Chrétienne en terre d islam
190 pages
Français

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Chrétienne en terre d'islam , livre ebook

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190 pages
Français

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Description

Ce témoignage se présente comme une autobiographie du parcours de cinq années de la vie de l'auteur: sa rencontre avec un immigré algérien, son mariage, son enfant, puis le chômage et enfin l'immigration en Algérie. Sans une once de haine pour ce pays, malgré les difficultés, l'écriture est devenue le moyen pour elle de réaliser sa responsabilité dans sa situation. Ce livre constitue la résilience de l'auteur, ce qui lui permet d'être la femme qu'elle est maintenant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 117
EAN13 9782296466272
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Chrétienne en terre d’Islam
Graveurs de mémoire

Dmoh BACHA, Palestro. Lakhdaria, Réflexions sur des souvenirs d’enfance pendant la guerre d’Algérie , 2011.
Robert PINAUD, Dans la gueule du loup , 2011.
Lina BATAMI, Algérie , mon enfance v(i)olée , 2011.
Jean-Paul FOSSET, Histoire d’amour, histoire de guerres ordinaires. 1939 - 1945… Évian 1962 , 2011.
Oruno. D. LARA, La magie du politique. Mes années de proscrit , 2011.
Jean Michel HALLEZ, 40 boulevard Haussmann , 2011.
Yvon CHATELIN, Recherche scientifique en terre africaine , 2011.
Pierre REGENET, Ma dernière pomme. De PRETY à Bissey, Chroniques en culotte courte , 2011.
Jean-Paul KORZEC, Dans l’ombre du père , 2011.
Rachel SAMUEL, On m’appelait Jeannine , 2011.
Michel LAPRAS, Culottes courtes et bottes de cheval , « C’était comment la guerre ? » , 2011.
Béatrice COURRAUD, Non je n’est rien oublié … Mes années 60 , 2011.
Christine BELSOEUR, Une vie ouvrière. Un demi-siècle de parcours militant , 2011.
Jean-René LALANNE, Le canard à bascule , 2011.
Louis NISSE, L’homme qui arrêtait les trains , 2011.
Danièle CHINES, Leur guerre préférée , 2011
Jacques FRANCK, Achille , de Mantes à Sobibor , 2011.
Pierre DELESTRADE, La belle névrose , 2011.
Adbdenour Si Hadj MOHAND, Mémoires d’un enfant de la guerre. Kabylie (Algérie) : 1956 – 1962 , 2011.
Émile MIHIÈRE, Tous les chemins ne mènent pas à Rome , 2011.
Jean-Claude SUSSFELD, De clap en clap , une vie de cinéma (Récit) , 2010.
Claude CROCQ, Une jeunesse en Haute-Bretagne , 1932-1947 , 2011.
Pierre MAILLOT, Des nouvelles du cimetière de Saint-Eugène , 2010.
Georges LE BRETON, Paroles de dialysé , 2010.
Chantal MEYER


La Chrétienne en terre d’Islam

Récit


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55346-0
EAN : 9782296553460

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A Nicole… ce petit ange
qui m’a donné l’envie d’écrire


Ce livre est dédié à mon Oulidi (mon fils)
A Josette Toniolo
Tous les mots de la langue de Molière
Ne suffiraient pas pour te témoigner ma gratitude et
De l’amour que je te porte…
A toi ma mam’s adorée, je n’aurai pas assez de ma vie
Pour te dire simplement merci de m’avoir accompagnée
Durant ces deux années pour donner œuvre à mon livre
La voix douce et claire comme le fleuve d’une rivière,
Lauriane a le timbre d’une philosophe et de la philosophie.
Elle a ce naturel, à rendre la vie si belle, poussée par le vent comme par enchantement.
Sans bousculer le cours de mon livre, elle a contribué à sa mise en page et en a changé le temps.

Je remercie pour leur soutien ma fille Claudia, et mes amis Joëlle, Fabienne, Bernadette, Gaston, Olivier, Jean-Jacques, mamie Odette, Thierry, Jacky, Malick et sa femme Youmaly.
Débarquée au mois de décembre. L’avion se pose. Médusée, j’arrive enfin. Quel destin m’attend avec mon enfant ?
Beaucoup de bruits, une langue que je ne comprends pas… Je suis :

En terre d’Islam.

L’attente à la douane, la fouille des bagages… Un douanier me dévisage, puis en français me demande mes papiers. J’esquive ce qui se passe autour de moi. On me rend mon passeport, j’aperçois mon mari, il m’embrasse, prend notre enfant, on se dirige vers la sortie.
Que de couleurs sur cette terre brûlée par le soleil qui a cogné tout l’été ! Un manque d’eau et pourtant tout est beau.
Des champs cultivés à perte de vue, des figuiers aux oliviers, des orangers en passant par les dattiers il faut que je retienne cette date !

Décembre quatre-vingt-deux.

Algérie, j’ai quitté mon pays pour venir vivre chez toi à deux heures de Paris. Je n’ai pas de famille ici, encore moins d’amis, cependant… Il va falloir m’adapter et apprendre à parler l’arabe , que je souhaite doser avec respect comme le sirop d’érable un peu sucré.

Brusquement des gens se bousculent à l’arrivée d’un taxi aussitôt pris d’assaut. Ses passagers ont du mal à s’extraire du véhicule, la scène est insolite, six personnes en descendent, presque titubantes. Je suis ébahie.
Parmi la foule, je suis surprise de voir des hommes coiffés d’un turban enroulé de façon singulière. Des femmes voilées portant leur gouffa (panier) font leur marché. L’étal de fruits, de légumes est à même le sol. Parmi des senteurs dont l’arôme renferme tant de particularités, je m’évade et savoure en pensée des plats subtilement épicés.
A mesure que j’avance, j’observe quelques quidams assis sur des charrettes tractées par des chevaux, qui attendent qu’on les sollicite pour une livraison. Epuisée, mélancolique, je deviens une immigrée. Face à la mer mon cœur se serre.

Oubliant qu’il était immigré, Djamel, mon mari, a vécu trente-deux années dans mon pays de liberté, évoluant dans une société où jamais il n’aurait pensé être confronté à de telles difficultés.
De l’espérance à l’errance, la balance a fini par pencher. Ne plus se sentir désiré dans ce pays que l’on aimait…

Notre amour grandissant a fait qu’un jour de décembre, nous nous sommes dit oui. La mixité de notre couple se voulait espoir.
Très jeune, grâce à un ami, Djamel avait appris le métier de mécanicien, qu’il exerçait avec passion. L’opportunité de se mettre à son compte s’était ensuite présentée.
Avec beaucoup de sérieux, il a tenu deux ans et c’est après que tout a basculé.
Les premières difficultés financières sont apparues, et pour cause : le garage se trouvait à la sortie de la ville, une situation mesurée car son associé, exerçant dans le centre, s’était engagé à lui céder une partie de sa clientèle.
Parole que l’on dit avant , ensuite il y a un pendant , puis un perdant.

A cette période on commençait à entendre un vent de Français d’abord. Avoir des projets d’avenir devenait compliqué.

Maman avait quitté la Lorraine pour le sud, elle nous avait proposé de la rejoindre dans l’espoir qu’il y serait plus facile de trouver un emploi.
Dès notre arrivée, par le biais d’une annonce, nous avons appris qu’un appartement meublé s’était libéré : ses propriétaires avaient été mutés à l’étranger.
A Toulon, mon mari a rapidement trouvé un emploi dans une grande concession. A l’essai, il donnait le maximum de ses capacités.
Son chef d’atelier ne tarissait pas d’éloges à son sujet et Djamel ne s’attendait pas à un refus de la direction. Son supérieur désappointé lui a annoncé : « J’ai argumenté en votre faveur mais rien n’y a fait. Confidentiellement, il m’a été rapporté : On embauche français d’abord ! »
Comment accepter que, pour travailler, il faille être français ? Jusqu’ici sa couleur et ses origines n’avaient pas entravé la vie de Djamel.
Dans la voiture mon mari m’annonçait ce qui lui avait été rapporté. Je hurlai, sortis du véhicule sans même regarder, perdue par le bruit des klaxons. Je me retrouvai au milieu d’un rond-point.

En pleurs je déambulais, soudain une pensée pour mon père surgit.
Il ne souhaitait pas que sa fille se marie avec un homme de couleur , de surcroît un A lgérien.
En mille neuf cent soixante-dix-sept , ce n’était pas courant , j’étais en avance sur mon temps.
Cette année fut aussi celle de son décès emporté par une pleurésie, j’étais foudroyée par ce coup du sort, quel malheur juste avant mon mariage.
La désapprobation de papa se lisait chaque jour dans son regard.
Maman l’avait raisonné nombre de fois pour qu’enfin il accepte et finisse par dire oui.
Sa résignation était un geste d’amour. Inlassablement me revient la même pensée, celle de lui avoir gâché les derniers mois de sa vie.

Notre mariage a bien eu lieu à la fin de cette même année mais sans la robe blanche que j’avais choisie un dimanche sur catalogue.
Papa m’avait fait la promesse de m’accompagner la semaine suivante pour me l’offrir. Celle-ci s’était envolée avec lui, la vie en avait décidé ainsi.
Devant son cercueil, au fond de moi, je criais : « Pourquoi ? » Je n’osais pas regarder son visage mais caressais son bras, celui que j’aurais dû prendre sous le mien. Je ressentais un grand vide, je comprenais mieux à présent ce que papa voulait dire à propos du racisme.
Nous qui avions le

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