Langues et sociétés
299 pages
Français

Langues et sociétés , livre ebook

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Description

Le présent ouvrage rassemble des textes qui s'inscrivent dans les
préoccupations scientifiques qui ont jalonné la carrière d'Alain Giacomi, professeur de linguistique à l'université de Provence. Trois thèmes majeurs correspondent aux travaux qu'il a menés durant toutes ses années d'enseignant-chercheur : la didactique et l'acquisition des langues, en milieu naturel et en milieu guidé ; la sociolinguistique ; les différents problèmes concernant le discours, la langue ou les langues, dans une perspective interactionniste. La réflexion sur les pratiques langagières dans leur inscription sociale traverse la plupart des contributions constituant ce volume.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 163
EAN13 9782296451766
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LANGUES ET SOCIÉTÉS
Approches sociolinguistiques et didactiques
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13991-6 EAN : 9782296139916
Claude VARGAS, Louis-Jean CALVET, Médéric GASQUET-CYRUS, Daniel VÉRONIQUE, Robert VION (Dirs.)
LANGUES ET SOCIÉTÉS
Approches sociolinguistiques et didactiques
L’Harmattan
Espaces DiscursifsCollection dirigée par Thierry Bulot La collectiondiscursifs Espaces  rend compte de la participation des discours (identitaires, épilinguistiques, professionnels…) à l’élaboration/représentation d’espaces – qu’ils soient sociaux, géographiques, symboliques, territorialisés, communautaires,… – où les pratiques langagières peuvent être révélatrices de modifications sociales. Espace de discussion, lacollection est ouverte à la diversité des terrains, des approches et des méthodologies, et concerne – au-delà du seul espace francophone – autant les langues régionales que les vernaculaires urbains, les langues minorées que celles engagées dans un processus de reconnaissance ; elle vaut également pour les diverses variétés d’une même langue quand chacune d’elles donne lieu à un discours identitaire ; elle s’intéresse plus largement encore aux faits relevant de l’évaluation sociale de la diversité linguistique. Derniers ouvrages parus Logambal SOUPRAYEN-CAVERY,L’interlecte réunionnais. Approche sociolinguistique des pratiques et des représentations, 2010. Jeanne ROBINEAU,Discrimination(s), genre(s) et urbanité. La communauté gaie à Rennes, 2010. Zsuzsanna FAGYAL,Accents de banlieue. Aspects prosodiques du français populaire en contact avec les langues de l'immigration, 2010. Philippe BLANCHET et Daniel Coste (Dir.),Regards critiques sur la notions d' »interculturalité ». Pour une didactique de la pluralité linguistique, 2010. Montserrat Benítez FERNANDEZ, Jan Jaap de RUITER, Youssef TAMER, Développement du plurilinguisme. Le cas de la ville d’Agadir, 2010. Françoise DUFOUR,De l’idéologie coloniale à celle du développement, 2010. Bernhard PÖLL et Elmar SCHAFROTH,Normes et hybridation linguistiques en francophonie, 2009. Eric FORLOT,L’anglais et le plurilinguisme. Pour une didactique des contacts et des passerelles linguistiques, 2009. Pierre BERTONCINI,Le tag en Corse. Analyse d’une pratique clandestine, 2009. Rada TIRVASSEN,La langue maternelle et l’école dans l’Océan indien. Comores, Madagascar, Maurice, Réunion, Seychelles, 2009. Dominique HUCK et René KAHN (travaux réunis par),Langues régionales, cultures et développement. Etudes de cas en Alsace, Bretagne et Provence, 2009.
PRÉSENTATION C’est spontanément et avec plaisir que nous nous sommes lancés dans l’élaboration de cet hommage à Alain Giacomi dont nous apprécions tous les cinq les qualités. Nous avons rapidement constaté que nous n’étions pas les seuls, puisque la quasi totalité des collègues que nous avons sollicités a immédiatement accepté. Le lecteur trouvera ci-dessous un résumé de la carrière d’Alain Giacomi élaboré par Daniel Véronique, suivi de témoignages plus personnels des quatre autres éditeurs. Alain Giacomi a travaillé en grammaire du français parlé. Il a également étudié l’acquisition de conduites textuelles, narratives et argumentatives en français langue étrangère et de divers connecteurs et particules de portée. Il a travaillé, enfin, sur la communication exolingue, sur les incompréhensions et les malentendus. Au début de sa carrière, il s’est occupé de questions linguistiques en rapport avec l’enseignement du français des sciences à des locuteurs sinophones. Un ancrage fort en sociolinguistique relie les travaux qu’Alain Giacomi a consacrés à ces différents objets de recherche. Durant ses années de thèse à l’université de Provence, au sein du Département de linguistique française où enseignaient Jean Stéfanini et Claire Blanche-Benveniste, Alain Giacomi a été associé à l’équipe naissante de Claire Blanche Benveniste, équipe qui allait devenir, par la suite, le Groupe Aixois de Recherche en Syntaxe (GARS). C’est donc à la syntaxe du français, domaine abordé dès le mémoire de Maîtrise de Lettres, et à la syntaxe du français parlé tout particulièrement, qu’Alain Giacomi a consacré ses premières recherches. Dans le cadre d’un accord avec l’Université du Québec à Montréal, il a séjourné pendant un an à Montréal où il a travaillé avec des chercheurs qui allaient s’illustrer dans le cadre de la sociolinguistique variationniste, David et Gillian Sankoff, Henrietta Cedergren et K. Connors pour n’en citer que quelques-uns. Ce séjour canadien s’est concrétisé par au moins une publication dans la liste des travaux d’Alain Giacomi.
Au retour du Canada, Alain Giacomi a recueilli le corpus de sa thèse dans une Maison de quartier de Marseille. Il s’agit d’entretiens à bâtons rompus qui lui ont permis de rédiger une thèse sur la syntaxe du « grand groupe nominal » dans le français parlé à Marseille. Son intérêt pour les aspects grammaticaux du français de Marseille ne s’est jamais démenti, même si d’autres objets de recherche l’ont sollicité, par la suite.
Nommé assistant de linguistique au Département de linguistique générale et appliquée de l’université de Provence en 1983, Alain Giacomi s’est immédiatement intégré à l’équipe du Groupe de Recherche sur l’Acquisition des langues étrangères – Aix (GRAL-Aix), groupe de recherche qu’il dirigea, pendant une dizaine d’années à partir de 1994. À ce titre, il a participé activement au programme de recherche de l’European Science Foundationconsacré à l’apprentissage des langues étrangères par des adultes en immersion sociale. Dans le cadre de ces
6 Langues et sociétés. Approches sociolinguistiques et didactiques enquêtes, Alain Giacomi a conduit des recherches dans deux domaines principaux, celui de la mise en place de conduites textuelles (organisation des plans narratifs, relations anaphoriques, marqueurs de discursivité et de connexité) et celui des analyses conversationnelles. Alain Giacomi a pu ainsi montrer le rôle des marqueursjãnaetparce quedans l’organisation de récits d’adultes arabophones apprenant le français, à Marseille. Dans le cadre de ses analyses conversationnelles, Alain Giacomi s’est intéressé à la gestion interactive de l’intercompréhension, aux signaux de rétroaction échangés dans le cadre de la communication exolingue, dans la tradition des travaux de Gumperz.
Parmi les objets de recherche abordés par Alain Giacomi dans le domaine de l’acquisition des langues étrangères, on relèvera ses travaux sur l’argumentation et sur l’expression des relations spatiales en français langue étrangère. Dans les travaux de recherche sur l’acquisition des langues étrangères, Alain Giacomi a manifesté avec constance une orientation sociolinguistique, se démarquant volontiers des travaux de nature plus psycholinguistique. Daniel Véronique ****Parmi les cinq pilotes de ce livre d’hommages, je suis sans doute celui qui connaît depuis le moins longtemps la personne à laquelle il est destiné. C’était en 1997, lors d’un colloque organisé par l’IUFM de Marseille sur le langage des banlieues, et à la fin de ma communication, dans laquelle j’avais copieusement cité des gens comme Burgess ou Park, un barbu chauve s’était levé, tout en haut de l’amphithéâtre, et m’avait dit qu’il s’intéressait beaucoup lui-aussi à l’école de Chicago. Je ne connaissais ni son nom ni sa discipline, je l’avais pris pour un sociologue et j’avais surtout remarqué la belle blonde qui était à ses côtés. Quelques mois plus tard, alors que je tentais de quitter la Sorbonne pour l’Université de Provence et que je me trouvais confronté à un feu nourri de tirs de barrage et à une hostilité assez générale de mes « chers collègues », je découvris que le sociologue barbu et chauve s’appelait Alain Giacomi, qu’il était linguiste et l’un des rares à soutenir mon projet de mutation. Les bistrots et les restaurants jouant un rôle central dans les rapports humains, c’est àL’Escholierque nous fîmes plus ample connaissance, autour de plats du jour successifs, puis dans un séminaire que nous avions lancé ensemble en 2006. Le colloque de l’IUFM était loin, nous étions complices, et nous avons travaillé sur des sujets aussi variés que la sociolinguistique urbaine (ce qui nous ramenait à l’école de Chicago de notre première rencontre), les traductions dePygmalionen chinois, brésilien ou français, ou encore la mort des langues. Derrière l’homme un peu réservé des premiers temps j’avais trouvé un être humain délicat et profond, ferme sur les principes, qu’ils soient scientifiques ou politiques, intransigeant parfois derrière son apparente timidité. Je savais par les étudiants que nous avions en commun qu’il était un enseignant passionnant, je découvrais que non seulement il lisait pratiquement tout ce qui se publiait en sociolinguistique mais qu’encore il s’intéressait à la
Présentation 7 gastronomie, au cinéma, aux voyages, à l’art. Un homme de bonne compagnie. Je voulais que cela soit dit, avant de lui rendre plus loin hommage dans un texte répondant mieux que ces quelques lignes aux canons du genre scientifique.
Louis-Jean Calvet **** J’ai rencontré Alain Giacomi au début des années quatre-vingts alors que, venant d’être recruté assistant au département de linguistique générale, il se lançait dans l’aventure du GRAL (Groupe de Recherche sur l’Acquisition des Langues), groupe dont Daniel Véronique assurait la direction. En rejoignant cette équipe, j’ai travaillé, avec lui, à analyser les productions langagières de jeunes marocains apprenant le français par immersion sociale. Tout au long des années qui suivirent, nous avons publié ensemble des études portant sur la conduite des récits, les procédés métadiscursifs, les malentendus, le rôle des connecteurs dans la mise en place des activités discursives, et participé à de nombreuses rencontres internationales dans le cadre d’un projet de recherche européen. J’ai pu apprécier son sérieux, sa grande culture linguistique et ses qualités humaines, dont une gentillesse légendaire qui ne l’empêchait pas de défendre, de manière opiniâtre, ses opinions. Nous avons partagé avec les collègues de Paris, de Suisse, d’Angleterre et d’Allemagne, engagés dans ce projet européen, des années de recherches collectives sur l’acquisition des langues dans un climat de franche convivialité tel, qu’après avoir abandonné la thématique de l’acquisition, j’en garde encore le souvenir nostalgique. A partir des années quatre-vingt dix, j’ai continué à partager avec lui le quotidien du département de linguistique, les enseignements, qui portaient parfois sur les mêmes objets, les réunions et les diverses manifestations qui n’ont cessé de jalonner notre vie d’universitaires et de citoyens. Outre ses qualités d’enseignant et sa totale disponibilité dont peuvent témoigner ses étudiants, Alain s’illustre aussi par une grande culture en matière romanesque, musicale ou gastronomique. J’ai ainsi pu partager son goût des bonnes choses et remarquer qu’il n’avait pas son pareil pour communiquer des adresses de restaurants ou recommander des vins. En un mot, Alain est un collègue agréable, discret mais efficace et surtout un ami indéfectible. Robert Vion **** Un étudiant de première année de Lettres Modernes peut envisager avec une certaine appréhension les cours de « linguistique ». Pas évident, en effet, lorsqu’on est là pour se délecter de l’ironie voltairienne, de la musicalité du vers hugolien ou de la critique sociale chez Beaumarchais, de goûter aux joies du découpage phonologique, de savourer les subtilités de l’analyse distributionnelle ou d’apprécier à leur juste valeur les ramifications des arbres syntaxiques… Mais lorsqu’un enseignant vous dévoile la richesse et la complexité du plurilinguisme mondial, lorsqu’il renverse en quelques mots tous vos préjugés sur la langue française et la norme, et lorsqu’il vous invite à réfléchir aux relations entre langage, culture et réalité, l’affaire est tout autre. Alain Giacomi fut cet enseignant, érudit mais fin pédagogue, exigeant mais accessible, rigoureux mais souriant et toujours
8 Langues et sociétés. Approches sociolinguistiques et didactiques passionnant, et ce pour des générations d’étudiants. Ainsi exposée, la linguistique cesse d’apparaître comme une science froide et formelle pour devenir un merveilleux champ d’exploration du langage humain, à travers le temps, l’espace et les sociétés. C’est cette linguistique-là, cettesociolinguistique, que m’a transmise Alain Giacomi dès ma première année universitaire. Dire qu’il est à l’origine d’une vocation n’est pas exagéré.
J’ai en effet eu le bonheur de connaître Alain Giacomi comme enseignant avant d’avoir la chance de devenir son collègue. Sur plus d’une quinzaine d’années, ce fut une riche expérience, tant au plan professionnel qu’au niveau humain, de travailler sous sa direction, puis avec lui. Quels merveilleux souvenirs que ces séances de « TSA » (Transmissions de Savoir Alternatives) assurées à ses côtés, sur les escaliers du campus de l’Université de Provence, pendant la longue grève de 2009 : avec d’autres collègues, nous avions réussi à défendre fermement des valeurs et le service public de l’enseignement supérieur, tout en proposant des travaux alternatifs adaptés aux étudiants… même si la lutte ne fut hélas pas couronnée de succès. Je garde aussi en mémoire ce cours de « reprise », dans une salle cette fois, que nous avions décidé d’assurer en binôme, Alain et moi. Partager, l’espace de quelques heures, l’enseignement de la sociolinguistiqueaveclui face à des étudiants était tout un symbole… Je n’oublie pas nos sessions de travail studieuses, pour préparer le séminaire de sociolinguistique… même si je retiens aussi une certaine complicité avec Alain, faite de références marseillo-marseillaises et de calembours à n’en plus finir…
C’est parce qu’il m’aaussitransmis la passion de l’enseignement (avec tout ce que cela implique de préparation, de rigueur et de respect pour l’étudiant) que j’ai choisi de mettre en avant cette dimension du noble métier d’enseignant-chercheur, qu’Alain Giacomi incarne selon moi à merveille.
Médéric Gasquet-Cyrus **** Cela fait pas mal de temps que je connais Alain Giacomi, et que nous codirigeons un séminaire consacré à la sociodidactique des langues. J’ai pu ainsi apprécier le chercheur, dont la culture linguistique est particulièrement impressionnante, et l’homme, à la fois réservé et chaleureux. Un homme au caractère entier, intransigeant face à tout ce qui lui paraît injuste, indigne. Un homme aux colères froides, à l’attachement sans concession à certaines valeurs fondamentales, comme l’amitié, le respect de l’autre et de la parole donnée, la justice sociale, la démocratie. Un homme de grande rigueur intellectuelle et morale, mais aussi un hédoniste. Un bon vivant, aimant la bonne chère, les grands crus, les restaurants classieux. Aimant à partager avec ses amis. Sensible à la beauté des sites et de toutes les ressources qu’ils peuvent offrir. Se délectant des blagues de bon goût (voire des autres…). J’ai découvert un homme d’une infinie complexité. Un homme particulièrement attachant, dont on est fier d’être l’ami. Et dont les amis sont nombreux, comme en témoignent les hommages qui constituent le présent ouvrage.  Claude Vargas
Présentation 9 Le contenu de cet ouvrage est centré sur les préoccupations qui ont jalonné toute la carrière d’Alain Giacomi. D’abord, le problème de l’acquisition des langues, en milieu naturel ou guidé, qui constitue la première partie de cet ouvrage. Joseph Arditty trace l’historique de cette question. Marinette Matthey et Daniel Véronique abordent le problème dans le cadre du milieu naturel, tandis que Claude Vargas, Christian Touratier, Françoise Nin, Cecilia Serra et Karine Giacomi le traitent dans le cadre scolaire. Une deuxième partie est consacrée à l’approche sociolinguistique des problèmes du langage qui constitue l’autre grand thème de recherche d’Alain Giacomi. Trois articles, de Robert Vion, Louis-Jean Calvet, et Médéric Gasquet-Cyrus interrogent certains dysfonctionnements qui concernent ce domaine. Cécile Petitjean aborde la question de la variation sociale des représentations linguistiques. Une troisième partie est consacrée aux rapports entre la langue (et son usage) et la société. Quatre articles de Claire Maury-Rouan, Élodie Vargas, Marielle Rispail et Christina Romain abordent le problème du point de vue de l’interaction et du dialogisme, dans le cadre de discours monologaux ou dialogaux. Véronique Rey propose de s’appuyer sur le fonctionnement de la langue en synchronie pour revisiter certaines organisations lexicales. Dans le premier article de cet ouvrage, Joseph Arditty analyse les données historiques qui ont permis certains développements théoriques, qui ont favorisé la diffusion de certaines approches concernant l’acquisition et la didactique des langues. Il étudie comment certaines rencontres ont pu provoquer des ruptures ou au contraire ont permis de réaffirmer des fidélités théoriques et méthodologiques au sein de chacun de ces deux domaines de recherche, ce qui a abouti tantôt à des affirmations d’indépendance, tantôt à des rapprochements et des collaborations. En milieu naturel, l’acquisition des langues se réalise au travers d’interactions. Mais Marinette Matthey note que cette notion d’interaction n’est pas définitivement stabilisée : elle peut être conçue comme cadre, lieu, contexte, moyen, etc. Sa contribution permet de mieux saisir les différentes conceptions de l’interaction telles qu’elles se manifestent en particulier dans différents travaux francophones, et de mieux percevoir les liens qui s’établissent entre acquisition et interaction. Daniel Véronique, lui, aborde la question de l’acquisition en se penchant sur un exemple particulier, l’emploi de « il y en a » (/jãnades/) dans textes d’apprenants arabophones de français, en en considérant plus précisément les dimensions syntaxiques et informationnelles.
En milieu guidé, les interactions fonctionnent différemment qu’en milieu naturel, les démarches sont différentes et les objectifs ne sont pas forcément les mêmes. Dans la très grande majorité des classes, les discours sont implicitement et explicitement centrés sur la norme langagière. L’école est fondamentalement le lieu d’acquisition de connaissances. Acquisition de connaissances concernant la langue 2, (articles de Claude Vargas et Christian Touratier) ou favorisant son approche (article de Françoise Nin), ou acquisition de connaissances ou de compétences à travers la langue 2 (articles de Cecilia Serra et de Karine Giacomi). Claude Vargas pose le problème du poids de la grammaire dans l’apprentissage d’une L2. Mais l’assimilation des caractéristiques grammaticales d’une L2 présuppose une bonne connaissance de la grammaire de la L1. Vu l’état des lieux,
10 Langues et sociétés. Approches sociolinguistiques et didactiques il propose de mettre en œuvre dès l’école élémentaire une démarche comparative pour l’étude de la L1. Ce qui, selon lui, rendrait l’étude de la L1 plus attractive et donc plus efficace, faciliterait le travail sur la L2 au collège et contribuerait à percevoir positivement les différences entre les langues, entre les cultures et, au-delà, entre les groupes humains. Christian Touratier évoque le problème des descriptions linguistiques discutables des L2 au niveau du collège, particulièrement lorsque celles-ci sont des langues mortes. Il pose que l’apprentissage d’une langue morte passe par le raisonnement, et développe logique et rigueur, mais que le danger est d’amener les élèves à raisonner juste sur des figures fausses. Il propose un aperçu de ce que pourrait apporter une description linguistique correcte. Françoise Nin propose de s’appuyer sur les passions des élèves pour les intéresser à l’apprentissage d’une langue/culture. Elle prend l’exemple du football à Marseille, où l’analyse du comportement des supporters (discours, réactions, chansons, etc.) permet d’appréhender, dans le cadre de la classe, la ville en elle-même, des éléments de sa culture, de son langage, etc. Une telle démarche peut être utilisée en cours de L2. Les articles de Cecilia Serra et de Karine Giacomi se réfèrent tous deux au plurilinguisme, mais de deux points de vue différents. Le premier du point de vue de la pensée ; le second, du point de vue social. Cecilia Serra s’interroge sur le lien entre cognition et plurilinguisme. Cet article montre la complexité d’un problème où interviennent de nombreux facteurs : le niveau des compétences langagières nécessaires à la construction d’un concept en L2, dans la mesure où la transmission/appropriation d’un concept disciplinaire est médiatisée par la langue ; les connaissances déjà-là de l’apprenant ; l’interaction enseignant/apprenants ; les spécificités de L2 ou de L1 dans le traitement conceptuel des objets disciplinaires. Dans son article, Karine Giacomi se penche sur l’entrée dans l’écrit d’élèves arabophones et berbérophones, dont les parents et grands-parents, immigrés, ont acquis le français en milieu naturel. Il s’agit de savoir quelles sont les interactions entre les pratiques linguistiques des différents acteurs (l’école et la famille) et quels sont les effets de ce plurilinguisme sur l’intégration scolaire de ces enfants. Robert Vion, Louis-Jean Calvet et Médéric Gasquet-Cyrus s’interrogent sur un certain nombre d’étrangetés sociolinguistiques. Le premier aborde le problème du silence de la sociolinguistique sur les analyses interactionnelles ; le second, le silence des ethnologues sur la pluralité concernant certaines langues et pas d’autres ; le troisième se penche sur le statut institutionnel de la sociolinguistique. Robert Vion s’étonne que la sociolinguistique semble ignorer que l’analyse interactionnelle des productions langagières relève de ses compétences. Il en veut pour exemple l’ouvrage de Marie-Louise Moreau,Sociolinguistique. Les concepts de bases, qui ne prend en compte aucun aspect de l’interactionnisme (ethnographie de la communication, analyse conversationnelle, normes et stratégies de comportements communicatifs, etc.). Il analyse les raisons de cette attitude et montre qu’au moins certaines approches interactionnelles exigent une posture de type sociolinguistique. Louis-Jean Calvet se demande pourquoi le siteEthnologue, par exemple, distingue entre une trentaine d’arabes alors qu’il ne présente qu’un seul anglais. Il se demande également s’il n’y aurait pas un agenda caché derrière les classifications d’Ethnologue, c’est-à-dire du SIL (Summer Institute of Linguistics). Médéric Gasquet-Cyrus note qu’au sein de l’université, les « Sciences du Langage » confinent souvent la sociolinguistique à la
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