Phan Boi Chau (1867-1940)
346 pages
Français

Phan Boi Chau (1867-1940) , livre ebook

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346 pages
Français

Description

Phan Boi Chau (1867-1940) est une figure respectée par ses compatriotes vietnamiens. Il incarna l'esprit de résistance face à la domination coloniale. Personnalité complexe, d'abord partisan d'un régime monarchique, il milita ensuite pour une république vietnamienne. Son chemin croisa celui du futur Ho Chi Minh, quelques mois avant son arrestation en 1925. S'il pensa parvenir à libérer son pays dans le cadre d'une politique d'association avec la France, il resta toujours hanté par l'idée d'indépendance nationale.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2008
Nombre de lectures 361
EAN13 9782296212787
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yves LE JARIELPHAN BOI CHAU (1867-1940)
Le Nationalisme vietnamien avant Ho Chi Minh
Phan Boi Chau, figure respectée par ses compatriotes vietnamiens, est
peu connu des Français. Et pourtant il a troublé le jeu colonial indochinois
durant près de vingt ans : de 1905 où il part pour le Japon jusqu’à 1925, date PHAN BOI CHAU (1867-1940)de son arrestation en Chine par la Police de la Concession française de PHAN BOI CHAU (1867-1940)
Shanghai. Entre les lettrés du Can Vuong et Ho Chi Minh, il a incarné l’esprit
de résistance à la domination coloniale mieux qu’aucun autre de ses Le Nationalisme vietnamien avant Ho Chi MinhLe Nationalisme vietnamien avant Ho Chi Minhcompatriotes. Comme le disait fort bien le gouverneur Pasquier, il
“cristallisait” le patriotisme vietnamien.
D’abord, en liaison avec le prince Cuong De, partisan d’un régime
monarchique, il évolua sous l’influence de Sun Yat Sen, proposant d’établir
une république vietnamienne. En 1925 en Chine, quelques mois avant son
arrestation, son chemin croisa celui du futur Ho Chi Minh. Phan, personnalité
complexe, pensant un moment parvenir à libérer son pays dans le cadre d’une
politique d’association avec la France, resta toujours hanté par l’idée
d’indépendance nationale. Son histoire fut aussi, à un moment de sa vie, celle
d’une occasion manquée de décolonisation sans violence.
Yves Le Jariel est né au Vietnam en 1942 d’un père administrateur des Services civils
de l’Indochine, qui occupa divers postes de responsabilité en Annam et au Tonkin.
Diplômé HEC, après avoir réalisé l’essentiel de sa carrière professionnelle dans une
banque, où il assume à partir de 1996 des fonctions de chargé d’études historiques,
il se consacre désormais à l’étude de l’Indochine coloniale.
Image de couverture : ANOM (Archives Nationales d’Outre-Mer)
ISBN : 978-2-296-06953-4
9 782296 069534 32€
PHAN BOI CHAU (1867-1940)
Yves LE JARIEL
Le Nationalisme vietnamien avant Ho Chi Minh«Il s’est fait danstoutel’Indochine autour du nom de Phan Boi Chau comme une
1cristallisation de l’idéedepatriotismeannamite. »
INTRODUCTION
Le 30 juin 1925à la garedu Nordde Shanghai, un Asiatique,parmi les
centaines d’autresqui constituent la foule desvoyageurs,descend dutrain
venant deHangzhou.La garedeShanghaiest située en territoirechinois,mais à
quelques mètres de laconcession internationale. Unindividus’avance vers le
voyageur pour l’entraîner hors du bâtiment. Peu après, une automobile vient
s’arrêteràcôtédes deux hommes. Le voyageur est brusquement poussé à
l’intérieur duvéhicule.C’en est fait.PhanBoiChau,l’hommeleplus recherché
par lesservices de Sécuritéfrançais en Extrême-Orient depuisvingt ans, vient
d’êtreenlevé.
C’est le début d’une étrange énigme. Quia donné aux services français les
indicationsquiont permis cette arrestation? Une longuepolémique s e
développera par la suiteentrecommunistes et nationalistesvietnamiens pour se
rejeter la responsabilitédela trahison quia permis ce succès de la police
française. Sans produirela moindrepreuve, on ira jusqu’àaccuser Nguyen Ai
Quoc, c'est-à-direHoChi Minh, d’avoir étél’homme quilivraPhan Boi Chau.
Les Français,onle comprend bien, devaientrester fort discrets sur cette
question. Ils effacèrent la plupart destracesqui auraient permis l’identification
de leur agent. Ils ne les firent cependant pastoutes disparaître; desrecherches
effectuées au Centredes archives d’Outre-mer me permettent d’avancersans
risqued’erreur le nom de cet inconnu dont onchercha longtempsà reconnaître
le visage (Cf.chapitre6:L’arrestation dePhanBoiChau).
Cette arrestation était laconclusion des efforts policiers développés par les
services deSûretéfrançais enExtrême-Orient depuis 1905. Pourquoi de la part
desautorités françaisestant d’acharnement?Iln’ya guèreà s’étonner.Comme
le rappelaittrès justement Georges Boudarel danssa traduction des Mémoires
dePhanBoiChau,ce rebellea incarné la résistanceduVietnamà la domination
1PierrePasquier,Lettreau ministredesColonies du22 mai1931.
7françaisedurant cettepériode de vingt ans au cours de laquelle ila inspiréou
dirigé la plupart des mouvements nationalistes d’insurrection. La France avait,
en principe, conclusaconquêtedu Vietnamen1884, avec la prisede Hué,
établissantson protectoratsur l’Annamet le Tonkin,parachevant ainsil’œuvre
commencée avec la prisedelaCochinchine. Mais des mouvements de révolte
n’avaientcesséde semanifester et de sedévelopper.PhanBoiChau incarna une
période intermédiaire. Successeur des mouvements dirigés par des lettrés dont
le plus illustrefutPhanDinhPhung,ilprécéda le grand fluxcommuniste quin e
pritvéritablementson essorqu’après 1925 avec lacréationàCanton du
mouvement de laJeunesseparNguyenAiQuoc.
La vie révolutionnairede Phan Boi Chau peut s’articuler en trois moments
fondamentaux.
I-Lepremier deces moments (de 1901à 1914) fait l’objet deschapitres1 à
3 decet ouvrage. Onyvoitunlettré vietnamienprogressiste, ouvertau monde,
qui s’efforcepar le biais d’insurrections armées de reconquérir l’indépendance
de sa patrie.
Phan Boi Chau est incontestablement l’héritier du Can Vuong, ce
mouvement de résistanceorganisépar des lettrés patriotesqui sedéveloppa
pour l’essentiel entre1885 et 1898. Les plus éclairés de ces lettrés avaient
pressentila nécessairemodernisationà laquelle devrait procéder leur pays pour
recouvrerson indépendance. Leurs successeurs nationalistes furent pénétrés de
cettenécessité. Ainsi,Phan BoiChau participe de l’élanfiévreux qui s’empare
du Vietnam au début du XXème siècle pour transformer le pays. Les peuples
d’Asie aspirent alors à des changements profondsquileur permettraient
d’égalercetOccidentquileur impose sa domination.La révolutionculturelle et
économiquedela société vietnamienne pouvait-elle se réaliserselon plusieurs
voies?Phanaurait-il puchoisir lacollaborationavec laFrance,comme le firent
nombrede ses compatriotes, comme Nguyen Van Vinh ou plus tard Pham
Quynh ou Bui Quang Chieu? Partempérament et par analyse, il préférait la
luttefrontale. Mais cette confrontation avec le pouvoir colonial,il aurait pu
2
l’envisagerà la façon de Phan Chau Trinh, autrelettrépatriote, lui aussi
soucieux de l’indépendancede son pays,maisqui refusa le combat
révolutionnaire. Phan Boi Chau opta sans hésitation pour l’action violente.
Cherchantun allié dans la famille royale, il trouva dans le prince Cuong D e
l’incarnation du principe monarchiste sur lequel il voulaits’appuyer pour
développersoncombat. Intellectuelplus qu’organisateur,ilcommença pars’en
2 Phan Chau Trinh est souvent orthographié Phan Chu Trinh. Enfait les deux
orthographessont possibles. Elles correspondentà desusages liés aux provinces
vietnamiennes. Dans le nordon trouve«Chu» alors que«Chau»est d’usage dans le
centreetausuddu pays.Cf.àcepropos Thèsede 3èmecycle surPhanChauTrinh de
CongThiNghia (aliasThuTrang).
8remettreà des hommesqui avaient plus queluil’habitude et le sens la lutte
armée.Sonallianceavec leDeThamest significativedecette« dépendance» à
laquelle il se trouvaassujettidurant la période 1908-1912. Puis,influencépar
Sun Yat Sen, il ne sedéroba pasà la tâche d’organiser directement la lutte
révolutionnaire. Son mouvement le Quang PhucHoi fut indiscutablement
l’organisateur des attentats qui secouèrent l’Indochine en 1913. Cettelutte
armée envisagée sous forme d’attentats terroristes avec l’appuimilitairedes
amis de l’étranger (japonais puischinois)nedevait guèreaboutirà desrésultats
probants pour le mouvementrévolutionnaire.Les échecsrépétés duQuangPhuc
Hoi firent naîtreledouteausein decertainsrévolutionnaires decetteépoque.
II- Après ces échecs, avec la guerremondiale et les manifestations de plus
en plus directes de l’impérialisme japonais en Asie, le deuxième moment (de
1917à 1922, chapitres4et 5) correspondà une interrogationfondamentale.
N’était-ilpas possible de s’entendre avec les Français? La grande habileté
d’A

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