Contes et légendes du Pays basque
166 pages
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Contes et légendes du Pays basque , livre ebook

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Description

Au Pays basque apparaissent périodiquement Mari, les Laminak, les Basajaunak, le diable et Herensugue, alors ne soyons pas étonnés d’y trouver un trésor de légendes et de contes ! Dans ces récits, les anguilles sont des fées, Olentzero annonce Noël, les sorcières font la lessive, Veillantif, le cheval de Roland, brise de son sabot un rocher d’où débouche la Nive, le Seigneur Jésus-Christ mange des cerises en compagnie de saint Pierre, Xan de l’Ours fait fortune et les corsaires sont des héros. Les jeunes filles sont crédules et les jeunes gens naïfs mais ils parviennent parfois à déjouer les plans de Dame Nature. C’est dans ce monde fascinant que l’auteur vous transporte. Mais attention ! Vous aurez peut-être du mal à en revenir… Laurence Catinot-Crost, ethnologue, historienne, romancière, très attachée au Pays basque, vient régulièrement communier avec la terre et l’Océan avant de repartir à l’autre bout du monde pour les besoins de son métier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2014
Nombre de lectures 19
EAN13 9782813815323
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La nature
Dans les temps très anciens, les Basques étaient des adora-teurs de la nature. Ils vénéraient le Soleil, la Lune, l’eau, l’air, les forêts et les montagnes. Deux forces les domi-naient : Egu ou Ekhi (le Soleil) qui combattait les forces des ténèbres, et Hil ou Ilargia (la Lune), symbole d’un monde occulte, de l’obscurité et de la mort. Il existait un culte des pierres et du soleil. Dans la vallée de Baztan (Navarre), il y a une pierre qui porte le nom de Arrikulunka qui, comme son nom l’indique, bouge en se balançant. D’autres grandes pierres étaient revêtues d’inscriptions précises. Au sommet de la Rhune, il y avait une pierre sépulcrale, près du mur de la chapelle. On pouvait y lire : « Celui qui me retourne, ne se repentira pas. » Le jour suivant Pentecôte, des jeunes gens arrivèrent à la retourner et lurent cette autre inscription : « Avant j’étais bien et maintenant mieux. » Celle de Bergara disait : « Retourne-moi. » Le geste accompli, on lisait ceci : « Maintenant je suis bien. »
Egu et Hil étaient les enfants de Dame Nature : Mari. Des génies bénéfiques, les Basajaunak, protégeaient les trou-peaux et enseignaient les secrets de l’agriculture. Les lami-nak aidaient les hommes à bâtir les édifices.  Au panthéon des figures mythologiques en Pays basque, Mari, divinité féminine, belle et élégante, est la reine des génies liés à la terre (Lur). Elle porte divers noms selon les régions et les lieux qu’elle est censée habiter : Maya, Lezeko-Andre, Loana-Gorri, Basko-Mari (Mari de la forêt), Aralarko Damea (la Dame d’Aralar), Anbotoko Sorgina (la sorcière de Anboto). Elle vit dans un monde souterrain, dans lescavernes,lesgouffresetlesgrottes,entouréederichesses. A l’extérieur de son monde protégé, Mari se déplace dans les airspourrejoindresesmultiplesdemeuressisesdanslesmon-tagnes basques. Mari déclenche les tempêtes et la grêle. Elle condamne le mensonge, le vol, l’orgueil, la vantardise, ceux
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qui ne pratiquent pas la solidarité entre humains et ceux qui ne tiennent pas parole. Elle récompense ceux qui la solli-citent et ont foi en elle.
On raconte que, le jour où un curé de Mugiro allait célébrer une messe sur le même territoire que Mari, si elle se trouvait là, il ne grêlait pas de toute l’année dans la paroisse.
Une fois, dans la forge d’Iraeta (Gipuzkoa), le forgeron ne pouvant mettre en route sa forge se dirigea vers la grotte de Mari à Anboto. Après avoir expliqué ses difficultés à Anbotoko Sorgina, celle-ci résolut le problème, laissant le forgeron très satisfait.
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Le cidre aux pommes niées
Un certain jour, tandis qu’il faisait paître ses brebis à Murumendi, un berger sentit la soif le gagner. Il chemina à travers la montagne pour trouver une source afin d’étan-cher sa soif. Il marcha longtemps, longtemps, jusqu’à ce qu’il parvînt à l’entrée d’une grotte. Une belle jeune fille élégam-ment vêtue se trouvait là. – Que cherches-tu l’homme ? lui demanda-t-elle. – Je cherche de l’eau pour calmer ma soif, mademoiselle. – De l’eau ? Tu veux dire du cidre ?  La jeune fille lui donna une jarre emplie de cidre. Après avoir bu, le berger dit : – Il est très bon, ce cidre. Avec quelles pommes est-il fait ? – Avec celles qu’a niées monsieur Montes d’Ikastegieta ! Le berger était émerveillé. Par ces quelques mots, l’élégante jeune fille lui avait fait comprendre que le cidre avait été fait avec les pommes dont l’existence avait été niée par son maître.
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La dame de Anboto
Une jeune fille des environs de Markina s’en fut garder les brebis à Gabaro. Curieuse, elle s’approcha d’une caverne. Or, la dame de Anboto l’y enferma et la garda prisonnière. Elle l’éleva dans la tradition. Elle en fit une très belle demoiselle. La jeune fille filait sans cesse la laine et ne sortait jamais de la caverne. Mari lui donnait tout ce qu’elle désirait. Or, un jour, elle lui dit : – Maintenant, tu dois sortir.  La jeune fille ne voulait pas aller dans le monde, retrouver l’extérieur car elle se trouvait bien dans la caverne. Enfin, elle se décida. La dame de Anboto lui donna ce conseil : – Prends une poignée de charbon. – Pourquoi ? Qu’ai-je besoin de charbon ? demanda la jeune fille.  Bien qu’elle ne reçût pas de réponse, elle prit néanmoins du charbon. Lorsqu’elle fut dehors, éloignée de la caverne, elle ouvrit ses mains et vit qu’elles contenaient de l’or rouge.
Un jeune garçon se souvient d’une étrange expérience qu’il aime conter : « J’avais 9 ans. Une nuit, je sortis de la mai-sonavecunchaudronpleindechâtaignescuites.Jelessortisdu chaudron, les mis dans un panier pour les arroser. C’est alors quejevisunflamboiement.Jetournailatêtedanscettedirection et je vis la dame de Anboto qui allait de la grotte de Anboto à celle de Alona. La dame de Anboto ressemblait à une femme étendue à l’horizontale dans l’air. Comme si elle nageait, mais elleétaitentouréedeflammes.Envoyantcela,j’euspeur,jefis lesignedecroix.J’appelaimesparents.Lorsqu’ilsarrivèrent,ils virentladamedeAnbotoavantqu’ellenedisparaissederrièreune
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montagne. Halan bazan ez bazan, sar dadila kalabazan, eta urten dadila Derioko plazan ! »
La dame de Aketegi
A la ferme lthurriotz de Mufiloa vivait un couple qui avait unefilletrèsdésobéissante.Saprincipaleoccupationétaitde peignersalongueetbellechevelure.Ellenégligeaitd’accom-plir les tâches dont elle était chargée. Un jour, sa mère lui demanda d’aller à la fontaine chercher de l’eau. Un orage éclata. La jeune fille, capricieuse, refusa d’aller à la fontaine. Sa mère, irritée, lui dit : « Eh bien que les éclairs t’emportent ! »  Aussitôt, pschitt ! La jeune fille fut enlevée. Elle disparut de la vue de sa mère. Presque au même instant, un berger qui faisait paître son troupeau près de la grotte de Aketegi entendit un grand bruit. Il vit s’engouffrer, dans la grotte, un fantôme de forme humaine dont le corps lançait des éclairs.
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Lorsqu’il fit part de sa vision, on pensa qu’il s’agissait de la jeune fille maudite par sa mère. Il paraît qu’elle vit dans cette grotte lugubre et qu’elle passe souvent en direction de Aralar et de Anboto, sous la forme d’une faux de feu. On raconte à Cegama que, si on l’appelle en disant trois fois « Aketigiko Dama ! », elle vient se placer au-dessus de notre tête. A Aketegi, on dit que Mari fait la lessive les mercredis et cuit le pain les vendredis. Quand elle est occupée à ces travaux,unpetitnuageblancapparaîtau-dessusdelagrotte.
La dame de Orhy
Bazanbehin,unbergerdécouvrit,dansungouffredelarégion de Orhy, une femme se coiffant avec un peigne en or. Elle lui dit : « Si, le jour de la Saint-Jean, tu me portes sur tes épaules pour sortirdecelieu,jetedonneraiautantderichessesquetuvoudras, mais tu ne devras avoir peur de rien, quoi qu’il arrive. »  Le berger promit. Le jour de la Saint-Jean, il prit la femme sur ses épaules et commença à marcher. Aussitôt, toutes sortes d’animaux sauvages ainsi qu’un énorme serpent cra-chant du feu passèrent sur le chemin.Terriblement effrayé, le berger laissa la femme sur place, sortit du gouffre en courant. La femme lui cria : « Malheur à moi, je suis encore ici pour mille ans ! »
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Mari et don Diego
DonDiegoLopezdeHaroétaitunsacréchasseurdoubléd’un bon montagnard. Une fois, alors qu’il poursuivait un san-glier, il entendit, sur une hauteur, une femme qui chantait. Il s’approcha sans bruit. La femme était très belle et très bien vêtue. Don Diego en tomba amoureux ! Il engagea la conver-sation. Il lui demanda qui elle était, car il ne l’avait jamais vue auparavant en ces lieux. Elle lui répondit qu’elle était de très haut lignage. Don Diego se présenta comme le seigneur de cette terre. Fou d’amour, il la demanda en mariage. Elle accepta mais à une condition : qu’il lui promette de ne jamais faire le signe de croix. Il promit. Elle partit avec lui. Cette femme d’une grande beauté avait un corps parfait mais un pieddechèvre.Ilsvécurentlongtempsheureuxensemble.Ils eurent un fils et une fille. Le fils s’appelait Inigo Guerra. Mais un jour, don Diego, alors qu’il était à table avec sa famille, se signa. A l’instant, sa femme et sa fille se jetèrent par la
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fenêtre et s’enfuirent à travers les montagnes ! On ne les revit jamais plus !
La jeune fille de Irabi
A Amezketa, une jeune fille de la maison Irabi était mon-tée à Aralar pour chercher une de ses vaches paissant dans ces montagnes. Elle vit une vachette rouge. Croyant que c’était la sienne, elle marcha dans sa direction et l’attrapa par la queue. La vache se mit à courir très vite, entraînant avec elle la jeune fille jusqu’à l’antre de Marizuelo. Cette vache, c’était Mari ! Les parents cherchèrent leur fille très longtemps. Beaucoup plus tard, on l’aperçut à l’intérieur de l’antre de Marizuelo. A côté d’elle se tenait un chien rouge, veillant à la quiétude de cette lugubre demeure.
Mari et Diego Lopez
Diego Lopez était parti persécuter les Maures. Il fut capturé et emmené en prison à Tolède. Liiko Lopez, son fils, en était très peiné. Il consulta les gens de son pays pour savoir com-ment s’y prendre pour délivrer son père. Ils lui dirent qu’ils ne voyaient pas de solution à moins qu’il aille à la montagne chercher sa mère, afin de lui demander conseil, ce qu’il fit. En effet, Diego Lopez s’était marié avec Mari, la mystérieuse
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