Le mythe indo-européen du guerrier impie
220 pages
Français

Le mythe indo-européen du guerrier impie , livre ebook

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220 pages
Français

Description

Cet ouvrage s'appuie sur les travaux de comparatisme indo-européen initié par Georges Dumézil et plus particulièrement d'un mythème de "guerrier impie" s'attaquant obstinément à tous les niveaux du sacré, du droit et du juste, repoussant dédaigneusement les avertissements divins et s'obstinant dans sa démesure jusqu'à succomber. Ces enquêtes rendent compte des formes et des motivations propres à chaque culture du guerrier impie (tels que les Grecs Achille et Bellérophon, les Romains César et Julien l'Apostat, l'Irlandais Cuchulainn, le Scandinave Harald l'impitoyable, voire l'Anglais Richard III).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 21
EAN13 9782336354798
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

légendaire Innois, attaché à des Igures aussi célèbres que, entre
CollecTion kUBABA SéRie AnTiquiTé
FRédéRic BLAIVE eT Claude StErCkx
Le mythe indo-européen du guerrier impie
Le mythe indo-européen du guerrier impie
Reproductions de la couverture : la déesse KUBABAde Vladimir Tchernychev IlustrationComme avantde Jean-Michel Lartigaud Directeur de publication : Michel Mazoyer Directeur scientifique : Jorge Pérez Rey Comité de rédaction Trésorière : Christine Gaulme Colloques : Jesús Martínez Dorronsorro Relations publiques : Annie Tchernychev, Sylvie Garreau Directrice du Comité de lecture : Annick Touchard Comité scientifique Sydney Aufrère, Sébastien Barbara, Marielle de Béchillon, Pierre Bordreuil, Nathalie Bosson, Dominique Briquel, Sylvain Brocquet, Gérard Capdeville, Jacques Freu, Charles Guittard, Jean-Pierre Levet, Michel Mazoyer, Alian Meurant, Paul Mirault, Dennis Pardee, Eric Pirart, Jean-Michel Renaud, Nicolas Richer, Bernard Sergent, Claude Sterckx, Patrick Voisin,Paul Wathelet Ingénieur informatique Patrick Habersack (macpaddy@free.fr) Avec la collaboration artistique de Jean-Michel Lartigaud, et de Vladimir Tchernychev Ce volume a été imprimé par © Association KUBABA, Paris © L'HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-30260-7 EAN : 9782336302607
Frédéric Blaive et Claude Sterckx
Le mythe indo-européen
du guerrier impie
Bibliothèque Kubaba (sélection) http://kubaba.univ-paris1.fr/ COLLECTIONKUBABA1. Série Antiquité Dominique BRIQUEL,Le Forum brûle. Jean-PaulBRACHETLe salut par la traversée de l’eau.Jacques FREU,Histoire politique d’Ugarit. ——,Histoire du Mitanni. ——,Suppiluliuma et la veuve du pharaon.Éric PIRART,L’Aphrodite iranienne. ——,L’éloge mazdéen de l’ivresse. ——,L’Aphrodite iranienne. ——,Guerriers d’Iran.——,Georges Dumézil face aux démons iraniens. ——,La naissance d’IndraAudrey TZATOURIAN,Yima, structure de la pensée religieuse en Iran ancien. Bernard SERGENT,L’Atlantide et la mythologie grecque.Claude STERCKX,Les mutilations des ennemis chez les Celtes préchrétiens. ——,Mythes et Dieux CeltesLes Hittites et leur histoire en quatre volumes : Vol. 1 : Jacques FREU et Michel MAZOYER, en collaboration avec Isabelle KLOCK-FONTANILLE, Des origines à lan de l’Ancien Royaume Hittite.Vol. 2 : Jacques FREUMichel M et AZOYER, Les débuts du Nouvel Empire Hittite.Vol. 3 : Jacques FREUet Michel MAZOYER,L’apogée du Nouvel Empire Hittite. Vol. 4 : Jacques FREUet Michel MAZOYER,Le déclin et la chute du Nouvel Empire Hittite. Sydney H. AUFRÈRE,Thot Hermès l’Égyptien. De l’infiniment grand à l’infi-niment petit. Richard-Alain JEANet Anne-Marie LOYRETTE,La mère, l’enfant et le lait en Egypte ancienne. Daniel GRICOURTet Dominique HOLLARD,Cernunnos, le dioscure sauvage.
Préface
Le présent livre fait le bilan de trente-cinq ans de recherches. C'est en effet en 1987 que Frédéric Blaive publia son premier article sur le thème du Guerrier Impie. Il prenait alors cons-cience qu'un motif, littéraire ou historiographique, est commun à plusieurs peuples de langue indo-européenne - et paraît man-quer complètement en dehors de ce domaine linguistique. A sa suite, plusieurs auteurs - Claude Sterckx, Marcel Meul-der, Alexandre Tourraix, Dominique Briquel... - ont complété le dossier que F. Blaive avait commencé à réunir. Aujourd'hui, ce sont donc deux participants à cette recherche, et de la première heure, car, outre F. Blaive, Claude Sterckx, non seulement a participé à l'enquête dès 1988, mais a aussi publié nombre des articles sur le sujet dans la revueOllodagosqu'il avait fondée la même année. Georges Dumézil, interrogé peu auparavant (rappelons qu'il est décédé en 1986) par F. Blaive au sujet de la pertinence de la recherche comparative dont le jeune auteur voyait la possibilité, l'avait écouté avec bienveillance, et lui avait dit : si vous ne trouvez le motif ni en Inde, ni en Iran ancien, ni en Scandinavie médiévale, ni à Rome, laissez tomber. Le défi fut immédiatement relevé : les exemples indiens, ira-niens, scandinaves, latins sont nombreux et furent relevés dès le début des publications, souscrivant à l'exigence méthodologique du grand savant. Mais ils ne sont pas seuls : au fil des années, des exemples du même thème ont été relevés dans la plupart des langues indo-européennes, y compris de celles qui ne livrent pas les documents les plus anciens, comme l'Antiquité slave, les ballades ossètes, quelquestextes de la littérature médiévale. C'est ainsi l'ensemble du monde de langue indo-européenne qui a alimenté le dossier et, répétons-le, car cela aussi lui confère
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une pertinence, seulement en lui, c'est-à-dire jamais en dehors de lui (pas d'exemples chinois, arabes, berbères, ouraliens, tur-co-mongol-toungouses connus). Lorsque, d'aventure, des textes d'une langue du groupe ouralien, nommément leKalevala, œuvre constituée au début du dix-neuvième siècle par la réu-nion de ballades du peuple finnois, ces textes, donc, livrent un motif apparenté aux thèmes indo-européens, mais absents des autres littératures du même groupe linguistique que le finnois, la conclusion s'impose : les Finnois l'ont emprunté à des voisins de langue indo-européenne (et ils ont été nombreux, des Slaves et Baltes aux Scandinaves). Les auteurs du présent livre notent avec grande justice que le thème dégagé, concernant spécifiquement des comportements guerriers ou, sinon, de personnages sur qui la vilenie du guerrier maudit est transposée, ne se modèle pas sur la structure, déga-gée par G. Dumézil, des trois fonctions. Les avertissements et/ou erreurs qui annoncent la fin du guerrier impie sont souvent au nombre de trois. De fait, cela ne suffit pas à les faire se ré-partir sur les trois fonctions indo-européennes. Les peuples de l'Eurasie, cette fois entière, et aussi largement de l'Afrique, ont accordé une importance considérable à la triade et, dès lors, la tripartition fonctionnelle n'est qu'un cas parmi d'autres. Pensons par exemple à ce qu'on appelait la « triade avestique » parce qu'elle est parfaitement claire et récurrente dans les textes an-ciens du mazdéisme, mais dont il a été également montré qu'elle a été, dans la Préhistoire, commune à l'ensemble des peuples indo-européens : elle consiste en trois étapes du comportement -penser, dire, agir ; c'est rigoureusement une triade, rencontrée des dizaines et des dizaines de fois, mais ce serait terriblement forcer que de vouloir absolument l'interpréter à partir de la tri-partition fonctionnelle. Et on pourrait trouver bien d'autres oc-currences du nombre trois, des trois géants que rencontre le héros du conte aux trois coups au théâtre, pour être bien sûr que tout trois n'est pas une triade fonctionnelle.
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Cela dit, puisqu'il s'agit d'un motif spécifique au monde in-do-européen, et que la répartition du monde en trois aspects, appelés par G. Dumézil des « fonctions », est inhérente à la pensée héritée des Indo-Européens, il arrive, disons, que le deu-xième frôle le premier. Ainsi, il existe un autre motif, très proche de celui du Guerrier Impie : c'est celui des trois péchés du Guerrier. Il a été, lui, bien repéré par G. Dumézil, et l'on sait depuis ses travaux que les trois péchés se répartissent sur les trois fonctions (du style : un meurtre, un viol, un sacrilège, qui pèchent, dans cet ordre, sur les deuxième, troisième et première fonctions). Or le motif des trois péchés du Guerrier côtoit celui du Guerrier Impie et cela de la manière la plus simple : c'est souvent, dans les mythes, le même personnage qui, d'abord, accomplit les trois péchés en question, puis, définitivement maudit par eux précisément, voit s'accumuler les signes de la malédiction, et cela aboutit à sa mort. Rāvaa, qui fait l'objet du premier chapitre de ce livre, est le type même de héros négatif : il tue un ambassadeur, il enlève une femme, et il s'attaque aux dieux. Puis arrivent les signes annonciateurs de mort : pluie de sang, chevaux qui trébuchent et qui pleurent. Évidemment, cela ne fonctionne que dans le mythe. La par-ticularité du motif du Guerrier Impie est qu'il peut se joindre par exemple à des personnages historiques (c'est le cas en Scandi-navie, à Rome, en Iran), sur lesquels l'historiographie a pu bro-der, mais qu'elle n'a pas pu modifier au point d'en faire un au-teur de trois péchés successifs ; et il en est de même lorsque le motif s'attache à des héros épiques, globalement positifs, comme Achille, pour annoncer leur mort précoce. À Rome, les personnages, antérieurs à notre ère, à la biographie desquels le motif a été joint ont été des adversaires de l'aristocratie sénato-riale : l'historiographie, l'histoire officielle, ne pouvaient modi-fier de part en part les biographies de ces personnages qui ont été des héros de l'histoire de Rome ; elle s'est contentée de noir-cir leurs derniers instants. Et des phénomènes analogues ont joué au sujet de rois de pays scandinaves ou de l'Iran ancien.
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Le lecteur s'étonnera peut-être de voir ainsi traité comme lé-gendaires des épisodes de la vie de personnages parfaitement historiques. Nous y sommes pourtant habitués. Depuis les tra-vaux de G. Dumézil sur Camille, vainqueur romain du qua-trième siècle avant notre ère, depuis ceux de Dominique Briquel sur la naissance de la République romaine, nous savons com-bien des conceptions reposant sur l'idéologie ont modelé les « carrières » soi-disant historiques des grands hommes de l'his-toire romaine. Il y a certes de l'histoire dans ce que les histo-riens romains nous racontent mais elle est comme enveloppée d'idées que relèvent des représentations, et les vies des hommes illustres ont servi à illustrer et rendre exemplaires ces représen-tations. Suétone a écrit la vie de chacun des douze Césars, des douze premiers empereurs romains : le récit de la naissance de chacun d'eux est un mythe. Cet ouvrage-ci porte donc sa pierre à un édifice commencé par Dumézil au début des années « 40 : la réestimation de l'his-toricité de l'histoire romaine. En réunissant en un ouvrage l'ensemble des travaux consa-crés au thème du Guerrier Impie, F. Blaive et C. Sterckx font donc œuvre utile : ils livrent au public des travaux qui étaient jusqu'alors restés celés dans des revues scientifiques et ils four-nissent de nouveaux outils pour estimer le poids respectif du mythe et de l'historicité dans les carrières du Perse Cyrus, du roi norvégien Harald ou de bon nombre de personnages de l'histoire romaine. C'est là faire travail utile. Bernard SERGENT
Avant-propos
Le sujet du présent ouvrage ne peut être abordé, selon nous, sans qu’au préalable ne soient précisées sa place épistémolo-gique au sein des études indo-européennes et la démarche intel-lectuelle ayant présidé à sa première conception.  La découverte de l’idéologie trifonctionnelle indo-européenne en 1938 par Georges Dumézil a été l’acte fondateur de la mythologie comparée des peuples indo-européens comme discipline scientifique. Jusqu’alors, l’analyse des mythes indo-européens avait navigué de Charybde en Scylla, des brumes évolutionnistes ou primitivistes dans lesquelles l’avaient plon-gée les émules de James Frazer et Herbert J. Rose aux rayons brûlants de la mythologie solaire de l’école naturaliste groupée autour de F. Max Müller.  Les outrances de ces premiers essais ont jeté longtemps le discrédit sur le comparatisme mythologique indo-européen et nous n’en mesurons que mieux la difficulté de la tâche entre-prise par G. Dumézil : redonner ses lettres de noblesse à une discipline dont plus personne ne voulait entendre parler, qui n’était plus qu’un champ de ruines et qu’il fallait reconstruire de fond en comble, y compris au niveau de l’outillage concep-tuel, relevait de l’exploit.  Si G. Dumézil a pu le réaliser, c’est parce qu’il a su, après dix ans de tâtonnements et d’échecs comme il le reconnaissait lui-même, rompre avec les vieilles théories et porter sur le do-maine un regard neuf : celui de l’analyse interne des récits.  Jusqu’alors, les mythologues s’obstinaient à comparer les textes pour eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils cherchaient des rap-ports thématiques entre eux : ce qui se heurtait rapidement à l’obstacle incontournable de la multiplicité des variantes narra-tives, la plupart du temps incompatibles entre elles. Pour sa
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