La condition de l enseignant vacataire au Cameroun
116 pages
Français

La condition de l'enseignant vacataire au Cameroun , livre ebook

-

116 pages
Français

Description

Le vacataire est ce travailleur "arc-en-ciel", dont la présence dans le système éducatif, bien qu'acceptée, est une véritable pierre d'achoppement pour l'avenir de l'éducation au Cameroun s'il n'est pas pris en compte comme un des maillons essentiels. Non seulement le vacataire reçoit un salaire extrêmement bas, mais il ne jouit d'aucun statut particulier pouvant réglementer son activité au sein d'un corps éducatif pourtant bien structuré.


Découvrez toute la collection Harmattan Cameroun !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2015
Nombre de lectures 163
EAN13 9782336369259
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Albert Jiatsa Jokeng
LA CONDITION DE L’ENSEIGNANT VACATAIRE AU CAMEROUN
In Vacatarium
Préface d’AlainPoaire Kamki
19/01/15 19:10
La condition de l’enseignant vacataire au Cameroun
Albert Jiatsa Jokeng
La condition de l’enseignant vacataire au Cameroun
In Vacatarium
Préface d’Alain-Poaire Kamki
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04849-9 EAN : 9782343048499
AVANTPROPOS
Ego vacatarium sum !Je finirais sans doute ma vie professionnelle comme je l’ai commencée : comme enseignant vacataire. Catégorie de travailleurs professionnels frappés d’opprobre, les enseignants vacataires représentent pourtant aujourd’hui l’une des seules et rares forces pédagogique et didactique qui maintiennent tant bien que mal le cap d’une école en totale dérive. Constituant un chiffre exorbitant et fluctuant d’individus qui vendent leur âme au diable comme Faust, mais qui ne trouvent en retour que dénigrements, critiques, insultes, coups de Jarnac, délations, traîtrises, corruptions et j’en passe, ils s’imposent de plus en plus comme une force incontournable dans les systèmes de l’enseignement et de l’éducation dans la plupart de 1 nos républiques bananières. Ce sont de jeunes diplômés qui, pour fuir le chômage et la misère totale, se donnent à cette activité parallèle et informelle en attendant de réussir à un quelconque concours ou de trouver des moyens de s’exiler, comme c’est le vœu secret de tous les jeunes ici. Le présent ouvrage est une autopsie d’un voyage dans l’enfer de l’enseignant vacataire, le vacatarium, un monde glauque, un monde hors du monde, un monde enfermé, un monde renfermé, un monde invivable, afin de suivre au quotidien l’existence de ces êtres hors du commun. En quelques tableaux sont peints avec un humour caustique leurs activités, leurs quotidiens, leurs difficultés, leurs joies, leurs peines, leurs désirs profonds qui, loin d’être des activités pécuniaires et normales qui nourrissent son homme, se révèlent aussi une véritable khâgne, un Didakhê. Cher lecteur, tu es averti. Libre à toi de plonger dans ces cloaques, ahin! Disons merci à-fidèle ami Dieu qui ne nous en empêche pas.
Dschang, le 20 juin 2011 Albert Jiatsa Jokeng
1 Il faut reconnaître que certains fonctionnaires se constituent aussi vacataires ailleurs que dans le service dans lequel ils sont affectés. Ma réflexion n’abonde pas dans ce sens, même si de temps à autre j’y fais des incursions.
PRÉFACE : ÉLOGES À LA VACATION
L’État camerounais peut-il se passer de l’enseignant vacataire dans les collèges et lycées ? Pourquoi cet État ne le considère-t-il pas comme un enseignant à part entière et non entièrement à part comme c’est le cas jusqu’alors ?
Certainement par un réaménagement urgent de son statut. Car l’enseignant vacataire constitue un maillon incontournable de la chaîne éducative au point que, loin de tomber dans les oubliettes ou en obsolescence, il est une cheville ouvrière dans le concert et le giron du corps enseignant.
Considéré comme un véritable « sapeur-pompier » qui, dans un élan salutaire, ne cesse de voler à la rescousse des apprenants grouillant dans des salles de classe avec des effectifs hyper-pléthoriques, il croupit, cependant, dans une misère indescriptible. Joindre les deux bouts est une gageure pour lui. Il est à la quête d’un mieux-être et est à la recherche incessante de sa voie et de sa voix dans le concert des voies et des voix. Son salaire, précaire et dérisoire, se paye parfois en monnaie de singe. Il est quelquefois la risée des collègues fonctionnaires qui se surestiment, se survalorisent et se gargarisent de slogans creux parce que, dit-on, ils ont été formés en pédagogie et en didactique dans de 2 3 prestigieuses écoles comme l’ENIEG ou l’ENS . Tout compte fait, le « vacatariat » est-il un sacerdoce teinté d’ingratitude ?
Malgré tout, l’enseignant vacataire, sous les efforts conjugués, ne ménage ni ses forces, ni ses privations, ni ses souffrances pour lutter ardemment et idéalement pour « sauver » la patrie dite en danger sur le plan éducationnel. De la sorte, l’État se doit de jeter un regard attentif sur la tâche indispensable et responsable qui lui
2 École normale d’instituteurs de l’enseignement général. 3 École normale supérieure.
est assignée, ou qu’il s’est assignée, soit en l’intégrant dans la Fonction publique, soit en lui octroyant un statut particulier digne.
Sur le double plan psychoaffectif et socioprofessionnel, il fait mieux l’objet d’admiration et d’appréciation des apprenants que les autres collègues parce qu’il ne foule aucunement aux pieds l’éthique et la déontologie, d’où l’éloge qui lui est rendu par toutes et par tous.
Sur le plan épistémologique et cognitif, il ne « dribble » pas les enseignements, il ne « bâcle » pas le programme, il ne se verse pas dans la critique sans complaisance du travail de l’autre ; bien que conscient de ce que le travail harassant auquel il se livre ne lui permet pas, somme toute, de manger à sa faim, de bien se vêtir ou de se loger décemment. Il tire, à coup sûr, le diable par la queue.
Que peut donc faire cet « État non honteux » pour redorer la personne du vacataire ? Cet « engagé de l’oubli » doit-il continuer de se « débrouiller » dans cette société dominée par le jeu des sectes, des loges, le foisonnement des jeux de hasard, les phénomènes d’homosexualité et de pédophilie ? Le laxisme de cet État « intrigocrate » qui, dans le viseur de la « démocrature », verse dans le pseudo-programme de la répartition régionale, n’est-il pas un écran de fumée dangereux pour le futur de la jeunesse scolaire ? Quelle solution adopter eu égard au tourbillon et à la mouvance du monde actuel hautement « technologisé » ? Doit-on rester camerouno-optimiste, camerouno-contextuel, camerouno-réaliste sans à aucun moment sombrer dans la foultitude de mirages et d’images d’Épinal colportées et répandues par les enseignants fonctionnaires ou par les autres administrateurs fonctionnaires envers et contre l’enseignant vacataire? Le vacataire n’est-il pas devenu le « centre névralgique », à telle enseigne que ses repères ne sauraient se dérober ?
Face à cette situation, l’État camerounais doit se saisir d’une urgence : celle d’« attribuer » le matricule à ce loup aux dents très longues, afin que le savoir soit distillé dans les salles de classe avec quiétude, avec dévouement, avec affection, bref avec passion, car
8
dit-on : « la jeunesse est le fer de lance de la nation » et l’analphabétisme,la plaie d’une nation.
Le présent ouvrage pose certes un problème déjà posé ailleurs, mais d’un point de vue original, avec une langue assaisonnée de courts récits mis en abîme, des questionnements poignants, des exemples à la portée des lecteurs de tout bord. Surtout, ce sont les réflexions d’un vacataire qui a fait lui-même l’expérience, la dure expérience de cette situation presque « zombique » où toute une frange de la jeunesse essaye tant bien que mal de joindre les deux bouts qui fondent toute leur légitimité : celle de survivre dans un monde hors du monde d’une part, et celle de remplir son devoir envers la nation d’autre part : éduquer la jeunesse !
Dr Alain-Poaire Kamki Université de MetzUniversité de Yaoundé I
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents