Mon vingtième siècle

Jean Glad

Description

Mon récit serait sans intérêt s'il se réduisait à mes états d'âme ou mes faits et gestes. Y présenter toute une famille, la mienne associée à celle de mon épouse [...], est d'une tout autre portée. Des deux côtés, nous avons pour origine le nord de la France et l'Alsace-Lorraine, avec, dans nos gènes et le vécu des nôtres, le témoignage d'une expérience singulière, plus ou moins partagée par nos compatriotes issus des régions nord-est de l'Hexagone. Mon propos n'est donc pas la relation d'échanges autour d'une tasse de thé, de souvenirs centrés sur le temps qui passe, sur ce qui contrarie ou fâche, ravit ou indiffère avant d'être poussé aux oubliettes. Ce qui m'intéresse et ce que je propose c'est, à côté des événements familiaux, l'histoire qui se crée, ce vingtième siècle dont j'ai vécu les trois derniers quarts et dont les vingt-cinq années précédentes ont abreuvé mon enfance. Tout en strates, l'ouvrage de J. Glad est conjointement récit autobiographique, saga familiale et évocation des bouleversements sociopolitiques du siècle dernier. Une triple dimension, pour un texte qui embrasse l'intime et l'international, le régional et le lointain, le familier et l'éloigné... Qui dévoile aussi une autre conception de l'histoire, ni grande ni petite, puisque l'individu lui est toujours plus ou moins fortement connecté. Une entreprise quoi qu'il en soit unique et audacieuse, qui donne ici naissance à une oeuvre ample et monumentale.

Sujets

• Souvenir
• Vingtième Siècle
• Histoire
• Famille

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 29 janvier 2015
• Nombre de lectures: 59
• EAN13: 9782342033908
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Mon vingtième siècle

Du même auteur

Maubeuge, place de guerre (1678-1945), éditions Publibook, 2008

Jean Glad Mon vingtième siècle

Publibook

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Introduction

Beaucoup de témoignages rapportent un évènement, une découverte, présentent une personnalité. L’historien relate les faits d’une période, d’un régime, d’un conflit. Les documents qu’il consulte l’obligent à l’objectivité, mais il donne sa vision. Le roman est révélateur d’une époque car il est le travesti d’un vécu. Malheureusement, dans les grandes fresques, comme chez Zola, les personnages sont bâtis pour démontrer une thèse, et dans les récits intimistes, on se focalise sur un petit nombre d’acteurs vivant une aventure dans un champ étroit, sans souci du monde qui forge leur destin. Dans ces conditions, il m’a semblé intéressant et, peut-être, utile si je m’y prends bien, de décrire mon époque, telle que je la vois, sans pouvoir faire l’unanimité mais en m’efforçant de parler « vrai », sans occulter la réalité pour raison de fierté. Faut-il avoir honte d’origines modestes, comme si l’ascenseur social ne fonctionnait pas dans les deux sens ? Faut-il cacher les ratés familiaux, comme s’ils ne s’appliquaient pas à chacun de nous, la vie étant une loterie ? Un proverbe anglais dit en effet : « Each family has his skeleton » (Chaque famille a son squelette). Comme je n’ai pas le talent de Marcel Proust, mon récit serait sans intérêt s’il se réduisait à mes états d’âme ou mes faits et gestes. Y présenter toute une famille, la mienne associée à celle de mon épouse rencontrée à Maubeuge, près de la frontière franco-belge, avant de nous allier en 1946, est d’une tout autre portée. Des deux côtés, nous avons pour origine le nord de la France et l’Alsace-Lorraine, avec, dans nos gènes et le vécu des nôtres, le témoignage d’une expérience singulière, plus ou moins partagée par nos compatriotes issus des régions nord-est de l’Hexagone. Mon propos n’est donc pas la relation d’échanges autour d’une tasse de thé, de souvenirs centrés sur le temps qui passe, sur ce qui contrarie ou fâche, ravit ou indiffère avant d’être

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poussé aux oubliettes. Ce qui m’intéresse et ce que je propose c’est, à côté des événements familiaux, l’histoire qui se crée, ce vingtième siècle dont j’ai vécu les trois derniers quarts et dont les vingt-cinq années précédentes ont abreuvé mon enfance. Ce siècle, « mon vingtième siècle », comme je l’appelle, n’est pas banal. Depuis Jésus-Christ, il succède à dix-neuf autres qui ont eu leur personnalité. Au long de deux millénaires, des bouleversements très profonds se sont produits. L’empire romain a basculé devant les hordes germaniques, des révolutions ont éclaté, comme en 1789, nombre de guerres ont fourni aux hommes l’occasion de s’entre-tuer. Mais, en général, l’évolution a été lente, les changements se préparant de longue date. Au vingtième siècle, ce qui arrive est une rupture brutale, sans précédent, intervenant dans tous les compartiments de la société et dans tous les domaines de l’activité humaine. Les recherches scientifiques fondamentales et appliquées ont fait faire à l’humanité des bonds spectaculaires, grâce à des outils nouveaux démultipliant nos capacités d’entreprendre. Terrien destiné à se déplacer au niveau du sol, l’homme parvient ainsi à s’affranchir de celui-ci pour voler aux commandes d’une machine et, au-delà, commencer à évoluer dans l’espace. Dans l’habitat et l’urbanisme, comme d’habitude, on a tout rasé pour bâtir autrement, mais en innovant comme jamais plans, matériaux, procédés de construction et exigences de confort. Simultanément, on s’intéresse à des vestiges du passé qu’on restaure à l’identique. Les voies et chemins traditionnels ont été retracés et refaits suivant de nouvelles normes, pour assurer à grande vitesse un trafic accru de véhicules qui n’ont rien à voir avec les calèches d’antan. Sur mer, des bateaux motorisés, gigantesques par rapport à ceux du passé, sillonnent les océans d’un port à l’autre, y amenant touristes et marchandises. Des avions qui ne sont plus « le truc pour sportif » que décrivait le futur maréchal Foch au début du siècle transportent maintenant des foules à travers le globe ou commettent dans les guerres des destructions apocalyptiques. L’industrie de moins en moins manuelle, mécanisée et souvent automatisée à l’aide de robots excluant l’erreur humaine, fournit une production de masse écoulée par un système de distribution généraliste. On encourage la consommation, on jette plutôt que de réparer, en surexploitant, sans scrupule, les richesses minérales de notre

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