Larzac-Millau-Grands Causses
274 pages
Français

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Larzac-Millau-Grands Causses , livre ebook

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Description

Soustraire la santé animale au marché d'une médecine libérale ? Partager les savoirs entre éleveurs, vétérinaires et chercheurs ? Ce sont les défis que relevèrent, dans les années 1970/80, un groupe de paysans du Larzac et quelques vétérinaires et techniciens agricoles. De leur rencontre naquit l'AVEM, Association Vétérinaires Eleveurs du Millavois. Au-delà des enjeux techniques, c'est une aventure humaine aussi vivante que discrète.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 134
EAN13 9782296466067
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LARZAC - MILLAU - GRANDS CAUSSES

Élevage et partage des savoirs
Graveurs de mémoire


Oruno. D. LARA, La magie du politique. Mes années de proscrit, 2011.
Jean Michel HALLEZ, 40 boulevard Haussmann , 2011.
Yvon CHATELIN, Recherche scientifique en terre africaine, 2011.
Pierre REGENET, Ma dernière pomme. De PRETY à Bissey, Chroniques en culotte courte , 2011.
Jean-Paul KORZEC, Dans l’ombre du père , 2011.
Rachel SAMUEL, On m’appelait Jeannine , 2011.
Michel LAPRAS, Culottes courtes et bottes de cheval, « C’était comment la guerre ? », 2011.
Béatrice COURRAUD, Non je n’est rien oublié… Mes années 60, 2011.
Christine BELSOEUR, Une vie ouvrière. Un demi-siècle de parcours militant , 2011.
Jean-René LALANNE, Le canard à bascule , 2011.
Louis NISSE, L’homme qui arrêtait les trains , 2011.
Danièle CHINES, Leur guerre préférée , 2011
Jacques FRANCK, Achille, de Mantes à Sobibor , 2011.
Pierre DELESTRADE, La belle névrose , 2011.
Adbdenour Si Hadj MOHAND, Mémoires d’un enfant de la guerre. Kabylie (Algérie) : 1956 – 1962 , 2011.
Émile MIHIÈRE, Tous les chemins ne mènent pas à Rome , 2011.
Jean-Claude SUSSFELD, De clap en clap, une vie de cinéma (Récit) , 2010.
Claude CROCQ, Une jeunesse en Haute-Bretagne, 1932-1947 , 2011.
Pierre MAILLOT, Des nouvelles du cimetière de Saint-Eugène , 2010.
Georges LE BRETON, Paroles de dialysé , 2010.
Sébastien FIGLIOLINI, La montagne en partage. De la Pierra Menta à l’Everest , 2010.
Jean PINCHON, Mémoires d’un paysan (1925-2009) , 2010,
Freddy SARFATI, L’Entreprise autrement , 2010.
Claude ATON, Rue des colons , 2010
Jean-Pierre MILAN, Pilote dans l’aviation civile. Vol à voile et carrière , 2010.
Emile JALLEY, Un franc-comtois à Paris, Un berger du Jura devenu universitaire , 2010.
André HENNAERT, D’un combat à l’autre , 2010.
Pierre VINCHE, À la gauche du père , 2010,
Alain PIERRET, De la case africaine à la villa romaine. Un demi-siècle au service de l’État , 2010.
André Robinet


LARZAC - MILLAU - GRANDS CAUSSES

Élevage et partage des savoirs


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55325-5
EAN : 9782296553255

Fabrication numérique : Socprest, 2012
REMERCIEMENTS
Je remercie sincèrement toutes les personnes que j’ai rencontrées au cours de mon enquête. Qu’elles soient ou non citées dans ces pages, c’est grâce à chacune d’elles, à leur témoignage, à leur conviction, que ce récit prend son sens.
Parmi elles, Elisabeth Lepetitcolin mérite une place particulière, pour m’avoir fait connaître l’expérience relatée ici, et pour avoir grandement facilité mes recherches en me donnant accès à de nombreux documents et en m’ouvrant la porte de nombreux informateurs.
Merci également à Raymond Costes, qui a présenté favorablement mon projet d’enquête aux responsables de l’Avem (association vétérinaires éleveurs du millavois).


Ma gratitude va aussi à celles et ceux qui m’ont prodigué aide technique, conseils et encouragements pour l’écriture de ce récit :
Samia Allouch, pour son aide dactylographique,
Xavier Massenet, pour ses solides apports documentaires, historiques et agronomiques,
Joseph Pineau, pour sa mise en forme rigoureuse du tapuscrit définitif,
Chantal et Marie-Joseph Robinet pour leur relecture attentive du manuscrit, Philippe Sulpice, pour sa bibliographie relative aux groupements conventionnés éleveurs vétérinaires,
Michèle Vincent, qui m’a guidé dans la consultation des archives du Larzac (années 1971 et suivantes),
et Nicole Patin, mon épouse, pour son accompagnement confiant et patient.


J’ai aussi une pensée pour mon père, Jean Robinet (1913-2010), qui fut à la fois paysan et écrivain.
AVANT-PROPOS
C’était une bête qui boitait. Depuis trop longtemps.
Mon père avait bien examiné le pied malade, hypersensible.
Mais il était difficile d’y bien voir, sous ces sabots de vache souillés par la boue des pâtures ou le fumier des litières.
S’était-elle coupée, lors d’un de ses déplacements journaliers de l’étable aux prés et des prés à l’étable, pour les deux traites quotidiennes ? Un petit caillou, un gravier s’était-il enfoncé entre ses ongles, infectant le pied, irritant le nerf, générant douleur, puis mobilité réduite ?
Au toucher, la bête regimbait, refusant violemment la palpation. Attention au coup de patte.
On voyait bien, au fil des jours, que son rendement en lait baissait.
Elle qui remplissait toujours son seau entier, voilà qu’elle ne le garnissait plus qu’aux trois quarts. Incapable de suivre le troupeau, elle dépérissait peu à peu. Inquiétudes.
Il avait fallu appeler le vétérinaire.
Une autre fois, c’était plus grave, un vêlage qui se compliquait sérieusement.
D’une génisse, par exemple, à sa première mise bas. A l’étable, couchée à sa place, la bête poussait.
A peine apparues au sortir de la vulve, on avait lié les pattes avant du veau, et les hommes avaient tiré. En cadence, s’accordant au rythme de la mère qui bandait tout son corps, les contractions se précipitant.
A force, la bête poussant, les hommes tirant, mon père, mon frère, et s’il le fallait les enfants ou un voisin appelés à la rescousse, il fallait faire venir le veau. Il semblait bien gros, et le passage étroit. Après les pattes de devant, le passage de la tête, au renflement du crâne, avait été long et difficile. La tête à peine passée, le tronc était venu d’un coup.
Mais attention aux hanches, ce renflement redouté. C’est là que les choses pouvaient mal tourner.
Si les hanches ne passaient pas, le veau pouvait rester tout un moment la moitié du corps à l’air, sur la paille souillée de la litière, l’arrière-train encore enserré dans le corps de sa mère. Il fallait tirer encore, fermement, mais en souplesse, en obliquant légèrement la corde de la vulve vers les mamelles, pour épouser au mieux la morphologie de la bête, et faciliter l’expulsion.
Les gens ahanaient. La bête poussait, que la douleur parfois faisait meugler. Si le veau ne passait pas, elle pouvait se trouver elle-même traînée sur le pavé de l’étable.
On craignait la déchirure. Finalement, le veau était venu, masse glaireuse et sanguinolente s’affalant sur la litière remuée. Soulagement de tous, teinté d’inquiétude aussi pour les suites.
La mère, dans les jours suivants, ne s’était pas remise de l’épreuve. Elle restait couchée le plus souvent, peu allante. L’œil ternissait, l’appétit faiblissait. Elle ne suivait plus le troupeau, restant à l’étable quand toutes les autres partaient au pré.
La brassée de foin ou d’herbe verte qu’on était allé chercher spécialement pour elle ne l’intéressait plus.
Dans la famille, l’anxiété gagnait. A l’intérieur des viscères, quelques lésions malignes ne se seraient-elles pas produites lors du vêlage ? Il fallait appeler le vétérinaire.
Le vétérinaire ! Boiterie ou vêlage, sa venue n’était pas anodine.
Le vétérinaire, c’était un personnage. Le nôtre était installé dans un bourg à une vingtaine de kilomètres de là.
Il avait déjà été le vétérinaire de mes grands-parents paysans, petits éleveurs en Haute-Saône. Et quand mon père s’était établi lui-même, trouvant à louer une petite ferme, il avait tenu à faire appel à lui.
Il y en avait pourtant d’autres, qui exerçaient plus près de notre village. Mais, créant son exploitation, montant laborieusement son troupeau, mon père avait besoin d’un homme de vraie confiance, entre les mains de qui il pût remettre la vie de son bétail. Lequel constituait le véritable capital de l’exploitation, sa part la plus importante, la plus fragile aussi. Le vivant.
Alors, appeler le vétérinaire, c’était comme appeler le médecin.
On devait aller lui téléphoner depuis la cabine publique, établie dans notre village

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