Enfants d Ararat
224 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Des rescapés du génocide de 1915 aux Arméniens venus d'une Arménie libérée du joug soviétique en 1991, en passant par ceux qui ont fui l'oppression en Turquie dans les années 70/80, cet ouvrage retarce à travers leurs témoignages, l'histoire de ces Français d'origine arménienne pour qui intégration et respect des valeurs de la République sont une ligne de conduite. Depuis près d'un siècle, ils tentent de faire le deuil de leurs morts face à la Turquie dont les aspirations européennes constrastent avec son amnésie des événements de 1915.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296534513
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Graveurs de Mémoire
Cette collection, consacrée essentiellement
aux récits de vie et textes autobiographiques,
s’ouvre également aux études historiques
*
La liste des parutions, avec une courte présentation
du contenu des ouvrages, peut être consultée
sur le site www.harmattan.fr
Titre
Françoise Rossi






ENFANTS D’ARARAT

Témoignages pour la reconnaissance du Génocide Arménien

Préface de Youri Djorkaeff
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-66419-4
Citation

« Il y a trois temps :
le présent du passé c’est notre mémoire,
le présent du présent c’est notre action,
et le présent du futur c’est notre imagination. »
Saint Augustin
Dédicace

À Taline et Chaé
PRÉFACE
Je suis né en 1968 à Lyon, mais c’est dans sa banlieue Est, à Décines, fief des Arméniens de la région Rhône-Alpes, que j’ai grandi.
À ma naissance, mes grands-parents avaient changé de métier : de cafetiers, ils étaient devenus confectionneurs. Cette profession permettait à l’ensemble de la famille de travailler, mes quatre oncles s’activaient à trouver les tissus pour les revendre chez les détaillants ou les exposer sur les marchés de la région.
J’ai toujours été très proche de mes grands-parents. Nous avons toujours eu la chance de partager la même maison, au début la leur, puis celle de mes parents, construite sur le terrain opposé, plus grande pour habiter tous ensemble.
Nous vivions en communauté, et en grande famille que nous étions, notre maison était constamment pleine de monde : des amis, des cousins, des connaissances, ou encore des amis d’amis de passage à Lyon. Je la surnommais « la maison du peuple ». Nos week-ends étaient rythmés par les matchs de foot et les longs repas, les longs repas et les matchs de foot ...
Tout au long de ces années (jusqu’à ce que je parte de chez moi à 15 ans pour rentrer au centre de formation de Grenoble), et malgré cette grande proximité et ces nombreux moments de complicité, je n’ai jamais vraiment entendu mes grands-parents parler de leur jeunesse ou de leur pays, ils ne m’ont jamais raconté leur exil, je n’ai jamais entendu mes grands-parents parler du Génocide... Pour eux, l’essentiel était de nous transmettre des valeurs, valeurs que nous transmettons aujourd’hui, à notre tour, à nos enfants.
Enfants, nous étions à l’écoute des rares histoires qui filtraient grâce à des amis de passage à la maison, mais jamais nos anciens ne laissaient le temps à la haine, à la tristesse, à la mélancolie ou à la révolte, de s’installer au sein de notre foyer dans leur pays d’adoption.
Quand Françoise m’a contacté, j’ai été très enthousiaste à l’idée qu’elle aille recueillir ces témoignages, des récits qui se transmettent de bouche à oreille, souvent par bribes. J’étais très impatient de lire l’ensemble de ces destins mis bout à bout, de découvrir chaque parcours, d’avoir en main ce recueil permettant ainsi à notre mémoire collective de perdurer.
J’ai trouvé nécessaire ce projet, et courageuse la volonté de Françoise d’aller au-devant des difficultés afin de rassembler les récits de ces personnes pudiques et pleines d’humilité, de ces apatrides ou descendants issus d’apatrides qui avaient volontairement enfoui leurs traumatismes afin de continuer à vivre, de s’intégrer et ainsi devenir des Français à part entière. Elle les a aidés à raconter leur histoire, un moyen pour nous d’exprimer toutes ces horreurs, et tenter de panser nos plaies dont le sang ne cesse de couler.
Notre tragédie a été physique. Elle a été et demeure aussi morale avec cette dénégation persistante du Génocide par les Turcs. Sans la reconnaissance du génocide, sans ce Pardon que le gouvernement turc refuse et réfute toujours, nous ne pourrons jamais faire le deuil de nos morts.

À Hrant Dink,
Youri Djorkaeff
INTRODUCTION
Pudeur. Voilà un des mots qui a toujours caractérisé les Français d’origine arménienne, c’est sans doute pour cela que, même au sein des familles, l’histoire des anciens est très peu connue, toutes les souffrances et les humiliations endurées n’ont jamais été les sujets de discussion privilégiés. C’est au début des années 20 que Marseille a vu ces apatrides arrivés par bateaux, ils avaient quitté la Turquie après avoir rejoint, non sans mal, la Syrie, le Liban ou la Grèce. Des centaines d’hommes, de femmes et d’orphelins, survivants des déportations, témoins des massacres, rescapés d’un véritable génocide orchestré par Talaat Pacha alors à la tête du gouvernement Jeune-Turc en 1915, débarquaient dans la cité phocéenne pour renaître de leurs cendres. Abnégation, respect des valeurs étaient la ligne de conduite de ces apatrides venus travailler, sur cette terre d’accueil, la France, avec comme objectif, s’intégrer, devenir des Français à part entière.
Liberté, Égalité et Fraternité, voici en trois mots ce qui a attiré dans les années 70/80 de nouveaux Arméniens, pour la plupart des notables ayant soigneusement organisé leur départ de Turquie et leur installation en France ou aux États-Unis. Ils voulaient fuir l’ambiance pesante des humiliations quotidiennes et du négationnisme, avec l’espoir de retrouver ailleurs une identité, leur identité.
La France, pays de droits de l’Homme, pays qui compte aujourd’hui plus de quatre cent cinquante mille personnes d’origine arménienne, dont environ cinquante mille dans la Vallée du Rhône et près de cent mille en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, voit arriver à la fin des années 90, début 2000, une immigration plus économique. Elle concerne les Arméniens venus d’une jeune Arménie libérée du joug soviétique avec la proclamation de son indépendance le 21 septembre 1991.
Avec près d’un siècle d’histoire, cette communauté, dont les familles sont le plus souvent éclatées pour des raisons d’emploi ou de mariage, n’est pas figée et ne l’a d’ailleurs jamais été. La question a été de savoir comment délimiter géographiquement la communauté arménienne de la Côte d’Azur. Cela peut paraître d’une évidence déconcertante et pourtant ! La cité arménienne et son Église sont, comme toutes les autres communautés arméniennes à travers le monde, un repère, un point de rencontre, un lieu d’échanges et de solidarité, pour toutes ces générations issues d’apatrides. Recueillir des témoignages n’a pas été chose aisée. Entre cette pudeur inhérente qui a malgré tout laissé place à l’Histoire, l’objectif commun étant de préserver la mémoire collective, et la dispersion des membres d’une même famille, famille bien souvent très grande, il n’était pas rare qu’une personne interviewée m’invite à contacter un oncle, un frère, une cousine vivant dans d’autres régions de France, car justement, c’était « le » membre de sa famille capable de donner plus de détails sur telle ou telle période, tel événement important de son histoire familiale. D’autres habitaient depuis peu sur la Côte d’Azur, où allaient bientôt la quitter pour des raisons de mutation. Certaines personnes m’ont contactée de Marseille, de Lyon, ou de Paris après avoir lu dans le journal de la communauté, « Parev », qu’un recueil de mémoires était en préparation. Eux aussi se sont sentis concernés, car leurs parents ou leurs grands-parents avaient vécu à Nice, Cannes ou Mandelieu avant la Seconde Guerre mondiale. Chacun d’entre eux avait bien évidemment sa place au sein de cet ouvrage, même si à mon grand regret, toutes celles qui ont émis le souhait de participer au projet ne retrouveront peut-être pas leur histoire dans ce livre. Un travail absolument passionnant, les témoignages recueillis étant souvent de vraies leçons de vie.
L’histoire des Arméniens de Nice, leur arrivée, la construction de la cité arménienne au sein du quartier de La Madeleine, l’évolution et la diversité de ces réfugiés au sein même de la communauté m’a été racontée durant de longues heures, chaque semaine, par Gaspard Kayadjanian, président du Conseil Communautaire Arménien de la Côte d’Azur, il m’a pour ainsi dire donné de véritables cours d’histoire et de géopolitique. Les documents ont afflué de toutes parts. Des romans, des films, des photos, des articles, des mémoires m’ont ét&#

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