La construction du Brésil
266 pages
Français

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La construction du Brésil , livre ebook

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Description

Dans les contacts entre des cultures différentes, des continents différents ayant des histoires différentes, le langage est une question cruciale. Comment la découverte du Nouveau Monde s'est-elle reflétée dans la rhétorique européenne ? Ce livre traite du discours des missionnaires sur le Brésil, du discours ou du regard français sur le Brésil, des formulations qui rappellent la parenté ambiguë entre "découvrir" et "conquérir", la relation entre Europe et Amérique se transforme en "discours de la colonisation". Š

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 142
EAN13 9782296460072
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA CONSTRUCTION DU BRESIL


À propos des discours français
sur la Découverte
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54575-5
EAN : 9782296545755

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Eni Puccinelli Orlandi


LA CONSTRUCTION
DU BRESIL

À propos des discours français
sur la Découverte


L’Harmattan
Mondes lusophones
Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin

La collection Mondes lusophones publie des ouvrages sur cet espace éclaté hérité de l’Empire portugais, de l’Océan indien au Brésil.


Titres parus


Felipe CAMMAERT, L’Écriture de la mémoire dans l’œuvre d’Ant ó nio Lobo Antunes et de Claude Simon , 2009.
Agnès LEVECOT , Le roman portugais contemporain. Profondeur du temps , 2009.
E.TAVARES, Littératures lusophones des archipels atlan-tiques , 2009.
I. BATISTA de SOUSA, S ã o Tomé et Principe de 1485 à 1755 : une société coloniale , 2008.
J. M. da COSTA ESTEVES, La littérature portugaise contemporaine. Le plaisir du partage , 2008.
F. NUNIZ & D. PAES (texte établi et traduit du portugais par M. ROUCH), Chroniques des Rois de Bisnaga , 2008.
I. MUZART-FONSECA dos SANTOS, J. M. da COSTA ESTEVES, D. ROLLAND (organisateurs), Les Îles du Cap-Vert. Langues, mémoires, histoire , 2007.
L. LOISON, L’expérience vécue du chômage au Portugal , 2006.
M. MONTENEGRO, Un culte thérapeutique au Portugal. Entre Moïse et Pharaon , 2006.
M. MONTENEGRO, Une thérapie traditionnelle au Portugal. Les bruxos, leurs clients et leur monde , 2005.
A. BARBE, Les îles du Cap-Vert, une introduction, préf. C. Ivora, 2003.
À Angelina,
ma mère.

And whenever the way seemed long
Or his heart began to fail,
She would sing a more wonderful song
Or tell a more marvellous tale.
Longfellow


Je remercie tous ceux qui, par leur travail et leur appui, m’ont donné accès à la Bibliothèque Nationale de Paris, à la bibliothèque de Chantilly, à la bibliothèque Mazzarini, à l’Institut catholique de Paris, à Propaganda Fide, aux Archives secrètes du Vatican et au Collège international des Capucins à Rome. Je remercie également la Fapesp et le CNPq pour l’aide qu’ils m’ont accordée.
Préliminaire
Quand j’ai entrepris d’élaborer ce texte, aux alentours de 1982, mon intention était de parler de la rhétorique de contact entre Indiens et Occidentaux. Comment pourrais-je apprécier au travers du langage ce qui se passe dans un rapport entre des êtres aussi radicalement différents que l’Indien et l’Occidental ?
À peine avais-je commencé mon travail que je me retrouvai confrontée à une autre forme de cette même question : les discours de construction de l’« autre ». Et, comme le matériau d’analyse a produit un découpage spécifique, j’ai ainsi délimité mon sujet : « Les discours des missionnaires sur le Brésil ». Titre qui n’est pas demeuré longtemps tel quel, puisque j’ai dû pousser la définition plus avant : « Le discours français sur le Brésil » (parce que ces missionnaires étaient français, et qu’il y avait également des discours de Français qui n’étaient pas des missionnaires). C’est alors qu’un autre titre, « Le regard français sur le Brésil », m’a séduite, car le « voir » y prenait tout son sens. Ce titre m’a immédiatement rappelé la parenté, toujours ambiguë, entre « découvrir » et « conquérir », mais celui-ci, marqué par la relation entre Europe et Amérique, s’est transformé en « Le discours de la colonisation ». Néanmoins, je ne pouvais en rester là, car je me suis rendu compte que la colonisation avait de nombreuses formes, dont quelques-unes ne sont pas catégorisées sous la rubrique « colonisation ».
Entre histoire, anthropologie, littérature et linguistique, le thème a commencé à surgir comme un parcours en ligne droite : les formes colonisatrices du discours de la connaissance. Découvrir, conquérir, donner à connaître. Dans la perspective foucaldienne, tout cela n’ajouterait pas grand-chose au couple savoir/pouvoir, mais, dans la perspective discursive qui est la mienne, cela voulait dire beaucoup plus :
l’effacement de l’histoire par la notion de culture ;
la production matérielle de ce qui, une fois effacé, prend le nom d’idéologie ;
l’intervention critique dans l’histoire de la science, au travers d’un mode d’observation qui propose une confrontation entre le discours de la découverte (de là-bas vers ici) et celui de l’origine (d’ici vers là-bas) ;
enfin, le voyage comme découverte, le voyage comme possession, le voyage comme administration, le voyage comme mission, le voyage comme journal intime, le voyage comme possible, le voyage comme tourisme.
Dans les rapports de contact entre des cultures différentes, entre des continents différents ayant des histoires différentes, la question cruciale du langage ne pouvait qu’être le centre de mes attentions. Et, pendant un certain temps, j’ai été convaincue que le plus important de ma recherche, ce qui m’intéressait fondamentalement, c’était l’établissement et la circulation de formes de discours (politique, scientifique, littéraire, religieux) en Europe, dans leur rapport à l’Amérique (essentiellement dans leur rapport au Brésil). Ou plus brièvement : comment la découverte du Nouveau Monde s’est-elle reflétée dans la rhétorique européenne, c’est-à-dire dans la configuration même de ses formes de discours ? L’objectif serait alors de comprendre la formation de modèles discursifs, et les pratiques idéologiques produites dans la confrontation de la science, de la religion, du droit et de la politique (essentiellement sociale).
Mais pour ne pas me cantonner dans le passé, j’ai temporellement rapproché de nous ce rapport entre être Indien et être Brésilien en évoquant les discours des leaders indigènes qui reflètent ces rapports de contact, l’imaginaire d’une langue qui est la nôtre et qui efface pourtant notre langue plus réelle, les limites floues entre l’Indien et le Brésilien.
Pendant ce long cheminement, d’autres ont écrit sur certains des objets que j’observais moi-même. Mais je n’ai pas pressé le pas pour autant, au risque de ne pas être la première à en parler. Parce que je ne mise pas sur le « contenu », le « donné », l’« information », mais sur la construction des sens et en cela, mon texte sera toujours mon texte dans son mode de signifier, avec sa contribution spécifique.
Cependant, on court toujours le risque de l’équivoque. Et aujourd’hui, je ne sais plus trop bien distinguer ce que j’ai découvert de ce que je croyais savoir au début de mon travail. Pour étayer une telle affirmation, je citerais Fellini qui, en parlant d’un de ses derniers films ( La voix de la lune , inspiré du titre d’un livre, La voix du puits ), répondait à un reporter qui lui demandait ce qu’« était » son film : « Je ne sais pas ». Le reporter insista : « Mais n’avez-vous pas terminé votre film ? ». Ce à quoi il répondit, à peu près en ces termes : « Je l’ai terminé. Mais je ne sais pas’sur quoi’il porte. Je ne sais pas’ce qu’il’signifie. Il a quelque chose à voir avec d’autres films que j’ai faits et qui rappellent mon enfance. Des films dans lesquels j’utilise de grands espaces, des arbres, et qui construisent des sens comme des transparences sur des transparences ».
Ce qui signifie que les transparences ne font pas mieux voir, ne définissent pas avec une plus grande précision. Elles compliquent, con-fondent, donnent de l’épaisseur.
Chaque fois que je relis mon texte, je vois d’autres sens qui sont déjà là, ou qui pourraient y être plus développés ou ramenés à la surface avec peut-être plus de conviction. Mais je laisse le texte un tant soit peu transparent. Parce que moi-même je ne connais pas toutes les conséquences du parler, ou du comprendre et, dans cette recherche, les objets de mon attention et de ma réflexion ont été quelques-unes des paroles ou des situations de parole de l’histoire brésilienne passée et présente.
Mais je sais que c’est au co

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