Deux enfants
22 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Basile est un homme simple, « gentil » comme on dit, mais cela n’empêche pas le petit François d’adorer son papa. Et quand sa mère annonce qu’elle va le quitter, le garçonnet décide d’offrir a son papa la plus belle des journées…
Dans cette histoire d’amour entre un père et un fils, Pierre Vavasseur (Le jour où j’ai quitté ma femme, Recommencer) illustre l’incroyable désir qu’ont les enfants de sauver leurs parents.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 septembre 2012
Nombre de lectures 13
EAN13 9782363150905
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Deux enfants
Pierre Vavasseur
ISBN 978-2-36315-228-2

Septembre 2012
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Biographie
Dans la m me collection
Chapitre 1
« Viens me voir !
Elle avait crié, bien sèchement par-dessus le brouillon de vaisselle.
Chez elle, la sécheresse était une habitude.
Une seconde peau.
Il y avait cependant quelque chose de différent.
Un petit voile de cendre supplémentaire dans la gorge.
Et comme je ne venais pas, elle avait coupé l’eau.
— Viens me voir !
Moi aussi j’avais crié.
— Mais je joue !
— Viens !
Elle avait coupé l’eau du robinet. Fait claquer, en les retirant, ses gants de caoutchouc.
J’ai interrompu la guerre. Soldats maculés de Mercurochrome. Chaos d’un jeu de cubes sur le champ de bataille. Le dé décidait de tout. A chaque corps à corps, il fallait perdre trois fois de suite pour mourir et comme ça, sur le lino brun, jusqu’au dernier combattant debout.
— Faut venir !
J’arrivai. Il n’y avait pas beaucoup de chemin. Juste à traverser leur chambre et c’était là, dans la cuisine à tout faire. On occupait petit les dépendances d’une ancienne maison bourgeoise qui n’abritait plus qu’une friche de locataires.
— Faut que je te parle.
Elle essuyait ses mains sur une robe trouée à hauteur du sexe.
Je connaissais ma mère comme son sexe.
Je le voyais à peu près tous les jours.
Je ne savais pas en avoir honte.
J’avais dit ça, un jour, dans la cour de récréation.
— Ma mère, on voit tout.
— Comment ça, tout ? s’étaient rapprochés les autres.
— Tout.
— Putain, sa mère, on voit tout.
Cette fois, oui, la honte. Ah, le scandale !
Ça m’avait collé à la peau. J’avais reçu une pierre. On avait craché dans ma trousse. A l’église, le gros curé m’avait mis à genoux en me conduisant par la joue devant la croix du Christ. Embrasse-le. Embrasse ses pieds. Je ne sais pas ce que tu mérites. Je ne sais pas s’il te pardonnera.
Les autres ricanaient.
— Faut qu’j’te parle.
C’était nouveau. Elle n’avait jamais rien à me dire ou alors va le chercher, on mange .
Ce le , c’était mon père. Un ouvrier. Employé au ménage de la centrale EDF.
— Si on te demande, tu dis pas qu’il vide les poubelles. Tu dis agent EDF.
Il s’appelait Basile. Il s’était blessé dans une chute à bicyclette sur une route du
Morvan où il était né. « J’ai été déporté dans le fossé par un camion », expliquait-il. Ce mot, déporté . Sa tête avait touché un gros caillou. Depuis, il faisait tout lentement. Il mangeait lentement, marchait lentement, et s’il lui fallait se presser, activer la manœuvre , disait-il, il déployait ses mains, raides et perpendiculaires à son corps. C’était sa façon de se concentrer, de réparer un problème d’équilibre. Il faisait aussi une drôle de grimace, inclinant la tête comme les chiens lorsqu’ils écoutent, tordant la bouche. Il avait de mauvaises dents et ça se voyait.

Sa vie, c’était les trois huit. Le plus tôt, à trois heures et demie du matin. Il partait à bicyclette et comme il n’était jamais certain d’avoir bien fermé la porte, il réintroduisait la clef dans le pêne, donnait un tour, rouvrait, refermait, recommençait plusieurs fois avant de s’éloigner enfin.
— Tu l’as encore entendu, cette nuit ? lâchait-elle le lendemain.
C’était haineux. Une forme de haine pure, débarrassée de la moindre scorie.
Elle n’aimait personne et cet homme encore moins.
Elle ne l’avait pas choisi.
A l’époque, elle était sur un lit d’hôpital. Lui pareil.
Elle pour l’estomac, lui pour la tête.
Les familles s’étaient débarrassées d’eux.
De ce mariage, elle avait fait une maladie nerveuse, à voir des chats rouges sur les toits en plein jour.
Les photos de la noce étaient égarées quelque part au fond d’un tiroir.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents