"J ai oublié son nom"
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Description

J’ai oublié son nom Aujourd’hui, j’ai été invité à déjeuner chez mes grands-parents. Je me retrouve donc sur le seuil de leur appartement, devant cette grande porte de bois laqué qui m’est si familière. J’entre sans sonner : ils sont habitués à mes allées et venues. Arrivé dans le large salon de mon enfance, je ressens une impression étrange, indescriptible. Pourquoi suis-je ici ? Au final, quel est le réel but de ma présence ? Une incertitude troublante se loge dans mon cœur, tandis que je prends le temps d’observer chaque recoin de la pièce. La voix de ma grand-mère me sort de ma torpeur : « Chéri ! Tu es là ? Viens donc te mettre à table avec nous, nous t’attendions. » Je traverse le salon jusqu’à la porte du balcon, que j’ouvre prestement. Mes grands-parents, tous deux attablés, me sourient en m’invitant à les rejoindre. Mais en me dirigeant vers eux, je me rends compte que quelque chose de réellement étrange nous enveloppe. Soudainement, je remarque avec étonnement que la façade de tout l’immeuble est faite d’un verre immaculé, transparent, sans que pour autant on puisse voir à travers. Je ne prête plus attention aux paroles de mes grands-parents, et je m’approche de la rambarde du balcon pour constater que je ne peux plus voir le sol.

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Publié le 23 mai 2013
Nombre de lectures 26
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

J’ai oublié son nom
Aujourd’hui, j’ai été invité à déjeuner chez mes grands-parents. Je me retrouve donc sur le seuil de
leur appartement, devant cette grande porte de bois laqué qui m’est si familière. J’entre sans sonner : ils sont
habitués à mes allées et venues. Arrivé dans le large salon de mon enfance, je ressens une impression étrange,
indescriptible. Pourquoi suis-je ici ? Au final, quel est le réel but de ma présence ? Une incertitude troublante se
loge dans mon cœur, tandis que je prends le temps d’observer chaque recoin de la pièce.
La voix de ma
grand-mère me sort de ma torpeur : « Chéri ! Tu es là ? Viens donc te mettre à table avec nous, nous
t’attendions. » Je traverse le salon jusqu’à la porte du balcon, que j’ouvre prestement. Mes grands-parents, tous
deux attablés, me sourient en m’invitant à les rejoindre. Mais en me dirigeant vers eux, je me rends compte que
quelque chose de réellement étrange nous enveloppe. Soudainement, je remarque avec étonnement que la façade
de tout l’immeuble est faite d’un verre immaculé, transparent, sans que pour autant on puisse voir à travers. Je ne
prête plus attention aux paroles de mes grands-parents, et je m’approche de la rambarde du balcon pour constater
que je ne peux plus voir le sol. C’est avec frayeur que je recule, lorsque je sens la main de mon grand-père se poser
sur mon épaule : « Ce n’est rien voyons, ça surprend toujours la première fois mais on s’y fait. Viens. »
Hagardement, je m’attable. Tout me paraît alors irréel, et les voix paternelles me semblent sourdes, inaudibles.
Tandis que je lutte contre un étrange engourdissement qui m’empêche de penser, ma grand-mère m’apostrophe :
« Voudrais-tu bien aller chercher une bouteille d’eau dans la cuisine ? » automatiquement je me lève, comme si mon
corps décidait de lui-même, et je me laisse diriger vers une porte qui me semble étrangère et familière à la fois : la
porte de la cuisine.
Je suis tourmenté. Plus j’avance, moins j’ai envie d’avancer. Quelque chose, au fond de moi, s’alarme
de cette situation déroutante. Où suis-je ? Cela ne ressemble en rien aux murs qui m’ont vu grandir. Cependant,
j’ouvre la porte de la cuisine, dans le but de trouver quelque bouteille d’eau à la demande de ma grand-mère.
M’apparaît alors le spectacle le plus étrange et inexplicable. Devant moi, un couloir sans mur. Au bout de ce couloir,
une passerelle en bois. En contrebas et autour du couloir, la forêt tropicale. Sombre, confinée, humide et
silencieuse. Encore plus inexplicable, mon corps est comme attiré par cette profonde forêt. Alors je marche,
machinalement, et je sens la sueur couler dans mon dos, sur mes tempes, glisser sur mes lèvres. Je suis transi de
peur, mais je ne peux pas m’arrêter. J’arrive en peu de temps au bout du couloir, et je descends, de manière
automatique, la passerelle de bois tanguant sous mes pas. Mon corps se décide enfin à stopper sa machinale
action, et j’en profite pour observer avec une terreur silencieuse les arbres, les plantes, et la quiétude
assourdissante de cette inexplicable forêt. Un grognement sourd, inhumain, se fait alors entendre juste derrière moi,
sur la passerelle. Mon rythme cardiaque s’emballe. Mes membres tremblent frénétiquement. Je me retourne
lentement, de manière saccadée. Et la chose la plus monstrueuse que mes pupilles dilatées par l’horreur puissent
voir m’apparaît, imposante, menaçante, comme dans le pire des cauchemars de la création : une bête d’envergure
impressionnante, rivalisant avec le plus puissant des lions, mais avec une forme s’apparentant plutôt à celle d’un
loup garou s’il en fut. De longues cornes courbées reluisent dans la pénombre étouffante de cet environnement
cauchemardesque, des crocs acérés se laissent volontiers apercevoir, sous une paire d’yeux monstrueux qui
semblent me scruter, de leur noirceur affolante.
A ce moment précis, mon cœur cesse de battre normalement. Je me crois mort, ou bien dans un
autre monde, tant ma terreur me dépasse. Mon corps, auparavant figé par l’épouvante, reprend son rythme saccadé
contre lequel je lutte violement pour m’enfuir de toute la force qui me serait disponible. Ma lutte remportée, je dérape
dans une précipitation irréfléchie, et mon corps ne me résiste plus. Je cours, j’évite les arbres. Les pulsations de
mon cœur rythment ma fuite effrénée, et ma raison m’interdit de me retourner, ne serait-ce que quelques secondes,
pour constater la présence du monstre ou non. Une nouvelle épreuve se profile soudainement : la forêt se trouble.
J’ai tout d’abord eu l’impression que ceci était dû à l’immense effort que je fournissais, mais le trouble s’épaissit
tandis que je ralentis ma course. Je vacille, perdu et désorienté dans cette forêt tourbillonnante. Je ferme les yeux.
Lorsque je me décide à les rouvrir, je me trouve dans un couloir entièrement tapissé de rouge. Un rouge intense, qui
m’agresse les yeux.
Le même grognement. Mon sang se glace, et mes vêtements trempés de sueur me collent à la peau,
me démangent, me compriment. Je cours. Par où, dans quelle direction, quel but ? Fuir ce grognement monstrueux
qui me poursuit. Je trébuche, tombe, m’écorche les genoux. Je me relève, je dérape, je reprends ma course folle. Je
me cogne aux murs, retombe, saigne et sens mon sang couler dans ma bouche, je hurle, et le grognement se fait
de plus en plus proche. Je me perds dans l’étendue des couloirs, qui se mêlent tous en une tâche rouge informe. Je
retombe, me cogne à nouveau, saigne de plus en plus, et mon sang rejoint le tapis écarlate. Enfin, exténué, vidé de
toute force, je m’écroule, et j’ai juste le temps de fermer les yeux sur une mâchoire béante aux crocs immondes qui
me bondit sauvagement au visage.
Mes yeux s’ouvrent d’un coup, à la façon d’un robot qu’on vient à peine de mettre en marche. Mes
draps, ma couverture et mon oreiller m’entourent, trempés de sueur. Je me redresse sur mon lit, et j’allume
précipitamment la lumière. Je caresse le mur tapissé de papier peint granuleux de ma chambre du dos de ma main :
Quel effroyable cauchemar.
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