Un marcheur
120 pages
Français

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Un marcheur , livre ebook

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Description

Quand il descendit du train en provenance de Portbou, ce soir de juillet 2005, rien, à première vue, ne le distinguait d’un homme mondialisé. "Il" est un homme parmi les autres, un voyageur. Qui revient sur ses propres traces, imprimées des années plus tôt à Barcelone. Un marcheur alourdi du poids des souvenirs passés. De retrouvailles en nouveaux départs, d’histoires d’amour en récits d’amitiés, des rivages de la Méditerranée au désert australien, c’est l’histoire d’une vie qui lentement s’esquisse… Remarquée pour ses recueils de poèmes, Françoise Meyze, qui maîtrise la langue avec une belle subtilité, livre aujourd’hui le portrait sensible d’un homme, mais aussi celui d’une ville, Barcelone, qu’elle semble connaître sur le bout du cœur. "Un marcheur"? Un roman à la simplicité étudiée, aux accents de sincérité et aux personnages véritablement incarnés, dont les lecteurs ne tourneront la dernière page qu’à regret.

Informations

Publié par
Date de parution 12 avril 2012
Nombre de lectures 6
EAN13 9782748383126
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Un marcheur



Du même auteur



Cimetière des nuages
Éditions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1975

Poèmes pour l’étrangère
Éditions Millas-Martin, Paris, 1979

Lunaire
Éditions Publibook, Paris, 2003

Éclats de terre

Vingt-six poèmes d’après la guerre
et une poignée de rêves
Éditions Publibook, Paris, 2005
Françoise Meyze










Un marcheur






















Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook :




http://www.publibook.com




Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les
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IDDN.FR.010.0117023.000.R.P.2011.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2012




Le temps d’avant



Quand il descendit du train en provenance de Portbou,
ce soir de juillet 2005, rien, à première vue, ne le
distinguait d’un homme mondialisé. Comme la plupart des
passagers, il portait un jean, un tee-shirt et une paire de
ces chaussures de sport qu’on désigne uniquement par leur
marque. Le fait qu’il posât à terre un léger bagage à main
et qu’il ajustât sur ses épaules un grand sac à dos n’avait
rien d’étonnant en cette période estivale. Sa manière de
regarder d’un côté et de l’autre et son expression à la fois
soucieuse et appliquée faisaient de lui un étranger de plus
qui arriverait pour la première fois dans cette petite gare.
Mais ce pouvait être aussi bien un passager préoccupé
(touriste ou habitant de la ville) qui se sait attendu et
cherche avec anxiété une présence sur le quai.
Peu de gens étaient descendus du train et, même si
quelques-uns portaient des valises, il n’aurait pas été
surprenant qu’il n’y eût aucun touriste parmi eux. La gare du
Clot-Aragó, en effet, n’est pas un lieu où se croisent les
*guiris qui visitent Barcelone. L’étranger qui débarquerait
ici, avec, dans ses bagages, les clichés les plus rebattus sur
la capitale catalane, serait assez déçu : nulle arabesque
gaudienne, pas la moindre touche de Modernisme, mais,
dans un grand hall terne, un unique café à peine visible. Il
penserait qu’il n’est pas arrivé à bon port, et pourtant la
gare du Clot-Aragó n’est pas située dans la banlieue de
Barcelone, elle est même assez proche de la très célèbre
Sagrada Família.

* Mot espagnol familier et péjoratif qui désigne les touristes étrangers
9 Alors, on pourrait penser que l’homme, qui est
descendu du train de Portbou et dont la maigre silhouette isolée
paraît à présent incongrue sur le quai, s’est trompé de
destination et qu’il va revenir sur ses pas avant le départ
imminent du train. Le claquement d’une portière derrière
lui le fait sursauter et il baisse les yeux vers le mince
viatique à ses pieds. Pendant quelques secondes, il semble
l’évaluer, puis, d’un geste un peu trop appuyé, il le
soulève et se dirige vers l’escalier mécanique en bout de quai
qui avale les derniers passagers.
10





Il traversa l’avenue Meridiana, ample et bruyante, et se
trouva face à la rue Rogent, long couloir balisé de grands
arbres. C’était une rue piétonne qu’il ne connaissait pas
car trop éloignée des quartiers où il avait séjourné. Il fut
heureux de voir les terrasses des cafés bondées. Les gens
parlaient fort dans ce mélange de catalan et de castillan qui
fait que le touriste se sent doublement étranger ici. Il avait
oublié les sonorités chantantes et rauques et sourit en se
rappelant ses difficultés à prononcer la jota et à rouler les r
– Jor-ge, articulait Nina, vas-y : Jor-ge.
La chaleur, tempérée par les arbres qui formaient une
voûte bruissante au-dessus de sa tête, isolait la rue,
s’immisçait dans un corps qu’il n’avait pas ménagé ces
derniers mois. À mesure qu’il avançait, les terrasses des
cafés s’espaçaient, mais il y avait toujours des gens assis
sur les bancs, conversant sur le pas des portes, certains le
saluaient : Bona nit, Buenas noches. Cela faisait si
longtemps que personne ne lui avait adressé la parole hors d’un
contexte précis, de préoccupations quotidiennes et
intéressées que des larmes lui vinrent aux yeux : c’était bon de se
sentir accompagné.
València, Mallorca, les longues rues qui traversent
l’Eixample se succédaient. La suivante, Rosselló,
terminait sa course sans gloire contre le rebord du trottoir de la
rue Rogent. À quelques mètres se trouvait l’immeuble.

Il appuya sur l’interphone. Une voix masculine à
l’accent allemand prononça quelques mots en espagnol –
Helmut, pensa-t-il – suivis d’un déclic. Il entra, avisa
l’ascenseur en face. Il aurait pu monter à pied mais son sac
11 à dos lui pesait et il se rappela que le deuxième étage
correspond à un quatrième en France puisque, après le
rez-dechaussée, il faut compter avec l’entresuelo et le principal.
La façade, découpée dans la brique rouge, l’entrée
modeste, avec ses boîtes aux lettres alignées, agrémentée d’un
palmier souffreteux, l’ascenseur exigu et poussif situaient
la construction de l’immeuble dans les années 60. Au
deuxième étage, un homme jeune et grand se détacha dans
l’embrasure d’une porte et s’avança vers lui en tendant
une main vigoureuse : Helmut, à quoi il répondit : Jérémie.
Ils suivirent un long couloir, faiblement éclairé, tandis
que Helmut faisait quelques commentaires brefs et
appliqués : ici, sa chambre, en face celle de Carlos et Sergi. Il
entrebâilla une porte : la cuisine. Ils arrivèrent au salon où
une fille, assise jambes repliées sur un canapé, regardait la
télévision. Elle ne les avait pas entendus venir, sans doute
à cause du volume sonore particulièrement élevé, car elle
sursauta lorsque Helmut, toujours aussi laconique, la
présenta : Laura. Elle eut alors un petit hochement de tête
sans quitter des yeux l’écran où Jérémie crut reconnaître
un dessin animé japonais.
— Voici ta chambre.
Helmut désigna une porte jaune à la peinture écaillée.
Elle se trouvait entre le salon et la salle de bains, mais,
bon, il n’y resterait qu’une semaine… Un cliquetis le tira
de ses pensées tandis qu’une rafale de mitraillette
ponctuait le dialogue survolté des Japonais. Helmut lui tendit
les deux clés de l’appartement et de l’entrée, les chambres
n’en disposaient pas. Par ce geste, il semblait lui signifier
que tout avait été dit. Sans doute un Espagnol se serait
montré plus prolixe, mais Jérémie ne s’attendait pas à être
accueilli à bras ouverts par des gens jeunes – presque tous
des étudiants, avait précisé Alain – qui avaient la moitié de
son âge.

12 En entrant dans la chambre, il fut saisi par l’odeur,
mélange âcre de renfermé et de tabac froid. L’écla

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