Corps et représentations: une liaison dangereuse ?
342 pages
Français

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Corps et représentations: une liaison dangereuse ? , livre ebook

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Description

Proposant un large panorama de l'état de la recherche sur les rapports complexes entre le corps et ses représentations artistiques, mentales, individuelles ou collectives, ce volume regroupe des articles issus de la recherche actuelle en histoire, en littérature et dans le domaine des arts en général. Cet ouvrage permet d'examiner les fondements des études du corps, en analysant dans le détail les articulations possibles entre des corps et des représentations, sources primordiales des investigations en sciences humaines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 56
EAN13 9782336363363
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Mouvement des savoirs
Collection dirigée par Bernard Andrieu
L’enjeu de la collection est de décrire la mobilité des Savoirs entre des sciences exactes et des sciences humaines. Cette sorte de mobilogie épistémologique privilégie plus particulièrement les déplacements de disciplines originelles vers de nouvelles disciplines. L’effet de ce déplacement produit de nouvelles synthèses. Au déplacement des savoirs correspond une nouvelle description.
Mais le thème de cette révolution épistémologique présente aussi l’avantage de décrire à la fois la continuité et la discontinuité des savoirs :
un modèle scientifique n’est ni fixé à l’intérieur de la science qui l’a constitué, ni définitivement fixé dans l’histoire des modèles, ni sans modifications par rapport aux effets des modèles par rapport aux autres disciplines (comme la réception critique, ou encore la concurrence des modèles). La révolution épistémologique a instauré une dynamique des savoirs.
La collection accueille des travaux d’histoire des idées et des sciences présentant les modes de communication et de constitution des savoirs innovants.

Déjà parus

Dana DUMOULIN, Le supplice de tantale, Apprivoiser la recto-colite hémorragique, 2014.
Edmond DESBONNET, Ma gymnastique des organes , 2014.
Matthieu QUIDU (dir.), Les Sciences du sport en mouvement, Innovations théoriques en STAPS et implications pratiques en EPS , 2014.
Françoise LABRIDY, Hors-corps, Actes sportifs et logique de l’inconscient , 2014.
Gérard FATH, Essai sur la laïcité postchrétienne , 2012.
Benoit GRISON, Bien-être / Être bien ? , 2012.
Matthieu QUIDU (dir.), Les Sciences du sport en mouvement, Innovations et traditions théoriques en STAPS , 2012.
Isabelle JOLY, Le corps sans représentation. De Jean-Paul Sartre à Shaun Gallagher , 2011.
Yannick VANPOULLE, Epistémologie du corps en STAPS , 2011.
Titre
Stéphanie CHAPUIS-DESPRES
Cécile CODET
Mathieu GONOD





Corps et représentations :
une liaison dangereuse ?
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71347-2
INTRODUCTION
LE CORPS ET SA REPRÉSENTATION : QUELQUES ENJEUX

Issu d’un colloque organisé en octobre 2013 à l’École Normale Supérieure de Lyon par de jeunes chercheurs, regroupés au sein du laboratoire junior « Corps : Méthodes, Discours et Représentations », cet ouvrage rassemble des contributions explorant les rapports complexes entre les notions de corps et de représentation. En voulant étudier leurs relations, ce livre propose de ré-explorer des oppositions qu’il nous semble important de mettre en lumière et d’interroger, à un moment où se multiplient les travaux sur le corps dans l’ensemble des sciences humaines.

Corps et représentation…

La dichotomie entre le corps réel, celui que je suis ou que l’autre est, et le corps représenté, tel qu’on le pense, qu’on le théorise ou qu’on le figure, constitue l’opposition première que les différentes contributions ont explorée. Elle renvoie à l’attitude de toute recherche critique, au surgissement de la pensée qui tente d’objectiver ce qu’elle théorise. Mais le statut de l’objet dont il est question – le corps – amène, par sa nature même, à limiter le degré possible d’objectivation : du corps, depuis le corps, nous pensons et, en le constituant en objet du discours, nous construisons un lien profond, qui ne peut être désamorcé, entre notre pensée du corps et notre corps, la condition même de notre pensée. Cet écart au sein même du corps se traduit par des dispositifs conceptuels qui ont tenté de le prendre en charge, de régler la distance entre le corps et la pensée, convertissant, ce faisant, le corps en un corps de sens. Ces dispositifs ont fort varié au cours de l’histoire et peuvent aller du dualisme le plus net, jusqu’à des formes de monisme qui, paradoxalement, réaménagent, dans l’unité des corps, d’importantes distinctions. Ainsi, certaines approches contemporaines issues de découvertes scientifiques récentes montrent la différence qu’il peut y avoir entre le vivant et la conscience, parce que le temps de la conscience est identifiable, (nous renvoyons à l’article de Bernard Andrieu), et qu’il ne recouvre pas exactement le temps biologique du vivant. Deux corps au moins émergent alors dans l’expérience du corps. Cet exemple montre combien l’étude du corps façonne elle-même l’objet dont elle parle. Quatre rapports fondamentaux de la pensée au corps nous semblent caractériser les approches proposées dans cet ouvrage : la volonté de rentrer dans le corps, soit directement, soit par une série de représentations, de métonymies (on lira à ce propos l’entretien avec Laurence Moulinier-Brogi), la volonté d’étudier le monde à partir du corps, de la façon dont il structure l’expérience (les approches phénoménologiques), l’influence du monde sur le corps (les approches sociologiques), et la possibilité de traduire dans un système sémiotique l’expérience du corps ou les réflexions qu’il suscite (les approches artistiques). Toutes ces approches mettent en œuvre à la fois le corps et ses représentations. Pourtant, dès qu’on envisage le corps par le biais des représentations, il semble insaisissable. Jean-Luc Nancy écrit à ce sujet :

Tantôt ce « corps » est lui-même le « dedans » où la représentation se forme ou se projette (sensation, perception, image, mémoire, idée, conscience) – et dans ce cas, le « dedans » apparaît (et s’ apparaît) comme étranger au corps et comme « esprit ». Tantôt, le corps est le « dehors » signifiant (point zéro de l’orientation et de la visée, origine et récepteur des rapports, inconscient), et dans ce cas, le « dehors » apparaît comme une intériorité épaisse, une caverne comblée, bourrée d’intentionnalité. Ainsi, le corps signifiant ne cesse pas d’échanger dedans et dehors, d’abolir l’étendue dans un unique organon du signe : cela où se forme et d’où prend forme le sens 1 .

On peut également penser que tenir un discours critique sur le corps n’est possible qu’en ayant conscience des risques, des enjeux, bref des liaisons dangereuses entre corps et représentations.

Ce point de départ, qui tente de décrire la situation du chercheur en sciences humaines face au corps, devient vertigineux, lorsque l’on ne cherche pas à penser le corps lui-même, mais à travers des media aussi variés que les œuvres d’art, le langage ou les pratiques sociales. Il devient alors urgent de préciser l’idée de représentation. Ce concept, comme le corps, repose sur des oppositions. Louis Marin, dans les études artistiques et philosophiques qu’il a consacrées à la représentation, montre bien cette contradiction, que l’historien Roger Chartier a également soulignée. La représentation signifie à la fois donner à voir un objet absent, « ce qui suppose une distinction nette entre ce qui représente et ce qui est représenté 2 », mais également « exhibition d’une présence, […] présentation publique d’une chose ou d’une personne 3 ». La représentation est donc le lieu d’une substitution « réglée par une économie mimétique 4 », c’est-à-dire assurant le lien de similarité entre ce qui est représenté et ce qui représente, et, simultanément, « l’acte même de présenter 5 ». Ces deux sens coexistent au sein même du procès représentationnel, ce qui conduit Louis Marin à entendre la représentation non comme un produit, un résultat, mais comme une activité :

[R]eprésenter signifie se présenter représentant quelque chose et toute représentation, tout signe ou procès représentationnel comprend une double dimension – dimension réflexive, se présenter ; dimension transitive, représenter quelque chose – et un double effet : l’effet de sujet et l’effet d’objet 6 .

Représenter le corps, c’est donc à la fois le remplacer par autre chose que lui-même, interroger, par le retour réflexif de la représentation, sa nature, affirmer sa présence, et rejouer ce qui s’apparente à la nature

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