Tropiques 70
192 pages
Français
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Description

A la fin des années 60 à Cotonou, Gabriel Roth et Michèle Acquaviva-Pache se rencontrent; il vient d'Israël, elle arrive de Paris; seul point commun : l'écriture. Deux bouts d'itinéraires personnels croisant vie privée et vie professionnelle, réflexions intimistes et climat d'une époque. Un texte à quatre mains sans nostalgie ni amertume. Un texte plutôt détonnant dans la sinistrose dont on drape l'Afrique.

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Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 39
EAN13 9782296470194
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Tropiques 70
Cotonou, « La Gerbe d’Or » et autres « madeleines »
Michèle Acquaviva-Pache et Gabriel RothTropiques 70
Cotonou, « La Gerbe d’Or » et autres « madeleines »
Récit
Préface de Spero Stanislas Adotévi
De Gabriel Roth :  « L’autisme au jour le jour. L’enfant épinglé »  « Choa mon épouse. Je prie chaque jour pour que Dieu existe »  « Le rire de Job »  « Maltraité de Savoir Vivre »  Ces ouvrages sont parus à L’Harmattan.  A son actif aussi de nombreuses traductions de l’hébreu et de l’anglais pour différents éditeurs français, dont « Judaïsme, peuple juif et État d’Israël » de Yeshayahou Leibovitz (J-C Lattès) et « Tante Esther », roman d’Arieh Eckstein (Albin Michel).De Michèle Acquaviva-Pache :  « Paladines »  « La Sarrazine »  « Bleu turquine »  « Le Pré de l’Asphodèle »  « Dans l’œil de Gorgone »  « L’Épiphanie »  Romans du cycle « Chroniques d’innocence » publiés à L’Harmattan. « Marie que m’as-tu fait ? suivi de Vive la mariée et de Climats de confiance » ainsi que « Antigone aux temps présents suivi de Cousines et de L’amour empaillé ».  Deux recueils de pièces de théâtre à « L’Harmattan ».  « Exil connaît pas… Biographie de Sally N’Dongo ».© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56145-8 EAN : 9782296561458
Préface à un livre difficile à définir Voici un livre qu’il n’est pas aisé de présenter. « Tropiques 70 ». Ouvrage de peinture ou album de photographie dans lequel le merveilleux prend sa source dans la souffrance, où la gaieté, la légèreté se côtoient pour voyager ensemble avec la gravité de la vie en donnant au sérieux toute sa rigueur. Un livre qu’on lit avec bonheur et avec parfois, sans qu’on sache pourquoi, au détour d’une phrase qui agace, d’un mot qui dérange, une joie d’extatique, parce que dans sa syntaxe comme dans son allure il n’y a rien qui indique un genre. Ni récit, ni essai, encore moins un recueil de petites histoires avec anecdotes à l’appui ; non plus un ouvrage de poésie au sens où on l’entend traditionnellement ; très certainement pasun mémoirePeut-être une ! fiction au sens bergsonien du terme : une fiction efficace où les mots prennent corps dans l’hallucination qui annonce aux réalités leur sens d’avant les temps présents en exhumant les faits longtemps enfouis. Une manière de balancement métaphorique qui prend racine et s’éclaire dans l’allégorique, souvent l’onirique ou l’anagogique lorsque brusquement surgit THOR, plume invisible et pourtant tragiquement charnelle de ces « SOUVENIRSCROISÉS » que nous livre Gabriel ROTH et Michèle ACQUAVIVA-PACHE dans un souffle haletant de belles senteurs comme aussi de lucidité qui ahane et ne fait aucune concession. Ils n’ont à la vérité aucune raison, ni même la possibilité de faire place à un quelconque compromis.
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Car, coincés dans la fournaise de leur corps, de l’insatisfaction de la vie qui leur hurle leur mal-être, obligés de se triturer, de se masturber à chaque instant du jour pour saisir le pourquoi d’une trahison, comprendre la raison d’un coup reçu, s’étonner de l’inconsistance et de la vacuité des petits coopérants, petits Blancs de la néo-colonisation, de faire à tout propos un va-et-vient constant entre la tragédie de l’avant et l’extravagance du présent (pour Gabriel ROTH/THOR, l’indicible, l’inacceptable Shoah qui lui dévore et le cerveau et la peau ; pour Michèle ACQUAVIVA, l’échec d’un mariage exotique), et tout cela vécu, mal vécu comme un maelström dans un pays de l’Afrique en déshérence où ils sont forcés par le destin de vivre, un pays, le Dahomey qui se délabre en s’abîmant avec volupté dans des coups d’État militaires ; toute chose qui à l’évidence, leur interdit tout discours délayé, diffus et vide. Ils n’avaient, dans la recherche de leurs mots, contre la morsure du quotidien d’autre choix que le sérieux, la gravité et la rigueur et, surtout lorsqu’ils nous laissent accroire qu’ils musardent. Lire leur discours sur le sexe, l’amour, l’adultère qu’elle plus particulièrement, pratique abondamment, non pas pour y tirer quelque jouissance, mais pour régler un compte avec elle-même. Ils se sont rencontrés au Dahomey. Le Dahomey des années 70. Les années de bouillonnement et de turbulences entamées dès la naissance de ce qu’on appelait les indépendances et qui auraient pu aboutir à la solidité du bon sens si on avait eu le courage d’un véritable horizon. Mais, le pays et ses cadres naviguaient entre le souhaitable et le possible sans jamais s’assurer si le souhaitable était possible. Ces cadres prétendaient avec la légèreté de l’ignorance
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qu’ils étaient le «quartier latin de l’Afrique », imputant cette phrase au père du spiritualisme français : Emmanuel MOUNIER qui au vrai, ne l’avait jamais écrite. Ce qui leur importait peu, puisque la plupart d’entre eux n’avait jamais lu l’auteur del’Éveil de l’Afrique noire. Mais quelle importance ? Puisque nous avions déjà commencé depuis l’an de grâce, 1960, depuis dix ans, avec l’assurance d’un somnambule, la marche forcée, la marche de forcenés qui allait conduire notre pays au bord du gouffre. Il y eut douze coups d’État, dix gouvernements soit un tous les ans. Et le Dahomey devint le Bénin. C’est dans ce pays qu’ils se sont aimés, à leur manière, dès le premier regard. Le décor était planté pour une grande aventure. Et pour l’intensité de leur émotion, un lieu, lieu qui existe toujours :« La Gerbe d’Or ».aujourd’hui par le voisinage de la Enluminée fastueuse galerie Zinsou. Ils étaient devenus un couple. Un couple, où le sexe étant absent du paysage, Sarah, la femme de THOR en était la reine comme le pilier de leur sagesse. Une union étrange de deux étrangers qui ont mis en collusion leur solitude, afin de profiter de l’étrangeté de leur situation pour tirer, aux maximum partie de la prescience et de l’omnipotence que cette situation leur conférait pour faire peser un libre arbitre totalitaire sur tout leur environnement : le lieu de leur travail, les hommes et les femmes pour lesquels ils travaillaient, les Dahoméens moyens, leurs cadres et le pays dont ils appréhendaient la culture non pas par de faux masques, mais à travers une empathie naturelle pour les hommes avec lesquels ils vivaient (voire les relations de THOR, sa femme et les domestiques. Et la relation de Michèle avec ses beaux-parents africains).
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Dans la même foulée, ils dévoilaient l’insipidité des « cocktails » où, blancs et coopérants eux-mêmes, ils s’offraient le spectacle de la joie perverse d’entendre leur frèreen charité universelle, baver de grosses baves de crapaud sur les Africains, leur limitation intellectuelle et congénitale. Observer avec un bonheur malsain tel ambassadeur d’ordinaire si méprisant se courber obséquieusement devant un ministre à qui il ânonne toute l’estime verbeuse qu’il a pour le travail « merveilleux » qui s’accomplissait dans le pays. Tous deux voyaient et entendaient sans être débusqués. Cela les amusait. De voir sans être vus, leur procurait en outre, les raisons urgentes de ne pas s’ébouillanter dans le bain torride de la soupe coloniale et néocoloniale et ainsi d’échapper à l’espace glauque de la sottise pompeuse de certains gros et petits nababs de l’assistance technique. Tout cela dans la complicité diurne des nuits moites de Cotonou. Mais, qu’on ne s’y trompe pas. Ils étaient unis sans être un. Car ils n’étaient pas faits de la même pâte. Leur union s’élaborait dans la dissemblance de leur caractère, de leur origine, de l’essence de leur souffrance et de leur projection dans le futur. Même le système de mesure de leur mal-être obéissait à des règles algorithmiques différentes. L’un, THOR le huron hyperactif qui dit des vérités qui agacent, qui tient à porter à lui tout seul le poids de la Shoah. Sioniste jusqu’au cou et honteux de n’avoir pas connu la vraie Shoah comme Sarah sa femme, la juive lucide et tranquille, il voit partout atteinte à l’intégrité d’Israël : «Pourquoi s’étouffe-t-il, ne parle-t-on pas au Dahomey du temps qu’il fait en Israël »!!! A la vérité, il hurlait sa judéité parce qu’il savait profondément qu’il n’était pas un juif comme tous les autres… Il veut donc Israël pour lui tout seul. Il veut
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que cet Israël sa tanière « ne ressemble pas aux autres ». Quant à Michèle, elle est fausse française, fausse suisse, fausse protestante huguenote. Des études d’histoire qui l’on conduite au parti communiste puis à l’arnacho-maoïsme. Autant le huron par sado-maso-judéité tout en ayant un côté gonzesse, est machiste ; autant Michèle, aérienne et garce quand cela s’impose est féministe de raison, de cœur et de corps. Malgré cela, en dépit de toutes ces différences et peut-être à cause d’elles, Michèle et Gaby demeurent liés comme ronces et épines dans la recherche de mots et de phrases qui sentent et goûtent bon. Le huron est ordinateur à produire des mots, Michèle toujours anxieuse d’écrire, cherche, pour recouvrer sa santé, l’avènement de concepts qui parlent. Tous deux sont gourmands de mots, de mots qui chantent, de mots qui s’incrustent, des mots pour étouffer la braise de leurs deux cœurs toujours à l’heure l’un de l’autre. Tous deux passionnés de leurs métiers, à la fois militants et esthètes… Le huron de temps en temps se réveille de sa passion sacrée pour apercevoir au fond de lui-même qu’il aurait pu être quelque peu imposteur (avec résidence en Israël, appartement à Paris et voyages fréquents sur la Côte d’Azur) et Michèle après une longue marche sur le long chemin de la vie, malgré une certaine lassitude, continue de croire qu’on peut faire basculer le monde. Donc pour elle comme pour Gaby THOR, l’image erratique et d’immense beauté de cette femme noire en pagne, debout dans une barque sur l’Ouémé, une pipe artisanale à la bouche. «Cette femme qui ne compte pas son temps de vie, passé ou à venir, en année de calendrier ». Cette femme sur la ligne de départ et
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d’arrivée d’elle-même, qui ne s’interroge pas sur la condition humaine. Quel dommage que Gaby soit parti si tôt sans avoir lu les dernières lignes de ce livre roboratif : l’oraison jaculatoireécrite pour lui par elle. Spero Stanislas Adotévi* Ouagadougou, le 20 juillet 2011 *Philosophe et anthropologue béninois
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