Reconnaissance du sujet sensible en éducation
212 pages
Français

Reconnaissance du sujet sensible en éducation , livre ebook

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Description

Fondements : L'avenir du sensible /L'apprentissage sensible du sujet adulte /Rencontre éducative avec le sujet sensible... Pratique : L'enfant, la littérature et la philosophie / Dans le sens du texte... / Recherche : Regards sur l'authenticité de la rencontre / Du sensible au sens / Un poète à l'antenne... / Variations - Témoignages : Paolo Freire et sa pédagogie sensible à l'humanisation d'autrui / L'artiste intervenant, entre démarche pédagogique et processus esthétique... / Lectures - Découvertes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 43
EAN13 9782296498112
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHEMINS DE FORMATION au fil du temps…
Quelle reconnaissance du sujet sensible en éducation ?
ChemIns de formatIon au il du temps... ISSN 0760-0070 - ISBN 978-2-36085-028-0
ÉdIté par Téraèdre 48, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie 75004 Paris Tél. 01 48 04 09 26 E-mail : teraedre@wanadoo.fr www.teraedre.fr et Université de Nantes – Université permanente 2 bis, boulevard Léon Bureau – BP 96228 44262 – Nantes Cedex Tél. : 02 51 25 07 25 – Fax : 02 51 25 07 20
DIrectrIce scIentIique de la publIcatIon
Martine Lani-Bayle www.lanibayle.com
Bertrand Bergier
ComIté de rédactIon équipeTransform’(transdisciplinarité et formation) de l’université de Nantes, sciences de l’éducation.
CrédIts IllustratIons
© Couverture : Jean-Paul Filiod Illustrations et photographies : Carole Baéza et Martine Lani-Bayle
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Mesdames et messIeurs les professeurs
De l’unIversIté de Nantes Régis Antoine (lettres),Daniel Briolet (1933-2003),Philippe Forest(lettres),Olga Galatanu(linguistique).
Au plan natIonal, en scIences de l’éducatIon Jacques Ardoino, Françoise Cros, Nelly Leselbaum, Philippe Meirieu, Gaston PineauetAndré de Peretti.
Au plan natIonal, en dehors des scIences de l’éducatIon Monique Astié(biologie végétale),Boris Cyrulnik(neurologie,psychiatrie, éthologie clinique),Albert Jacquard (humanistique et génétique des populations),DavidLeBreton(sociologie),Jean-LouisLeMoigne(sciences des systèmes),Jacques Lévine(psychanalyse),Edgar Morin(sociologie) et Jacques Nimier(mathématiques et psychologie clinique).
Au plan InternatIonal Mireille Cifali(psychologie et sciences de l’éducation, Genève, Suisse), Olga Czerniawska(théorie de l’éducation,Lodz,Pologne),Guy De Villers(psychanalyse,Louvain,Belgique),Pierre Dominicé(sciences de l’éducation, Genève, Suisse),Ettore Gelpi(1933-2002),Meirecele Caliope Leitinho(sciences de l’éducation,Ceara,Brésil),Ewa Marynowicz-Hetka(pédagogie sociale, Lodz, Pologne),Jacques Rhéaume(sciences de la communication, Montréal,Québec),Makoto Suemoto(sciences de l’éducation,Kobe,Japon), Fabio VasconcelosFortaleza, Brésil) et (géographie, André Vidricaire(sciences de l’éduction, Montréal, Québec).
TABLE DES MATIÈRES
ÉdItorIal Renaud Hétier ................................................... 5
DOSSïER : LE SUJET SENSïBLE
1 – FONDEMENTS
La reconnaIssance du sujet sensIble en éducatIon Entretien avec Claudine Haroche................................ 15
L’apprentIssage sensIble du sujet adulte Pierre Dominicé.....12.............................................
Rencontre éducatIve avec le sujet sensIble Carole Baéza, entretien avec René Barbier ...................... 28
« Le corps aujourd’huI » Entretien avec Isabelle Queval................................... 37
La reconnaIssance du sujet sensIble dans l’éducatIon artIstIque : entre utopIe et réalIté Laurence Loefel.................................................. 46
La perspectIve Éco-RelatIonnelle et l’ÉducatIon ïnterculturelle dans l’entrelacer d’aectIons : la décolonIsatIon du savoIr Joao Figueiredo..................................................53
Comment sentIr que ça veut dIre quelque chose? Le loup et la mésange : un récIt à pleInes dents Renaud Hétier .................................................. 61
2 – PRATïQUE
L’enfant, la lIttérature et la phIlosophIe Edwige Chirouter................................................ 73
Dans le sens du texte Lorine Bost....................................................... 83
DIsposItIfs transItIonnels et approche IntégratIve pour l’accompagnement en éducatIon : de la « zone urbaIne sensIble » au « sujet sensIble » Béatrice Clavel..................................................93
L’IntégratIon du sensIble dans l’apprentIssage des mathématIques par la médIatIon des albums de lIttérature de jeunesse Isabelle Dagué.................................................. 101
3 – RECHERCHE
Regard sur l’authentIcIté de la rencontre Carole Bufa-Potente110 ..........................................
Du SensIble au sens : un chemIn d’autonomIsatIon du sujet connaIssant Eve Berger, Dani Bois117 .........................................
Un poète à l’antenne : l’affectIvIté dans un parcours de recherche autobIographIque Henrique Sérgio Beltrão-de-Castro............................ 125
Paul Faucher, éducteur du sensIble : AtelIers et École du Père Castor Jean-François Marchat135 ........................................
4 – VARïATïONS  TÉMOïGNAGES
Paolo FreIre et sa pédagogIe sensIble à l’humanIsatIon d’autruI Karla Patricia Martins-Ferreira .............................. 147
L’artIste Intervenant, entre démarche pédagogIque et processus esthétIque Véronique Chappuis............................................. 153
La danse de couple, une éducatIon au sensIble Rémi Hess, Katia Mendez...................................... 160
De la sécurIté du cadre à l’épanouIssement des potentIalItés de l’enfant Entretien avec Sarah Vénuat.................................... 168
Sport, place du corps et rapport au corps Entretien avec Jérôme Godineau................................ 172
AUTREMENT
La réponse InstItutIonnelle au phénomène du harcèlement à l’école : dépasser la répressIon pour Instaurer une justIce restauratIve Arnaud Lamy.................................................179
De la robe à la culotte : dépasser le sensIble pour entrer dans l’éducatIon. Étude de la pensée d’AlaIn Caroline Richard............................................... 186
LECTURESDÉCOUVERTES
27 ouvrages.................................................. 195
ÉDITORIAL
« Là ûÉŝîO ûÉ Oûŝ Oûŝ ŝOÉŝ Oŝŝ, pour ce numéro deChemins de Formation,présente plusieurs aspects. La thématique de la reconnaissance,devenue prégnante dans notre société, apparaït au premier plan. Mais nous n’avons pas voulu la traiter dans sa généralité. Il s’agit bien de parler du « sujet sensible », ce qui est déjÀ une manière d’indiquer À quelle reconnaissance on s’est plus particulièrement inté-ressés. Ôn pourrait voir le « sensible » comme une augmen-tation de la dimension subjective : quelque chose qui tout À la fois appartient en propre au sujet,mais qui lui est si propre que cela lui est en partie inaccessible. Qu’entend-on alors par sensible?Tout À la fois les sens,les émotions, la sensibilité et, au-delÀ de tout cela, une manière d’être et de sentir le monde, qui n’est pas réductible au lan-gage ni À la rationalité.Dans un contexte éducatif et formatif qui a tendance À être abandonné À l’illusion de la maïtrise, cela signie qu’il y a À cultiver des dimensions oubliées du sujet et en même temps, À les protéger. Il ne s’agit pas d’op-poser schématiquement le « sensible » À « l’intelligible », À la manière platonicienne, ni de vouloir restaurer les droits
du sensiblecontreceux de l’intelligible, mais d’y reconnaïtre aussi bien une dimension constitutive du sujet qu’un chemin. Chemin sensible qui peut permettre de s’aventurer au-delÀ, sans se couper de son origine, sans se séparer de ce qui fait le propre de soi-même, sans se perdre. Et, peut-on l’espérer, sans cesser d’être sensible À autrui. C’est bien toute la di-culté : parvenir À prendre de la hauteur, pouvoir abstraire, mais sans s’abstraire soi-même, au risque d’une perte de sa propre humanité. Ôn devine combien une telle perspective peut avoir de prix et de diculté en éducation,s’il faut conduire le « petit » vers le grand qu’il est appelé À devenir,s’il faut favoriser tout ce qui peut croïtre. La tentation est souvent celle de la ligne droite, du plus court chemin, au risque du déracinement, de l’emballage de la course. Au risque de la programmation À laquelle « on » arrive, même si personne n’y arrive. La tem-poralité sensible est tout autre, qui musarde et qui lézarde, et qui peut tout aussi bien, dans une fulgurance, se dépasser elle-même.Pour reprendre un mot de Jean Markale si,pour les Romains, le plus court chemin d’un point À un autre
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c’est la ligne de droite, pour les Celtes, c’est le rêve. Ce que nous ne pouvons prédire – ce qu’autrui fera de lui-même –, nous ne pouvons pas non plus le prescrire. Être attentif au sensible suppose alors d’accueillir, de supporter, de soutenir, d’imaginer une innité de chemins, incommensurables les uns aux autres. â travers les contributions de ce numéro, nous retrouve-rons diérentes formes d’attention au sensible. La place du langage,la qualité du dialogue – qui sup-pose À la fois une qualité d’écoute et une liberté de parole –, ont la plus grande importance. Ceci qu’il s’agisse d’entrer en relation, de communiquer, de pouvoir se dire ou d’ap-prendre À penser.Ôn pourrait,À ce titre,évoquer une « parole sensible » qui est la médiation entre un corps, une intério-rité, une mémoire, une aectivité d’une part, et la présence d’autrui/À autrui d’autre part.Toute parole n’est pas condam-née À l’abstraction, elle aussi moyen de faire résonner ce qu’il y a de sensible en soi, de se libérer.Henrique Beltraoporte notre attention sur un dispositif original qui associe la radio – média de la parole – À la rencontre poétique, ou Àla rencontre, grĀce À la poésie. L’ouverture À sa sensibilité et l’ouverture À autrui y apparaissent dans un même mouve-ment de rapprochement.Edwige Chirouter, dans un autre registre, met en évidence l’intérêt de l’apprentissage de la discussion (À visée philosophique) À partir de textes littéraires levant des questions anthropologiques fondamentales. Le lien entre littérature et sensible, puis le cheminement, par le dialogue, jusqu’À la formation de la raison ainsi nourrie y sont mis en évidence.Caroline Pigno-Richardpropose une réexion sur le rapport de l’enfant au monde selon Alain ou, autrement dit, d’un point de vuea prioriplutt distant vis-À-vis du sensible : le langage y apparaït comme le moyen-même de découvrir les choses, À l’inverse de ce qui a pu être défendu notamment À partir de Rousseau.
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Le passage À l’écriture accentue la diculté,en s’engageant dans une abstraction plus grande encore.Les sonorités de la voix, la présence de qui parle et de qui écoute, s’eacent au prot de simples signes. Mais lerapport au texte, À la littéra-ture,et encore au-delÀ aux langages et jusqu’aux signes eux-mêmes, peut être appréhendé comme un moyen de cultiver les potentialités sensibles du sujet, pourvu qu’on se préoc-cupe de ne pas perdre le contact, c’est-À-dire que l’approche culturelle elle-même soit sensible.Les supports peuvent plus ou moins tenir compte du sensible, le travail du médiateur (enseignant ou autre) peut viser À rendre le texte sensible dans la mise en scène ou dans la mise en lien.Lorine Bostmet en évidence le statut « hors cadre » de la littérature, et le risque de la réduction scolaire À un simple objet de savoir. Il est alors question, avec les lycéens, d’une sensibilisation qui ouvre d’abord au sens du texte, À ce qu’il peut provo-quer chez le lecteur.Isabelle Dagué,partant du constat de la diculté de certains jeunes élèves en mathématiques, envi-sage un détour original par la littérature de jeunesse qui soit susceptible, À la fois de convoquer le sensible et de pro-poser des formes de mises en ordre du monde qui prépa-rent À l’abstraction mathématique.Jean-François Marchatexhume la gure de Paul Faucher,fondateur du Père Castor, et montre comment il s’est agi pour Faucher, notamment À travers les fameux albums et par la grĀce d’une illustration créative,d’intégrer du sensible dans les livres.Renaud Hétierfocalise l’attention sur un seul album et sur le conte qu’il met en scène.Il s’agit ici de s’approcher,dans le détail,de ce qu’il peut y avoir de sensible et de sensé dans et autour d’un texte. Le souci d’unereconnaissance du sujet dans sa globalité, dans sa complexité, et d’inscrire cette prise en compte dans la considération À échelle plus large de l’environnement de celui-ci, est une autre modalité d’attention au sensible, vers une condition humaine sensible intégrée dans un monde
dont il faut prendre soin. Le « sensible » n’est alors plus une partie d’un sujet mais le sujet lui-même, qui ne peut s’en séparer sans atteindre À son intégrité, À son identité, sans sourir tout entier de cette amputation.Et qui ne peut négli-ger sa propre implication dans la construction des conditions de la reconnaissance et de la protection de ce qui est sensible. Claudine Harochemontre,dans un entretien,l’importance de l’évolution historique qui conduit d’une certaine sensiblité envers autrui À une forme de sensorialité. La distance et la demande de visibilité vont alors de pair, dans un temps où l’on peine À sentir et À ressentir.Pierre Dominicépointe, notamment À partir de témoignages, combien la sensibilité peut être ressource autant qu’obstacle. Il importe alors de faire un certain apprentissage de celle-ci, de faÇon À y pui-ser des éléments d’élucidation ou de créativité,pourvu qu’on sache aussi les contenir.Ève BergeretDani Boiscernent, dans le champ de la formation des adultes,l’importance d’un sensible irréductible et propre au sujet humain, qui ne peut être ignoré ou mis À distance sans dommages, eu égard À la mobilisation réclamée par toute formation et notamment dans une visée d’autonomisation.René Barbier, dans un entretien, articule le sensible et son enracinement, dans une existence incarnée, avec la spiritualité, orientée par le sens d’une présence ouverte au monde, dans sa réalité.Sarah Vénuat, également dans un entretien, argumente autour de l’idée d’un cadre éducatif susamment sécurisé pour que l’enfant puisse s’exprimer et être lui-même.Mais, au-delÀ du cadre,c’est nalement la relation,et l’accueil fait À autrui dans un regard bienveillant, qui semblent déterminants. La question ducorpsest incontournable dans une telle thématique. Avant d’être aectivité, sensibilité, émotion, le sujet est corporellement exposé et À ses sensations internes et À ce que le monde fait venir À lui.Alors que l’institution édu-cative semble arc-boutée dans un dépassement du corps qui
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va de sa maïtrise (comme dans l’exemple du sport) À sa mise À distance (par le privilège accordé À l’activité cérébrale),rien ne semble,pourtant,plus profondément inscrit dans le sujet que ce qui s’est inscrit dans son corps. Nous sommes même sans doute, À notre époque, au maximum de l’ambivalence, quand tout À la fois nous prenons un soin tout nouveau du corps (sa fonctionnalité, son image) mais qu’en le domesti-quant ainsi,nous conrmons que nous avons du mal À le sen-tir.Isabelle Queval,dans un entretien,montre l’importance des enjeux actuels de l’appropriation du corps. Ces enjeux ont essentiellement une forme paradoxale, dans la mesure où tout À la fois une attention sans précédent est portée au soin du corps – ce qui en rapproche –, et que celui-ci est l’objet d’une volonté de maïtrise –, ce qui en éloigne sensi-blement.Rémi HessetKatia Mendez, dans leur dialogue, évoquent la danse – le tango –, comme cette « négociation du corps À corps » qui suppose qu’À chaque rencontre un nouveau cadre soit créé,qui permette aux corps de s’inscrire ensemble dans un espace partagé.Jérôme Godineau, dans un entretien, explique quelle est la demande des individus vis-À-vis des activités de forme et de sport. Du bien-être À la performance, les enjeux sont très diérents et le corps n’y a pas le même statut. L’horizon dela créativité,et de ses occurrences artistiques, marque enn clairement cette perspective de passage – ou de chemin –, qui est au cœur de notre revue. Encore une fois, le sensible n’est pas une « réserve » ou une enfance en soi.Il est une dimension fondamentale du sujet qui demande À s’exprimer, et peut-être plus encore À être cultivée. Chant, danse, peinture, écriture, etc., ne « trouvent » pas des res-sources déjÀ-lÀ, mais tout aussi bien les suscitent dialecti-quement. Jean-Pierre Vernant, en s’interrogeant sur l’émer-gence de l’individu en Grèce ancienne,évoque les remarques de Peter Brown pour marquer la rupture sans précédent du
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christianisme et l’émergence de la gure du « sujet » : c’est d’abord dans un souci scrutateur, dans une manière de se tourner vers ses propres profondeurs…,que celles-ci se sont nalement densiées et enrichies.Laurence Loefelmontre l’importance du développement de la sensibilité de l’en-fant, condition de son épanouissement et, du coup, « droit »À reconnaïtre et À cultiver. Cela suppose une politique édu-cative ouverte À la dimension artisitique,ce qui interroge les diérents acteurs impliqués. La contribution deVéronique Chappuisfait écho À ce qui précède en analysant la situation créée par l’intervention d’artistes dans les écoles. L’approche proposée met en valeur le fait que ce n’est pas seulementle sensible qui est alors mobilisé, mais le sujet lui-même, l’enfant dans sa singularité, ce qui n’est pas sans eet surl’ensemble du rapport au savoir. La question ducadrese pose enn. Quelles institutions (plus ou moins justes) soutiennent la possibilité d’une édu-cation,d’une formation,d’une pédagogie attentives au sujet sensible? Le cadre suppose À la fois la déntion de bornes – qui excluent un certain nombre de choses –,et la précision de ce qui doit être rendu possible et nécessaire À l’intérieur de ces bornes. Néanmoins, la séparation entre intérieur et extérieur n’est jamais complète : il s’agit toujours, en édu-cation, de se former au monde par le monde, même si ce dernier est ramené À des proportions maïtrisables au sein des institutions éducatives. Le réel, dans sa complexité et sa globalité, ne cesse jamais de s’inviter dans les microcosmes éducatifs. Les questions de citoyenneté, de justice, d’écolo-gie, sont À la fois À l’horizon et au cœur de l’espace éducatif.Le sujet sensible est aussi bien un sujet À protéger qu’un sujet auquel il faut apprendre À protéger le monde qui l’abrite.Joao Figuereido,dans un une sensibilité synchrétique toute brésilienne, traite cette question de l’interdépendance de diérentes échelles : pédagogique,écologique,relationnelle.
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Karla Patrícia Martins-Ferreiraépouse la même perspective avec le pédagoguePaolo Freirequi représente,plus que tout autre, ce souci de tenir ensemble ce qui, dans la société, se présente comme des contradictions et de relever le dé d’une forme d’amour du prochain qui rende possible, et émanci-patrice,la rencontre éducative.Béatrice Clavelconsacre son attention À des dispositifs transitionnels qui visent À créer des espaces d’intégration : intégration sociale des adolescents, intégration du sensible dans l’approche éducative. Ôu,pour le dire avec ses mots, intégration du sensible en zone sen-sible…Arnaud Lami, enn, propose un regard en contre-point : le sensible, c’est aussi ce qui est blessé et qui appelle, alors, une reconnaissance et une réparation. La question du harcèlement, phénomène aussi sourd que meurtrissant, est ainsi abordée dans la perspective d’une justice restauratrice.
Nous nous réjouissons de pouvoir vous proposer ces approches diversiées, par des auteurs d’horizons aussi très diérents,sous des formes également variées (textes et entre-tiens),dans un numéro dont nous espérons qu’il est À l’image de ce qu’il nous apparaït essentiel de soutenir sur une telle thématique. La reconnaissance du sujet sensible ne saurait aller sans acceptation de la pluralité – celle qui procède de la diérence qui fait l’identité de chaque sujet,celle qui procède de la fragilité polymorphique de chacun de nous.
Bonne lecture À vous.
RÉàû HîÉ
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RO
Qu’est-ce qu’il y a donc De plus rond que la pomme?
Si lorsque tu dis : rond, Vraiment c’est rond que tu veux dire, Mais la boule À jouer Est plus ronde que la pomme.
Mais si, quand tu dis : rond, C’est plein que tu veux dire, Plein de rondeur, Et rond de plénitude,
Alors il n’y a rien De plus rond que la pomme.
EûÉ GûîÉî
Les savoirs sont dans le ventre les uns des autres,ils sont mêlés comme des chemins de vaches. Parole aricaine
Cû  û
Enn me voilÀ debout Je suis passé par lÀ Quelqu’un passe aussi par lÀ maintenant Comme moi Sans savoir où il va
Je tremblais Au fond de la chambre le mur était noir Et il tremblait aussi Comment avais-je pu franchir le seuil de cette porte Ôn pourrait crier Personne n’entend Ôn pourrait pleurer Personne ne comprend
J’ai trouvé ton ombre dans l’obscurité Elle était plus douce que toi-même Autrefois
Elle était triste dans un coin La mort t’a apporté cette tranquillité Mais tu parles tu parles encore Je voudrais te laisser
S’il venait seulement un peu d’air Si le dehors nous permettait encore d’y voir clair Ôn étoue Le plafond pèse sur ma tête et me repousse Ôù vais-je me mettre où partir Je n’ai pas assez de place pour mourir Ôù vont les pas qui s’éloignent de moi et que j’entends LÀ-bas très loin Nous sommes seuls mon ombre et moi La nuit descend
PîÉÉ RÉÉY
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