40 boulevard Haussmann
257 pages
Français

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40 boulevard Haussmann , livre ebook

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257 pages
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Description

"40 boulevard Haussmann", c'est l'adresse des Galeries Lafayettes, le plus grand magasin du monde occidental. L'auteur, ancien directeur général des magasins du boulevard Haussmann de 1993 à 2006, retrace ici son parcours professionnel. Il nous livre les réflexions d'un homme qui, entré 40 ans auparavant dans cette entreprise familiale centenaire, s'est trouvé brutalement témoin de l'affrontement des "deux cousines héritières" dont la violence a fait la une des médias entre 2004 et 2005...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 292
EAN13 9782296813717
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

40, BOULEVARD H AUSSMANN
Graveurs de mémoire


Yvon CHATELIN, Recherche scientifique en terre africaine , 2011.
Pierre REGENET, Ma dernière pomme. De PRETY à Bissey, Chroniques en culotte courte , 2011.
Jean-Paul KORZEC, Dans l’ombre du père , 2011.
Rachel SAMUEL, On m’appelait Jeannine , 2011.
Michel LAPRAS, Culottes courtes et bottes de cheval, « C’était comment la guerre ? », 2011.
Béatrice COURRAUD, Non je n’est rien oublié… Mes années 60 , 2011.
Christine BELSOEUR, Une vie ouvrière. Un demi-siècle de parcours militant , 2011.
Jean-René LALANNE, Le canard à bascule , 2011.
Louis NISSE, L’homme qui arrêtait les trains , 2011.
Danièle CHINES, Leur guerre préférée , 2011
Jacques FRANCK, Achille, de Mantes à Sobibor , 2011.
Pierre DELESTRADE, La belle névrose , 2011.
Adbdenour Si Hadj MOHAND, Mémoires d’un enfant de la guerre. Kabylie (Algérie) : 1956 – 1962 , 2011.
Émile MIHIÈRE, Tous les chemins ne mènent pas à Rome , 2011.
Jean-Claude SUSSFELD, De clap en clap, une vie de cinéma (Récit) , 2010.
Claude CROCQ, Une jeunesse en Haute-Bretagne, 1932-1947 , 2011.
Pierre MAILLOT, Des nouvelles du cimetière de Saint-Eugène , 2010.
Georges LE BRETON, Paroles de dialysé , 2010.
Sébastien FIGLIOLINI, La montagne en partage. De la Pierra Menta à l’Everest , 2010.
Jean PINCHON, Mémoires d’un paysan (1925-2009) , 2010,
Freddy SARFATI, L’Entreprise autrement , 2010.
Claude ATON, Rue des colons , 2010
Jean-Pierre MILAN, Pilote dans l’aviation civile. Vol à voile et carrière , 2010.
Emile JALLEY, Un franc-comtois à Paris, Un berger du Jura devenu universitaire , 2010.
Jean Michel Hallez

En collaboration avec Marie-Christine Daunis


40, BOULEVARD H AUSSMANN
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55381-1
EAN : 9782296553811

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Le temps s’en va…
J’ai soixante-quatre ans. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai eu la hantise du temps qui passe. J’ai triché sur mon âge, comme une starlette, jouant sur le fait que je « faisais plus jeune ». J’ai détesté les anniversaires, les fêtes, les cadeaux, la célébration absurde et enjouée de ce temps à jamais perdu. J’ai fait bonne figure pour ne pas décevoir mes proches et mes amis, j’ai feint d’adhérer à la chaleur de leurs souhaits. J’ai défait les paquets et dénoué les rubans, remercié les donateurs, souriant d’une joie d’autant plus éclatante qu’elle était surjouée. Oh ! certes j’étais touché de la gentillesse de ma famille. Les attentions des enfants, en particulier, me sont allées droit au cœur. Mais, chaque année, la même angoisse sourde est revenue par longues vagues oppressantes. Une année de plus c’est une année de moins. Au diable les fêtes, les présents, les bougies, le vin qui pétille dans les verres effilés et allume des étincelles aux regards. Ce que je voudrais, le cadeau inaccessible convoité dans le fond de mon âme ce serait, comme dans les contes, la faculté d’arrêter le temps, d’en remonter le cours, d’être immortel.
J’ai souvent fait en sorte, pendant ma vie professionnelle, de prévoir un voyage lointain pour échapper à ces anniversaires que je maudissais. Je ne suis pas naïf pour autant… C’était un piètre subterfuge. Il est l’heure d’avoir les yeux ouverts ; à soixante-quatre ans, j’ai vécu beaucoup plus qu’il ne me reste à vivre. Je sais aussi que l’angoisse et la tristesse qui m’étreignent sont celles de la conscience de la fin inéluctable, d’un au-delà imprévisible. J’ai soixante-quatre ans et j’ai peur du noir, à l’heure où les ombres s’allongent, comme l’enfant que j’étais, sans doute, car nous changeons peu.
Pourquoi choisir, alors, d’aller fouiller dans le passé, m’objectera-t-on à juste titre. Pourquoi s’acharner à retrouver le fil détendu de la longue succession des jours ? Serai-je seulement capable de me souvenir, moi qui oublie si volontiers ce qui me gêne ?
Je n’ai pas de réponse précise ni même ébauchée à ces questions. Je pressens simplement que le moment est venu de rassembler les pièces, de composer un tableau avec les images éparses.
J’ai commencé à réfléchir à cette entreprise. Serais-je comme mon père dix ans avant moi, qui rédigea un joli livre de souvenirs intitulé « Septante-sept » ? Que ferais-je de plus surtout, dans l’évocation de mon enfance, alors que tout semble contenu dans le récit alerte et plein d’affection de cet homme à qui je dois tant ?
J’ai repris le livre de mon père, j’en ai relu les pages, j’ai mis mes pas dans les siens. L’enfant Jean-Michel qu’il évoque avec une tendre bienveillance n’est pas tout à fait le moi balbutiant et diffus dont j’ai le souvenir. Un être n’est jamais réductible au regard des siens, si attentifs soient-ils. Je ne pourrai pas éluder le retour vers les sources, vers le continent perdu de l’enfance. Quelques images s’en détachent encore nettement, j’y reviendrai.
Il me faudra aussi dénouer les longues années de ma vie professionnelle, raconter les joies, les doutes, les ambitions. J’ai eu de la chance, beaucoup de chance, moi, l’autodidacte, de suivre une trajectoire brillante, de griller au passage les diplômés des grandes écoles, les héritiers, les prétendants légitimes… J’ai eu la rage au cœur d’y arriver. Pour cela, il a fallu faire plus, toujours plus. Mieux, toujours mieux. Avoir plus d’idées, travailler davantage pour affirmer mon droit à être monté si haut. J’ai eu la chance d’être entouré de gens exceptionnels, les membres de la famille Meyer, en particulier. J’ai voulu aussi, car je les admire et je les estime, ne jamais les décevoir et je suis heureux de cela.
À travers ce livre je veux aussi et surtout dire ma vérité de témoin proche des deux familles fondatrices et en profiter pour exprimer ma gratitude à leur égard.
Mais parlons net, l’heure n’est plus aux précautions oratoires ou aux pieux mensonges dans l’entreprise que j’ai choisie… Ces quarante années de travail, ces voyages, cette obsession du dépassement ont servi aussi à arrêter le temps, à flouter les contours de l’échéance fatale qu’il me faudrait, rendu à moi-même, affronter. L’action est une drogue, un alcool qui noie les souvenirs, leur donne un tremblé vaporeux à la Turner, les rend aimables. L’action divertit. Elle m’a fait négliger la leçon du père Jouandet, mon directeur de conscience, comme on disait autrefois, au temps où j’étais scout. J’ai entretenu avec lui une correspondance suivie pendant trois ou quatre ans. Il préconisait, à titre d’exercice spirituel, le retour sur soi, l’examen de conscience :
« Demande-toi chaque matin pourquoi tu es là aujourd’hui, quel va être ton rôle, ta contribution à la vie de ta famille, à ton travail » écrivait-il.
« Demande-toi chaque soir ce que tu as apporté par ta présence et tes actes, au sein de ta famille ou de ton entreprise. »
Il va de soi que le père Jouandet avait surtout le souci des hommes. J’ai entendu les mots du père ; plus tard, bien plus tard, dans la bouche d’un directeur général des Galeries Lafayette avec qui je n’ai – heureusement ! – pas eu le loisir de collaborer bien longtemps. Il sortait aussi de chez les jésuites et adoptait volontiers leur rhétorique efficace. Pas sûr pourtant que l’homme ait été au centre de ses préoccupations…
Mais, trêve de longs préambules, il me faut maintenant, sans faiblir et sans reculer, affronter de regarder ma vie sans complaisance, dans l’espoir de pérenniser le souvenir de tous ceux qui m’ont, au passage, soutenu, aidé et aimé.
Petite enfance
Ma mémoire est incertaine. Je suis bien incapable de restituer une histoire cohérente et continue de mes premières années. Quelques images brillent d’un éclat plus vif, le trait qui en cerne les contours est plus net. Elles évoquent des souvenirs qui, mis bout à bout, composent un inventaire à la Prévert, hétéroclite, sans logique, sans cohérence temporelle souvent : qu’importe, j’ai choisi de les res

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