ces langues et à la langue française est présent à des degrés divers et de manières différentes dans chacun des ouvrages à l’étude. Si les quatre romans représentent chacun l’évolution de la subjectivité noire, l’œuvre romanesque de la Guadeloupéenne Maryse Condé incarne, de façon particulière, l’évolution collective de la subjectivité noire. Elle retrace le parcours historique du sujet africain dans le continent « mère » et l’affirmation de la personnalité culturelle négro-africaine dans la condition d’esclave, la diversité des résistances dans le système esclavagiste, ainsi que l’expérience de la créolisation et de la mondialisation. C’est le cas de son œuvre Moi, Tituba, sorcière… et de En attendant la montée des eaux.
Les parcours identitaires de Condé, Mabanckou et Mbonimpa sont manifestes dans leurs œuvres qui abordent des problématiques socioculturelles et historiques et qui éclairent de façon décisive la question de la subjectivité. Le rapport entre Moi, Tituba, sorcière… et Le totem des Baranda est facile à établir. Le rapprochement entre ces deux œuvres repose sur la référence historique et le fondement socioculturel. Les deux romans ont la forme du récit historique en même temps qu’ils s’énoncent à partir de l’expérience culturelle de la Guadeloupe et de l’Afrique interlacustre. Par ailleurs, leurs deux auteurs laissent entrevoir le devoir de l’écrivain de rendre justice à ses origines et d’assurer la survivance de la mémoire en la réhabilitant. C’est dans ce sens qu’après avoir constaté l’ignorance de l’histoire (même en milieu universitaire), Maryse Condé se résout à corriger cette lacune en tentant d’effacer une « biffure de l’Histoire 3 ».
On retrouve le même souci de correction dans Le totem des Baranda de Melchior Mbonimpa, qui s’inscrit « dans le projet d’informer le public et de sécuriser l’avenir des générations futures 4 » par la mission de conscientisation propre à la double nature épique et historique du texte. De par leurs fonctions sociales d’universitaires et d’écrivains, les deux auteurs participent ainsi à l’éveil historique des consciences en s’imposant comme garants de la mémoire collective. Si leurs imaginaires diffèrent sur bien des points, leur écriture présente néanmoins des analogies, puisque les deux romans circonscrivent un double espace socio-discursif où leurs personnages font la dure expérience de la domination et de la marginalisation que les deux écrivains dénoncent dans leurs fictions.
En attendant la montée des eaux et Verre Cassé mettent aussi en évidence une expérience de la marginalisation, cette fois dans le contexte contemporain de la mondialisation. Dans cette temporalité, la négociation du vécu dépend nécessairement des conditions sociales et économiques qui déterminent le milieu dans lequel le sujet évolue. Là où le sujet diasporique de Verre Cassé ne trouve que l’aliénation de son milieu d’origine congolais et l’assimilation comme choix absolu pour s’intégrer en France, celui de En attendant la montée des eaux fait le choix conscient de se désaffilier ou de s’affilier à des discours dominants qui tendent à inhiber son éthique de vie.
On remarque dans l’univers des romans de la diaspora une tension dialectique entre l’imaginaire caribéen ou africain et l’imaginaire occidental. Situé au carrefour d’histoires et de traditions diverses, le sujet diasporique est transnational. Il émerge de la négociation entre deux ou plusieurs espaces et expériences culturelles. Aussi, la subjectivité diasporique exprime le statut dynamique d’un soi flexible. En effet, les mouvements spatio-temporels de son vécu font de lui le produit de plusieurs rencontres. Non seulement ce vécu recèle une pluralité de mémoires, mais il est aussi engagé dans une perpétuelle relation conflictuelle dans les espaces multiples qu’il traverse. Au cours de son aventure, il doit constamment négocier son passage entre sa propre historicité et les règles de vie des milieux qu’il fréquente, entre son pass

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