Jacques Duthoo - Une aventure intérieure

Les Amis De Jacques Duthoo

Description

« Pas une stridence inutile, une vibration de faible amplitude, mais intense, à peine perceptible mais communicative, où bat le cœur de l’homme, poète de la terre et de la lumière, peintre assez savant pour se permettre cette extrême élégance : la discrétion. » G. Boudaille

Sujets

• Histoire de France
• Jacques Duthoo

Informations

• Publié par: Editions Sutton
• Date de parution: 01 mai 2014
• Nombre de lectures: 5
• EAN13: 9782813815781
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 101 Mo

Extrait

Introduction

e Redécouvrir l’œuvre de Jacques Duthoo, c’est se plonger au cœur des grands débats artistiques qui ont marqué le XX siècle. C’est aussi partir à la rencontre d’une personnalité à la fois touchante et discrète. Passionné d’art depuis toujours, il est d’abord amateur et collectionneur. La découverte de l’œuvre de Georges Rouault est un événement décisif qui marque le point de départ de sa carrière de peintre.

L’explosion de l’art abstrait le conduit à s’engager aux côtés de la jeune génération d’artistes qui, au cours des années 1945- 1950, va imposer cet art sur le devant de la scène.

Sa carrière est le fruit de rencontres, d’abord avec le célèbre collectionneur et marchand d’art Wilhelm Uhde qui l’a découvert, puis avec des personnalités comme Denise René, Dina Vierny, Suzanne de Coninck ou les critiques Frank Elgar et Léon Degand.

Bien que vivant en Touraine, Jacques Duthoo participe aux salons parisiens et expose dans les galeries d’art moderne créées au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Ses recherches plastiques ne se limitent pas qu’à la peinture. Il explore sans cesse de nouveaux médiums, la gravure en parti- culier, et s’essaie à la sculpture et à la céramique.

Evoquer Jacques Duthoo, c’est également aborder ses amitiés artistiques aussi riches qu’inattendues. Ami des peintres abstraits, il fréquente le milieu artistique tourangeau, en particulier Bauchant, Voyet et Maxime, dont il admire et collectionne les œuvres.

C’est à l’occasion de vernissages et chez des amis en Touraine, qu’il rencontre le compositeur Francis Poulenc, Max Ernst et Calder, avec lesquels il peut partager et discuter comme il aimait tant le faire.

Enfin, regarder l’œuvre de Jacques Duthoo, c’est accepter de quitter ses repères, de se libérer des conventions esthétiques pour se laisser guider vers un monde de l’intime où l’artiste déploie un univers poétique et onirique.

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Henri Varenne,Buste de Jacques Duthoo enfant, collection particulière, 35 cm.

Une vie d’artiste et d’homme d’affaires

Une famille de commerçants

Jacques Duthoo est né le 19 février 1910 au 94 boulevard Béranger à Tours. Il est le dernier des quatre enfants d’Arthur Duthoo e (1858-1912) et Germaine Delaleu (1897-1953) qui avaient créé un commerce prospère à la fin du XIX siècle.

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Anonyme,Portrait d’Arthur Duthoo à l’âge de 30 ans, 1888. Collection des Galeries Duthoo.

Arthur Duthoo, venant d’Auxerre et dont le nom est d’origine flamande, s’installe à Tours en 1886 pour y créer un des premiers grands magasins de province, Le Grand Bazar, au 78 rue Nationale.

En 1906, Arthur Duthoo fait l’acquisition des terrains et du bâtiment de l’ancienne gendar- merie au 77 rue Nationale qui est rasée en 1918. Arthur Duthoo, qui a un sens aigu du com- merce, souhaite en effet déplacer son magasin dans une zone plus favorable aux affaires. Son décès le 27 décembre 1912 devait temporairement arrêter ce projet. Ce n’est qu’en 1930, sous la conduite de sa veuve aidée de ses deux fils Jean (1903-1992) et Jacques (1910-1960), que le projet prend forme. Le parti architectural est confié au cabi- net d’architectes parisien Viard et Dastugue représentants du style Art déco. Ces derniers se sont fait connaître dans les années 1920-1930 par la réalisation de grands magasins comme Le Palais du Vêtement à Melun et Au Petit Paris à Reims. Ils sont également les architectes du musée d’Art moderne de la ville de Paris aux côtés des architectes Dondel et Aubert, qui est réalisé de 1935 à 1937 pour l’Exposition internationale des arts et techniques.

L’ouverture des Nouvelles Galeries fut un succès qui ne devait pas se démentir.

Germain Portier,Le Grand Bazar de Tours, photographie aquarellée, 1888, collection des Galeries Duthoo.

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Vue perspective des Nouvelles Galeries et de la rue Nationale, vers 1950, photographie, collection des Galeries Duthoo.

Jacques Duthoo et sa famille

Jacques Duthoo grandit au 94 du boulevard Béranger, dans un hôtel parti- culier acheté par Arthur Duthoo en 1909. Il y réside avec sa mère jusqu’à son mariage avec Christiane Perrot. Il fait alors l’acquisition d’une vaste maison située au 23 rue Jules Simon, à proximité de la cathédrale, où il peut loger sa famille. Quatre enfants naissent de cette union, Catherine en 1941, Dominique en 1943, Marie-Martine en 1945 et Bertrand en 1948.

Maison d’Arthur Duthoo, 94, boulevard Béranger à Tours.

La maison est suffisamment vaste pour organiser la vie de famille. Elle dis- pose également d’un jardin où Jacques Duthoo peut installer son atelier dans une dépendance.

La famille conserve les portraits que Jacques Duthoo a commandés au peintre tourangeau Jacques Voyet (1926-2010) au début des années 1950. Il fait représenter son épouse et ses quatre enfants qui, pour l’occasion, posèrent dans l’atelier de la rue Jules Simon.

Maison de Jacques Duthoo au 23 rue Jules Simon à Tours .

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1. Jacques Voyet,Christiane Duthoo, huile sur isorel. 2. Jacques Voyet,Catherine, huile sur isorel. 3. Jacques Voyet,Dominique, huile sur isorel. 4. Jacques Voyet,Bertrand, huile sur isorel. 5. Jacques Voyet,Marie- Martine,huile sur isorel.

A partir de 1943, Jacques Duthoo partage ainsi son emploi du temps entre l’administration des Nouvelles Galeries aux côtés de sa mère et son frère Jean, et la création artistique. La journée étant dédiée à la gestion des affaires et à la vie de famille, c’est le soir, dans son atelier, que Jacques Duthoo se consacre à son art peignant une partie de la nuit. L’atelier est également un espace privilégié d’intimité entre l’artiste et sa famille, un lieu de conversations et d’échanges autour de ses œuvres.

e Les affaires familiales conduisent Jacques Duthoo à se rendre régulièrement à Paris où il réside à l’hôtel Louvois dans le 2 arron- dissement. Lors de ces séjours, il visite les galeries d’art. A l’occasion de ces voyages, il se déplace souvent accompagné de son épouse ou parfois de l’un de ses enfants afin de leur faire partager son goût pour les œuvres et les artistes pour lesquels il se passionne.

Dans un article du samedi 26 mars 1960 dans le quotidienCentre-Eclair, son ami le peintre Pierre Vignac évoque sa personnalité :

« La noble silhouette de cet homme très simple, dont le visage empreint de gravité reflétait le bonheur de vivre, nous rappelait par la ressemblance certains portraits peints par Le Greco. Sa personne réservée et discrète était l’expression même d’une âme généreuse, compatissante, d’une belle intelligence, clairvoyante et modeste, à laquelle s’ajoutait une vive sensibilité, délicate, compréhensive à l’égard de tous. Possédant une belle culture dans le domaine de la musique, de la littérature, des arts, il avait conservé la fraîcheur, la pureté d’un esprit jeune, une liberté de pensée propre aux poètes, aux artistes, aux enfants. »

Jacques Duthoo dans son atelier au 23 rue Jules Simon (photo J. Germain).

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Jacques et Christiane Duthoo et leurs quatre enfants, photographie, archives familiales Duthoo.

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Jacques Duthoo et trois de ses enfants, photographie, archives familiales Duthoo.