Instit au Sahara

Jean Dupouy

Description

Aujourd'hui il fait doux. La basse couche nuageuse a gardé la chaleur du rayonnement terrestre. Pas un souffle de vent et c'est exceptionnel. L'air est suspendu dans un calme parfait, un silence impressionnant. On dirait qu'il va se passer quelque chose d'extraordinaire. C'est une étrange et douce sensation. Je suis assis près du puits qui n'est qu'un simple trou dans la terre, sans margelle, un livre à la main, mais je ne le lis pas, et rêve. Des chasseurs d'Afrique viennent me frôler de leurs ailes puis repartent en criant dans les éclairs bleus de leur plumage. Le quotidien d'un instituteur dans la région saharienne, entre routine exotique et difficultés pratiques quotidiennes. Le récit, très détaillé et fruit des souvenirs encore vivaces de l'auteur, est composé d'une multitude d'anecdotes tour à tour effrayantes, poétiques, humanistes et dramatiquement réalistes. C'est sans concessions ni fioritures que Jean Dupouy raconte son expérience africaine, du point de vue occidental et professionnel comme du point de vue autochtone. Une réelle plongée dans un monde qui, même s'il a bien évolué depuis, reste toujours surprenant de pauvreté pour les Européens que nous sommes.

Sujets

• Desierto del Sahara
• Témoignage
• Souvenir
• Instituteur
• Sahara

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 06 février 2014
• Nombre de lectures: 44
• EAN13: 9782342018820
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Instit au Sahara

Jean Dupouy Instit au Sahara

Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0118634.000.R.P.2013.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2014

À mon fils Emmanuel.

Avant-propos

Durant le service militaire, je n’ai connu que peu de chose de l’Algérie si ce n’est la riche plaine de la Mitidja et les belles villes de Blida et Boufarik où nous allions effectuer des sauts d’entraînement, les collines du bord de mer, la côte rocheuse, la plage de Zéralda où stationnait la Légion, la toute petite plage ème de Fouka, base arrière de la 4 compagnie, les ruines romaines de Tipaza et le spectaculaire « Tombeau de la chrétienne », les djebels de Kabylie où j’ai connu le baptême du feu, et naturel- lement le port d’Alger où nous allions chercher les nouvelles recrues venues de France, ainsi que la casbah dont j’arpenterai les rues pentues, un dimanche, seul et inconscient, sans arme et en tenue de sortie de para. Ma première rencontre avec le Sahara se fera à In Salah, dans le département des Oasis : Immenses horizons d’un ciel intensément bleu, chaleur et soleil, ombres courtes des maisons basses qui n’atténuaient pas la chaleur infernale. Ville rouge aux façades recouvertes de « toub » (argile) où les doigts des maçons ont creusé des sillons verticaux parallèles (décoration caractéristique au Sahara), petits jardins sablonneux sans fleurs à part quelques rares bougainvilliers, derrière des murets fes- tonnés de briques rouges posées en chevrons Premiers chameaux baraqués sur les places, bêtes préhistoriques à grosse tête osseuse mais aux yeux doux ornés de longs cils, silencieu- sement plongées dans un rêve d’espaces infinis. Rencontre aussi avec les Touareg (pluriel de targui), venus de l’extrême sud acheter des dattes ou de la viande séchée, des pacotilles en plas- tique. Ils en remplissent des sacs de jute ou de peau qu’ils amarrent à l’aide de cordes grossièrement fabriquées en un sa- vant équilibre sur le dos des chameaux toujours grognant, dérangés par le poids des charges. On remarque leurs beaux yeux noirs mystérieux au-dessus du « taguelmoust » qui cache le nez et surtout la bouche qu’ils ne montrent jamais. C’était

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autrefois des pillards qui attaquaient les caravanes et que la contrainte de la colonisation a rendu bien sages. La France en- voya en 1880 une mission dirigée par Flatters pour reconnaître le Hoggar, massif habité par diverses tribus targuias. Les années qui suivirent furent marquées par une grande agitation islami- que. Des confréries musulmanes qui prêchaient la venue de nouveaux prophètes ou « Mahdis », organisèrent la résistance contre les Français et Flatters fut massacrés avec ses compa- gnons. Plus tard, de petites expéditions s’emparèrent du Touat, du Tidikelt (plaine sableuse d’In Salah à Aoulef), et des « bord- js » ou forts furent construits. Puis la mission Foureau-Lamy, partie à pied de Biskra avec 300 hommes traversa en un an le Sahara jusqu’au Niger. Le Sahara était sous contrôle français en 1902 et Laperrine fut nommé Commandant Supérieur des Oa- sis. Il organisa des Compagnies Méharistes avec les indigènes Chambas qui luttèrent constamment contre les « rezzous » des nomades. Les officiers français s’efforcèrent de lutter contre l’esclavage. Mais en 1963, j’avais encore un « akli » (esclave) dans la classe et plus tard, un de mes amis targui qui avait ra- mené du « Soudan » (les pays du sud pour les touaregs) un gamine de 12 ans comme esclave m’en avait proposé une qu’il ramènerait dans un autre voyage. Je n’aurai pas l’occasion de goûter aux charmes d’une petite sauvageonne, je quittais le Hoggar quelques jours plus tard pour ne plus y revenir.

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