Jean-Marie Girardey, professeur de lettres
256 pages
Français

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Jean-Marie Girardey, professeur de lettres , livre ebook

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Français

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Description

Jean-Marie Girardey était professeur de lettres au lycée Victor-Hugo, à Marseille. Personnage hors du commun, il est décédé accidentellement dans sa trente septième année. Jacques Layani, qui fut son élève en classes de première et terminale, témoigne ici, dans une écriture à la fois précise et évocatrice, de l'affection admirative qu'il n'a jamais cessé de lui vouer.Š

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 259
EAN13 9782296809390
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Marie Girardey,
professeur de lettres
DU MÊME AUTEUR
ESSAIS

Léo Ferré, la mémoire et le temps , Seghers, 1987.
Écrivains contemporains, Madeleine Bourdouxhe, Paul Guimard, Maurice Pons, Roger Vailland , L’Harmattan, 1999.
Léo Ferré, une mémoire graphique (en collaboration), La Lauze, 2000.
Avec le livre, propos et réflexions , L’Harmattan, 2003.
Les Chemins de Léo Ferré, Christian Pirot, 2005.
Les Films de Claude Sautet , Atlantica-Séguier, 2005.
Règlement intérieur, un acte d’indiscipline à l’École normale supérieure de jeunes filles de Fontenay-aux-Roses en 1961 , L’Harmattan, 2008.
I an Fleming, on ne lit que deux fois , Écriture, 2008.
POÉSIE
Cabaret baroque (avec des encres originales de Jacques Barthélémy), Le Bruit des autres, 1994.
NOUVELLES
On n’emporte pas les arbres , L’Harmattan, 1998.
Spectacle total, éditions du Petit Véhicule, 2002.
Le Château d’utopie , D’un noir si bleu, 2007.
THÉÂTRE
Dix femmes , éditions du Laquet, 2001.
Manon suivi de Guillemine , L’Harmattan, 2006.
BIOGRAPHIE
Albertine Sarrazin, une vie , Écriture, 2001.
PROSE
Apostrophes insolites, une correspondance imaginaire avec…, L’Harmattan, 2009.
Jacques Layani


Jean-Marie Girardey,
professeur de lettres


1934-1971


Témoignage


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55006-3
EAN : 9782296550063

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À François Angelelli,
parce que nous étions jeunes
C’était le seul prof distribuant des étoiles.

S IMONE V IVIER
AVANT-PROPOS
Je ne saurai jamais ce qui, un jour donné, provoque la mise en chantier d’un livre, l’ouverture des dossiers de la mémoire, le frémissement des archives des sentiments. Je pensais ne pas savoir raconter Jean-Marie Girardey, ne pas pouvoir le faire.
Dans un de ses romans, Graham Greene note : « Sans doute est-il aussi important pour un détective que pour un romancier d’amasser des matériaux insignifiants afin d’y choisir l’indice précieux. Mais comme elle est difficile à faire, cette sélection… cette mise à jour du véritable sujet. L’énorme pression du monde extérieur pèse sur nous en une peine forte et dure. En ce moment que j’écris ma propre histoire, le problème est toujours le même, en pire… je dispose de beaucoup de faits, parce que je n’ai plus à les inventer. Comment extraire le caractère humain de la lourde scène (…) ? » {1} Je dois ici rédiger des souvenirs qui puissent peindre un homme, un récit où rien ne sera inventé. Ce n’est pas la première fois. Biographe ou commentateur de plusieurs écrivains et artistes, je connais bien ces questions. Diariste, je les sais aussi, mais le personnage principal, cette fois, ne sera pas ma misérable personne.
Est pourtant né cet humble ouvrage, célébration inattendue bien que je puisse, a posteriori , la considérer comme inévitable.
Jean-Marie Girardey n’est pas un personnage simple, un homme qu’on croise fréquemment. Je me risque finalement à parler de lui, à révoquer, sans vouloir le présenter comme un saint. Et me voici, compilant les maigres renseignements que me procurèrent de longues démarches aux résultats avaricieux, les ordonnant pour former un récit, ayant valeur de témoignage. Je ne l’ai pas connu assez longtemps, je n’ai pas eu cette chance.
Personne ne l’eut, d’ailleurs, puisqu’il est mort jeune, à trente-six ans et demi. À l’époque, je n’ai pas su son âge exact et ne m’en suis pas soucié. J’ai, depuis, tant et tant d’années de plus que lui… Il m’aurait sans doute guidé, conseillé. Toute mon histoire eût été différente. Une fois encore, je le salue ici.
Au fil du temps, j’ai toujours parlé de lui autour de moi, à mes compagnes, à mes enfants. Ainsi, l’évoquent à présent des gens qui ne l’ont jamais connu. Il fallait voir aussi mes filles, lorsqu’elles étaient petites, imiter un personnage dont elles ne savaient rien, que je leur avais décrit comme hors du commun. C’est incroyable et c’est bien.
Ma soixantaine approchant comme un hiver précoce – et le monstre ricane, qui aiguise ses couteaux et prépare ses neiges éternelles : il sait que je n’ai pas de manteau – il faut donc tenter de le dire. On ne peut fuir la ronde des saisons.
Dans ce livre, seront recueillis les souvenirs qui demeurent en moi ; ceux de quelques uns de mes amis – ses élèves – et d’autres, de professeurs – ses collègues ; des traces écrites de son métier ; des archives concernant sa passion du jeu d’échecs. Sera parfois résumée – et d’autres fois, narrée par le menu, jusqu’à l’étourdissement – ma quête, obsessionnelle, de sa présence. Le plus étonnant est peut-être que son enseignement lui-même soit relativement peu raconté dans ces pages. On n’est pas le maître rigoureux de sa mémoire et l’on ne sait quel fragment surnagera, sur quelles mares mortes, ou quelles vives eaux.
Ce n’était pas préconçu, mais il s’avère que ce livre tient de la quête et de l’enquête, du jeu de piste aussi. Je ne savais pas que, de case en case, de signe en signe, je devrais parcourir un étrange chemin, quand je pensais initialement livrer la simple peinture d’un homme. Parti de quelques certitudes que j’imaginais, je me suis rendu compte, chemin faisant, qu’elles étaient faillibles. Sitôt une ombre aperçue, la nuit la faisait disparaître. Une lueur entrevue, un grand soleil l’écrasait. Un frémissement senti, le calme s’étendait partout. Entre mes doigts, tout glissait. La rampe par ma main solidement tenue, les marches de l’escalier s’effondraient. Une ébauche, une esquisse, et voilà qu’une gomme intempestive se mettait en devoir de tout effacer. Il fallut, ainsi qu’on le lira, faire donner la garde, pas n’importe laquelle, celle du sentiment, et croiser des déclarations très différentes pour, au miroir à mille faces du souvenir, rétablir une image qui fut moins incertaine. Je n’ai pas pour habitude de me poser la question de la récompense éventuelle, hypothétique, qu’on trouverait au bout de la route – et puis, je n’aime guère les récompenses. D’ailleurs, il y en eut une, aux multiples visages, puisque le projet parvint à fédérer de nombreuses personnes qui s’étaient perdues de vue et se retrouvèrent avec spontanéité.
Je n’ai pas toujours fourni immédiatement les réponses obtenues au cours de mes recherches. J’ai préféré rendre compte des erreurs de ma mémoire et de mes hésitations, avant de rétablir, plus loin, l’exactitude de certains faits. Par là, on découvrira, au même moment que moi, combien les choses sont modelées par le souvenir, dans une pâte souvent incertaine. Le portrait s’affine au fil du propos. Cet ouvrage, en tout état de cause récit vrai, n’est certes pas un recueil d’anecdotes, mais, en définitive, un ensemble en construction permanente.
Je suis plutôt indépendant et toujours très sceptique. Je n’admire pas facilement, certes non. Alors, quand il m’arrive d’être épaté, je le suis réellement et, surtout, durablement. Oui, je sens l’autoroute filer sous moi au mépris des radars, mais la fidélité n’a pas d’âge et « je demeure », cher Apollinaire, alors que « les jours s’en vont » : il faudra bien que ces bribes, ces fragments, ces éclats reconstituent quelque jour un portrait regardable, sinon admirable. Que, mosaïque ou vitrail, le motif, éventuellement mal assemblé, puisse apparaître. S’il est une fatalité de l’oubli, l’homme, pour la vaincre, n’a jamais inventé mieux que l’écrit. La lente glissade vers l’obscurité, le calame s’en moque, Gutenberg s’en gausse. Cet ouvrage est une plaque commémorative. Quand grinceront les portes de la mémoire, elles n’ouvriront plus sur le vide.
Jusqu’à la destruction du papier imprimé, en tout cas.
Première partie UN PROFESSEUR SI DIFFÉRENT
Comme souvent, l’histoire commence avant l’histoire. Ainsi, c’est sur l’année scolaire 1966-1967 qu’il faut ouvrir le théâtre devant lequel vient s’installer ma mémoire vieillissante, dans l’odeur poudreuse du passé, le fauteuil rouge du souvenir, le bruissement des programmes feuilletés. À Marseille, lycée Victor-Hugo, 3, boulevard Gustave - Desplaces (téléphone 62 19 81), dans le troisième arrondissement.
À échelle réduite, c’est un quartier universitaire, même s’il n’y paraît pas : comment appeler autrement un lieu qui compte deux lycées, l’annexe de l’un d’entre eux, la faculté des sciences, une cité pour 

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