J ai échappé au massacre de l université du Burundi
199 pages
Français

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J'ai échappé au massacre de l'université du Burundi , livre ebook

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Description

L'auteur évoque le massacre du 11 juin 1995 qui, au bas mot, a coûté la vie à une centaine d'étudiants Hutu. Il relate sa douloureuse expérience de la crise qui a secoué l'université du Burundi qu'il a fréquentée durant les années 1992-95. Celles-ci correspondent à la mort du président Melchior Ndadaye et au début de la guerre civile au Burundi. Jeté en prison, il y a côtoyé des dignitaires Hutu, de loin le "peuple majoritaire" de la prison de Mpimba. Ils y cohabitaient, pacifiquement, avec des présumés putschistes du 21 octobre 1993.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2006
Nombre de lectures 734
EAN13 9782336262406
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace Remerciements I. Avant-propos II. Contexte politique et social III. La kermesse de la mort IV. Du 11 juin au 27 juillet 1995 : La taule jour après jour V. Conclusion Annexes :
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782747599238
EAN : 9782747599238
J'ai échappé au massacre de l'université du Burundi
11 juin 1995

Alain Aimé Nyamitwe
In memoriam...
Ce témoignage est écrit en mémoire des miens que les différents massacres du Burundi contemporain m’ont pris : Adelin Nyamitwe, mon père ; Déogratias et Paul Nyamitwe, Charles Nyandwi, Marcien Burasekuye, mes oncles, victimes du génocide Hutu de 1972 ; Alice Kwizera et Constantin Bizimana, mes cousins, que j’ai perdus en 1991 et 1994. Ce texte est aussi commis en souvenir de tous mes amis et éducateurs exécutés à partir du 11 juin 1995 à l’université du Burundi : Hector, Emile, Alexis, Gordien, Jean-Marie Vianney, Stanislas Ruzenza et les autres. Le temps passe, mais pas le souvenir, car, oublier les siens, c’est les tuer une seconde fois .
Remerciements
Le présent texte se veut être un témoignage de ce que j’ai vécu durant les mois chauds de juin et juillet 1995. Le moment était tellement dur à vivre, que je crois profondément, que sans l’aide de celui qui peut tout, l’Eternel Dieu, je n’aurais pas eu l’occasion d’écrire ceci. Je lui dois donc en premier lieu tout respect et toute reconnaissance.
Durant ces moments douloureux, des personnes de bonne volonté sont intervenues à mes côtés. Elles m’ont prodigué soins, conseils et surtout réconfort moral. Aussi, sans minimiser, ni mesurer avec exactitude l’apport de chacun, je ne pourrai énumérer la liste de tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont apporté leur secours. Quand j’étais en prison, ils m’ont rendu visite. Quand j’étais malade, ils étaient à mes côtés. Je me suis exilé, ils étaient là.
Cela étant dit, il y a des personnes qu’on ne pourrait ne pas citer, au risque de priver le texte de sa substance. Les personnes suivantes méritent ainsi un salut solennel : Maître Melchior Ntahobama, a tout fait pour me permettre une vie digne avant mon arrestation- puisqu’il m’a ouvert les portes de sa maison pendant que j’étais en danger de mort dans la zone où je suis né et où j’ai grandi, Ngagara-, lors de ma détention à Mpimba et même lors de ma libération. Son amabilité rend son souvenir vivant et la gaieté de cœur toujours présente dans sa famille me touche encore à ce jour. Emmanuel Ndindiye. Il était, au moment du massacre, vice-Président de la ligue burundaise des Droits de l’homme, Iteka.
Joseph Mujiji était assistant du secrétaire exécutif au sein de cette même association et à la même période. Eugène Nindorera, ancien Président de cette ligue m’a rendu visite à la Brigade, alors que le magistrat instructeur ne voyait pas ce que ce grand Tutsi avait à faire avec un « criminel » Hutu. Il y a aussi, dans ce cadre des militants des Droits de l’homme, Tiebile Drame, ce haut fonctionnaire d’origine malienne au Centre des Nations-Unies pour les Droits de l’homme à Bujumbura, avec qui j’étais en réunion samedi le 10 juin 1995 à l’hôtel Novotel de Bujumbura. Il avait pris mon dossier à cœur. Toutes ces personnes ont tout fait pour que mon dossier avance le plus rapidement possible.
Feu Otto Muhamari, cet ancien adjudant instructeur d’engins explosifs de l’armée burundaise au camp Muzinda, est venu plusieurs fois me rendre visite à la prison de Mpimba. Alors qu’il était désormais affecté à un service attenant à la prison, il demandait aux gardiens de la prison de lui ouvrir les portes, afin qu’il aille rendre visite à son « fils ». Il avait bravé les critiques et les médisances, prenant son courage à deux mains, franchissant la barrière ethnique. Je suis très reconnaissant de ces gestes d’une humanité très rare au Burundi.
Le père Bob Albertijn, s.j. ; le père Fernand Boedts, s.j. ; ainsi que l’ambassadeur Koen Vervaeke, à l’époque chargé d’affaires à l’ambassade belge à Bujumbura, méritent les mêmes remerciements. Quant à Oswald Manirakiza, la famille Kubushishi et toute la famille Mbayahaga, qui m’ont gracieusement accueilli à Namur l’été de 1995, qu’ils trouvent ici l’expression de ma reconnaissance sans fin.
Merci également à Jacques Hatungimana, qui a bien voulu lire et relire mon manuscrit. Son apport a été très précieux. Je ne saurai ignorer l’encouragement et le travail de Chris De Beule qui m’a beaucoup aidé pour la mise en pages.
Last but not least , maman. Elle a vite compris que son fils risquait, aussi jeune, le sort de son père. A vingt-trois ans, Papa a été emporté par le génocide Hutu de 1972. C’était plus exactement l’après-midi du 5 mai. Ce vendredi-là, Papa ne savait, ni qu’il partait, ni pourquoi il devait mourir. Moi non plus, ce dimanche 11 juin 1995, je ne savais ce qui m’attendait. Il y a de ces jours où le mal frappe sans prévenir. Mais, au fait, prévient-il ? Le peut-il ? Merci à tous.
I. Avant-propos

Avertissement
Dans le contexte douloureux du Burundi, il convient de mettre les balises nécessaires à tout projet d’écriture, quelque soit le genre. Les témoignages n’échappent pas à la règle. Le présent texte ne saurait être considéré comme une attaque lancée contre un groupe ethnique. Il ne fait que constater des faits, par ailleurs avérés. Il ne saurait en outre être récupéré par quelque idéologie politique que ce soit, non plus. L’auteur parle de son vécu, personnel certes, mais qui se place dans un contexte historique, social et politique bien précis : celui du Burundi de la première moitié des années 1990.
Aussi, vu qu’il est témoignage, ce texte emploie-t-il exprès le pronom personnel « je ». Le lecteur voudra bien me pardonner pour le désagrément éventuel causé par une telle emphase.
Point important : se reconnaissant Chrétien né de nouveau, l’auteur affirme haut et fort avoir pardonné à tous ceux qui ont attenté à sa vie, et qui ont emporté celles de ses amis et nombreux condisciples. Willy Madirisha, son « ennemi » de toujours par exemple, peut savoir, en lisant ces lignes, que l’auteur ne retient aucune dent contre lui. Même Anatole Miburo, ce magistrat qui l’a écroué, habité par une très rare méchanceté. L’auteur croit cependant qu’il est nécessaire de ne pas se voiler la face. Parce que l’on ne pardonne que les torts que l’on reconnaît avoir subis, auxquels l’on peut donner un nom.

In-« justice »
L’histoire récente du Burundi regorge de milliers de crimes consommés, connus, mais restés impunis à ce jour. Le Burundi est tout simplement la terre de l’impunité. Il est vrai que s’il existe deux pays sur cette planète où le plus fort règne, où le pauvre et le faible sont harcelés et écrasés sans cesse, le matin comme le soir, à longueur de journées, le Burundi est certainement l’un de ceux-là. C’est dire qu’il ne brille même pas quand le soleil se lève, tellement tout est obscur.
Ce pays est richement fourni en meurtres et massacres de toutes dimensions, et sans aucun doute des plus crapuleux du XX è siècle. Cette terre est également celle où les criminels « présumés innocents » se la coulent entièrement douce, où victimes et bourreaux sont pêle-mêle invités au banquet, sous l’hypnotisme de la musique de l’oubli.
Ainsi, s’il fallait remonter ne fût-ce qu’à la date de l’indépendance de ce petit territoire, c’est-à-dire au 1 er juillet 1962, peu nombreux sont en effet les meurtres d’hommes politiques (ne parlons pas d’humbles citoyens) dont les enquêtes ont abouti à des actions judiciaires concrètes : arrestation et ou mise en examen, procès. Comme cela se fait ailleurs, dans les états où le Droit a sa place. Quant aux pauvres, qui n’ont aucune connaissance dans le système de direction du pays, ils n’ont droit à rien, à rien du tout, à part évidemment la souffrance, qui est leur « pain » quotidien. Ils doivent tout mériter. Dans de pareilles circonstances, il devient dès lors dangereux de remplir deux conditions : être appelé « être humain » et se trouver, de surcroît, sur le territoire burundais.
Les assassins des syndicalistes tués en janvier 1962 à Kamenge, ceux qui ont mis fin à la vie de Mgr Gihimbare, aumônier militaire, abattu en 1964, les meurtriers de Pierre Ngendandumwe, Premier ministre du Burundi, tué le 15 janvier 1965, les chefs d’orchestre des bains de sang de 1965 et 1969 n’ont jamais été inquiétés. Quant aux maestros du génocide de 1972, des massacres et répressi

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