Le langage humain et ses origines
276 pages
Français

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Le langage humain et ses origines , livre ebook

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Description

L'origine du langage reste un mystère scientifique. Pour la première fois, un linguiste présente un modèle simple et concret capable de décrire comment ce phénomène a débuté dans les faits. Le langage est une création des hommes, un outil fabriqué à partir d'une matière disponible, les sons, qui ont tout d'abord été interprétés comme porteurs de sens, avant que leur globalisation en morphèmes conventionnels n'entraîne un changement historique des systèmes linguistiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 62
EAN13 9782336386058
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Nomino ergo sum
« Je nomme donc je suis »
Dirigée par Alain Coïaniz et Marcienne Martin

La collection « Nomino ergo sum » est dédiée aux études lexico-sémantiques et onomastiques, sans exclure, de manière plus large, celles qui prennent comme objet le fonctionnement et la construction de la signification, aux plans discursif, interactionnel et cognitif.
Tous les champs de l’humain sont concernés : histoire, géographie, droit, économie, arts, psychologie, sociolinguistique, mathématiques… pour autant que l’articulation épistémologique se fasse autour des lignes de force de l’intelligibilisation linguistique du monde.

Comité scientifique

Victor Allouche (Université de Montpellier) ; Gérard Bodé (Institut français de l’éducation — École normale supérieure de Lyon) ; Georges Botet (Président honoraire de l’Institut Psychanalyse et Management — Membre de l’Association européenne de psychanalyse Nicolas Abraham et Maria Torok) ; Kurt Brenner (Université de Heidelberg, Allemagne) ; Vlad Cojocaru (Institut de Filologie Română, Iaşi, Roumanie) ; José Do Nascimento (IUT Orsay — Université Paris Sud) ; Claude Féral (Université de la Réunion) ; Laurent Gautier (Université de Bourgogne) ; Sergey Gorajev (Université Gorky – Ekaterinburg, Russie) ; Julia Kuhn (Université de Vienne, Autriche) ; Judith Patouma (Université Sainte Anne, Canada) ; Jean-Marie Prieur (Université de Montpellier) ; Dominique Tiana Razafindratsimba (Université d’Antananarivo, Madagascar) ; Michel Tamine (Université de Reims-Champagne-Ardenne) ; Diane Vincent (Université Laval, Canada).
Titre
Michel Paul URBAN






Le langage humain et ses origines
Du même auteur
La grande encyclopédie des lieux d’Alsace , la Nuée bleue, Strasbourg, 2003-2010.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73616-7
Entrée en matière
INTRODUCTION
L’origine du langage reste à la fois une énigme et une quête désirée. De nos jours, les études en ce domaine font souvent appel à des disciplines extralinguistiques, notamment la biologie, ce qui pourrait s’interpréter comme une déconvenue de ce que la linguistique en tant que science ne soit pas parvenue à trouver la solution à ce problème, certes complexe. Pourtant, elle seule en est capable car, des mises en branle phonatoires à l’idéal de communication universelle, le langage est un outil à la mesure de l’homme, fabriqué par l’homme, cet artisan.

Cette vision humaniste du langage, qui n’est peut-être pas la bonne, est en tout cas la mienne. Elle oriente ma recherche dans le dédale des prises de position possibles. Ainsi, je n’ai pas engagé de réflexion dans le cadre du courant créationniste, car ses prémisses se situent hors du champ du testable, et les raisonnements auxquels il laisse place sont évidemment conditionnés. Une annexe ethnolinguistique en fin d’ouvrage développe certains points de vue antéscientifiques, présents notamment dans la Bible et qui, ayant édifié les esprits durant des millénaires, ont leur place légitime dans l’histoire de la pensée sur la nature et l’origine du langage.

D’autre part, si le besoin de communiquer, la capacité d’émettre des sons et la sélection de l’oralité procèdent de l’évolution génétique, celle-ci ne peut expliquer la forme spécifique qu’a prise le langage. Pour cette raison, l’hypothèse selon laquelle il s’agirait d’un phénomène auto-organisé, qui aurait “émergé” sans que l’homme en ait conscience, ne paraît guère plausible. Cette lecture du monde, fascinante à bien des égards, se maintient dans l’idéel.

Enfin si, à titre comparatif, il a semblé intéressant de consacrer quelques lignes à la communication animale, et bien qu’on puisse logiquement supposer une continuité entre elle et le langage humain, cette question reste en dehors du sujet. L’humain et le langage étant constitutifs l’un de l’autre, c’est ensemble qu’ils se sont extraits de la gangue de l’instinct pour aborder consciemment le monde et leur histoire comme une page blanche où s’écrira le récit de leur apprentissage et de leurs expériences. Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est sa capacité à configurer un monde spécifiquement humain au moyen des mots 1 .

Si donc le langage est reconnu comme une production humaine, il ne peut avoir été d’emblée conventionnel 2 , puisque la nécessité de s’accorder sur la convention implique l’usage d’un langage 3 . Celui-ci est donc “naturel” 4 , ce qui ne veut pas dire qu’il ait été apporté par l’évolution, à la manière d’un chromosome 5 , ni qu’il relève d’une disposition innée comme la marche sur deux pieds 6 , mais simplement que l’homme, pour l’établir, s’est servi de sa façon d’envisager la nature qui l’entoure et dont il fait partie. Par conséquent il ne peut être que motivé : toute prise de parole est guidée par un objectif sémiotique de désignation d’un référent à un allocutaire et, par suite, il vaut mieux utiliser le même code si l’on veut se faire comprendre en retour. Rien donc de laissé au hasard. Un langage arbitraire ou contingent, même et surtout aux origines, ne pourrait pas passer le cap des générations et serait perpétuellement mort-né 7 . Du fait de la constante et nécessaire référence du langage primitif aux réalités du monde qui lui est extérieur, ce devait être un gros travail pour les premiers parlants de se faire comprendre, car le code naissait sur le vif, il n’y avait pas, comme dans les langues plus évoluées, de lexique utilisable en prêt-à-parler. On pourrait comparer cette situation à celle du poète, qui cherche à exprimer l’indicible. Parmi les fonctions du langage déterminées par Jakobson 8 , c’est certainement celle du travail sur le message, ou fonction poétique, qui a joué le rôle principal, construisant et affermissant les cinq autres. C’est pourquoi le langage ne semble pas pouvoir être apparu instantanément, dans un groupe alingue qui se serait transformé d’un seul coup en communauté linguistique capable de transmettre du sens et où tout a du sens. Au contraire, il a dû s’échafauder au long de dizaines de milliers d’années, à l’instar des autres outils de l’homme. Celui-ci a dû procéder par bribes, créant des mots et des phonèmes approximatifs, variables dans leurs formes, aux focales conceptuelles mal ajustées – trop généralisantes ou trop particularisantes selon les cas –, avec des pans entiers de réalité restés dans l’inconnaissance parce qu’intransmissibles faute d’être nommés 9 . C’est pourquoi il me paraît impossible de dater l’origine du langage. Il sera montré, à travers l’exemple des sigles, qu’il est en constante élaboration. Une corrélation à souligner est que la lente maturation du langage évolue parallèlement à l’hominisation : l’homme ne s’est pas sans transition distingué de l’animal, une société de primates n’est devenue la société humaine que très progressivement. L’homme artisan dont il a été question n’était tel qu’à un moment décisif de notre point de vue . « C’est au pied du mur qu’on voit le maçon » dit le proverbe ; faux, c’est au sommet, lorsque sa qualité professionnelle a été reconnue suffisante. De même, l’homme ne peut être jugé humain qu’à partir du moment où l’hominisation a produit un certain degré d’humanisation.

Pour revenir à des considérations plus spécifiquement linguistiques, il importe de faire la différence entre langage et langues. Le langage est une réalité abstraite qui ne se concrétise qu’à travers des milliers de langues. Cette différence structure le présent travail en deux parties : la théorie est exposée dans la partie langage ; les exemples dans la partie langues. Il semble pertinent de préciser que seul le langage possède une origine, les langues ont un commencement 10 . En effet le langage participe d’un processus de genèse, aussi bien dans son apparition et son devenir permanent que dans son apprentissage, qui se poursuivent

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