Divagations
86 pages
Français

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Divagations , livre ebook

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Description

Il s'agit là des accidents qui endommagent un esprit hanté dans la psychose par un temps et un espace obsédants. Paysages désertés par leurs formes et leurs couleurs. Pensées décomposantes qui harcèlent ce moi souvent rapetissé dans son corps jusqu'aux dernières sensations, ou agrandi subitement selon le souffle anonyme des témoins de son vertige...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336693880
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Copyright





















© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http ://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub: 978-2-336-69388-0
Collection Arts thérapie



Collection Arts : thérapie
Dirigée par Henri Saigre

La collection veut contribuer au large débat qui traverse les différentes orientations de l’art-thérapie et de l’art transformationnel. Elle s’intéresse, sans dogmatisme, à leur histoire ainsi qu’à l’expression des fondamentaux de leurs différentes écoles de pensée, à l’écoute des pratiques singulières, à la relation des colloques et des congrès où se brassent les idées, à leur dimension sociopolitique. Elle souhaite également, en publiant des monographies, continuer à questionner les rapports entre l’art et la folie.

Déjà parus

Renate Perrion-Klee et Didier Antoine, Musique pour tous ! Quand le handicap n’est plus un obstacle , 2014.
Henri Faivre, Survivre. Mythes et transgressions en art-thérapie , 2013.
Nicole Derda et Yves Lefebvre (ouvrage collectif), Art-thérapeute en écriture , 2013.
Bela Mitricova-Middelbos, Schizophrénie et création artistique , 2013.
Isabelle Schenkel, Le Clown thérapeute , 2013.
Jimi B.Vialaret, L’arthérapie d’un lien art et médecine : Manuel du futur étudiant (vol.1), Prolégomènes, références, typologies (vol.2), Ethique, esthétique, sollicitude (vol.3), Créativité, juridisme, épistémologie (vol.4), 2012.
Henri Saigre (ouvrage collectif), Manuel d’art transformationnel, Quelques fondamentaux et expériences cliniques du MAT , 2011. André Fertier, Musicothérapie, Fantasmes et réalités , 2011. Claude Lorin, Guérir par le théâtre thérapeutique, Essai de psychodrame existentiel , 2010.
Henri Saigre, Deviens qui tu seras , 2009.
Du même auteur



Du même auteur


Le thrène des jumeaux, 1976, Editions Le Pont de l’Epée
Une persuasion, Revue Poésie, n°37, 1986, Editions Belin
Le Songe, Revue Poésie, n°79,1997, Editions Belin
Etudes de fragments, Revue Poésie, n°90, 1999, Editions Belin
Les crépuscules de l’angoisse, préface de Serge Lebovici 2000, Editions L’Harmattan
Les dépressions de la pensée chez Wittgenstein,
L’Etrangère, n°3, Bruxelles, 2003
Mallarmé, une hantise, préface de Miche Deguy, 2003, Editions L’Harmattan
Serge Lebovici tel que je l’ai connu,
Revue de psychiatrie française, mars 2004
Petites histoires de la pensée, 2006, Editions L’Harmattan
Tailleurs de rêves, 2009, Editions des Vanneaux, ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre
Dédicace


pour le docteur V.
Première partie Mes pensées

Mes pensées
Il y a des gens qui lisent dans mes pensées. De cela je suis sûre. D’ailleurs ils ne se contentent pas de lire dans mes pensées. Ils les voient . Ils me dépouillent ainsi de mon intimité. C’est justement parce qu’ils savent traverser ma tête qu’ils prennent un plaisir pervers à m’acculer devant cette certitude : on lit dans mes pensées. On les guette pour mieux les détruire. Ils sont tous pareils à des diables qui veulent me séduire pour mieux me détruire. De cela, je suis sûre. Lorsque je ne les tiens pas en mains, mes pensées s’engourdissent. Comme mon corps. J’ai l’impression de flotter au lieu de me lever. Ils profitent de ces heures narcotiques pour mieux m’apeurer. Car c’est essentiellement dans ces moments redoutables que je suis transparente. Au lieu de les repousser, je les laisse me saisir. Je deviens ainsi une proie idéale pour que l’on puisse voir mes pensées. Perpétuellement en instance de devoir me justifier au fur et à mesure que mes pensées leur deviennent visibles. Je devrais marcher au dehors afin de réfléchir au moyen de les éviter mais je reste couchée, voyant moi-même mes propres pensées filer dans d’autres têtes. Cela ressemble à quelque chose de morbide mais je ne peux rien changer à la terreur qui me bouleverse lorsque je sais que les gens viennent de voir ne serait-ce qu’un lambeau de mes pensées. Je devrais écrire, décrire, dire ce qui se passe en moi quand les gens voient mes pensées et pourtant je m’y refuse car je me dis que si je décris ce processus, je serais contrainte de citer mes propres pensées. Je deviendrais leur complice et cela, comme je viens de le dire, je m’y refuse. Que le dedans soit traqué par le dehors et que le dehors à son tour prenne la place du dedans me livrerait corps et âme à mes ennemis. Même s’ils se disent mes amis, ils n’attendent qu’une chose : pénétrer dans mon esprit afin de le détruire comme je l’ai déjà dit et en extraire mes pensées les unes après les autres. D’ailleurs je suis si habituée à ce qu’ils lisent dans mes pensées que lorsqu’ effectivement mes pensées sont à la merci de n’importe qui, je trouve cela normal, de même qu’est normale la peur qui m’accompagne alors. C’est surtout quand le soleil est le plus fort que je suis harcelée par tous ceux qui souhaitent me détruire parce qu’ils savent comment me faire glisser le long de mon corps de sorte que je n’ai plus une pensée à moi. Ils me poursuivent jusque dans les recoins de mon sommeil. Ils parlent avec mes mots, les préférant aux leurs s’il s’agit d’engourdir ma tête et de m’étourdir. Quand je dis que mes pensées leur appartiennent, parce que de cela je suis sûre, je ne peux plus me rendre compte où s’arrêtent leurs pensées et où commencent les miennes. Il me semble qu’ils aspirent ma tête pour mieux la réduire à un magma de choses inutiles puisqu’ils s’approprient les choses utiles. Me laissant errer à travers les circonvolutions de mon cerveau. Ils me disent à chaque fois tout ce que j’avais pensé auparavant, me contraignant alors à les écouter, c’est-à-dire à m’écouter . Bref, quand ils voient dans mes pensées, je me transforme en une spirale qui fait aller et venir tout ce qui m’est néfaste si bien que je retombe malade. Désormais, ce sont les autres qui sont à l’écoute de mes pensées, prêts à les capturer pour me hisser hors de ce monde crépusculaire.

Un frôlement
Bien souvent, j’ai le sentiment de ne pas exister ou encore de frôler quelque chose comme mon existence. Alors, je me fais l’effet d’une transparence dans laquelle je me diffuse pour disparaître. Je suis seulement, absolument, une ressemblance. Ma voix se dissocie de mon existence, quand se retire cette existence. Elle vient du grand froid de l’angoisse, de la blancheur des banquises. C’est une voix qui s’enlève. Une voix venue d’ailleurs. Comme un chantre sans pupitre, je me faufile dans les antiennes du monde. Je me glisse dans leurs partitions. Si étranges qu’elles me font étrangère à moi. Mon visage stupéfié s’y emballe, devient nerveux et se quitte. Puis, très vite, ce que j’ai ensorcelé se dissout dans la déhiscence. Comme si j’avais perdu mon corps, j’ai le sentiment de marcher sur l’horizon. Les voix de mes anciennes ballades tombent tout étonnées dans ma tête. A leur suite, je m’agrippe à tout ce que j’aime dans le son – les timbres très bas à flanc de grotte. Et voici que le puissant écho m’avale en avalant ma voix. Jusqu’à ce que, fatiguée par ce corps-à-corps, je veuille me reposer. Et cette sensation de ne pas exister n’est plus que le frôlement de mon moi dissout.

La chose
Il arrive parfois qu’une chose qui a forme humaine m’habite et me divise, jetant le trouble dans mon sommeil. Cette impression est vêtue des défroques de mes hantises. Son regard sûr, fixe comme celui d’un bas-relief, accélère mes palpitations. Pressée d’agir, elle vient me chasser sans tarder de mon lit. Je me réveille terrorisée. Une pluie de peur déjà mouille mes cheveux quand je pense que j’allais perdre ce seul lit où je peux détendre mes nerfs. Je sens que se brisent les nombreux rituels dont je m’entoure pour conjurer la peur. Aussitôt je comprends que mes remèdes se montreront désormais inefficaces, que la chose a commencé d’empoisonner mes pensées. J’épie les bruits dans ma chambre car j’ai peur de tout ce qui est insolite. Et maintenant je me sens frôlée par la chose dans tous les recoins de mon corps. Les aiguilles du réveil font entendre des sons tout en restant immobiles. Puis la chose disparaît sous un voile de poussière. Je voudrais sortir de chez moi mais je sais que cette impression me rattrapera car elle m’a envahie de toutes parts. La chose maintenant se découpe dans les rideaux. Je me sens si lourde que je tombe sur mon lit, le visage enseveli dans ma hantise. Ce qui m’obsède se met à grimacer de satisfaction car il ti

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