L expérience et ses acquis
209 pages
Français

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L'expérience et ses acquis , livre ebook

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Description

La validation des acquis de l'expérience (VAE) n'est pas qu'un dispositif juridique, c'est un véritable objet et phénomène sociologique qui engage un questionnement anthropologique très fort sur l'acte d'apprendre, la place des diplômes dans la société, la promotion sociale, l'organisation du travail. L'objectif de ce livre est de présenter la façon dont les procédures de reconnaissance et de validation des acquis de l'expérience peuvent interroger le champ des sciences de l'éducation et de la formation des adultes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 80
EAN13 9782296710245
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’expérience et ses acquis
© L’Harmattan, 201 1
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Pari s
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13193-4
EAN : 9782296131934
Gilles Pinte
L’expérience et ses acquis
Bilan et perspectives pour l’éducation et la formation
L’Harmattan
Educations et Sociétés
Collection dirigée par Louis Marmoz
La collection Educations et Sociétés propose des ouvrages, nés de recherches ou de pratiques théorisées, qui aident à mieux comprendre le rôle de l’éducation dans la construction, le maintien et le dépassement des sociétés. Si certaines aires géographiques, riches en mise en cause et en propositions, l’Afrique subsaharienne, l’Europe du Sud et le Brésil, sont privilégiées, la collection n’est pas fermée à l’étude des autres régions, dans ce qu’elle apporte un progrès à l’analyse des relations entre l’action des différentes formes d’éducation et l’évolution des sociétés. Pour servir cet objectif de mise en commun de connaissances, les ouvrages publiés présentent des analyses de situations nationales, des travaux sur la liaison éducation-développement, des lectures politiques de l’éducation et des propositions de méthodes de recherche qui font progresser le travail critique sur l’éducation, donc, sans doute, l’éducation elle-même…
Dernières parutions
Françoise HEBAUX, La pensée unique à l’université , 2010
Louis MARMOZ et Véronique ATTIAS DELATTRE (dir.), Ressources humaines, force de travail et capital humain , 2010.
Madeleine GOUTARD, L’école porteuse d’avenir, 2010.
Moussadak ETTAYEBI, Renato OPERTTI et Philippe JONNAERT (dir.), Logique de compétences et développement curriculaire. Débats, perspectives et alternative pour les systèmes éducatifs , 2008.
Gilbert TSAFAK, L’enseignement universitaire à distance en Afrique subsaharienne , 2008.
Yves ALPE et Jean-Luc FAUGUET, Sociologie de l’école rurale , 2008.
Mamadou BELLA BALDE, Démocratie et éducation à la citoyenneté en Afrique , 2008.
Claude CARPENTIER (dir.), L’école dans un monde en crise , 2008.
Introduction : Expérience et connaissance
« Aujourd’hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. »
(Montesquieu, De l’esprit des lois, IV, 1748)
Grand spécialiste de la préhistoire, André Leroi-Gourhan (1964) a montré que le développement cognitif des premiers hommes est le double résultat de leur capacité à faire et de leur capacité à analyser. L’expérience est donc indissociable de la production de connaissance. Pourtant au regard de l’histoire, les dispositifs d’éducation et de formation n’intègrent que depuis quelques décennies l’expérience des jeunes et des adultes. Aujourd’hui encore, cette prise en compte de l’expérience, par le biais des dispositifs de Validation des acquis de l’expérience (VAE), dans la délivrance d’un diplôme, d’un titre ou d’une certification professionnelle est loin d’être banalisée, même si elle est en voie d’institutionnalisation dans le domaine de la formation continue.
La reconnaissance de l’expérience et sa validation représentent, pour moi, un terrain de travail et d’immersion ethnologique depuis 1991 ; d’abord comme formateur dans un centre de formation professionnelle, responsable de formation, puis universitaire. J’ai reçu des demandes de reconnaissance et de validation au titre de la VAP 85, puis de la VAP 92 et enfin de la loi de 2002. J’ai traité la recevabilité des demandes de VAE, assuré l’accompagnement pédagogique ou encore été membre de jurys de validation.
Le principe de validation des acquis de l’expérience, défini par la loi de modernisation sociale de janvier 2002, a été reconnu et salué comme une révolution culturelle. Pourtant, ce principe de reconnaissance s’inscrit dans une continuité socio-historique de reconnaissance de l’expérience bien antérieure aux années quatre-vingt. L’accélération des procédures de VAE depuis 2002 semble démontrer que la loi répondait à davantage qu’un effet de mode. La VAE institutionnalise en fait des pratiques et des dispositifs qui existent depuis des décennies et qui ont mis longtemps à émerger sous une forme institutionnelle. La quasi-totalité des diplômes sont accessibles par la VAE : les diplômes professionnels de l’Education nationale (CAP, BEP, Baccalauréats technologiques ou professionnels, BTS), les diplômes de l’enseignement supérieur (licences générales ou professionnelles, masters, doctorats) hormis des restrictions pour des diplômes de médecine ou de pharmacie, les titres délivrés par les ministères de l’Agriculture, de la Jeunesse et des Sports, du Travail et des Affaires sociales, les certifications professionnelles délivrées par les branches professionnelles. Selon une étude du Centre d’études de l’emploi de 2008, 77 000 candidats ont obtenu depuis 2003 une certification par la voie de la VAE. En 2006, sur 60 000 dossiers de VAE jugés recevables, 26 000 certifications ont été accordées. Nicole Péry, alors Secrétaire d’Etat aux droits de la femme et à la formation professionnelle parlait de « petite révolution » pour qualifier le nouveau dispositif de 2002.
Avec la loi de janvier 2002, la France s’est montrée pionnière dans la validation des acquis non formels et informels, pour reprendre la terminologie européenne. L’acquisition de diplômes, de titres ou de certifications, ne passe désormais plus uniquement par une démarche de formation. Cela interroge donc tous les acteurs de la formation et de l’éducation. Les références usuelles du champ des sciences de l’éducation s’en trouvent bousculées ou, tout au moins, ré-interrogées. Pour ne prendre qu’un exemple, on passe, avec la VAE, de l’évaluation par des examens à une évaluation par des preuves. Il va donc falloir compter, dans les années qui viennent, avec cette nouvelle donne qui va profondément modifier la conception classique de la formation initiale, et surtout, de la formation continue. La VAE n’est pas qu’un dispositif juridique, c’est un véritable objet et un phénomène social qui engage un questionnement anthropologique très fort sur l’acte d’apprendre, la place des diplômes dans la société, la promotion sociale et l’organisation du travail. L’un des intérêts de la VAE est de tenter d’opérer une synthèse entre des formes d’apprentissages variés : l’apprentissage individuel, l’apprentissage collectif et l’apprentissage organisationnel. Admettre et prendre conscience de la synergie entre ces trois formes d’apprentissage conduit à transformer notre conception classique de la formation initiale qui consiste encore, notamment en France, à une course sociale effrénée pour obtenir le plus jeune possible le niveau de diplôme le plus élevé. La Dares 1 a encore récemment souligné que le développement d’une société basée sur la connaissance rend obsolète le modèle français d’allocation des savoirs, selon lequel une minorité s’approprie les dispositifs de formation initiale et continue et figer socialement dès la formation initiale les possibilités de promotion sociale. L’éducation et la formation tout au long de la vie sous-entendent une possibilité d’étaler dans le temps l’acquisition des connaissances. Ces modifications culturelles et institutionnelles induisent de nouvelles problématiques pour les universités qui, comme les grandes Ecoles et les établissements supérieurs, délivraient des diplômes de formation initiale, ayant une fonction sociale de sésame et de viatique pour la vie professionnelle future. La VAE, en permettant de se doter plus tardivement d’un diplôme, va progressivement modifier la valeur d’usage des diplômes en France.
La VAE s’inscrit clairement dans le champ de l’éducation des adultes puisque celle-ci s’est toujours appuyée sur la pratique. Les théories en recherche action ont démontré que l’on n’apprenait bien qu’à partir d’un problème ou d’un cas issu d’une situation réelle : l’action et la réflexion s’avèrent complémentaires et permettent des apprentissages nouveaux. La VAE, dans une société où la promot

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