Ma vie va vers l Asie
180 pages
Français

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Ma vie va vers l'Asie , livre ebook

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180 pages
Français

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Description

De l'enfance à l'âge mûr, voilà quelques moments de vie particulièrement marquants, premiers souvenirs, débuts à l'école, rêves d'avenir, essais de réflexions philosophiques, engagement politiques, aventures de cœur, voyages. En parallèle, un parcours vers l'Asie, d'un Orient à l'autre : Palestine, Turquie, Iran, Sri Lanka, Vietnam, Laos, Chine, Indonésie, autant de pays qui vont rythmer ce chemin d'initiation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 380
EAN13 9782296936195
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MA VIE VA VERS L’ASIE
Couverture 1 . Turquie. Istanbul : vue de la ville depuis le 19 e étage du Mercure Hôtel -aquarelle , 1997 , 35x50 cm.

Couverture 2 . Chine. Hongkong : vue de Kowloon depuis le 33 e étage de l’immeuble de Swire Properties -aquarelle , 2005 , 25x35 cm.
Nicolas Rousseau


MA VIE VA VERS L’ASIE


Aquarelles et dessins d’Aloys Perregaux


L’Harmattan
- L’auteur
Né en 1951 à Versailles, professeur, Nicolas Rousseau vit et travaille actuellement près de Neuchâtel, en Suisse. Très jeune déjà, il s’intéresse à la littérature et à la philosophie, ainsi qu’à l’histoire des civilisations. Titulaire d’un doctorat ès lettres, il a étudié les idées sur le langage que développent des auteurs des Lumières tels Condillac et Diderot. Il pratique lui-même diverses formes d’écriture puisqu’il a notamment publié deux recueils de textes poétiques, D’un mot d’amour la mort (Paris, Editions Saint-Germain-des-Prés, 1990) et Ce beau désert du monde (Genève, Slatkine, 1998). Il puise une large part de son inspiration dans les divers déplacements qu’il entreprend, et qui l’ont déjà conduit à visiter plusieurs régions d’Afrique ; en témoignent ses récents livres Del’ Adrar au Tagant. Itinéraires mauritaniens (Paris, L’Harmattan, 2002) et Au soleil du Mali , (Paris, L’Harmattan, 2006), ouvrages tous deux illustrés par peintre suisse Aloys Perregaux. Entre-temps, cela toujours en collaboration avec le même peintre, il a encore publié un récit de voyage consacré à l’Iran, Petits tableaux persans. Je t’écris d’Iran (Paris, L’Harmattan, 2005). Son dernier livre s’intitule Mosaïque africaine , un ensemble de portraits préfacé par Jean Ziegler (Paris, L’Harmattan, 2007).

- L’illustrateur
Né en 1938, Aloys Perregaux vit et travaille également dans le canton de Neuchâtel. Il s’est vite voué à la peinture ; auteur d’une thèse de doctorat sur Charles Lapicque, il est connu pour ses talents d’aquarelliste et compte de nombreuses expositions à son actif. Lui aussi nourrit son art en voyageant. Parmi ses récentes publications, Aquarelles nord-africaines (Hauterive, Editions Gilles Attinger, 2000) et Aloys Perregaux. L’espace de la couleur (Lausanne, Editions Vie Art Cité, 2003), un ouvrage publié à l’occasion de la rétrospective que le Musée des Beaux-Arts de Neuchâtel a consacrée à l’ensemble de son oeuvre. Ses derniers thèmes d’inspiration, il les a notamment trouvés en Orient (l’Egypte et la Turquie, Hongkong, Bali).

Je dédie ce livre à ma famille , et en particulier à mes trois enfants , Guillaume , Antonin et Morgane , qu’il aidera peut-être à comprendre pourquoi leur père les a si souvent quittés pour voyager en Asie.

Les divers séjours que j’évoque ici s’étalent entre 1986 et 2006. Les faits qu’ils relatent renvoient tous à des expériences vécues.
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12643-5
EAN : 9782296126435

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
1. Le passé me résiste
Ma vie va vers l’Asie. Bien sûr que je suis né en France, mais de mes premières années, je ne retiens qu’un très vague souvenir, et chaque fois que j’essaie de me les rappeler plus précisément, rien ne vient. Rien ? Si, quelques impressions, quelques images, toutes liées à des sensations concrètes : des parfums de fleurs mouillées, des vues de ciels nuageux ou de lacs agités, des saveurs de fruits mûrs, des bruits de trains et de bateaux, les caresses d’un vent tiède sur mon visage.
C’est après coup que je ramène tout cela à des paysages asiatiques ; durant ma jeunesse, j’ai peu voyagé, mes parents menaient une vie très sédentaire, d’autant plus qu’à l’époque, s’embarquer vers des destinations lointaines coûtait cher. Ils ne pouvaient que s’offrir des vacances sur la Côte d’Azur ou en Bretagne, et encore !
Sans doute que l’âge venant, je perçois ma petite enfance comme un monde de plus en plus lointain, voire fantastique, celui de miniatures persanes, d’ombres chinoises, d’estampes japonaises. Comme si elle ne pouvait se concrétiser que dans l’univers le plus irréel qui soit !
L’un de mes plus anciens souvenirs ? Les feux d’artifice lors d’une fête de nuit au château de Versailles. Chaque fois que j’y repense, je m’imagine en train d’assister à un cortège du nouvel an vietnamien, pétards assourdissants, dragons qui ressemblent aux animaux fantastiques du bassin de Neptune, figurants grimés qui auraient pu accompagner le Roi-Soleil, je les vois comme des courtisans déguisés en mandarins lors de telle ou telle majestueuse réjouissance.
J’ai même souvent fantasmé sur ma naissance. Serais-je venu au monde déjà doté d’une vie antérieure ? Non pas que je croie à quelque transmigration des âmes… Mais peut-être que certains de mes ancêtres sont partis vers l’est, et que j’en aurais gardé une certaine réminiscence ? Les Européens ont longtemps trouvé là leur espace d’expansion, ils pouvaient le pénétrer facilement, à pied ou à cheval ; je sais aussi qu’un de mes aïeux a vécu en Nouvelle-Calédonie, que mon propre grand-père y est enterré.
Et puis, toute notre culture ne nous ramène-t-elle pas au Moyen-Orient ? Depuis des générations, ma famille vivait dans le respect de la religion ; tout petit déjà, j’ai appris que Jésus-Christ veillait sur mon destin, qu’il s’était sacrifié pour nous à Jérusalem, et j’avais alors un peu tendance à peindre ses prophéties aux couleurs de son pays : nous irions bientôt séjourner dans des oasis de verdure, y vivre d’amour et d’eau fraîche, sans autre souci que celui de laisser venir à nous des petits enfants aux pieds nus.
Parfois, je cherche même à m’imaginer le nourrisson que je fus. Sûrement un bébé semblable à tous les autres, passant le plus clair de son temps à dormir ou à téter, à vagir au fond de son berceau tel un petit jésus dans sa crèche. A consulter les rares photographies qui me restent de cette époque, je ne remarque vraiment rien qui ait pu attirer l’attention sur moi, petits membres potelés, frimousse un peu fripée, une poignée de cheveux raides au sommet du crâne.
Un être qui me paraît si étranger que là encore, je le crois sorti d’un autre monde. Je pense ainsi à ces nouveau-nés que les femmes du Laos tiennent serrés contre leur dos, enroulés dans un tissu de couleur, seule dépasse leur petite tête chauve qui ballotte de droite à gauche au rythme des pas réguliers de leur mère.
Je songe encore à ces gigantesques pouponnières dont le gouvernement chinois s’est si longtemps glorifié, avant qu’il commande aux familles de ne faire plus qu’un seul enfant. Et je ne peux oublier ces slums des grandes villes indiennes où pullulent les bambins en haillons, avec parfois des mouches autour des yeux.
Une image plus forte encore, celle de ce minuscule bébé qu’une jeune mendiante entourait de ses bras dans une ruelle du vieux Delhi, plutôt sa sœur que sa maman, il avait le nez pincé, les paupières fermées, le front bleuâtre, à se demander s’il respirait encore.
C’est du reste en Asie que j’ai particulièrement remarqué combien les deux extrémités d’une vie peuvent se rejoindre. Là-bas, certains vieillards semblent se ratatiner bien plus vite qu’ailleurs, leur visage se plisse à l’extrême, leurs doigts se recroquevillent, ils passent leurs journées à téter leur pipe en regardant tomber les pluies, sans beaucoup parler, leur corps perdu dans un grand fauteuil d’osier. Leur dépouille tiendra dans un cercueil miniature.
A peine né, serais-je donc déjà mort ? Pas si vite. Comme chacun, j’aimerais vivre aussi longtemps que possible, faire du yoga, me nourrir de plantes qui améliorent ma longévité, recourir aux médecines traditionnelles chinoises ; la grande vieillesse ne m’effraie pas, pour autant qu’elle m’épargne de graves infirmités. Ces centenaires dont je viens de parler, qui me dit qu’ils n’ont pas atteint une rare sérénité d’esprit, une conscience

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