Mon école est en carton
193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Mon école est en carton , livre ebook

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193 pages
Français

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Description

Enseignants, adjoints, directeurs-trices, parents, inspectrices et inspecteurs, conseillères et conseillers pédagogiques, syndicalistes, parents mais aussi membres du personnel œuvrant dans les écoles de la République : ATSEM, EVS, AVS, concierges... sont dépeints dans cette galerie de portraits avec adresse et tendresse. Les situations sont authentiques, cocasses, voire hilarantes pour certaines. Cet ouvrage se lit comme un recueil de nouvelles humoristiques, parfois sombres ou émouvantes, mais toujours stupéfiantes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 180
EAN13 9782296447752
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon école est en carton
Du même auteur chez d’autres éditeurs :

Albert et Léa la tortue
Édition Chamamuse, 2010
Chroniques de la Terre Figée
Éditions de la Clef d’Argent, 2009
La Console mystérieuse
Éditions du Bout de la Rue, 2009
Animal Totem 1, Yomi
Éditions Volpilière, 2009
Animal Totem 2, Cœurs d’Amazonie
Éditions Volpilière, 2010
Adawa, dernier Indien caribe
Éditions du Bout de la Rue, 2008
Le Faiseur de lettres ( poèmes ) :
Illustrations H. Langlois, 2008
L’Ivre d’images (poèmes), 2007
Le Bourg Papier – Paperville :
Illustrations S. Coustol, traduction H. Van Meerssche.
Le lapin de Pâques , 2004
Le Maître de forges, 2003
Oncle Lucien Édition

Toute l’actualité de Pierre Gemme sur le site :
http://www.livres-pierre-gemme.fr
Pierre Gemme


Mon école est en carton
(parents, enfants, enseignants…)


L’H ARAMTTAN
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13209-2
EAN : 9782296132092

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Je remercie Sylvie et Jean-Pierre B., Sylvie G., Virginie, Fabienne, Laurence, Marie-Jeanne pour leurs corrections et leurs anecdotes, Jacques et Ombeline, Mme Picavet qui m’a autorisé à faire figurer son poème publié sur la toile, et Mara avec qui j’ai partagé dans ma classe, pendant de longues années, épreuves et joies.

Je dédie ce livre à tous les collègues qui œuvrent pour la défense du service public ; à des inspectrices et inspecteurs qui m’ont marqué positivement, encouragé, réconforté parfois ; aux parents qui m’ont fait et continuent de me faire confiance ; et surtout au millier d’enfants que j’ai eu dans mes classes successives et dont certains reviennent parfois me voir, devenus grands, me prouvant ainsi que j’ai compté pour eux.

Je ne dédie pas ce livre aux petits chefs, aux parents maltraitants, aux hommes ou femmes politiques qui croient pouvoir transformer les élèves en produits, les écoles en usines, et les enseignants en formateurs de main d’œuvre bon marché et prête à l’emploi.

Enfin, je demande à toutes celles et ceux qui pourraient se reconnaître dans cette galerie de portraits de prendre cette démarche au second degré. Je ne cherche ni à blesser ni à stigmatiser, mais à montrer les difficultés et l’absurdité dans lesquelles les contraintes du métier nous plongent parfois.
AVERTISSEMENT


Tous les faits relatés dans cet ouvrage sont authentiques. Les noms et localités ont été modifiés par respect de la vie privée des personnes concernées.
« Il était un petit homme,
Pirouette Cacahuète,
Il était un petit homme
Qui avait une drôle de maison. (bis)
La maison est en carton,
Pirouette Cacahuète,
La maison est en carton,
Les escaliers sont en papier. (bis)
Si vous voulez y monter
Pirouette Cacahuète
Si vous voulez y monter
Pirouette, Cacahuète,
Si vous voulez y monter
Vous vous casserez le bout du nez. (bis)

… »

Chanson populaire
Le saut à l’« élaslip »
Votre enfant doit se présenter le matin dans la classe sans doudou, ni « nin-nin » d’aucune sorte. Nous n’acceptons pas non plus les sucettes qui doivent rester à la maison. Nous reporterons la rentrée scolaire de tout enfant qui ne s’avérerait pas propre dès le premier jour. Merci de votre compréhension. L’institutrice. Mademoiselle Hermann.

Mlle Hermann, Martine donc, était jeune, débutante, célibataire et exigeante avec les parents. Au moindre retard, elle faisait remarquer aux parents fautifs que normalement elle aurait dû confier l’enfant au commissariat du quartier (c’est la procédure en cas d’enfant « oublié » par les parents). Elle précisait dans le cahier de liaison que l’enfant devrait rester à la maison s’il avait le nez qui coulait et que l’école n’acceptait pas d’enfant malade pour cause de risque de contagion. Martine envoyait un rappel dès que les 3 € pour le spectacle n’avaient pas été versés le lendemain, et aussi un rappel sur papier libre pour demander aux parents de rapporter le cahier de liaison qui était resté à la maison, car elle ne pouvait pas y coller le mot concernant les 3 € du spectacle. Martine n’emmènerait pas au spectacle tout élève qui n’aurait toujours pas dans son sac le cahier de liaison et les 3 €. Tout ce qu’elle faisait, demandait, exigeait était pourtant parfaitement légal, quoi qu’en disent les parents. Non pas qu’elle en voulait à la terre entière, mais la règle était la règle, un point c’est tout.
Venez, Josiane ! Venez voir ce que je vois ! Elle appelait, offusquée, l’aide maternelle.
Josiane arriva, convaincue qu’un grand malheur était arrivé dans les toilettes (caca plus mou que d’habitude, en général).
Martine, révoltée, montra le petit derrière de l’enfant qui venait de baisser son pantalon.
Eh bien quoi ? demanda Josiane étonnée. Je ne vois rien !
Justement ! hoqueta Martine. Il n’a pas de… il n’a pas de SLIP !
Josiane écarquilla les yeux, puis pouffa de rire.
Oh, mais j’ai cru que c’était plus grave ! Si ce n’est que ça…
Mais, Josiane, vous vous imaginez ? Envoyer son enfant à l’école en oubliant de lui mettre son slip le matin ! C’est… Elle cherchait un mot assez dur pour qualifier ce manquement à l’éducation de base. C’est odieux, c’est de la maltraitance, c’est… Pff ! Mais où sont les parents de nos jours ? À croire qu’ils laissent leur enfant de trois ans s’habiller tout seul !

Martine était rigide, « pédagogico-rigide ». Et pourtant dans le privé, un homme aimait Martine. Et Martine se maria à cet homme qu’elle aimait aussi, et qui devait avoir probablement l’autorisation écrite de ses parents pour se mettre en ménage avec Martine. Il avait dû probablement arrêter de fumer avant de l’épouser. Ne parlons pas de son doudou s’il en avait un, proscrit dans le lit conjugal. Et à défaut de carnet de liaison, aucune autre liaison ne serait tolérée, bien évidemment ! Le mari de Martine devait en outre être propre, poli, et n’avoir jamais ni le nez qui coule, ni poux, ni lentes. Faute de quoi, il serait renvoyé manu militari du logis. En outre, un seul retard le soir en revenant du travail le conduirait directement au commissariat.
Deux ans plus tard, la situation commença à lui échapper, à Martine. Enceinte, elle accoucha d’un beau bébé qui se mit à grandir en lui crachant de la purée au visage, qui ne dormait par forcément la nuit, et qui refusait le lait maternel. Martine, échevelée, courait dans tous les sens. Du pédiatre à la crèche qui refusait de le garder s’il était grippé. Du jardin public le soir, au kiné pour soigner sa bronchiolite, elle n’arrêtait pas. Puis c’était le biberon, la pharmacie, la tutute, le Smecta. On l’appelait sur son portable quand elle était coincée dans les embouteillages car l’enfant l’attendait toujours à la crèche. Elle avait dit qu’elle viendrait le chercher à 18 heures et elle avait justement eu une réunion impromptue à l’école. Son enfant avait fait caca dans sa culotte plus de trois fois dans la journée, n’était-il pas malade ? Peut-être faudrait-il venir le chercher, il ne se sentait pas bien.
Mais comment je fais, moi ? pleurait Martine que Josiane ne parvenait pas à consoler. Elle en était à sa deuxième boîte de mouchoirs. Je dois appeler l’inspection pour qu’ils m’envoient un remplaçant ? Je dois quitter ma classe pour aller chercher mon enfant à la crèche ?
Et que faisait son mari ? Oui, il travaillait dur, mais sans doute avait-il repris la cigarette, son doudou, et pire même peut-être les liaisons ! Il se laissait tellement aller depuis quelque temps. Et Martine pleurait de plus belle en maudissant son mari absent.
Vas-y, on se répartira tes élèves, proposèrent ses collègues compatissantes.
Martine détala, des cernes sous les yeux ; l’anxiété faisait trembler ses mains sur le volant. Elle arriva en trombe, manqua de se tordre une cheville sur les marches de l’escalier. Elle sonna à la porte de la crèche, le manteau mis de travers, le fard à paupières dégoulinant sur ses joues blêmes.
Comment va-t-il ? Comment va mon enfant ? hurla-t-elle, hystérique, à la puéricultrice.
Calmez-vous, ce n’est rien. Une gastro sans doute. C’est un accident.
L’enfant de Martine, vêtu d’un pantalon de rechange lui remontant jusque sous les bras, se dandina bras tendus vers sa maman chérie.

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