Parcours de migrants et de réfugiés
128 pages
Français

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Parcours de migrants et de réfugiés , livre ebook

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128 pages
Français

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Description

Dans ce recueil de témoignages de migrants, l'auteur relate les épreuves liées à l'insertion, à l'apprentissage de la langue française et rend compte des obstacles et des combats menés au quotidien par les demandeurs d'asile. Enfant issu de l'immigration, l'auteur illustre par des parallèles avec son propre vécu les notions d'inter-culturalité, de plurilinguisme et de situations intemporelles. Optimiste quant aux parcours réussis, l'ouvrage pointe aussi les dysfonctionnements, mêlant à la nostalgie questionnements, tendresse et révolte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 55
EAN13 9782336387420
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Noël Azzara





Parcours de migrants et de réfugiés

Entre espoir et souffrances
Copyright
























© L’H ARMATTAN , 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73753-9
Dédicaces


Aux migrants,
À mon épouse, À mes filles.
Préambule
Le nouvel arrivé se plaint, s’interroge, doute…
Les raisons de l’émigration vers la France sont nombreuses. Cela peut être pour des raisons économiques, politiques ou autres, le migrant arrive en France avec l’espoir de trouver des conditions de vie meilleure… et c’est généralement le cas. Mais l’adaptation et l’apprentissage de nouveaux codes ne se font pas sans douleur.
Ainsi fusent les questionnements :
– Pourquoi Montauban ?
– Que vais-je faire ici ?
– Contraint de partir, j’étais bien dans mon pays, ma région, ma ville, mon village. J’y avais un bon emploi, une certaine reconnaissance sociale, une jolie maison, de nombreuses connaissances.
– Là-bas, je sortais très souvent, je faisais la fête avec mes amis.
– J’étais entouré de toute ma famille, d’ailleurs très nombreuse.
– Quand les gens m’adressaient la parole, je comprenais, je pouvais leur répondre, argumenter…
– Ici, j’habite dans un petit appartement, sans jardin, les voisins ne m’adressent pas la parole, à quoi bon, je n’y comprendrais rien.
– La ville, aux dires de certains, perd son âme tous les soirs, les rues semblent se vider, les visages sont fermés, tristes et préoccupés.
– Ici, je dois passer par des associations et des assistantes sociales pour accomplir des formalités administratives et apprendre à m’orienter dans ce nouvel univers incompréhensible pour moi.
– La nourriture est différente, il me semble même que les aliments n’ont pas le même goût.
– Absorbé tout entier dans ce nouvel univers, je ne veux pas perdre ce qui fait mon identité, ma langue, ma culture, ma cuisine…
– Je suis perdu, de plus en plus perdu, complètement perdu.
– Je suis déprimé, de plus en plus déprimé, complètement déprimé.
– On m’a dit que j’étais un immigré, voire que, n’étant pas d’ici, certains me considéraient comme un parasite.
– Pourquoi Midi-Pyrénées ?
– À bien y regarder, Montauban ce n’est pas Biarritz, Paris ou Cannes.
– Que faire ici ?
– Que vais-je devenir ?
– Quand cesseront toutes ces questions ?
– Je voudrais retrouver ma zone de confort, mais ce n’est pas possible.
– Devais-je vraiment tout quitter ?
– Étais-je obligé ?
Tous les matins, je fais en voiture le même chemin pour me rendre à mes cours ; pas toujours très bien réveillé, j’allume la radio et, sans vraiment écouter, je conduis tel un automate calé sur les stations d’information. Tendant parfois l’oreille, j’y entends que des usines délocalisent, qu’il y a beaucoup de mécontents, des grèves, des manifestations, que notre système de retraite est mauvais, que le « trou » de sécurité sociale est désormais un abîme, qu’il y a des scandales alimentaires, des faits divers tous aussi glauques les uns que les autres, etc… La liste est longue, angoissante, et surtout propice à donner le cafard. Les pensées négatives engendrent les pensées négatives.
Morose, j’arrive au boulot où je touille avec mes collègues cette soupe dépressive. Avant de commencer le cours, je fais avec mes élèves un rapide tour de table afin de savoir ce que chacun a fait la veille. L’espace d’une quinzaine de minutes, chacun y expose ses tracas, ses joies, ses soucis et ses peines. Parfois, d’anciens élèves viennent me voir pour me donner de leurs nouvelles.
Ils me racontent ce qu’ils deviennent et je suis très souvent ému de découvrir que, malgré les difficultés, ils ont réussi leur intégration, que leur parcours est à bien des égards exemplaire. À ce moment-là, je me demande :
– A-t-on vraiment des raisons de se plaindre ?
– Pourquoi entretenir cette sorte de pessimisme, d’insatisfaction ?
Bien sûr, la vie est une succession d’épreuves et certains sont mieux servis que d’autres. Certains ont beaucoup perdu et ne retrouveront jamais le niveau de vie qui était le leur autrefois. Ils trouvent malgré tout la force d’aller de l’avant, de réussir à tout rebâtir alors que tout semblait fini. Alors, je me dis :
– Éteins la radio et profite !
Écrire pour…
Parmi toutes les questions que se posent les migrants, certaines resteront sans réponses, mais j’entends leurs interrogations et je les comprends. En effet, leur histoire diffère beaucoup de la mienne, car d’une part je n’ai pas eu à faire face à toutes les difficultés qu’ils ont rencontrées et d’autre part, bien que témoin privilégié, je ne suis que leur professeur de français. Cette place m’a permis de les accompagner au quotidien, de les voir évoluer, de les voir changer, de partager leurs doutes, leur espérance et parfois leur intimité.
Ce livre relate ces interminables combats pour apprivoiser un environnement très différent à bien des égards. Il s’agit d’un témoignage. Celui d’un formateur de français pour adultes migrants et celui d’une personne issue elle-même de l’immigration qui observe, comprend et partage en témoin et acteur privilégiés.
J’ai ainsi, avec bon nombre de migrants, quelques points communs et le regard que je porte sur leur aventure semble se perdre dans un miroir où à certains égards je contemple une partie de mon parcours. Enfant né de l’immigration, j’ai grandi dans un environnement multiculturel et plurilingue. Ma vie était partagée entre deux cultures et deux langues. L’une dans le cercle familial, l’autre à l’extérieur de ce cercle. Suis-je d’ici ? Suis-je de là-bas ?
Bien que né en France, je suis tout ça à la fois. D’ici, d’ailleurs, de nulle part, de partout. Aujourd’hui, chargé de transmettre la langue et la culture, j’ai l’impression que par certains aspects, je connais le chemin que les migrants empruntent. Sans prétention aucune, leur culture, leurs attentes, leur langue, leurs questionnements me sont à certains égards familiers. Mon amour pour les langues en général et pour mon métier en particulier m’a permis bien souvent de « briser la glace », de parler, de discuter et, très souvent sans l’avoir cherché, de recevoir des confidences. Nos rapports, qui dans la majorité des cas se limitent strictement au cours de français et aux pauses où l’on peut discuter d’autre chose, débouchent parfois sur des relations amicales. Parfois, j’ai eu le privilège d’entrer dans les familles, de partager des repas, de discuter de tous les sujets sans aucun tabou. Ainsi, il m’a été donné de connaître leurs longs et très souvent chaotiques chemins vers l’intégration.
Au sein de la structure qui m’emploie, je suis formateur de français langue étrangère pour un groupe d’une quinzaine d’adultes migrants. Ce groupe est essentiellement constitué de réfugiés et de demandeurs d’asile. J’emploierai tout au long de l’ouvrage les termes de formateur et d’apprenant pour désigner les différents acteurs de mon récit.
Les apprenants viennent d’horizons très divers, aussi bien pour ce qui concerne leur pays d’origine, leur milieu social ou leur niveau d’étude. Pour la majorité, ils furent scolarisés pendant de nombreuses années et certains, par ailleurs diplômés d’université, avaient des situations très confortables avant d’affronter les épreuves qui les menèrent jusqu’à Montauban. Il s’agit essentiellement d’individus arrivés en France depuis moins de cinq ans.
Nos cours se déroulent tous les matins durant quatre heures ; nous avons ainsi toute latitude pour travailler les différentes habiletés langagières, pour mener des débats et pour prendre le temps d’échanger. Dans le cadre de ces activités, tout nouvel arrivant devra, s’il n’y voit aucun inconvénient, présenter la ville ou le village d’où il vient. Au sein du groupe, je fais en sorte que chacun converse avec son voisin en mêlant les origines et l’utilisation du français est de mise. Sans me répandre en considérations savantes sur la didactique, les cours sont basés sur une pédagogie actionnelle qui doit permettre d’être rapidement opérationnel sur le plan communicatif.
Le lundi matin, j’ai instauré un petit rituel consistant à raconter ce que chacun a fait le weekend. Il ne s’agit pas d’une curiosité déplacée, mais d’un exercice visant à encourager la prise de parole en groupe et plus généralement l’expression orale.
Première partie : Un monde nouveau
La d&

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