Autobiographie d un pied noir gay
304 pages
Français

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Autobiographie d'un pied noir gay , livre ebook

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Description

Très tôt, Lucien a su qu’il était homosexuel. Très tôt aussi, il a attiré les hommes et s’est donné à eux. Simplement, sans culpabilité, au hasard des rencontres et de ses désirs. Très tôt, Lucien a assumé ses amours, refusant de censurer ses émois. Certes, la société coloniale de l’après-guerre n’était pas spécialement ouverte, et le machisme régnait dans le monde pied noir… Mais Lucien ne s’est jamais refusé le droit d’être lui-même, d’espérer une vie égale à celle des autres: c’est-à-dire tour à tour trépidante et stable, pleine d’éclats de rire et d’amis, passée auprès d’un seul compagnon… Ce compagnon, ce sera, après une longue errance sensuelle, Gillot, et c’est certainement à leur existence commune que rend hommage Lucien Legrand à travers cette autobiographie plus iconoclaste qu’on ne le pense. Placée sous le signe de l’amour et de l’amitié, "Autobiographie d’un pied noir gay" nous parle d’un homme avant tout ordinaire. Non pas fade ou lisse. Mais un homme qui pourrait être vous, avec cette simple différence que ses préférences ont pu ou peuvent déranger certains. Des turbulences adolescentes à sa vie commune avec Gillot, l’auteur déploie ainsi une existence riche de souvenirs, de passions, de rires, de projets, de voyages, qui rompt avec un grand nombre de clichés.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 71
EAN13 9782748368260
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0094€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Autobiographie
d’un pied noir gay Lucien Legrand










Autobiographie
d’un pied noir gay



















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IDDN.FR.010.0116364.000.R.P.2011.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011


Préface



Je dédie ce livre à mon Gillot et à maman, les deux
êtres que j’ai le plus aimés dans ma vie.

Certains jours, je suis désespéré quand je me regarde
dans le miroir, mais de toute façon, la vraie beauté n’est
pas à l’extérieur et quand on vieillit ensemble, on est
toujours beau. Malgré les rides, les poches sous les yeux, le
bedon qui semble grossir chaque année, les jours sont
encore chauds et magnifiques.
Aujourd’hui, j’ai de merveilleux souvenirs et des amis
fantastiques, que je n’échangerais contre aucun cheveu
gris en moins ni contre une bedaine plate. Je ne m’en fais
plus pour un whisky en trop, pour ne pas avoir fait mon lit,
pour traîner le matin sans avoir fait ma toilette, ou pour
avoir fait quelque chose d’inutile… Si je décide de
regarder la télé, de jouer sur mon ordinateur très tard ou de
dépenser mon argent au casino, qui cela regarde-t-il ?
C’est vrai que souvent, je suis cafardeux, mais les
meilleurs souvenirs remontent à la surface. Je regarde souvent
les photos et cela m’aide beaucoup. La perte de mon
amour a brisé mon cœur.

Je n’ai pas eu le temps de dire à mon chéri merveilleux,
qui a partagé ma vie, combien je l’aimais et de le
remercier pour tout le bonheur qu’il m’a apporté, pour tous ces
merveilleux souvenirs que nous avons construits
ensemble, jour après jour, pour avoir su partager mes peines
comme mes joies tout au long de notre vie. Comment ne
pas avoir le cœur brisé quand on perd sa chair, son
9 amour ? Mais avoir mal m’a donné la force d’être plus
compatissant et plus gentil avec les autres : il y a tellement
de gens qui ne sont pas aimés, mais qui ne savent pas
donner leur amour.

Je ne m’occupe plus de ce que les autres pensent de
moi ; je n’ai surtout rien à prouver à personne. La
vieillesse est peut-être un cadeau, mais pour l’apprécier il faut
son compagnon.
Je ne comprends pas pourquoi des familles
s’entredéchirent, surtout entre frères et sœurs. Malheureusement,
la jalousie et l’incompréhension sont les premiers fléaux,
et personne ne peut changer le monde. Nous suivons tous
des chemins différents dans la vie, mais peu importe où
nous allons : nous emportons partout une petite parcelle de
l’autre, et avec le temps nous déteignons l’un sur l’autre.


Je suis né à Alger (Algérie) le 12 avril 1938 d’une mère
espagnole qui habitait, dans la province d’Alicante, le
village de Sagra, à cinquante kilomètres de Dénia, un petit
port dont les ferries font la navette avec les îles Baléares.
À six ans déjà, maman emmenait ses sœurs Elvira et
Carmen, âgées respectivement de quatre et deux ans, pour
retrouver sa mère qui travaillait dans les champs
d’orangers ; pendant que ma grand-mère s’occupait de
Carmen, son travail consistait à rouler des oranges dans du
papier de soie. Souvent, les femmes qui travaillaient
faisaient entrer maman dans une grande jarre et lui
demandaient de chanter. Elle ne se faisait pas prier ; sa
voix mélodieuse résonnait, ce qui incitait les femmes à
travailler dans la joie, puis elle retournait à la maison avec
ses sœurs pour s’occuper des tâches ménagères.
Mon grand-père, ébéniste de métier, était asthmatique.
Il ne pouvait presque plus travailler, les crises devenaient
10 de plus en plus fréquentes, ce qui fait qu’il n’y avait plus
de rentrées d’argent pour nourrir la famille.
Quand maman eut neuf ans, une famille bourgeoise qui
partait pour Tanger (Maroc) demanda à mon grand-père
l’autorisation d’emmener maman pour faire le ménage,
moyennant rémunération, bien sûr. Après deux ou trois
mois, mon grand-père partit la chercher et la ramena à la
maison.
Clandestinement, il partit en Amérique. On lui avait
certifié qu’il était facile de gagner beaucoup d’argent ; il
tenta ce périple afin de subvenir aux besoins de la famille.
Malheureusement, ce fut un échec : il revint au pays sans
un sou. À son retour, en 1927, ma grand-mère se trouva
enceinte, et en 1928 naquit ma tante Thérèse. Ensuite, il y
eut la naissance de ma tante Pépica, et deux plus tard
naquit ma tante Alexandrine. Mon grand-père était désolé de
n’avoir que des filles ; il aurait voulu un garçon pour
prendre la succession de l’ébénisterie.

En juillet 1936, la guerre civile éclata en Espagne.
Franco, proclamé caudillo, puis chef du gouvernement et
de l’armée, instaura à l’issue de la guerre un régime
dictatorial. La famine était de rigueur. Mon grand-père n’avait
plus de travail et de toute façon, il ne pouvait plus
travailler ; ma grand-mère décida avec beaucoup de difficulté à
avoir des contrats de travail comme bonne à tout faire à
Alger. En octobre 1936, ma grand-mère et ses trois filles –
maman, 20 ans, Elvira, 18 ans, et Carmen, 16 ans – prirent
le bateau d’Alicante vers Alger et partirent vers leurs
destins. Mon grand-père malade resta au village avec ses trois
plus jeunes filles : Thérèse, 8 ans, Pépica, 6 ans et
Alexandrine, 4 ans.
En arrivant à Alger, chacune travailla chez un patron
différent. Elles avaient la possibilité de loger sur place,
mais ma grand-mère préféra prendre une chambre de
bonne afin qu’elles soient ensemble le soir. Pour ne pas
11 dépenser d’argent pour la nourriture, chacune ramenait
quelque chose du travail et elles se le partageaient entre
elles ; il fallait rembourser le voyage aux patrons, et le
reste était envoyé au grand-père.

Le jour de repos était le dimanche après-midi. La seule
distraction était d’aller se promener dans l’avenue de la
Bouzaréa. Il y avait toujours beaucoup de monde dans
cette avenue, mais le dimanche, c’était pire, du fait de
l’arrivée massive des bonnes espagnoles. D’ailleurs, on
aurait cru être en Espagne et non pas en France ; la
majorité parlait en espagnol. Devant les portes des immeubles,
les personnes âgées s’asseyaient et discutaient ; bien
qu’Alger fût une grande ville, tout le monde se connaissait
comme dans un village. C’était Bab El Oued.
Donc, maman et ses sœurs se promenaient, en se
moquant des autres, en discutant avec des copines, et c’est
comme ça qu’elles apprirent qu’il existait un bal dont
l’entrée était gratuite pour les femmes. Quelle aubaine !
Maman, qui adorait danser, entraîna ses sœurs et ce fut la
distraction de tous les dimanches après-midi. En quittant
le travail, elles prenaient chacune un sandwich, qu’elles
mangeaient au bal, ce qui ne les empêchait pas de se
moquer des autres en leur donnant des sobriquets, surtout aux
hommes. Par contre, maman regardait ceux qui dansaient

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