Curnonsky prince des gastronomes
222 pages
Français

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Curnonsky prince des gastronomes , livre ebook

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Description

Maurice Sailland a débuté chez Michelin dans les premières années du siècle dernier, en écrivant des chroniques vantant l'automobile, qu'il signe "Bibendum". Il s'est ensuite forgé un autre pseudonyme, celui qui l'a rendu fort célèbre, Curnonsky. Entre 1921 et 1930, avec le journaliste Marcel Rouff, il entreprend un tour de France pour découvrir et recenser tous ses trésors et ses richesses gastronomiques. Ce travail de journalistes, de gourmets et d'historiens a été publié sous le titre La France gastronomique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2014
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336353609
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
L’É CARLATE
20 ans d’édition


Voir catalogue en fin de volume


















© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70371-8
Titre
Jacques LEBEAU






CURNONSKY
Prince des gastronomes

de A à Z
Remerciements


L’éditeur remercie :
Mister Yann
*
Don Giuliano
*
Oxyane
A
A BSINTHE
Malgré les effets stimulants ou même antiseptiques qui lui ont été reconnus, l’absinthe a mauvaise réputation. Pourtant, cette boisson apéritive a connu en France un succès considérable tout au long du 19 ème siècle. Elle est devenue très populaire avec ce qui était considéré comme un cérémonial ou un rituel : faire couler doucement de l’eau fraîche sur le morceau de sucre posé sur la cuillère spéciale percée de découpures, elle-même installée sur le verre. On se retrouvait, on se réjouissait, on célébrait La fée verte dans les grands cafés, les cafés du commerce et dans les petits bistrots de quartier. Il existait même, rue Saint-Jacques (5 ème ardt.), l’Académie Pellorier, que certains appelaient l’Académie Pontarlier, ville où s’était installée en 1805, la Maison Pernod fils ; Arthur Rimbaud l’avait surnommée l’Académie de l’Absomphe.
L’heure verte était un réel moment de plaisir ; les meilleures absinthes titraient de 68° à 72°.
Le peintre de Toulouse-Lautrec avait alors inventé un cocktail qu’il avait baptisé un tremblement de terre , à base d’absinthe et de cognac. Sa toile intitulée Monsieur Boileau au café (Cleveland Museum of Art) évoque la satisfaction que l’on peut ressentir au moment de l’heure verte .
Cependant, les hygiénistes, les médecins et même les hommes politiques se sont inquiétés. Les abus constatés étaient de plus en plus graves, l’absinthe était alors mise en accusation ; elle aurait provoqué l’épilepsie, la tuberculose, des troubles nerveux et même des pertes de mémoire.
Les ligues contre l’alcoolisme soulevaient bien sûr les graves problèmes provoqués par une trop forte consommation, et l’Académie de médecine dénonçait l’absinthisme , la presse faisait largement écho aux craintes qui étaient formulées et signalait les ravages de l’alcoolisme et les milliers de morts dont il était responsable ; elle faisait paraître certaines des pétitions qui circulaient afin d’alerter l’opinion publique et de soutenir la proposition d’interdiction de l’absinthe .
Les pressions étaient telles que le Gouvernement a, tout d’abord, par un décret de décembre 1907, instauré une taxe sur les boissons spiritueuses. Plusieurs années après, en août 1914, le Préfet de la Seine a signé, quelques jours après la mobilisation générale et la déclaration de guerre, un arrêté interdisant la vente au détail de l’absinthe. Il faudra attendre mars 1915 pour voir promulguée la loi interdisant, en France, la fabrication, la vente (en gros et au détail) ainsi que la circulation de l’absinth e.
Curnonsky n’ignorait pas ces mesures et a voulu dire, sans ambiguïté, son goût pour l’absinthe et aussi démontrer qu’elle n’était pas aussi dangereuse qu’on avait bien voulu le dire et le redire .
En 1893 et 1894, il habitait un immense appartement au 10 rue des Feuillantines, appartement que m’avait légué ma bonne grand-mère et où je recevais, pour déguster de la véritable absinthe, tous mes amis, artistes, peintres, poètes, compositeurs, caricaturistes. 2
Je fréquentais alors le grand sculpteur italien Rossi, ce Rodin transalpin qui a laissé de si belles statues, d’un réalisme puissant et d’une vigueur « michelangesque. » […] Un soir d’été, 1906 ou 1907, nous dégustions tous deux à la terrasse du Napolitain, côte à côte avec Jean Moréas, Léon Abric et Paul-Jean Toulet, une de ces absinthes « d’avant 1914 » dont aucun des apéros chimiques d’aujourd’hui ne peut vous donner la moindre idée.
La suppression de l’absinthe, a dit notre bon maître Raoul Ponchon*, a causé plus de malheurs que l’instruction primaire. 1
Vers 1910, j’ai vu maintes fois, des fleurs pousser dans les caniveaux des boulevards. C’était le bon temps : l’herbe entre les pavés et l’herbe sainte (à 68°) à la terrasse des cafés. 2
Celui que Curnonsky a nommé « Mon bon Maître » ou le « divin Ponchon » ou encore « ce charmant vieux gamin » a publié son premier recueil de poèmes, « La Muse au cabaret » , en 1920. Dans la seconde partie intitulée « Five o’clock absinthe » , le sonnet qui a pour titre « l’absinthe » débute par cette déclaration : « Absinthe, je t’adore, certes ! »
Le Prince a confirmé en évoquant… la divine absinthe « d’avant 1914 », la seule, l’unique et la vraie, celle que la morale laïque et obligatoire a remplacée par des ersatz et des succédanés, des apéros chimiques, égalitaires, sophistiqués et standardisés qui participent du révulsif et du dentifrice. 3
Il a voulu démontrer que « cette divine d’avant 1914 » n’est pas, comme on l’a trop souvent affirmé, nocive : L’absinthe ! Ponchon lui resta fidèle jusqu’à quatre-vingt-dix ans… et mourut des suites d’un accident. 4
A CADÉMIE
Quelques semaines après avoir été élu Prince* des gastronomes, Curnonsky déjeune chez Viel , boulevard de la Madeleine, en juin 1927, avec son grand ami Marcel Rouff*, le docteur André Robine et le baron d’Aiguy. Tout en faisant honneur à la cuisine de cet excellent restaurant, les quatre amis discutent et l’idée de fonder une association du goût, qui pourrait réunir régulièrement un certain nombre de spécialistes de la gastronomie et de gourmets, se fait jour.
Puis, en mars 1928, Marcel Rouff réunit au Comte de Provence , rue Taitbout, Curnonsky et leurs deux amis auxquels se joignent l’écrivain Maurice des Ombiaux (qui avait obtenu 1037 voix lors de l’élection du Prince) et Léon Abric. Au cours de ce repas, le projet est plus précis et la création d’une académie de gastronomes est décidée.
Le Prince des gastronomes a voulu réunir quarante des plus fines gueules et des plus sûrs connaisseurs et dégustateurs et les hommes de lettres qui ont le mieux écrit de gastronomie 5 . Par ailleurs, avec cette création, il avait aussi souhaité rendre un bel hommage à la mémoire de Brillat-Savarin*, l’auteur de la Physiologie du goût. Dans son Envoi aux gastronomes des deux mondes , ce dernier avait envisagé :… quand l’académie promise par les oracles s’établira sur les bases immuables du plaisir et de la nécessité, gourmands éclairés, convives aimables, vous en serez les membres ou les correspondants.
Constitués sous la forme d’une association (loi de 1901), les statuts de l’académie des gastronomes ont été calqués sur ceux de l’Académie française, avec quarante membres. Des amis juristes furent chargés de mettre tout le dossier en forme. L’article 1 er précise : Personne ne sera reçu dans la compagnie qui ne soit de bonne réputation, de bon esprit, de bon estomac, et propre aux méditations gastronomiques.
En juin 1928, Marcel Rouff organise, à nouveau, un déjeuner au Pavillon du Lac réunissant, autour de Curnonsky, un premier groupe d’académiciens et, ensuite, peu à peu, l’académie va se constituer et comporter ses quarante membres.
Quand j’ai fondé, en 1927, l’académie des gastronomes, le premier membre auquel j’ai fait appel a été mon seul concurrent sérieux dans le plébiscite organisé par Pierre Chapelle et par les deux grands journaux d’alors pour l’élection d’un Prince des gastronomes, je veux dire Maurice des Ombiaux, ce Walter Scott de l’époque Wallonne, ce parfait lettré qui a laissé, entre autres, ce chef d’oeuvre de la littérature gastronomique : « l’Amphitryon d’aujourd’hui. » 6
Gaston Derys, membre de l’académie, précise dans un article : Chaque fauteuil est placé sous l’invocation d’un patron choisi, soit parmi les grands gourmets, soit p

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