Un billet pour ailleurs
184 pages
Français

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Un billet pour ailleurs , livre ebook

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Description

Le secret de la vie? La clef de la liberté? Tout regarder en face, dans la vérité, et d’écraser la peur avant qu’elle ne t’écrase. Personne ne perd s’il marche dans la lumière… Depuis les bombardements qui ont marqué son enfance à son entrée au monastère qui a changé sa vie à jamais, le parcours d’une femme touchée par l’amour de Dieu… Une fillette se confie à sa poupée de chiffon, une femme se cherche, une âme découvre des réponses… "Un Billet pour ailleurs", c’est le voyage singulier de l’auteur au pays de son enfance, à l’orée du chemin qu’elle choisira toute sa vie durant. Mariam Jacob signe là un remarquable témoignage de foi qui séduit par sa fraîcheur.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 32
EAN13 9782748354300
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Un billet pour ailleurs Mariam Jacob










Un billet pour ailleurs

À la mémoire d’une poupée de chiffon




















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http://www.publibook.com




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IDDN.FR.010.0114709.000.R.P.2010.030.40000




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2010





T’en souviens-tu, Marina ? Nous étions inséparables !
Lorsque les bombardements ébranlaient nos espaces, je
sursautais, et toi, tu gardais sous ton sourire câlin, ton
calme imperturbable. Tu me regardais en silence et parfois
je m’attardais à m’étonner. Il y avait dans ton silence les
intonations qui montaient de moi-même avec la passion de
l’archet caressant les cordes, mais sans cette tension
qu’exige l’art pour dire le sublime, et tant et tant de
choses ! Non, il n’y avait rien de cela. Il y avait la fragilité de
tout ce que dit la vie, de tout ce qu’elle donne et reprend,
de tout ce qui vient et qu’elle cache, de tout ce que,
derrière, elle jette dans l’oubli. Marina, je t’aimais, et toi ?
Aujourd’hui j’écris ce signe qui interroge, mais alors
qu’en avions-nous besoin ? Tu étais fidèle, et je l’étais
aussi, sans lassitude… Ce que je chercherais plus tard,
mais en vain !

Bien sûr que nous étions fragiles au regard de ce monde
où notre complicité faisait presque de nous, dans cette nef
de la vie, des passagers clandestins. Ce monde nous
oubliait. Mais pour nous, je ne suis pas sûre qu’il existât. Te
souviens-tu, Marina, de ce voyage qui nous avait
débarquées toi et moi, justement là, où nous pouvions vivre en
partageant les fruits de l’ignorance ? Étions-nous arrivées
là dans l’onde lumineuse d’un rayon d’étoile maintenant
perdue ? Je ne t’avais pas dit que j’avais une étoile, que
j’appelais « Maman ». Pourtant tu étais gardienne de tous
mes secrets. Marina, je t’appelle et tu ne réponds pas. Ne
suis-je plus celle que tu regardais dans ce silence immense
et doucement vibrant de tout ce qu’en mon être j’attendais,
sans savoir que tu ne savais rien non plus de ce que
9 j’ignorais et qui était la vie ? Du moins le croyais-je !
Maintenant, je pleure, Marina, et quand tu viens dans mes
rêves, je revois tes grands yeux étonnés qui n’ont pas su
les larmes !

Marina, as-tu gardé cet instant du passé où d’un geste
prophétique, habitant l’ignorance, nous avions cru changer
une partie de ce monde, sans révolution, sans conscience
qu’une vie soudainement peut surgir… tel un haricot
enfoui dans un peu de terre, tantôt oblative et nourricière,
tantôt cruelle et reprenant ce qui lui appartient ? Mais en
ce temps, nous ne savions rien de l’antique mystère ! Et
pourtant, ne nous parlait-il pas quand nous restions devant
ce pot de terre, tout à notre mesure, pour regarder jour
après jour, comme une parole de vie glissant sur un seul
souffle, cette tige et ces feuilles ? Il semblait que nous
étions là pour une éternité. Je te regardais par instants, et
je ne disais rien. Plus tard, je penserais que le seul
message à laisser à l’humanité, c’est le silence. Un silence
habité par l’Amour, pour qu’elle sache entendre cette
montée de la vie. Nous assistions à un bouleversement du
monde, d’une science indicible et cachée. J’étais sûre que
toi, tu perçais tout cet « inexprimé », et que ta science
nous entourait de murailles où nous cachions en vérité un
monde qui n’existait que pour nous. Mais je ne savais pas
que je savais et je ne désirais rien d’autre que ce temps-là,
comme suspendu. Maintenant où est-il ce temps ? Au fond
des mers, dans des gouffres, des ravins, des cratères
éteints ?

Où que tu sois ma Poupée de chiffon, rends-le-moi !
Oui, je revois ce peu de terre : qu’était-elle en vérité, elle
qui sans orgueil, régnait sur notre territoire ? Je ferme les
yeux pour mieux voir les tiens… terre matrice, tes yeux
me disaient cela, sans ces mots bien sûr ! Il y avait depuis
bien longtemps, les savants… et les cèdres du Liban… un
10 Chant d’éternel Amour. Nous l’ignorions, mais ma vie le
célébrait. Il reste que nos espaces étaient là. Et toi, lecteur,
peux-tu comprendre ? Alors tu es resté un enfant !

Maintenant, Marina m’a appris le temps… j’allais dire
« sans elle ». Mais je n’en suis pas sûre. J’ai appris les
hommes et tant de déceptions, tant de solitude, et de
déchirures, de déserts et de désolations. Beaucoup, sans doute,
ont pensé prendre ta place, mais dans l’adversité, j’ai
fortifié mes racines et mes certitudes, et ton regard reste vivant
en moi. Je n’ai pu oublier que j’y avais pénétré comme en
un céleste jardin, comme en un lac sans ride, avec cette
patience, avec ce don infini, transformant l’éphémère.
Oh ! Marina, tu étais tout un monde et tu m’as laissée
croire qu’il était aussi le mien ! Que dirais-tu, maintenant
que je suis dans le monde des hommes ? Tout ce que tu
m’as dit, je ne l’ai pas trouvé. Je sais que tu ne m’as pas
trompée, et dans mes larmes, je sais qu’en allant vers le
cœur de la terre, je te retrouve, Marina, ma poupée de
chiffon !
* * *
Il y a tant de choses au monde à contempler ! J’ouvrais
les yeux pour tout voir, maintenant je les ferme pour
m’enfoncer lentement dans la nuit, et « voir » vraiment
audelà de tant de choses quotidiennes et banales.

Que de choses m’auras-tu apprises, Marina, avec ton
regard saturé de visions et ton silence ! En vérité je pense
que ce serait beaucoup mieux si tu pouvais tenir ce crayon.
Je n’ai jamais pu percer le secret de ton existence.
Comment étais-tu arrivée sur mon petit lit ? Quand je regardais
la lune, ou encore ces astres, là-haut, qui scintillaient
doucement, je me demandais duquel tu étais venue, mais je
n’osais te le demander. C’était comme une peur en moi
d’éveiller en toi la nostalgie d’un monde sans guerre, sans
11 mort, sans haine. Dans mon berceau, je te voyais là, assise,
et veillant sur mon sommeil, écoutant mes premiers
balbutiements, mes cris aussi… et je peux bien te dire
aujourd’hui, Marina, que tu me manques !

Un jour j’ai quitté mon berceau, et je t’ai emportée
entre mes bras malhabiles, mais toi, tu t’abandonnais, et
quand je plongeais mes yeux dans les tiens, je cessais mes
conversations inintelligibles pour t’écouter. Ainsi, jour
après jour, tu m’apprenais des choses qui ont coulé
lentement au fond de mon être pour créer un monde connu de
nous seules.

En fait, bien plus tard, personne dans ce monde où
j’étais née, ne m’a parlé de tout cela, et j’ai gardé notre
secret. Tu me disais que les savants et tant d’autres
hommes qui se croyaient sûrs de leur science étaient en réalité
très ignorants ; même cela, ajoutais-tu, ils l’ignorent ! Plus
tard à l’école on m’apprendrait entre autres que deux et
deux font quatre. Et le soir quand je te retrouvais, je te
répétais ces drôles de choses. Tu me disais : “Qui a dit
cela ? Et qui peut le prouver ? Pourquoi vas-tu apprendre
tant de choses inutiles ?”. Je te regardais, et je pensais que
tu avais raison. C’était bien sûr, quel intérêt y avait-il à
savoir tout cela ? Est-ce que je n’étais pas plus heureuse
dans cet univers où tu m’avais appris à cohabiter avec le
mystère ? Bien sûr, volontairement et tacite

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