Souvenirs croisés de la Première Guerre mondiale
284 pages
Français

Souvenirs croisés de la Première Guerre mondiale , livre ebook

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284 pages
Français

Description

Les frères Jean et Louis Toulouse, issus de la bourgeoisie, et René Tognard, issu d'un milieu rural, sont des combattants de la Grande Guerre. Les deux premiers se sont engagés dans l'infanterie ; le dernier, mobilisé dans les chasseurs à pied, est ensuite volontaire pour l'aviation. Les deux frères meurent en 1916 ; René Tognard décède 60 ans plus tard. Leurs souvenirs croisés nous font réfléchir sur le destin tragique vécu par toute une génération.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2008
Nombre de lectures 111
EAN13 9782296196179
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le soldat
Ô mort parmi les morts, dont nul ne gardera Le nom, humble reliue, Toi ui fus un élan, une démarche, un bras Dans la masse héroïue,
Faible humain ui connus jusu’au fond de tes os L’unanime victoire D’être à toi seul un peuple entier, ui prend d’assaut Les sommets de l’histoire !
Toi, corps et cœur chétifs, mais en ui se pressait, Comme aux bourgeons sur l’arbre, Le renaissant printemps du grand destin français, Fait de rire et de marbre, - Enfant ui n’avais pas, avant le dur fléau, L’âme prédestinée à un devoir si haut, -
Quand même ta naïve et futile prunelle N’eût jamais reflété Qu’un champ d’orge devant la maison paternelle, ue ta vigne en été,
Quand tu n’aurais perçu de l’énigme du monde Que le soir étoilé, Quand tu n’aurais empli ta jeune tête ronde Que d’un livre épelé,
Quand tu n’aurais donné u’une caresse frêle À uelue humble beauté, Se peut-il ue tu sois dans la nuit éternelle, Toi ui avais été !
Anna de Noailles Les Forces éternelles Arthème Fayard & Cie, Éditeurs
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Préface _____________
Rendre la parole aux combattants de la guerre 1914-1918
Il y aura bientôt quatre-vingt-dixans que s’achevait la « Grande Guerre ». Le temps a fait son œuvre. Lesvoixdes combattants se sont tues. Mais elles sontvivantes encore dans la mémoire de leurs descendants, enfants, petits-enfants, qui les ont entendus parler de « leur guerre », même s’ils affirmaient que ceuxqui n’avaient pas vécu « ça » ne pourraient jamais tout à fait le comprendre. me M Sophie de Lastours a entrepris de donner la parole à trois combattants français, proches par l’âge – ils appartiennent auxclasses 14 et 15 – mais différents par l’origine sociale. Jean Toulouse est né le 8 août 1894, licencié en Droit, élève de l’École libre des sciences politiques, il a exactement 20ans quand éclate la guerre. Il lui reste deuxans àvivre. Louis Toulouse est né le 22 octobre 1895. Il est élève à l’École nationale supérieure des beaux-arts. Lui aussiva mourir en 1916. Tous deuxsont issus d’une grande famille du Lot. Ils sont nés à Cahors. Ils ont reçu une solide et bourgeoise éducation. Un bel avenir leur semble promis. Mais ils sont conscients de leur devoir à l’égard de la patrie en péril. Et ils croient que le conflit sera court. Il faut être au combat au plus vite. Pour ne pas perdre des mois précieux en se formant qu’en tant qu’officier, Jean Toulouse refusera même de faire le peloton d’élèves-officiers, tant il croit à une guerre courte et bien sûr victorieuse. Cette opinion est partagée par René Tognard. Il a le même âge que Jean Toulouse. Il est né à Saint-Sauveur dans la Vienne. Mais il provient d’un milieu rural modeste… et républicain. Lui aussi refuse de faire le peloton d’élèves-officiers de réserve pour partir le plus vite
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possible au front. Il servira dans l’infanterie avant d’être versé dans les chasseurs à pied. Très vite, le chasseur Tognard, comme les frères Toulouse, va passer de l’exaltation de la mobilisation à une vision plus « triviale » de l’univers des mobilisés. Pour René Tognard, c’est peut-être dans les Vosges, au Lingekopf, que l’épreuve du feu se révèle la plus terrible.Au printemps 1915, sa compagnie, quand elle revient d’un assaut terrible, ne compte plus que trente-deuxsurvivants dont le plus haut gradé est un simple sergent-major. Les frères Toulouse, à l’éducation raffinée, connaissent euxune difficile adaptation à la promiscuité des tranchées. Ils ont souhaité se fondre dans cette masse combattante. Mais la réalité quotidienne est très dure pour ces jeunes gens « bien nés ». Jean refuse la réforme que les majorsveulent lui imposer car il se sentirait « un propre à rien » mais il avoue aussi que, pour tenir, « il m’aurait fallu un soldat de mon milieu ». Son milieu, il le retrouvera finalement à l’École de Saint-Maixent, dont il sortira aspirant. Ainsi, son histoire, comme celle de son frère, illustre la profonde séparation sociale entre une France bourgeoise et une France encore très largement terrienne et paysanne que réunit pourtant un patriotisme indomptable. René Tognard aussi, quoique issu de la petite bourgeoisie rurale, aspire finalement à quitter son unité. Affecté dans les chasseurs à pied, qui seveulent une troupe d’élite, il pose sa candidature pour l’arme nouvelle et moderne par excellence, l’aviation. Jean Toulouse espérait devenir officier d’état-major. Louis Toulouse se désespérait de n’être pas envoyé dans le peloton d’élèves-aspirants au point de se résoudre à solliciter diverses relations politiques de son père, dont Anatole de Monzie, personnage influent e mais controvRépublique en guerre.ersé de la III Tognard, lui, n’a pas de haute protection mais il est tenace. Il devra s’y reprendre à deux fois pour obtenir sa mutation dans l’aviation. Mais il ne cède pas auxpressions de son commandant de chasseurs qui s’indigne de sa demande. On sent alors dans cette histoire la subtile hiérarchie qui se forme entre l’infanterie, les
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