Enseigner et étudier en lycée professionnel aujourd hui
236 pages
Français

Enseigner et étudier en lycée professionnel aujourd'hui , livre ebook

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236 pages
Français

Description

Qu'est-ce qu'enseigner et étudier en lycée professionnel aujourd'hui ? Quels enseignements théoriques et pratiques peut-on dégager de l'expérience des élèves et de celle des enseignants ? L'accueil d'élèves issus majoritairement des milieux populaires, plus jeunes et aux profils hétérogènes, contribue à faire émerger de nouvelles interrogations autour des manières d'enseigner, d'évaluer et d'assurer les parcours de formation réussis. Voici une démarche qui est partie prenante de la démocratisation scolaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2017
Nombre de lectures 34
EAN13 9782140037160
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aziz Jellab
Enseigner et étudier professionnel en lycée aujourd’hui
Éclairage sociologique pour une pédagogie réussie
en lycée professionnel aujourd’hui
Enseigner et étudier en lycée professionnel aujourd’hui
Collection « Enfance, éducation et société »
Cette collection regroupe des études et essais concernant l’enfance au travers d’approches multiples.
Études universitaires et essais issus du monde de l’éducation ou du secteur du travail social, ces travaux ont en commun la même préoccupation : apporter un éclairage diversifié sur un domaine essentiel de l’univers des sciences humaines.
Claire Grand,Prendre en charge les troubles d’apprentissages, Petit guide pour les enseignants, 2017. Rochambeau Lainy (dir.),Troubles du langage, langue d'enseignement et rendement scolaire, Essai de diagnostic du système éducatif haïtien,2017. Marc Roullier,L’école, une question de management,2017. Pierre Bringuier,Scolarités fragiles. Ce que peuvent, ensemble, psychologues et enseignants, 2016. Brigitte Retailleau,Du pari d’éducabilité, Évolution des pratiques éducatives pour des enfants avec d’importants troubles du spectre autistique et déficients intellectuels, 2016 Khadija Chikh,Échec scolaire électif,vers un modèle de pensée de cette déficience intellectuelle dysharmonique, 2016 Yannick Brun-Picard,Pédagogie actualisante et pédagogie socioconstructive. Pratiques éducatives sociétales, 2016. Yannick Brun-Picard,De l’autonomie contrainte à l’autonomie scolaire,2015. Sophie Briquet-Duhaze, Chantal Ouellet et Natalie Lavoie (coord.),Progrès en lecture-écriture chez des élèves du primaire au post-secondaire,2015. Françoise Poyet,Technologies numériques et formation, Freins et leviers,2015.Thierry Philippe,Plexus scolaire,Oser la liberté, oser l’intelligence,2015. Alice Bougneres,Au service de l’instruction pour tous. Vers une véritable refondation de l’école,2015.Sophie Briquet-Duhazé et Anne Moal (coord.),Enseignement-apprentissage à l’école maternelle. De la théorie à la pratique, Tome 2, 2015.
Aziz Jellab
Enseigner et étudier en lycée professionnel aujourd’hui
Éclairage sociologique pour une pédagogie réussie
Du même auteur
Aux éditions l’Harmattan
Le travail d’insertion en mission locale, 1997. L’école en France. La sociologie de l’éducation entre hier et aujourd’hui, 2004. Débuter dans l’enseignement secondaire. Quel rapport aux savoirs chez les professeurs stagiaires ?2006. Initiation à la sociologie,2008. Les étudiants en quête d’université, 2011.
Chez d’autres éditeurs
Scolarité et rapport aux savoirs en lycée professionnel, Presses universitaires de France, 2001. Sociologie du lycée professionnel. Presses universitaires du Mirail, 2009. Des citoyens face au crime. Les jurés d’assises à l’épreuve de la justice.Presses universitaires du Mirail, 2012. L’émancipation scolaire. Pour un lycée professionnel de la réussite.Presses universitaires du Mirail, 2014. L’évaluation en collège et lycée(en collaboration avec Caroline Veltcheff, Didier Vin-Datiche). Berger-Levrault, 2014. Société française et passions scolaires. L’égalité des chances en question.Presses universitaires du Midi, 2016.
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-12018-8 EAN : 9782343120188
INTRODUCTION
 Alors que l’enseignement professionnel secondaire n’a traditionnellement guère suscité l’intérêt des chercheurs en sciences sociales, on assiste, ces dernières années, à un regain d’intérêt pour cet ordre de formation, un intérêt dont les raisons sont plurielles, couvrant tout autant des interrogations sur ses fonctions et ses finalités sociales et économiques, que des questionnements autour de sa contribution à l’élévation des niveaux de qualification et, d’une certaine façon, à la démocratisation scolaire. L’enseignement professionnel couvre différents ordres de formation, qu’il s’agisse des lycées professionnels (LP), des centres de formation d’apprentis, des maisons familiales et rurales ou encore, et par extension, les institutions de formation d’adultes (GRETA, AFPA, CNAM…) ainsi que plusieurs milliers (plus de 60000) d’organismes de formation en France. Nous avons choisi de focaliser notre attention sur l’un des ordres les plus emblématiques de l’enseignement professionnel à savoir le LP. Scolarisant près du tiers des lycéens en France, le LP occupe une position pour le moins paradoxale au sein du système scolaire. Il contribue de plus en plus au processus de démocratisation scolaire puisqu’il forme trois bacheliers sur dix, tout en conservant l’image d’une institution peu valorisée, parce qu’il n’accueille pas les meilleurs élèves de collège ; il doit accueillir tous les élèves ayant un projet professionnel et incarne, dans le même temps, le contexte à l’égard duquel les plus vifs ressentiments liés à l’orientation sont manifestes ; il est censé préparer ses publics à l’insertion professionnelle et, dans le même temps, la demande de poursuite d’études dans le supérieur ne cesse de progresser ; il connaît davantage de faits de violence et d’incivilités et, concomitamment, il contribue à la réussite des élèves, au prix
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de pratiques pédagogiques plus ou moins efficaces. Ces paradoxes caractérisant le LP prennent une autre signification lorsque l’on relève que la part des élèves issus de milieu populaire y est prédominante, et ce, au moment où la classe ouvrière perd du terrain au profit de l’essor de la catégorie des employés. De ce fait, et la tertiarisation du marché du travail et avec elle, le brouillage et l’invisibilité des métiers aidant, les élèves de LP sont moins soutenus symboliquement par un milieu social et familial bien au fait des réalités de l’emploi et du marché du travail.  Si l’image du lycée professionnel reste largement associée à l’atelier et au travail ouvrier dans les usines, la réalité est bien différente de ce tableau puisque les spécialités des services accueillent davantage d’élèves que les spécialités de la production. En 2015, les spécialités des services comptaient 364770 élèves, contre 290273 pour celles de la production (soit respectivement 55,6 et 44,4%). Seuls les effectifs des CAP de la production – qui représentent moins du quart de ceux des bacs pro – restent supérieurs à ceux des services (53,7% en 2015). Or le fait que le LP constitue une institution dont les contenus d’enseignement et les compétences à faire construire et acquérir par les élèves sont étroitement pensés et travaillés à partir des activités professionnelles et des référentiels correspondants, en fait en même temps un ordre de formation plus que scolaire. Ce faisant, la formation dispensée dans les LP est des plus dynamiques car elle est arrimée, même partiellement si l’on s’en tient à l’enseignement technologique et professionnel, aux évolutions du marché du travail et des compétences attendues. Mais c’est aussi parce que le LP ne se réduit pas à une école dispensant des enseignements théoriques, généraux et abstraits qu’on ne saurait y voir un ordrestrictosensuscolaire. Et si l’on se place du point de vue des élèves et de leur rapport aux savoirs, c’est bien parce qu’ils se confrontent à des activités professionnelles qui, utilisant plus ou moins les outils désignant la « forme scolaire » (langage mathématique, écriture, lecture…), leur permettent d’exercer progressivement une emprise sur leur scolarité et de donner du sens aux études. A cet égard, la pédagogie inductive, héritage légué par l’histoire de
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l’enseignement technique et professionnel, s’avère bien pertinente.  L’ouverture du LP sur les milieux professionnels donne aux savoirs une spécificité plus que scolaire. La « coupure avec le réel » (Demailly, 1991) y est relative, et le fait que les élèves soient nombreux à identifier leur expérience à l’apprentissage d’un métier indique bien la différence qu’ils vivent lors de la transition collège/LP, les contenus enseignés n’étant pas totalement décontextualisés. Si l’on s’en tient à la définition proposée par Guy Vincent, Bernard Lahire et Daniel Thin pour qualifier la forme scolaire, « l’école et la pédagogisation des relations sociales d’apprentissage sont liées à la constitution de savoirs scripturaux formalisés, savoirs objectivés, délimités, codifiés, concernant aussi bien ce qui est enseigné que la manière de l’enseigner, les pratiques des élèves autant que la pratique des maîtres […] Il s’agit de faire intérioriser par les élèves des savoirs qui ont conquis leur cohérence dans/par l’écriture (à travers un travail de classification, de découpage, d’articulation, de mise en relation, de comparaison, de hiérarchisation, etc.) » (1994, p. 30). Le LP est sans doute l’une des institutions les plus ouvertes et les plus sensibles aux transformations affectant les univers professionnels, les évolutions économiques. Il n’y a pas moins de 165 CAP et 80 baccalauréats professionnels, sans compter les BEP, devenus des diplômes participant de la « certification intermédiaire ». Le fait que le LP dispense des savoirs professionnels, qu’il soit ouvert sur le monde du travail et qu’il use de techniques dont le caractère productif est proche de l’activité professionnelle réelle, donne à voir l’existence de deux formes : l’une, scolaire, réfère surtout aux savoirs généraux décontextualisés ayant une finalité culturelle (à vocation universelle) ; l’autre forme est « professionnelle » puisque les savoirs qu’elle couvre se veulent proches de leur application, voire concrètement utilisables. Dans cette perspective, l’apprentissage détaché de la pratique qui a fondé l’histoire de la scolarisation ne suffit pas pour qualifier l’enseignement professionnel en milieu scolaire. On ne peut dissocier la socialisation scolaire des activités et des apprentissages auxquels elle donne lieu. Inversement, ces
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