Souvenir (Harmonies)
1 page
Français

Souvenir (Harmonies)

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
1 page
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Alphonse de Lamartine — Harmonies poétiques et religieusesPièces ajoutéesSouvenirÀ la princesse d'OrangeIl creusait dans la mer son sillage d'écume,Le navire grondant qui respire le feu ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 116
Langue Français

Extrait

Alphonse de LamartineHarmonies poétiques et religieuses
Pièces ajoutées Souvenir À la princesse d'Orange
Il creusait dans la mer son sillage d'écume, Le navire grondant qui respire le feu ; Nous suivions cette côte où le Vésuve fume : Les cyprès étaient noirs, l'eau verte, le ciel bleu.
Une vague enjouée, en poursuivant la poupe, Des perles de la mer aspergeait le bateau, Comme le buis bénit qu'on trempe dans la coupe Sur le front des passants jette le sel et l'eau.
La nuit d'été, semblable à l'éternelle aurore, Nous regardait d'en haut avec ses milliers d'yeux ; Les étoiles, les fleurs que minuit fait éclore, Naissaient sous notre doigt dans les jardins des cieux.
Le vaste pont roulait, charmant berceau de femmes ; On voyait pour dormir leur front se renverser, Quand, sous leurs coudes blancs, le lit des grandes lames S'enflait et se creusait, comme pour les bercer.
Le vent sonore et chaud qui soufflait des rivages, Invisible contact de l'invisible amant, Écartait les cheveux de ces pâles visages, Que la lune baisait du haut du firmament.
Les unes retenaient leurs muettes haleines ; Les autres, par des chants, cherchaient à s'assoupir ; Les plus jeunes pleuraient d'ivresse, urnes trop pleines Où la tendresse écume et déborde en soupir.
Parmi ce blond essaim de figures pensives, Mes yeux en suivaient une, accoudée à l'écart, Dont le front se marbrait de pâleurs fugitives, Qui sondait plus d'espace et d'éther d'un regard.
L'extase contenue abaissait ses paupières Sur ses yeux inondés de sa félicité; Ses lèvres semblaient dire au Dieu de ses prières : « Ah ! fais-moi de cette heure une immortalité ! »
Et moi, ce qui gravait ces nuits dans ma mémoire, Ce n'était pas l'odeur du vent de ces climats, Les astres, les cyprès, les flots d'or et de moire, Les groupes de beautés jouant au pied des mâts ;
C'était ce front pensif, et ce regard sans flamme, Plus profond que l'abîme, hélas ! et plus amer, Et ce léger soupir qui soulevait une âme Pure comme le ciel, grande comme la mer !
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents